Rencontre avec Achille au Cœur Léger au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de son second titre !

Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?

J’ai 28 ans, je réside à Paris depuis un petit moment et je suis auteur, compositeur et interprète. Je suis guitariste et j’ai toujours aimé écrire ; c’est vraiment central dans mon travail. Comme j’ai une vie assez dense, je n'ai jamais pris le temps de faire de la musique sérieusement auparavant mais j’ai sauté le pas il y a quelques mois et j’ai sorti deux titres cette année.

Pourquoi Achille a-t-il le cœur léger ?

Pour plusieurs raisons ! J’aime beaucoup la mythologie et le personnage d’Achille m’intéresse à bon nombre d’égards. Il représente la contradiction que l’on peut retrouver parfois chez les gens entre puissance et fragilité. Ça me parle car je pense que mes chansons reflètent des forces contradictoires également. Au-delà de ça, Achille représente la prise de risque. Achille avait le choix de vivre une vie longue et paisible en restant chez lui ou de partir faire la guerre de Troie pour un destin funeste mais mémorable. Du coup, Achille, c'est la réponse à ce dilemme par le choix du risque et ça me parle aussi. Pourquoi "au cœur léger" ? Tout simplement car dans l’Iliade, l’épithète homérique qui suit le nom d’Achille est "au pied léger". C’était donc un petit jeu de mot.

Quel a été le déclic pour te lancer il y a quelques mois avec « Si Je Chante » ?

Le premier confinement a été le point de départ du projet car j’étais confiné seul avec ma guitare à Paris et j’ai énormément composé. Le confinement m’a donné un espace incroyable de liberté de création. Sans ça je ne me serais jamais donné le temps nécessaire pour approfondir mes compositions. J’ai fait écouter mes morceaux à des amis qui les ont bien aimés puis, un de mes meilleurs amis, musicien par ailleurs, m'a poussé à aller au bout et à enregistrer en studio plusieurs chansons que nous avons arrangées ensemble.

Quels ont été les principaux retours sur ce premier titre ?

Les gens ont mis en avant mon écriture ce qui me touche tout particulièrement car c'est ce qui est au centre de mon travail. Il est important pour moi de dire des choses profondes le plus simplement possible. J’utilise l’écriture ; les mots ; comme un masque qui va à la fois montrer quelque chose et en cacher une autre. J’ai eu des retours parfois amusants de personnes qui essayaient de comprendre ce que je voulais dire, de deviner ce qui était caché derrière certaines phrases. J'ai eu aussi des retours sur ma manière de chanter. Je chante de manière plutôt calme avec une voix assez posée. Mon objectif est vraiment d’amener les gens à se concentrer sur les paroles en leur racontant une histoire afin qu’ils se posent des questions et qu’ils voient des images.

De quoi parle « Moi La Nuit » ton second single ?

Cette chanson parle du temps qui passe, de son effet sur nos rêves, notre vie, nos corps aussi et puis de ce que nous faisons parfois dans l'intimité de la nuit.

Peux-tu expliciter des images contenues dans le texte de « Moi La Nuit » ?

Ce texte est à la fois sensible et rempli d’ironie. Il y a un peu du « Portrait de Dorian Gray » d’Oscar Wilde dedans quand je dis que "ma peau est douce encore un peu mais mes rêves deviennent vieux" par exemple. Comme j’approche de la trentaine, je suis un peu dans un entre-deux entre le temps de la jeunesse inconsciente et le celui d'une certaine maturité. Quand je dis que "mes rêves deviennent vieux" par la suite, c’est bien que je deviens mature et que je ne peux plus dire et faire n’importe quoi. Les choses ne sont plus sans conséquence. C’est un peu comme s’il y avait une sorte d’espoir contrarié, de retour à la réalité, sans être dans le pathos non plus.C'est comme ça. Quand je dis que "j'ai pas choisi de me retrouver ici alors je fais comme chacun des hommes qui lèchent et croquent les pommes", cela illustre la résignation à rentrer dans le rang, le fait qu'on soit souvent contraint par la force des choses à prendre une place dans la société sans trop savoir pourquoi, mais encore une fois sans forcément porter de jugement sur ça. 

Ce nouveau titre synthétise-t-il ta direction musicale ou vas-tu explorer de nouvelles voies à l’avenir ?

Cette chanson est très épurée et c’est volontaire ; j’ai même gardé ce côté brut dans le clip pour lequel je me suis largement inspiré de celui de « Subterranean Homesick Blues » de Bob Dylan où il fait défiler des affiches avec les paroles écrites dessus ; mais le reste de mon projet va être beaucoup plus pop et électrique.

La nuit est-elle une période propice à la création pour toi ?

Complètement ! Beaucoup de mes chansons sont composées la nuit et elles en parlent également. Je n’écris quasiment que la nuit. La nuit est un espace de liberté incroyable. Durant la journée, on est tout le temps dérangé et occupé alors que la nuit, de manière générale, on est plus libre et on nous embête moins et, au final, on s'autorise davantage à être nous-même. On subit moins le dictât des minutes et des heures de la journée.La nuit, on fait un peu ce que l’on veut et le temps s'écoule différemment. Les rapports et même les discussions entre les gens ont une autre teinte. On ne parle pas aux gens de la même manière. Le jour, on parle plutôt de manière utilitaire tandis que la nuit, il y a une profondeur qui renaît, que ce soit dans notre rapport aux autres ou dans notre rapport à nous-même.

Comment décrirais-tu ton univers ?

Assez mystérieux, profond, poétique au sens large du terme, authentique et sincère.

As-tu déjà un EP de prévu ou peut-être un album ?

Nous avons beaucoup travaillé et enregistré pas mal de titres. Deux singles sont déjà disponibles et nous avons récemment tourné dans le sud de la France le clip du troisième single qui sortira au printemps prochain et qui annoncera un EP à venir en 2022.

Il y a une vraie qualité d’écriture dans ton projet, qui pourrait-on retrouver dans tes inspirations littéraires ?

Rimbaud ! Il y a à la fois de la douceur et de la violence et c’est juste incroyable. « Une Saison En Enfer » est une œuvre géniale.