Rencontre avec Edward Barrow au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur son nouveau disque !
Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?
Je suis auteur, compositeur, interprète et quand je monte sur scène, je m’accompagne au piano ou à la guitare. Je suis également plasticien ; je fais des collages ; et j’ai réalisé moi-même la pochette de mon nouvel EP. En termes musicaux, je fais de la Pop mélancolique.
Quel a été le déclic pour passer de l’anglais au français ?
Cela est venu d’une envie de sincérité. Même si l’anglais n’est pas loin de ma culture puisque cette langue me vient de mon père, j’avais le sentiment que c’était comme un déguisement, ça me paraissait être un rempart que je mettais entre les gens qui m’écoutaient et moi. A l’époque, je me maquillais sur scène et au final, tout cela m’apparaissait comme un costume que j’ai eu envie de retirer afin d’aller au plus près de ce que je suis. Finalement, le français est ma langue de tous les jours et c’est aussi celle dans laquelle je pense écrire le mieux. Cela m’a permis d’être plus précis dans ce que je voulais écrire.
Ce changement de langue a-t-il correspondu également à un renouveau musical pour toi ?
Oui et non. Quand on passe de l’anglais au français, la voix ne se place pas de la même manière dans le corps, j’ai donc dû retravailler ma façon de chanter mais en dehors de cela, le fond reste le même ; cette mélancolie qui m’est propre, les sujets sur lesquels j’écris sont restés les mêmes…Avec le changement de langue, c’est vraiment vocalement que les choses ont changé.
Tu as annoncé ton nouveau disque avec le nostalgique « Après Tout », ce titre donne-t-il le ton de ton EP ?
Oui, je pense qu’« Après Tout » donne le ton de cet EP même si c’est le titre le plus « rythmé » avec un autre. Sur ce disque, mon envie était de confronter ma mélancolie avec ce que pouvaient amener les musiciens qui ont arrangé et produit ce disque. J’ai fait appel à Jérôme Laperruque et Mathieu Geghre car je savais ; en ayant écouté ce qu’ils avaient fait pour The Rodeo ; qu’ils faisaient une Pop assez lumineuse et élégante et je trouvais intéressant de mêler cela à ma mélancolie. « Après Tout » qui est plutôt dansant illustre bien cela, c’est une chanson qui parle de la mort mais d’une certaine manière qui revient à dire que ce n’est pas grave car finalement, cela fait partie de la vie et on peut continuer à danser mais s’il y a des choses tristes autour de soi. En cela, je pense que ce morceau représente assez bien le reste de l’EP.
Peux-tu nous en dire plus sur tes envies visuelles concernant la mise en images de « Ton Cœur Immense » ?
« Ton Cœur Immense » est vraiment une chanson d’amour pur ; celui que l’on ressent pour quelqu’un mais également celui que l’on fait avec cette personne. Au départ, j’étais parti sur une idée de vidéo en animation dans laquelle il y aurait eu des corps entrelacés, des explosions de volcans, du feu, de la lave, du sang…et finalement, ça ne s’est pas fait. J’ai revu toutes les idées que j’avais en tête mais il y avait vraiment ce souhait de montrer des corps d’hommes ; car moi, c’est un homme que j’aime ; de la chaleur et de la sensualité. Je pense qu’au final, c’est une certaine tendresse qui ressort de ce clip pour lequel j’avais en tête le film « Women In Love » de Ken Russell. Il y a une scène où Oliver Reed et Alan Bates luttent entièrement nus devant une cheminée, je trouvais la sensualité de cette scène hyper belle et je voulais la retrouver dans mon clip.
Ton EP s’intitule « Une Vie Entière », juste en se focalisant sur son titre, peut-on y voir comme un bilan ou le présage d’une narration ?
Je ne sais pas si j’ai envie de parler de bilan car à chaque fois que j’écris, j’ai l’impression d’y mettre toute ma vie. Le titre de l’EP est également celui d’une de mes chansons. Cela faisait longtemps que je n’avais pas sorti de disque et comme je ne sais pas de quoi l’avenir sera fait, je me suis dit qu’il y avait toute ma vie dans ce disque. Peut-être que je joue ma vie aussi ; je n’en sais rien. « Une Vie Entière » n’est pas le premier titre que j’ai trouvé pour ce disque car au départ, je voulais prendre une référence de « Ton Cœur Immense », j’ai pensé appeler cet EP « Nos Corps Vont Brûler » mais après réflexion, j’ai trouvé que c’était un peu dur quand on n’écoute pas la chanson et que l’on ne lit que le titre. « Une Vie Entière » m’est apparu plus ouvert et plus lumineux.
Sur quelles thématiques t’exprimes-tu sur « Une Vie Entière » ?
Sur cet EP, j’aborde autant la mort que l’amour ; je parle de ma vie en général ou de ma façon de voir les choses. Je n’écris pas forcément sur des choses précises même si ça peut être le cas parfois ; je développe un point de vue. Pour citer deux exemples, dans le titre « Une Vie Entière », je parle de la mort de mon grand-père mais du point de vue de celle qui reste, ma grand-mère, celle qui a été amoureuse de cet homme durant soixante ans alors que « La Nuit Je Deviens Folle » est une espèce de fantasme ; qui serais-je dans une liberté sexuelle totale, est-ce que j’aurais des remords, comment me verrait-on…
Dirais-tu que l’automne était la saison idéale pour sortir ton nouveau disque ?
Même si l’automne est un peu une saison qui me poursuit ; j’y suis né et il m’y est arrivé beaucoup de choses ; je n’ai pas choisi que ce disque sorte durant cette saison. Nous n’avons pas arrêté de reculer cette sortie à cause de la pandémie ; ce disque aurait pu sortir durant un printemps mais au final, je me dis que l’automne peut amener de belles choses.
Que retrouve-t-on généralement dans tes textes ?
Je n’écris sur rien d’autre que sur ce que je vis ou ce que je perçois. Je ne crois pas que mon écriture soit très brute, on y retrouve de la poésie et de l’imaginé sans pour autant verser dans trop d’images car j’ai à cœur d’être compris. Que je suis passé de l’anglais au français, j’avais envie qu’il n’y ait pas d’équivoque sur ce que je dis dans mes chansons. J’essaie d’avoir une écriture simple mais pas simpliste.
Qui peuple ta culture musicale ?
C’est très très large et cela remonte à loin. J’ai grandi avec trois disques de référence à savoir le best of de Leonard Cohen, « Bridge Over Troubled Water » de Simon and Garfunkel et « Broken English » de Marianne Faithfull. A la maison, il y a également des disques notamment de Jacques Brel et Julien Clerc. Ensuite, j’ai beaucoup écouté Nick Cave et Radiohead. Maintenant, j’écoute beaucoup plus de choses en français ; j’aime beaucoup Benjamin Biolay, Keren Ann…J’ai récemment découvert Odezenne.
« Une Vie Entière » est-il un avant-goût d’un album ? As-tu composé beaucoup de nouveaux titres durant les divers confinements ?
Il n’y a pas une période où j’écris plus qu’une autre ; c’est un peu tout le temps ou jamais. Quand je fais un disque, je choisi parmi ce que j’ai écrit, j’ai rarement écrit spécifiquement pour un album. J’ai cinq titres qui iraient bien ensemble, ils pourraient former un autre EP et j’avais dans l’idée de réunir ces deux disques sous la forme d’un vinyle pour que ce soit à la fois un album et un bel objet. Pour moi, en tout cas, « Une Vie Entière » n’est pas un avant-goût d’un album, c’en est un.
EDWARD BARROW - TON CŒUR IMMENSE
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