Retrouvailles avec Sébastien Delage au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur son premier album solo !
« Rien Compris » est-il le disque que tu rêvais de publier depuis des années mais que tu ne pouvais pas tant que tu étais en duo ?
Ce n’est pas tant parce que j’évoluais en duo, c’est surtout parce que je n’avais jamais osé chanter de ma vie ; j’ai commencé à le faire en septembre 2020. Je pensais que je n’en étais pas capable ; c’était plus cela. Par ailleurs, je n’écrivais pas ou très peu de chansons ; je n’en avais jamais écrit une en entier ; j’avais bossé sur quelques textes pour Hollydays mais je ne pourrais même pas parler de co-écriture car ça serait un bien grand mot ; j’étais intervenu sur une phrase ou deux. Je rêvais de maîtriser un projet de a à z mais je pensais que je n’étais pas apte à cela ; ce n’était pas du tout le duo le problème.
Au final, dans ce premier long format solo, ne serait-ce pas à toi que t’adresses en premier lieu ?
Si, évidemment. C’est un album qui parle beaucoup de santé mentale. J’ai été diagnostiqué bipolaire en septembre 2020 et faire ces deux disques ; l’EP et l’album ; qui ont été écrits et composés au même moment, ça a été un besoin vital, ça a été une thérapie.
Que t’a permis l’écriture de cet album d’un point de vue personnel ?
Je pense qu’auparavant, je n’osais pas le faire car je me censurais ; on a toujours peur du ridicule et d’ailleurs, j’en parle dans la chanson « Jamais Dansé » qui évoque la peur du lâcher-prise. Je pense que dans n’importe quel projet artistique ; danse, chant, écriture ; il faut arrêter de se censurer car quand la censure tombe, tout devient très facile. Il faut arrêter de se regarder et juste « lâcher les chevaux ». Ce disque m’a sauvé, il m’a permis de prendre du recul et de l’expérience comme lorsque l’on verbalise quelque chose à quelqu’un d’autre notamment un psy.
Quel a été le déclic pour cet album ? Est-ce parce que tu voulais aller encore plus loin que sur l’EP ? Peut-être n’en avais-tu pas assez dit ?
Ces deux projets ont été faits en même temps. C’était ma feuille de route. J’allais faire un album de quinze titres mais je me suis dit que je n’avais jamais eu de projet musical solo et je n’avais pas envie de jeter en pâture un disque auquel je crois, je trouvais préférable de dévoiler d’abord un EP et ensuite l’album. J’ai semé quelques graines avec l’EP pour me présenter ; si j’ose dire.
Musicalement, as-tu voulu emprunter d’autres directions par rapport à ce que tu as pu faire auparavant ?
Je n’ai pas tant expérimenté que cela sur ce premier album solo car nous nous étions dirigés vers quelque chose de plus live pour le second album d’Hollydays qui n’est jamais sorti ; il était moins Electro-Pop et il y avait plus d’instruments. Même si nous avions des sensibilités musicales très différentes avec Elise, nous nous retrouvions vraiment sur la chanson Française. En faisant des pas l’un vers l’autre, nous avions une sorte de jeu qui était déjà énorme et je suis très fier de l’album que nous avons fait avec Hollydays. Sur le second, nous nous étions posé la question de faire quelque chose de plus acoustique, Elise avait des envies plus R&B et à long terme, est-ce que cela aurait été épanouissant…je ne sais pas mais nous sommes fiers de l’objet que nous avons fait quand nous nous sommes arrêtés. Sur cet album solo, ça a été une évidence pour moi, je suis juste allé au bout. Venant plutôt du Rock, tout a été fait en guitare-basse-batterie.
A quoi fait référence le titre de ton album ?
Ce titre fait référence aux notes que je prenais en sortant de chez ma psy. Dans la première partie parlée du morceau qui donne son nom à cet album, ce sont littéralement mes notes mises bout à bout. A chaque fois que je sortais de thérapie, je prenais des notes sur ma vie et sur le travail fait lors des séances. « Rien Compris » est une réponse à « Fou » qui donnait son titre à mon EP.
Quelles thématiques abordes-tu sur « Rien Compris » ?
Beaucoup de titres parlent de santé mentale, d’amour depuis mon point de vue Queer car c’est quelque chose qui m’a fait du bien et qui m’a sauvé également, de sexualité, de désir…
Comment décrirais-tu l’univers de cet album ?
Authentique et très personnel ; il n’y a pas de postures, j’ai fait tomber toutes les barrières que j’avais en termes de censure aussi bien musicalement que dans les textes ; très mélancolique et assez sombre. J’espère que ce disque fera du bien là où ça fait mal.
« Rien Compris » est très personnel…Te verrais-tu aller encore plus loin en mode autobiographie littéraire même romancée ?
Ce n’est pas une question que je me pose car je n’écris pas suffisamment bien encore. Je pense que mon écriture de chansons est encore très verte, elle a encore besoin de beaucoup de travail. Dans un premier temps, je ne pense pas car j’en dis déjà beaucoup dans cet album et dans l’EP qui l’a précédé.
Une mise en images de « Dale Cooper » avec l’acteur serait-il le « kif ultime » ?
On va remettre dans le contexte ; Dale Cooper est un acteur porno Gay Américain très engagé qui est aussi un artiste pluridisciplinaire. C’est quelqu’un que je respecte beaucoup ; pas du tout uniquement pour sa carrière dans X (rires). Je lui ai envoyé la chanson, il m’a immédiatement demandé s’il pouvait la partager et je lui ai répondu non car elle sortait dans un an et demi (rires). Pour des raisons logistiques, comme j’ai monté mon label, je n’ai pas du tout les moyens de le faire venir à Paris ou moi d’aller aux Etats-Unis pour tourner un clip mais ça aurait été incroyable d’autant que j’avais un projet de clip qui ne pourra malheureusement pas se faire. Comme j’estime que la vie d’un album peut prendre du temps…Il ne sera jamais trop tard, qui sait…S’il vient à Paris ou s’il lit un jour cette interview, Dale Cooper, je t’attends !
Peux-tu nous en dire plus sur le clip qui illustre « L’Ossau » ?
Le pic du Midi d’Ossau est une montagne dans les Pyrénées-Atlantiques d’où une partie de ma famille est originaire ; le Sud-ouest en tout cas. Durant le divorce de mes parents quand j’avais 4 ans, ma mère est partie en banlieue parisienne pour trouver du travail afin de subvenir à nos besoins et elle m’a laissé chez son père qui vivait avec cette femme que l’on voit dans le clip, qui s’appelle Bijou et qui m’a élevé durant un an. Bijou m’a fait beaucoup de bien durant toute ma vie. Quand je parle de ma grand-mère, je parle d’elle alors que nous n’avons pas le même sang. Bijou a toujours fait partie de ma famille et le fait que je sois Gay n’a jamais été un problème car deux de ses frères le sont également. Aujourd’hui, quand je pense à ma famille, je pense à Bijou et j’avais envie de lui rendre hommage dans ce clip que je suis allé tourner au caméscope chez elle.
Quels sont tes prochains projets ?
L’album « Rien Compris » sort le vendredi 20 janvier. J’aimerais trouver un tourneur car le projet marche à mon échelle ; je fais du stream, tout se passe bien. Une release party est prévue le 9 février aux Trois Baudets. J’espère qu’il y aura d’autres dates à Paris et ailleurs. Trois clips sont en projet ainsi qu’une session acoustique. Commencer le second album !
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Chanson emo-queer bipolaire qui peut passer brutalement du majeur au mineur.