Rencontre avec Edgar Mauer au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de « Pensées Sauvages » !
Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Maëve : J’ai créé ce projet musical fin 2019 afin d’avoir une liberté totale sur mes compositions ; chose qui n’était pas le cas avant. Musicalement, j’avais envie de faire une musique plus Pop car auparavant, mon registre était plus Dark. Dans Edgar Mauer, je suis chanteuse et claviériste sur scène mais à côte, je suis également guitariste et bassiste. Je compose les chansons avec Alain mais j’écris surtout les textes et les mélodies vocales. Je viens de Toulouse mais je vis à Paris maintenant.
Alain : Je m’occupe de l’autre pan de la musique dans Edgar Mauer, l’aspect plus technique. Je suis multi-instrumentiste, ça aide pour les enregistrements ; nous avons d’ailleurs enregistré nous-mêmes une partie de notre disque ; et la scène ; je compose et j’arrange. Je ne suis pas né à Toulouse mais j’y ai fait la plupart de ma vie.
Comment s’est formé votre projet commun ?
M : Nous nous sommes rencontrés sur un forum de musique. J’avais posté une annonce afin de jouer de la basse dans un groupe. J’avais mis le lien Soundcloud de mon ancien projet Trip Hop, Alain est allé écouter et il m’a contacté en me disant que ce n’était pas du tout pour la basse mais par rapport à ma voix qu’il avait beaucoup aimé. Alain avait des instrumentales sur lesquelles il aurait aimé que je pose ma voix, de mon côté, j’avais commencé à faire mes maquettes sur Ableton et finalement, nous avons mixé les deux. Alain a fait partie intégrante du projet très rapidement et Edgar Mauer est devenu un duo.
Qui est Edgar Mauer ? Est-ce c’est un personnage ? Est-ce que c’est le fruit d’une association ? Est-ce qu’il existe ?
A : Il y a un peu de tout cela. En ce qui concerne le prénom, Maëve en utilise beaucoup dans ses textes afin de personnifier quand elle raconte des histoires.
M : Les textes que j’écris sont inspirés d’expériences personnelles qui sont souvent faites de rencontres et je donne des surnoms aux personnes que je rencontre. Par exemple, la personne dont je parle dans « Lily Loves You » ne s’appelle pas ainsi dans la réalité. En ce qui concerne le pourquoi d’Edgar Mauer, c’est tout simplement parce que je ne voulais pas m’exprimer sur scène sous mon prénom ou mon surnom. Par ailleurs, je voulais que l’on me sorte de l’archétype de la fille qui chante. Le fait de donner une identité masculine à ce projet, ça faisait tiquer tout le monde ; les gens se demandaient si le lead du projet était un chanteur. Ce nom me permettait de balayer toutes les questions de genre et j’espère qu’un jour, on pourra tous les mélanger. Quant à Mauer, c’est un petit clin d’œil à la ville de Berlin où j’ai vécu durant sept mois et où je me dis que je voulais faire un projet solo plus Pop avec mes propres compositions.
Que sont ces pensées sauvages qui donnent son nom à votre premier EP ?
M : Ce sont des fantasmes au sens large du terme ; pas que sexuels, le fait de vouloir plaire à tout le monde, réussir dans le domaine professionnel…
A : Même si j’envisage ces pensées sauvages d’une manière un peu différente par rapport à Maëve, cela se rapproche beaucoup de sa définition. Pour moi, ce sont des désirs mais pareillement, on peut désirer plein de choses ; des personnes, des corps, une vie meilleure…Les pensées que l’on a sont multiples elles aussi. Par ailleurs, j’aime le côté impérieux du terme sauvage, je le prends dans le sens nature et non féroce.
L’anglais a-t-il été un choix évident pour vous exprimer ?
M : Oui, totalement car j’ai eu dans mon entourage des personnes qui venaient de Londres ; ma « nounou » que je continue de voir régulièrement ; donc on m’a parlé en anglais dès mon plus jeune âge et j’ai toujours regardé des séries et des films en anglais. J’ai toujours été fascinée par la culture anglo-saxonne. Comme ce n’est pas ma langue maternelle, l’anglais me permettait d’être plus libre et un peu protégée ; je pouvais dire tout ce que je pensais, dire les choses indirectement, donner des sens cachés…Avec l’anglais, je pouvais me dévoiler sans ce que les gens captent ce que je voulais dire directement. En revanche, nous avons baptisé l’EP « Pensées Sauvages » car j’ai à cœur d’écrire d’avantage en français dans le futur. Au printemps dernier, j’ai fait une super résidence artistique près de Toulouse, j’y ai rencontré Jean Fauque qui a été le parolier d’Alain Bashung et j’ai vachement pris confiance dans l’écriture en français grâce à lui. C’est quelque chose que je n’avais pas essayé car cela me faisait un peu peur car ça sous-entend de dire haut et fort ce que je pense mais comme j’ai envie d’aller encore plus loin, c’est pour cela que nous avons gardé le nom « Pensées Sauvages ». C’est un peu l’annonce de ce qui arrivera après ; c’est-à-dire plus de français.
A : Notre style musical est plus anglo-saxon, l’anglais s’imposait donc plus au départ d’autant que nous apprenions à nous connaître ; c’était plus facile. La barre est assez haute quand on chante en français et si nous devons le faire, il faudra que ce soit recherché.
Quelles thématiques retrouve-t-on sur « Pensées Sauvages » ?
A : L’amour, les relations humaines…
M :… « Lady » est la chanson la plus importante pour moi car c’est un hymne à toutes les femmes avec un grand F. A la base, cette chanson est pour ma maman car j’avais envie de lui dire merci pour tout ce qu’elle a fait pour ma sœur et moi mais c’est aussi un remerciement pour toutes les femmes en général. C’est un peu le côté féministe de cet EP pour lequel nous avons œuvré avec beaucoup de femmes que ce soit pour le clip ou la pochette. « Lily Loves You » parle de troubles mentaux, de bipolarité. « Heavenly » est un texte sur le lâcher-prise et l’évasion.
Cet EP est-il un instantané ou pose-t-il les bases de la direction musicale que vous allez développer à l’avenir ?
A : Les deux mon capitaine ! Nous avons posé des bases de travail sur nos premiers morceaux et ensuite, nous avons évolué et progressé sur les suivants et c’est ce que nous allons continuer à faire. A la fois, il y aura toujours les bases mais nous nous fixons des lignes directrices, reste à savoir lesquelles nous allons suivre.
Comment qualifieriez-vous l’univers d’Edgar Mauer ?
M : Honnête et Romantique. J’ai envie de dire les choses sans masque, sans avoir à me cacher, sans faire en sorte de donner aux les gens ce qu’ils ont envie d’avoir.
A : Équilibré. Je tiens à faire des choses qui ne soient pas trop formatées sans non plus aller jusqu’à dire novatrices. Nous avons à cœur de trouver l’équilibre entre quelque chose de simple et d’accessible et quelque chose de plus complexe et d’original.
Pouvez-vous nous parler de la mise en images de « Pensées Sauvages » ?
M : Comme cette chanson parle de fantasmes, nous voulions de la sensualité et du romantisme dans ce clip sans le côté sexuel ; tout y est suggéré. Il y a une très belle scène avec Léo dans laquelle tout le monde l’adule et cela montre un côté narcissique d’autant qu’aujourd’hui, les gens font vraiment attention à leur image. Dana Bardawil qui a réalisé ce clip dans une cave pour le côté underground a illustré le fait que toutes les personnes sont égales ; qu’il n’y a de question de genre. Il y a beaucoup de sens cachés dans ce clip. Nous avons eu des problèmes de censure car Clara a les seins nus. A la base, nous voulions montrer qu’une femme torse nu c’est pareil qu’un homme ; nous aimerions que cela soit juste perçu comme cela un jour en fait ; il faudrait désacraliser les seins. Les décors ont été faits à la main et nous avons vraiment travaillé les textures, les couleurs et les lumières. Dana et toute l’équipe ont fait un travail de fou sur ce clip. Les images sont vraiment très jolies et nous en sommes très contents.
De qui vous sentez-vous proches musicalement parlant ?
A : Cocteau Twins, Beach House et Kate Bush.
M : London Grammar et King Krule.
Quelles seraient les plus grandes qualités de chacun ?
M : Sa patience, elle est infinie. Son immense culture musicale. Sa bienveillance et sa douceur. Et je tiens à dire qu’il est féministe aussi !
A : Du coup, il va falloir que je sois à la hauteur ! J’ai été marqué de suite par sa voix ; en l’entendant, j’ai su que je ne pouvais pas la laisser passer. Ensuite, quand nous nous sommes rencontrés, j’ai été séduit par ses qualités humaines. Elle a beaucoup de patience aussi. La relation que nous avons maintenant nous semble indéfectible.
EDGAR MAUER - Pensées sauvages
EDGAR MAUER - Pensées sauvagesOfficial music video by Dana Bardawil and EDGAR MAUERSTREAM HERE https://baco.lnk.to/PenseesSauvagesSingleFirst EP "Pensées sau...