Rencontre avec Harmo Draüs au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de son premier titre solo !
Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?
Je suis artiste, auteure, compositrice, interprète, musicienne et aussi productrice sur ce projet. Je viens de Caen ; c’est ma ville natale et c’est aussi mon petit havre de paix; mais en ce moment, je suis beaucoup à Paris. J’ai composé, arrangé et produit le plus gros des titres de mon premier EP à paraître prochainement mais j’ai aussi collaboré avec plusieurs personnes principalement en Normandie sur la production finale de mon disque. En parallèle à mon projet solo, je suis également musicienne au sein de David Shaw and the Beat que j’ai rejoint en live en 2020 ; j’y joue du synthé, du tambourin et je fais des chœurs. Sur mon propre projet, je joue de la guitare, du synthé, des machines ; je fais de la programmation MAO ; et je chante évidemment.
Quel a été le déclic pour présenter un projet solo ?
Sur ce projet-là qui est lattant depuis plusieurs années, c’est d’enfin sortir un peu de ma chambre. Depuis quatre ans, j’ai composé chez moi en guitare-voix pas mal de chansons sans trop aboutir la chose et puis, ça a mûri dans ma tête, le temps de me former, de prendre confiance en moi artistiquement parlant, de faire mes armes au sein de Bison Chic et de David Shaw and the Beat. Le déclic a été l’envie de dévoiler aux gens ce que je faisais en solo. C’était le moment de m’occuper un peu de moi.
Avais-tu les grandes lignes en tête depuis longtemps déjà ou as-tu pas mal tâtonné au début ?
J’ai ; forcément ; un peu tâtonné au début en termes de production, d’aboutissement artistique et d’enregistrement par rapport à la forme qu’allait prendre ce projet. Beaucoup de morceaux existaient en guitare-voix ou en piano-voix, ils étaient nés d’improvisations lors de jam sessions à la maison. Ce cheminement-là a été tâtonnant au début et ce n’est que durant ces deux dernières années ; le confinement a aidé à cela ; que j’ai vraiment pris le temps pour savoir quelle direction ça allait prendre. J’ai préféré prendre mon temps afin de ne pas sortir quelque chose qui n’aurait pas été suffisamment abouti avant cela.
Comment décrirais-tu ton univers artistique ?
Très vaporeux, mélancolique, un petit peu torturé et psychédélique dans le sens de mes textes dans lesquels j’aborde des questionnements sur la dualité, l’aliénation, la personnalité…
Musicalement parlant, comment décrirais-tu ton projet ?
Dreamgaze. Ce courant-là très niche ; finalement ; va faire un peu le lien entre toutes les références esthétiques que j’essaie de condenser dans ce projet. Il y a un côté Dream Pop, vaporeux, nébuleux, doux et un côté Gaze en référence au Shoegaze que j’écoute beaucoup ; les courants un peu plus Post-punk avec des sonorités de guitares un peu crissantes et plaintives.
Pourquoi l’as-tu lancé avec « Miles Away » ?
« Miles Away » était le morceau le plus représentatif de ces différents univers. C’est une narration assez longue ; le morceau original dure plus de cinq minutes ; et j’avais envie de sortir de côté-là. Par ailleurs, quand nous aboutissions la production de ce titre, nous avons tout de suite eu les images du clip en tête.
De quoi parle cette chanson ?
Cette chanson parle de la distance que tu veux ou que tu dois mettre parfois entre toi et une autre version de toi ; soit par une distance physique ou psychique ; quand tu as besoin de prendre du recul. Pour ma part, j’appelle cela l’exil forcé. Personnellement, cela se traduisait par la volonté de partir de Paris où j’ai vécu pendant plusieurs années car la version de moi-même à cet endroit-là ne me convenait plus. Je suis partie à La Réunion dans l’idée de m’installer là-bas mais je suis revenue au bout de quelques mois et je me suis installée en Normandie. Cette chanson s’est écrite durant ce temps-là.
Peux-tu nous en dire plus sur sa mise en images ?
A la base, ce clip était un projet un peu fou que nous avions avec Anatole Badiali qui est un créateur avec lequel je travaille régulièrement sur mes projets. Anatole fait partie de Lilie’s Creatures le micro-label associatif que j’ai monté en Normandie ; nous organisons des festivals et ce label me permet de produire des projets émergents dont le mien. Anatole possède une vieille voiture aux allures de corbillard et j’ai vu envie de faire un clip avec comme si elle était un peu un personnage principal. Nous avons eu tout de suite comme référence commune le film « Priscilla, Folle Du Désert » mais au lieu de l’immense escarpin que trimballe la troupe sur le bus, nous avons pensé à un cheval de carrousel. Nous avons libéré ce cheval et nous l’avons emmené avec nous. Nous lui avons donné vie au travers de ce road trip. Nous sommes partis durant quinze jours et nous avons fait une grande boucle de 2400 kilomètres avec cette vieille bagnole et le cheval harnaché sur le toit ; nous lui avons fait découvrir des paysages, fêter un noël, un anniversaire avant de le libérer et de le rendre aux esprits de la nature. Nous voulions le détacher de son enveloppe corporelle et cela traduisait bien cette chanson.
Pourquoi as-tu baptisé ton premier EP à paraître « Misfits » ?
Dans la lignée de ces réflexions sur la personnalité, je trouvais que ce côté désaxé traduisait bien l’ensemble des thèmes des chansons de cet EP. Est-ce que l’on a sa place ou pas ? Est-ce que l’on se sent à sa place ou pas dans la vie ? Les chansons de ce disque ont été écrites durant des périodes où j’étais moi-même en questionnement. A cette époque-là, je me sentais souvent comme une marginale, je ne me sentais pas forcément toujours à ma place et finalement, cela a peut-être plus à voir avec le fait d’être désaxé par rapport à ce que les gens attendent de toi alors que toi, tu restes la même personne, tu te sens bien ou pas avec toi-même.
Que retrouve-t-on dans ta culture musicale ?
Beaucoup de choses ! J’ai été bercée dans une famille de musiciens. Mon père était musicien pro durant toute sa vie, il m’a fait découvrir du Jazz de tous bords et la Soul. Ma mère écoutait un peu plus de chanson française et de la variété. J’ai écouté beaucoup de Rock progressif et psychédélique des années 60 et 70. Un peu plus tard quand je suis partie étudier pendant un semestre à Glasgow, j’ai découvert la Dreampop, le Post-punk et le Shoegaze. Par ailleurs, depuis que je suis ado, je me nourrie aussi de Pop beaucoup plus mainstream ; j’ai grandi avec la FM et le Hit Machine. Comme j’ai également une casquette de chargée de prod en label ; je bosse en édition et en production depuis plusieurs années ; je me nourris de tous les projets que je vais croiser ou avec lesquels je vais travailler.
Quels sont tes prochains projets ?
Un second single sortira un peu en amont de l’EP qui est prévu pour le printemps, ce titre sera remixé par Cate Hortl. J’ai des idées pour un prochain clip…J’ai récemment fait un Supersonic et je suis en pleine recherche de dates en solo. Avec David Shaw and the Beat, nous sommes en fin d’écriture et mixage d’album ; un volume 2 de « Love Songs with a Kick » paraîtra prochainement et un troisième volume sortira aussi pas longtemps après. Il y aura des live sessions et des clips.