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Rencontre avec Nesles au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de « Barocco » !

Publié le par Steph Musicnation

(c) Richard Dumas

(c) Richard Dumas

Quelles casquettes as-tu dans l’artistique ?

J’écris, je compose, j'arrange, je produis et je réalise ; je le fais parfois avec des partenaires mais sur cet album, j’ai tout réalisé moi-même. L'écriture et la compo, c'est toujours moi à 100% et en ce qui concerne les arrangements, à 90% du temps, c’est également moi et ensuite, ça dépend des associations, des rencontres et des collaborations qui influent ; forcément ; sur l'humeur et la direction artistique. En parallèle à la musique, il m’arrive d’être comédien pour le cinéma et actuellement, j’ai un projet théâtral avec des amis qui sont des camarades d’études car j'ai fait à la fois la fac et l'école nationale de la Rue Blanche. A cette époque-là, j’avais mis la musique en standby pendant deux ou trois mais c’était tellement insupportable que j’y suis revenu et puis comme je dis souvent, passer de Shakespeare et Beckett à dealer de shit ou voleur de mobylette dans un Navarro, ce n’était pas pour moi ; je trouvais cela trop déprimant ; et je n’ai pas la patience des comédiens qui attendent auprès de leur téléphone ou qui sont capables de monter des spectacles, je le fais quand je suis sollicité ou quand des projets m’intéressent vraiment mais sinon, je préfère m’exprimer en musique car ça a du sens pour moi.

T’es-tu rapidement orienté vers cette voie-là ?

A vrai dire, je viens d’une famille où la musique a toujours été présente car mon grand-père était chef d'orchestre mais si je suis né là-dedans,  je me suis construit en opposition à cette famille qui était très fermée car c’était vraiment le classique et rien d'autre. J’ai très vite fait de la musique et monté des groupes. Parallèlement à cela, j’ai fait du théâtre car j’avais des problèmes d’élocution ; j’étais bègue ; c’est une orthophoniste qui avait conseillé à ma mère de m’y inscrire et cela m’a sauvé un plein de niveaux. Le théâtre m’a donné le goût du spectacle, de raconter des choses, d’être dans la création. J’ai tout de suite eu besoin de cela.

De quelle manière dirais-tu que l’acting sert ta musique et inversement ?

Il ne faut surtout pas que le comédien vienne dans la sphère musicale ; je le laisse dehors. On n'est pas du tout sur le même territoire ni sur la même façon de travailler. Je fais de l’accompagnement scénique et je gère des ateliers d’écriture et quand j’ai à faire à des comédiennes et des comédiens, je les débarrasse de tout ce savoir-faire ; c’est la première chose que je fais. Je suis fasciné par la pureté qu’ont les chanteuses et les chanteurs quand ils arrivent sur un plateau, ils n’ont pas tous les codes et ils peuvent être maladroits mais du coup, c’est hyper honnête, authentique et bouleversant car c’est vrai. Dans le cinéma et dans le théâtre, ça passe par d’autres canaux. Ce que j’aime, c’est l’émotion directe à l’état brut sans aucun filtre.

(c) Richard Dumas

(c) Richard Dumas

Peux-tu expliciter le titre de ton nouvel album ?

Je trouve qu’il synthétise bien ce que je fais de manière générale alors qu’habituellement, le titre résume l’esprit de l’album que je suis en train de terminer. Barocco en portugais est un terme qui désigne une pierre qui a une forme assez bizarre mais qui est à la fois étrange et belle. On m’a souvent dit qu’on ne savait pas vraiment où me mettre, je suis une espèce de no man’s land ; nous sommes quelques-uns, je ne suis pas tout seul ; et je trouvais que ce terme m’allait bien au final et j’aime la sonorité de ce mot qui frappe et qui permet de ne pas trop cerner les choses. A partir de ce mot-là, l’imaginaire peut se développer, il peut évoquer différentes choses pour les uns ou les autres.

Comment as-tu souhaité ce disque d'un point de vue musical, s'inscrit-il dans la continuité de tes précédents albums ou as-tu pris une autre direction ?

Je n’essaie jamais d'être dans la continuité. Pour moi, c'est important de briser quelque chose, de me renouveler sans que je m’emmerde. D'une année sur l'autre, je ne vis pas les mêmes choses, ça évolue et j’ai besoin que ça se manifeste formellement dans ma musique. Pour cet album, le process a été super excitant car à chaque fois, j’ai pris les morceaux en respectant leur construction ; leur genèse ; je les ai tous passés à l'épreuve de la scène en les jouant dans leur plus simple appareil ; c'est-à-dire quasiment tout le temps guitare-voix et rien d'autre ; il fallait que les morceaux se tiennent comme ça. À partir de là, je validais ce que j'écrivais, les mélodies, les structures et petit à petit, je commençais à habiller le truc mais d'abord, il fallait que ça puisse exister dans son plus simple appareil ; un squelette, une émotion, point barre. Le socle de cet album, c'était vraiment cela et aussi pas mal de synthés modulaires car je me suis mis à la synthèse modulaire et cela m’a permis de créer des accidents avec les sons. J'avais besoin d'être surpris et je me suis amusé en fabriquant de la matière sonore ; il y a notamment des rythmiques que j'ai fabriquées en grattant de la moquette. Pour moi, tout bruit est un son et donc une musique.

Quels thèmes abordes-tu sur « Barocco » ?

Je ne peux pas le dire car je n'ai pas le recul nécessaire. Je n’analyse pas ce que j’écris au moment où je le fais car sinon ça me bloquerait, j'essaie juste d'être complètement connecté à ce que je pense afin d’être le plus vrai ; le plus sincère ; et de trouver l'expression qui va mieux correspondre à cela sans perdre de vue qu'il faut que ça sonne ; je suis dans cet équilibre-là.

Rencontre avec Nesles au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de « Barocco » !

Comment synthétiserais-tu l'univers développé sur cet album ?

Entier, radical et immédiat. L’exploration et l’expérimentation sont deux choses importantes pour moi et cela aussi bien dans l’ordre du sensible que de la forme et on retrouve cela dans cet album.

« Beckett » qui ouvre « Barroco » est-il un hommage à l'un de tes « maîtres à penser » ?

Je ne sais pas si j'ai un maître à penser mais en tout cas, c'est un clin d’œil à toute une époque où je l'ai beaucoup côtoyé ; dirons-nous. Je l’ai lu, j’ai peint son portrait, j’ai joué des textes de Beckett et cela faisait très longtemps que je voulais parler de lui d'une façon ou d'une autre. Je voulais même baptisé l’un de mes groupes The Becketts car je trouvais ça cool quand j’étais à la fac. Je trouve que Beckett est extrêmement précieux car quand il choisit un mot, il n’en choisit pas un autre et cette forme de radicalité ; de précision ; m’inspire ; surtout que le français n’est pas sa langue natale. Beckett m’a reconcilié avec le français que je détestais en musique car je ne viens pas du tout de là.

La fleur qui illustre la pochette de ton album est-elle celle qui le représenterait le mieux dans sa totalité ?

C’est mon ami Matthieu Dufour qui a pris cette photo et comme pour les titres, je cherche toujours une révélation ; un coup de foudre. J’ai vu défiler une centaine de fleurs quand Matthieu postait des photos de ses expos et je lui ai demandé de retirer celle-ci car je la voulais pour la pochette de l’album. Matthieu a été très content car c'est quelqu'un qui a une très grande culture musicale et la pochette d’un disque, ça raconte vraiment quelque chose d'important pour lui. J’étais à la fois très heureux et très fier que l’on puisse collaborer ensemble avec le graphiste également, ça a été assez simple, fluide et fabuleux. J'ai eu un coup de foudre pour cette fleur, je n’ai pas réfléchi, ça a été très sensoriel.

(c) Matthieu Dufour @Pascal Blua

(c) Matthieu Dufour @Pascal Blua

La nature au sens large du terme a-t-elle une incidence sur ton écriture ? T'en sers-tu notamment de façon métaphorique ?

La nature, chez moi, c'est un fantasme et c'est un prétexte pour pouvoir exprimer des émotions.

Quels sont tes prochains projets ?

Il y aura d’autres clips car pour moi, ce sont des vecteurs pour continuer un peu l’histoire des chansons. Il y aura des showcases et des concerts privés. La release party parisienne aura lieu à l’automne. La tournée est en train de se monter. Je prévois de sortir un EP à la rentrée et il contiendra une reprise que j’hésitais à faire figurer sur l’album.

Rencontre avec Nesles au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de « Barocco » !
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