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Retrouvailles avec Lisa Portelli au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de son nouvel album intitulé « Absens » !

Publié le par Steph Musicnation

(c) India Lange

(c) India Lange

Peux-tu expliciter le titre de ton nouvel album ?

Pour moi, Absens était comme un pays ; un endroit ; et j’ai voulu utiliser le terme latin comme pour retrouver l’origine du mot. Par ailleurs, graphiquement, je trouvais ça beau.

Pourquoi es-tu allée t’isoler sur l'île de Molène pour composer « Absens » ? Avais tu besoin d'être seule ; dans une bulle ; pour aller au bout de tes envies sans être « parasitée » par l'extérieur ?

Oui mais de toute façon, j’ai toujours été attirée par l'isolement ; il y a longtemps, j’ai même fait une retraite dans monastère pendant quatre mois. Si ce n’est pas quelque chose que je conscientise sur le coup, cela m'attire et dans le cas présent, quand je suis partie, c'était dans un contexte bien particulier car c'était à la fin du confinement. Il était hors de question pour moi de rester dans mon appartement parisien pour différentes raisons ; notamment personnelles ; et puis, nous ne savions pas comment les choses allaient évoluer. En décembre 2020, j’ai décidé de partir, j'ai mis un poste sur Facebook, j’ai dit que je cherchais un endroit à louer en Bretagne pour écrire et le lendemain, j’ai reçu une réponse d'un gars qui avait un plan sur l'île de Molène, il m'a envoyé une photo et là, je suis partie dans un fantasme total.

As-tu pensé intentionnellement ce nouvel opus comme un voyage ; qu'il soit intérieur ou physique ?

Il faut savoir qu’à ce moment-là, j’avais envie d’écrire sur la pièce d’« Antigone » ; ça n’a pas rien à voir mais ça a quand même pris une direction très différente ; et c’est pendant que j’étais sur cette île que l’idée de raconter une histoire avec la mer m’est venue au fur et à mesure. Je me suis dit que cette ligne conductrice serait intéressante à explorer musicalement.

(c) India Lange

(c) India Lange

Comment décrirais-tu l'évolution musicale tout au long de cet album ? À quoi correspond la bascule beaucoup plus électro ?

En soi, l’album est un chemin. Avant le départ, le piano est beaucoup plus présent même si on sent lointainement les machines et plus on avance dans cet ailleurs, plus elles prennent de la place. Cet album n’a été qu’un prétexte car j'adore la musique électronique depuis longtemps et à présent, j'ai envie de ne rien m’interdire. Par ailleurs, le côté histoire justifiait que j’utilise l’Electro. 

Pourquoi as-tu laissé deux plages musicales sans texte sur ton album ?

C’est pour la narration. On peut voir cela comme la musique d’un film qui n’existe pas. Ces deux moments sont en quelque sorte des sas dans cette histoire que je raconte. Personnellement, j’écoute beaucoup d’œuvres instrumentales et j'aime l'écriture pour la poésie pure mais la chanson en soi ne m’intéresse pas beaucoup. Sur « Absens », il y a des chansons mais elles ne sont pas dans des formes classiques. Ces deux plages musicales sont importantes pour moi et puis, « Absens », c’est aussi ma propre absence car je ne suis pas obligée d’être omniprésente. 

Quelles thématiques abordes-tu sur absence ?

Cet album parle notamment d’ailleurs ; de voyage vers le lointain ; de plaisir ; je trouve qu’il y a quelque chose de très charnel dans le rapport féminin au mot ; et de Médée ; il y a eu une inspiration presque mythologique parfois.

(c) India Lange

(c) India Lange

Comment est née ta collaboration avec Nosfell sur « Granit » et pourquoi avez-vous utilisé un langage inventé ; le Klokobetz ; sur ce morceau ?

Je connais Nosfell depuis longtemps et quand je l’ai vu dans son spectacle « Cristaux » au Théâtre de la Ville dans lequel il joue un être des eaux, ça m’a vraiment parlé. Lors de l’écriture mon album, je me suis dit qu’il pouvait totalement être l’un des personnages de cette histoire. Dramaturgiquement, ça a été une évidence pour moi. Bien évidemment, j'adore sa voix ; j’aime bien le fait qu’elle soit androgyne ; et il a un côté créature que je trouve génial. Dans un texte, pour parler de poésie, j’évoque une langue que chantent en secret les enfants et j’ai écrit cela avant même de collaborer avec Nosfell. Pour moi, la poésie est compréhensible à un endroit mystérieux et très intime et je trouvais que la langue inventée en était la personnification ; et cela correspondait à Nosfell. Au fond de l’eau, dans ces limbes, cette langue inventée était totalement cohérente.

Pourquoi avoir choisi une mise en image illustrée pour ce titre ?

Si j'avais eu les moyens, j'aurais fait cinq clips en animation. Comme on est dans une histoire onirique sur cet album, le dessin animé était la meilleure façon pour délirer là-dessus. Il était important pour moi de représenter Nosfell à ma façon en l’intégrant dans mon histoire à moi. Le fait d’être moi-même représentée en dessin animé, cela me met dans une irréalité qui me plaît.

« Absens » se termine sur « Voilà La Mer », cette mer a-t-elle un effet cathartique sur toi de manière générale ?

Oui, totalement. C’est beau en soi et c’est aussi un endroit de fantasmes. « Voilà La Mer » aborde le retour au réel après avoir bien trippé.

(c) India Lange

(c) India Lange

Il y a beaucoup de poésie dans les textes d’« Absens », ce nouveau projet ne va-t-il être que musical ou as-tu prévu de développer cet aspect-là encore plus sur scène ou de manière littéraire ?

J’ai hésité à accentuer l’aspect littéraire sur scène en ajoutant de la narration au milieu des chansons et des instrus mais j'ai lâché cette idée. Marion Richeux ; mon éditrice qui est très pertinente ; m'a beaucoup aidé sur cela en me disant qu’il fallait prendre cela avec dérision. Je pense que le contenu des chansons doit suffire, je ne veux pas en rajouter une couche. Sur scène, j’ai un côté très Rock, l’énergie compte beaucoup pour moi et si ça ne me gène pas de parler de ma démarche, je ne veux pas que cela devienne intellectuel ; d’autant que ça l’est déjà à la base dans la réflexion intérieure et je veux que l’on puisse oublier cela.

Te verrais-tu creuser la veine électro de cet album avec un alias, un side-project ou des sets purement électroniques ?

J’adorerais et je te remercie de me poser cette question. Je m’avance peut-être mais je me demande si mon prochain album ne sera pas composé que de morceaux instrumentaux électroniques. J’aimerais explorer cela ! J’ai envie de faire ce que je veux et je pense que pour cela, il n’y aura pas besoin de me créer un autre nom, les gens qui voudront me suivre pourront le faire. Je n’ai pas envie d’être accrochée à l’image de la chanteuse. J’ai à cœur d’être libre dans la création.

Quels sont tes prochains projets ?

Nous serons en concert à La Marbrerie le 04 février à Montreuil ; c’est une date en co-plateau avec Fred Nevché et elle me tient beaucoup à cœur. Ensuite, nous jouerons à La Mesón à Marseille le 14 février, à La Bulle Café à Lille le 08 avril et le 22 mai au Studio de l’Ermitage à Paris. D’autres dates devraient suivre prochainement. J’aimerais bien faire une live session avec Nosfell et il se pourrait qu’il y ait des versions alternatives de certaines chansons un peu plus tard. Etonnement, alors qu’« Absens » est un album qui parle d’un voyage solitaire, c’est celui où j’ai le plus collaboré et j’ai trouvé cela génial. J’ai de plus en plus envie de faire des co-plateaux et d’œuvrer avec d’autres artistes.

Retrouvailles avec Lisa Portelli au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de son nouvel album intitulé « Absens » !
https://www.facebook.com/lisa.portelli.officiel/?locale=fr_FR
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