Rencontre avec L’Ambulancier au Studio Luna Rossa afin de vous présenter son univers !
Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?
Je m’appelle Palem Candillier mais je suis plus connu en tant que L’Ambulancier dans le French Manhattan ; un quartier de New York très peu connu des gens dans lequel on parle français en pleine Amérique. Je chante en français sur une musique influencée par tout ce qui est Américain notamment le Grunge des années 90 mais on y retrouve également une base Electro qui est influencée par la vibe Synthwave actuelle et tout ce qui est pré-Electro comme le Krautrock. A côté de cela, je suis auteur de livres sur la musique ; c’est l’aboutissement du fait que j’ai été chroniqueur sur des sites musicaux pendant assez longtemps. Même si je joue de la guitare dans d’autres projets, je suis principalement chanteur, auteur et compositeur.
Pourquoi as-tu choisi L’Ambulancier comme nom de scène ? Serait-ce une profession que tu exerces ou que tu as exercée en parallèle à la musique ?
Pas du tout ! J’ai eu envie de me créer un personnage. Pendant dix ans, j’ai fait partie d’un trio Rock influencé par les 90’s et quand ça s’est terminé, j’ai souhaité passer à autre chose à plein de niveaux. J’ai monté un one man band avec des musiciens mais ce projet repose uniquement sur moi ; je ne voulais pas faire cela en mon nom et L’Ambulancier s’est créé autour de ce personnage. La première rencontre a été la chemise que l’on voit sur la pochette de l’EP ; c’est une vraie chemise Américaine des années 70 que j’ai trouvée en friperie. Je suis un grand fan du cinéma Américain ; Brian De Palma, Martin Scorsese, John Carpenter ; des années 70/80 et tout un imaginaire s’est enclenché. J’aimais bien car cela faisait personnage d’arrière-plan dans des films policiers ou des films catastrophe ; ça m’évoquait Manhattan la nuit et les petites mains. Par ailleurs, c’est arrivé juste avant le COVID et pendant cette période, on s’est intéressé aux personnes du monde médical. Il y a eu tout un faisceau d’indices qui ont concordé et qui m’ont amené vers ce personnage-là qui me permet de faire plein de choses ; et j’ai encore beaucoup d’idées.
Ton premier EP a-t-il été un projet longuement mûri ou est-il venu presque impulsivement ?
A vrai dire, les chansons étaient écrites depuis un moment mais il manquait un univers pour consolider tout cela. A cause de la pandémie, l’EP est sorti un an et demi après son enregistrement car je voulais bien faire les choses ; ça a été pas mal réfléchi, il y a eu plusieurs temps, j’ai enregistré quatre morceaux et j’en ai rajouté un cinquième quelques mois plus tard. Avant, je faisais des sorties très impulsivement mais pour cet EP, c’était la première fois que je réfléchissais pleinement un enregistrement.
Musicalement parlant, savais-tu où tu te dirigeais ?
J’ai beaucoup bricolé. Je savais que ça allait être hybride ; à la fois synthétique et encore très Rock. Je savais dans quelle direction ça allait mais le fait d’enregistrer me canalisait dans un sens, cela me forçait à prendre des décisions en termes de sonorités.
De quoi parles-tu sur ton premier EP éponyme ?
Je parle beaucoup des choses qui me touchent ou m’interpellent directement que ce soit sur un plan personnel ou plus social. L’une de mes chansons parle de conspirationnisme, c’est quelque chose qui me fascine et qui me désarme en même temps car je ne comprends pas l’irrationalité de certaines façons de penser. Sur ce disque, j’aborde aussi le fait de se trouver à sa place ou pas dans une communauté/un système. Cet EP parle pas mal de décalage par rapport à ce qui se fait ou ce qui existe. Avec mon regard en biais, j’essaie de comprendre ou de sonder le truc tout en cherchant ma place dedans.
Qu’est-ce qui a été le plus souvent mis en avant sur ce disque ?
Le fait de chanter en français à marquer les gens qui me connaissaient de mon précédent projet car je chantais uniquement en anglais. J’ai l’impression que le basculement en français a été bien reçu et bien compris ; c’était vraiment un besoin pour moi. Par ailleurs, on m’a reconnu dans ma façon d’écrire. Bien sûr, l’univers et le personnage ont beaucoup été relevés par les médias et le public. J’aime bien quand un projet à la capacité d’interroger, de surprendre, de décontenancer et que cela déclenche de la curiosité ; ça fait vraiment partie du plaisir chez moi.
Ton premier EP est paru en 2021, as-tu déjà écrit la suite ?
Oui, je travaille actuellement sur un premier album de dix titres qui sortira en 2024 et ce qui est passionnant, c’est que cela continue d’évoluer. Je fais vivre à ma petite communauté les différentes étapes de conception avec mon réalisateur Hugo Cechosz et mes petits brancardiers qui m’aident à enregistrer ou qui m’apportent leur regard sur les morceaux. J’avais vraiment envie de marquer le coup en faisant un album et pour l’instant, je suis très content d’où cela va.
Comment décrirais-tu l’univers de ton projet ?
Urgent, sensible ; il ne faut pas avoir honte ni cacher la sensibilité car elle est importante ; et nocturne ; je suis un garçon très solaire mais ce projet touche plus à la nuit et aux néons qui éclairent nos petites parts d’ombre.
Incarné, aussi ?
Oui, effectivement, c’est un retour que l’on me fait en live. Des gens sont venus me dire qu’ils avaient encore mieux compris le projet en le voyant sur scène. Incarné est un adjectif que l’on a souvent employé pour me qualifier de manière générale.
Qui retrouve-t-on dans ta culture musicale ?
The Beatles, Alain Souchon, Nirvana, Sonic Youth, dEUS, Carpenter Brut, le générique des Tortues Ninja (rires)…Plein de vieux titres des années 80 que j’écoutais sur la banquette arrière de la voiture de mes parents ; je pense notamment à des morceaux de Toto, The Connells, Depeche Mode, a-ha…Ce sont des musiques très riches et super bien écrites qui font partie de moi de manière inconsciente.
Tu as déjà publié plusieurs ouvrages, as-tu des projets dans le domaine littéraire ?
Densité m’a fait l’honneur de sa confiance pour écrire deux livres ; l’un sur les Beatles et l’autre sur Nirvana ; et en effet, un troisième est en préparation, il sera sur Joy Division. Le principe de la collection Discogonie est de consacrer un livre à un album mythique du Rock, de la Pop ou de la chanson. Le choix de l’album se fait avec l’éditeur avec qui l’on discute longuement ; après « In Utero » de Nirvana et l’album blanc des Beatles ; mon prochain ouvrage sera sur « Closer » qui est le deuxième et dernier album de Joy Division. Ca va être un autre challenge parce que ça sera encore différent. Les moments d’écriture sont très ludiques et très intéressants ; j’essaie de transmettre aux lectrices/lecteurs ma passion de l’analyse musicale pure et du contexte. Je tâche toujours de connecter un album à ce qui se passait autour ; politiquement, socialement et musicalement. Je tisse toujours des liens avec ce qui a existé avant et après. Ce livre sortira fin 2024.