Rencontre avec Tip Stevens au Studio Luna Rossa afin d'en apprendre plus sur « Mamba » !
Quelles casquettes as-tu dans l’artistique ?
Tout d’abord, j’ai la double casquette d’auteur et de compositeur ; c’est le plus important à la base. Je fais mes propres musiques, je les enregistre, je les mixe mais je délègue le mastering ; c'est la seule partie que je délègue ; et je coréalise les clips avec mon pote d'enfance. Je pense que j’ai fait tout ce qui touche à l'audiovisuel qui doit exister car je m'y intéresse depuis tout petit. En ce qui concerne la musique ou la vidéo, j’ai tout le temps tout appris et plutôt en autodidacte ; je n’ai jamais fait d’écoles mais j’ai passé mon temps derrière des tables de mixage, j’ai observé comment les autres bossaient et je leur ai demandé beaucoup de petits conseils. Je chante également et je joue de la guitare ; c'est mon instrument principal depuis gamin. Je joue aussi tous les autres instruments qui sont enregistrés dans mes EPS ; que ce soit la batterie, la basse, les claviers, les percussions ; mais de temps en temps, quand c'est un peu trop compliqué et que j'ai vraiment besoin de quelqu'un qui maîtrise l'instrument, je fais enregistrer notamment par mon batteur ou par mon bassiste.
Comment est née l'idée de dévoiler régulièrement des EPS qui possèdent chacun un animal totem ?
Je ne saurai pas vraiment dire pourquoi ni comment c'est venu mais cela doit résulter du fait que j’avais envie de faire mon projet solo. J'ai hésité pendant des années sur le style que j'allais faire, c'est ce qui m'a bloqué et c'est ce qui a fait que je n’ai pas lancé mon projet alors qu'il était quasiment prêt depuis pas mal de temps. A un moment donné, je me suis dit que toutes ces questions que je me posais sur le style n’étaient pas si importantes et j’ai décidé que j’allais faire plein de choses différentes et cela sans attendre « le cycle habituel » à savoir album-promo-tournée pendant deux ou trois ans. J’avais envie que ça aille plus vite que cela. Si le but est de tirer dans tous les sens au niveau des styles tout en me faisant plaisir, je préfère quand même raconter des petites histoires sur des EPS plutôt que de sortir régulièrement des singles. Une fois qu'il y a eu cette idée-là, je me suis dit que ça serait rigolo de leur donner à chacun un petit nom d'animal et cela permet d'expliquer visuellement le concept afin que les gens puissent comprendre que je vais développer plein d’univers différents.
Comme tu as débuté ta série de disques avec « Condor » en 2020, on pourrait penser que c'est celui qui te représente personnellement, est-ce le cas ?
Tout à fait ! « Condor » est l’un de mes EPS les plus atypiques au niveau du style. Il y a toutes mes petites influences sur ce disque. On y retrouve du Rock, de l’Electro, limite un peu de Dub dans certains arrangements et même un peu de son rétrogaming. C'était vraiment celui que je voulais sortir en tout premier car il représentait le fait que j'avais envie de faire tout et n'importe quoi. Même si je le savais moi-même un peu au début puisque j’ai choisi de dévoiler « Condor » en premier, les gens qui me suivent me disent également avec le temps que c’est celui qui me représente le plus. En ce qui concerne le condor en lui-même, cela vient du fait que j’ai été bercé par Les Mystérieuses Cités d’Or dans mon enfance et cela faisait sens également avec le morceau « Ordinary » dont le petit clavier un peu pété rappelle un peu la flûte de pan.
Ce projet conséquent évolue au fil des EPS et on a la sensation que tu es de plus en plus rock…
Je ne pense pas que ce soit une évolution, c’est plutôt que je suis dans une phase où je fais beaucoup de morceaux Rock et c’est même un retour au naturel car j’ai passé ma vie à jouer dans des groupes de Rock ; j’ai eu mon premier groupe à l’âge de 11 ans. Si dans mon projet solo, il y a eu notamment un petit virage Electro, j’ai une vraie envie de retour au naturel actuellement et je pense que l’on doit cela au fait d'avoir beaucoup tourné ; le retour du live a remis cela dans ma vie ; mais ça ne veut pas dire que ça va être linéaire et que ça va continuer dans ce sens-là. Les gens pourraient s’habituer au fait que ça a vrillé Rock mais ils vont très vite se rendre compte que ça va continuer à osciller entre différents styles durant les prochains mois.
Que représente pour toi le mamba qui donne son nom à ton EP paru au mois de décembre ?
Sur mon téléphone, j’ai une liste de tous les noms d’animaux que j’ai en tête pour baptiser mes EPS ; il y en a même pour plusieurs années. J’ai toujours eu envie de faire un disque plus dark et jusqu’à présent, dans les noms d’animaux que j’ai utilisés, il n’y en avait aucun qui était très vénère. Comme j’ai eu à cœur de composer un EP de rock crasseux avec de la dysto dans tous les sens et sur lequel, je pouvais gueuler si j’en avais envie, j’avais deux animaux en top list pour nommer ce disque à savoir le rat et le serpent et c’est de l’envie de faire un EP un peu plus incisif et venimeux qu’est venue l’idée de choisir le mamba ; ça a été instinctif.
Comment décrirais-tu l'énergie/l’atmosphère présente dans ce disque ?
Au début, le but était que ce disque soit vraiment oppressant et vicieux mais finalement, quand je le réécoute, je le trouve presque langoureux comme si le serpent s’enroulait autour des choses. Limite, les morceaux te font un câlin plus qu’autre chose ! Au final, cet EP n’est pas si dark et ultra vénère que cela, c’est un entre-deux qui reste assez chaud.
Quels thèmes abordes-tu sur « Mamba » ?
Sur cet EP, l'idée était de sortir un peu de mes gonds et des paroles que j’écris habituellement. Il y a des lyrics ultra trash sur « Mamba » alors que d’habitude, les morceaux sont très liés à ma personnalité et à ce que ce que ce que je vis ; c'est pour ainsi dire un peu autobiographique. Les paroles de « Knock Knock » sont vraiment atroces pour le coup, j’ai écrit ce texte en mode serial killer afin de faire un morceau scène de crime. L’exercice sur cet EP qui parle notamment de manipulation a été un peu plus cinématique et c’est peut-être l’un des EPS où les paroles me ressemblent le moins ; ce disque est plus fictionnel à l’exception du dernier morceau.
Peux-tu nous parler de la mise en images de « Knock Knock » ?
On s’est fait plaisir sur ce clip pour lequel on a pioché à fond dans les codes des films d’action et des polars. On est vraiment rentré dans le thème de la violence mais ce clip est la seconde version du scénario car j’ai décidé de le redescendre un peu car je pense qu’au début, on allait peut-être un peu trop loin en termes de violence et le but n’était pas que les gens ne soient pas bien en finissant de visionner le clip, il fallait que ça soit quand même joli à regarder. Le clip « Knock Knock » est une ode à la violence et c’est tout le thème de cette chanson qui parle de quelqu’un qui recherche la violence jusqu’à ce qu’il se rende compte qu’il finit par ne jamais être rassasié et que cela ne mène nulle part.
Que peux-tu nous révéler sur le successeur de « Mamba » ?
En 2025, je vais sortir cinq EPS et le prochain s’intitulera « Fireflies ». Pour le coup, nous allons retourner dans quelque chose de plus deep, dans ce que je suis vraiment moi et dans ce que je fais depuis longtemps. Je trie les morceaux des différents EPS par mots-clés et pour « Fireflies », il était question de cocooning, de feu de cheminée et de petit plaid. Il y a un côté rassurant dans cet EP et c'est marrant de le sortir juste après « Mamba » qui m’a permis d'aller dans des excès. « Fireflies » a un côté mélancolique mais j’ai souhaité que cet EP soit très chaud et apaisant. Ce disque sortira d’ici la fin de l’hiver.
As-tu prévu de regrouper, à un moment donné, tous tes EPS sous la forme d'un bestiaire ?
Ça a déjà été un peu fait avec « Animals - Vol.1 ». J’ai prévu de regrouper à chaque fois cinq EPS comme pour illustrer des phases de ma vie et j’ai annoncé « Animals – Vol.2 » avec les cinq prochains EPS. Pour l’instant, il n’y a eu que des sorties physiques en CD et tout le monde me demande des vinyles mais c’est compliqué car il faudrait couper certains EPS qui ne rentreraient pas sur une face et comme il y a cinq EPS, ça ferait deux faces et demie. J’aimerais bien faire un bel objet avec ça mais il y a plein de choses qui font que mon projet est très compliqué pour le format vinyle.
Peux-tu nous en dire plus sur ce que tu partages sur Twitch ?
Tellement de choses ! C’est ma petite chaîne de télé perso. Au début, j’ai streamé mes répétitions en guitare-voix sur Twitch afin de voir ce que cela pouvait donner, les gens ont commencé à me suivre et cela a pris en ampleur sans que je ne le veuille. Aujourd’hui, j’y partage tout ce qui concerne mon projet musical. On écrit les paroles, on compose ensemble, j'enregistre en stream mais parfois, je garde des surprises. Twitch est un espace où l’on peut avoir un lien très proche avec les gens qui nous suivent. On peut discuter, jouer aux jeux vidéo…Je suis conscient que c’est aussi ce qui fait qu’aujourd’hui, il y a des gens qui traversent toute la France pour venir à des concerts. Comme ils ont assisté à la compo des chansons, j’ai l’impression qu’ils sont presque plus hypés que moi quand elles sortent.