Rencontre avec Degermann à l’Idol Hôtel à l’occasion de la sortie de son premier EP !
Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?
J’ai 30 ans, je suis auteur, compositeur et interprète. À côté de cela, je suis comédien. Mon projet musical est venu dans un second temps,mais je ne le dissocie pas complètement de mon travail de comédien, les deux se rejoignent ; dans les deux cas, on raconte et on interprète des histoires. Ce projet musical est en quelque sorte la prolongation d’une démarche artistique entamée avec le théâtre.
As-tu toujours évolué en solo dans la musique ?
J’ai déjà joué avec des potes en groupe mais ça n’a jamais dépassé le cadre de concerts un peu informels. « Les Idées Mortes » est mon premier vrai projet musical professionnel.
Quel a été le déclic pour composer ton premier EP ?
Les premières chansons que j’ai écrites remontent à pas mal d’années. La toute première a été « That Light » ; ça doit faire sept ou huit ans qu’elle existe. Au départ, j’ai commencé à bidouiller des choses sur GarageBand, et au fil des années quelques chansons sont apparues ponctuellement. Mais je dirais que le déclic s’est produit à la fin de mon école de théâtre il y a deux ans ; j’ai fait l’inventaire des chansons que j’avais et je me suis amusé à enregistrer des démos avec un pote rencontré au Cours Florent qui jouait du clavier. Au départ, je ne pensais pas aller plus loin que ça, je comptais simplement les diffuser sur Youtube. Ce sont ces amis proches qui m’ont poussé à y mettre plus d’ambition car ils trouvaient ces chansons cool. Dans la foulée, on m’a présenté Louis Gaston, qui a produit l’EP. Ce disque lui doit énormément, il m’a aidé à affiner l’écriture des chansons, puis il a pris en main tous les arrangement set l’enregistrement du disque dans son home studio. Il a fait jouer dessus quelques musiciens assez exceptionnels.
Peux-tu expliciter son titre ?
Au départ, c’est le titre de la chanson qui ouvre l’EP. Elle a donné assez naturellement son nom au disque, elle retranscrit bien son humeur générale. Les idées mortes, disons que ce sont des rêves, des projets que l’on peut avoir et qui ne se matérialisent pas forcément, mais qui malgré tout contribuent à façonner ce que l’on est et à nous faire avancer.
De quoi parles-tu sur ce disque ?
Il y a d’abord un thème amoureux dans ce disque ; « Les Idées Mortes » vient de là, tout comme « That light ». « Leur Tête » est une chanson plus politique qui s’inspire d’événements récents, les nombreuses manifestations des dernières années, les Gilets Jaunes, et toute cette ambiance de révolte réelle ou supposée dans laquelle on vit. « Les Derniers Parisiens » est un hommage à la vie parisienne, c’est sans doute mon texte préféré sur le disque ; une sorte de déambulation nocturne entre amis dans Paris, avec toute la joie, l’excitation, mais aussi la mélancolie voire la solitude que ça peut générer. Au fond il n’y a pas un thème unifié dans tout l’EP, mais le fil rouge de ce disque serait d’une certaine manière le temps qui passe, et les rêves parfois inachevés qu’on laisse derrière soi.
Comment décrirais-tu ton univers ?
Mélancolique forcément, mais sans être triste ; j’aime jouer avec cette mélancolie, qui me semble toujours être l’ombre d’une forme de joie, les deux sentiments me paraissent assez inséparables. Doux et assez pudique, sans doute à l’image de ce que je suis dans la vie ; avant de commencer l’enregistrement de l’EP, Louis m’a d’ailleurs beaucoup poussé à dire les choses plus frontalement dans les chansons alors que moi, j’étais souvent dans la retenue. Au final j’aime beaucoup me confronter et tordre un peu ma pudeur dans mes chansons, c’est un vrai moteur d’écriture pour moi. Enfin musicalement, je voulais quand même un disque qui soit solaire, riche musicalement, et avec du groove.
Pourquoi as-tu choisi d’adapter « San Tropez » de Pink Floyd en français ?
C’est un titre qui m’accompagne depuis très longtemps. J’ai découvert « San Tropez » en explorant la discographie de ce groupe que j’écoute depuis toujours. Cette chanson a une singularité dingue, elle ne ressemble à aucune autre de Pink Floyd. Et je trouvais qu’elle avait une vibration assez à l’image de ce que j’essayais de véhiculer, une sorte de mélancolie à la fois douce et un peu désinvolte, avec ce sentiment qu’au fond les choses ne sont pas si graves. Cette chanson collait bien à mon univers et peut-être qu’inconsciemment, je m’en étais inspiré. Initialement, j’avais fait cet exercice de traduction juste pour moi il y a quelques années, pour le plaisir. Ce n’est d’ailleurs pas une traduction littérale, c’est une adaptation dirons-nous.
Trois titres en français, un an en anglais + un cover de Pink Floyd, est-ce que cela veut dire que ta culture musicale se situe pile entre la variété française « traditionnelle » et le Rock des années 70 ?
Pas exactement, car j’écoute beaucoup de choses différentes. Historiquement j’ai effectivement une culture musicale plutôt anglo-saxonne, même si certains artistes français sont très importants pour moi ; Serge Gainsbourg, Léo Ferré, Christophe, Bertrand Burgalat, SébastienTellier, ou La Femme plus récemment. Je connais bien la musique des années 60 et 70 grâce aux disques de mon père que j’ai écoutés très jeune, tout comme le Rock des années 90 de mon grand frère. En grandissant j’ai écouté la musique de mon époque, tout le revival Rock des années 2000, puis toute la scène indé anglo-saxonne qu’on pouvait découvrir dans les Inrocks ou Pitchfork… Pour te citer quelques noms importants pour moi : David Bowie, celui que j’ai le plus écouté, lui c’est le talent pur, le rêve, la puissance de l’image, la liberté ; Alex Turner des Arctic Monkeys, avec qui j’ai l’impression d’avoir grandi, Neil Young, Mac DeMarco, Girls, Josh Homme des Queens of the Stone Age…et tant d’autres. Aujourd’hui je puise partout. Il y a un mec qui m’obsède depuis quelque temps, il s’appelle Calcutta, un Italien, allez écouter son album « Evergreen ». Un bijou.
Peux-tu nous en dire plus sur la mise en images du titre « Les Idées Mortes » ?
J’ai eu l’idée de la trame narrative du clip puis j’ai appelé la photographe Flora Mathieu, qui avait fait les visuels de l’album. J’avais besoin de son regard pour composer les plans et les cadres. Je ne voulais pas être trop illustratif par rapport aux paroles, donc j’ai eu l’idée de montrer ce que l’on peut penser être un couple qui vient de se séparer, chacun de son côté, avec un montage alterné. On les voit chacun dans leur activité, et dans leurs pensées. A travers des plans assez simples notamment sur les regards, je voulais que la musique s’infuse dans les images et que l’imagination du spectateur fasse le reste. Et il y a un petit twist à la fin quand ils se retrouvent sur le quai…
Œuvres-tu déjà pour d’autres artistes ou serait-ce une prochaine étape pour toi ?
Non, pas encore mais ça me plairait bien. Je n’ai pas de plans particuliers dans ce sens mais si des opportunités se présentent, je les saisirai volontiers.
Quels sont tes prochains projets ?
Le premier sera de faire du live ; je me suis déjà pas mal exprimé sur scène au théâtre mais assez peu à ce stade en ce qui concerne la musique. J’ai joué récemment à Montmartre avec mon pote Max Caz pour la Fête de la musique ainsi que dans un petit festival, et l’idée est de multiplier ces dates en solo avant d’attaquer une formule un peu plus étoffée. Par ailleurs j’ai une grosse vingtaine de chansons en stock, et mon objectif sera de faire un deuxième EP courant 2022, avant un premier album. Et j’aimerais bien sortir « Les Parisiens » en single…à voir si un clip suivra.
Degermann - Les idées mortes (clip)
EP "Les idées mortes"Sortie le 25 juin 2021Clip réalisé par Flora Mathieu & Jean-Baptiste DegermannAvec Eva AssayasMerci à Julien Gaillac, Romain Lalire, Ani...
Les idées mortes - EP par Degermann
Écoutez Les idées mortes - EP de Degermann sur Apple Music. Écoutez des morceaux comme " Les idées mortes ", " Leur tête " et bien plus encore.
https://music.apple.com/fr/album/les-id%C3%A9es-mortes-ep/1573013266