Rencontre avec Marine André à l’Idol Hôtel à l’occasion de la parution de son premier EP !
Peux-tu nous en dire plus sur toi ?
Je suis originaire de Paris ; j’y suis née et ensuite j’ai grandi en Seine-et-Marne avant d’y revenir et puis, récemment, j’ai vécu à Londres. Je suis auteure de toutes mes chansons, chanteuse, compositrice ou co-compositrice selon les titres avec Nicolas Lassus, qui est mon arrangeur. Je suis également comédienne. Je viens vraiment du spectacle à la base car j’ai fait beaucoup de comédies musicales et d’opérettes mais aussi du théâtre classique et contemporain à Paris et à Londres. C’est là que j’ai été formée, entre autres, à la Royal Academy Of Music ; j’en suis sortie avec un Master il y a quatre ans. Par ailleurs, j’ai toujours écrit, et je tiens un blog de poésie et un podcast qui s’appelle « Ma Maison Magique » ; je suis aussi auteure de spectacles ludo-pédagogiques pour le jeune public et de scénarii de courts-métrages ou clips. Je joue un petit peu de saxophone alto et je sais utiliser un piano pour trouver mes mélodies. Ah, et j’adore cuisiner, pour ce qui est de mes autres passions !
Comment est née l’envie de présenter un premier disque ?
Je pense que ce sont toutes ces expériences réunies qui m’ont amenée un jour à me dire que j’avais envie de mettre mes propres textes et ma poésie en musique. J’ai travaillé avec d’autres compositeurs pour des spectacles que j’ai écrits mais je n’osais pas le faire en mon nom et c’est la rencontre avec Nicolas qui a été décisive. Nous nous sommes très bien entendus sur la partie composition et nous collaborons vraiment ensemble là-dessus. Et je suis bien dans ma peau, je suis donc capable de mener un projet sous mon nom, loin d’un rôle.
Es-tu venue à la musique sur le « tard » ou est-ce quelque chose que tu as toujours développé en parallèle au théâtre ?
Ma mère m’a inscrite à la danse classique très très tôt et cela a été mon premier contact avec l’artistique car je ne viens pas d’une famille d’artistes. De là, j’ai dû arrêter, mais j’ai voulu chanter et jouer et elle m’a inscrite à des cours de théâtre. Je participais aussi à la chorale de mon collège. Comme j’étais plutôt une élève studieuse, j’ai continué des études mais l’envie d’en faire mon métier m’a très vite titillée même si ma famille était un peu septique au début, et moi aussi, à vrai dire. Je me sentais peu légitime. J’ai malgré tout poursuivi le théâtre en parallèle à la fac. J’étais au Cours Florent pendant que j’étudiais en médiation culturelle et communication ; tout me passionnait, et l’association de ces expériences m’a permis depuis de monter ma compagnie et mes projets. C’était un grand bien mais sur le moment, c’était lourd car j’avais beaucoup de choses à faire. Au bout de trois ans, j’ai compris que j’avais vraiment envie de faire de la scène et j’ai osé lâcher la partie emploi plus classique et me consacrer à l’artistique. Ensuite, tout s’est accéléré. Durant la première année où j’ai travaillé professionnellement en tant que comédienne, j’ai été amenée à chanter dans des pièces. J’ai alors choisi de me former en chant, d’abord en comédies musicales car j’aimais son aspect pluridisciplinaire, et ensuite en chant lyrique car j’ai été engagée dans des opérettes.
Peux-tu expliciter le titre de ton premier EP ?
Ce premier EP est sorti le 04.03.21 et ce n’était pas hasard car ça se lit 4.3.2.1 comme un décompte. Dans « Décomptes de Faits », on retrouve bien sûr un jeu de mots avec des contes de fées.
« Élevée Aux Contes De Fées » sonne incroyablement vraie, est-ce le cas et serait-ce pour cela que tu lances ton projet musical avec cette chanson ?
Je dirais que cette chanson est un peu la genèse du titre de ce premier disque. C’est grâce à ce titre central que j’ai pu choisir quelles seraient les autres chansons présentes sur l’EP. Mon envie était de casser la désillusion et pour moi, elle part de l’enfance. « Élevée Aux Contes De Fées » démarre un peu une chronologie. Dès mon plus âge, m’interroger sur moi, sur les autres et sur notre société a été quelque chose de naturel. Avec cette chanson, je dénonce le fait que, depuis la petite enfance, on nous donne des images toutes faites, lisses, sexistes, – sans s’en rendre compte parfois – qui nous obligent à nous positionner par rapport à l'autre sexe. Or, ces images sont souvent très fortes et très erronées car très éloignées de la réalité.
Quelle direction musicale voulais-tu pour ton premier disque ?
Je crois que nous avons cherché à mettre en avant le texte et donc la voix ; c’est pour cela qu’il y a des rythmiques très épurées. Volontairement, nous n’avons pas voulu surproduire même s’il y a des sons très modernes et notamment des sonorités un peu urbaines ou électro. Nous avions à cœur qu’il y ait une vraie distinction entre le live et le studio. Sur ce disque, même si chaque chanson raconte une histoire, c’est très éloigné de ce que je peux faire quand je joue un rôle. Nous avons voulu nous éloigner au maximum de ma technique afin de présenter quelque chose de naturel comme si j’étais une diseuse, avec le ventre.
De quoi parles-tu sur « Décomptes De Faits » ?
Mes chansons parlent notamment de désillusion mais aussi de la notion de la contrainte du temps ; j’aborde le vieillissement, la femme qui grandit mais qui vieillit aussi et qui se questionne… Je parle d’amour également car c’est un thème universel qui nous fait tous vibrer. « Clandestin.e.s » parle du fait de vivre son amour dans la clandestinité à cause des autres et c’est un problème de société qui est toujours d’actualité. Cela peut paraître très léger mais il y a un message fort dans cette chanson. Sur « Si On Tuait Le Temps » et « Blablabla Ou Nouvelle Chance », on retrouve le thème du renouveau ; j’aborde le questionnement sur un quotidien qui peut être lourd mais aussi les contraintes que les autres nous imposent et celles que nous nous imposons nous-mêmes. Je m’intéresse beaucoup au développement personnel notamment à la PNL et à la méditation et c’est aussi pour cela que ces thèmes me sont chers. « Et Crie, Charlie » est un titre doux et intime sur quelque chose qui me révolte à savoir l’atteinte à la liberté d’expression. Mon papa a été éditeur et ensuite, il a continué dans la distribution de la presse. J’ai vraiment grandi entourée des livres et des magazines. Au temps des attentats en 2015, mon père distribuait Charlie Hebdo et j’ai été beaucoup touchée comme beaucoup de Français mais aussi intimement, par ricochet. Le propos n’est pas de savoir si je suis d’accord ou pas avec ce que dit Charlie Hebdo mais je trouve que le débat est important. Je suis terrorisée de voir que l’on tue des gens simplement parce qu’ils expriment leurs idées. « Qu’Est C’Que Tu Fous Là-bas » parle de rupture mais aussi de la dichotomie entre ce que l’on peut ressentir et ce que l’on peut montrer aux autres dans des moments d’échec, de grande détresse.
Comment décrirais-tu l’ambiance générale de ce disque ?
Je dirais que l’ambiance de ce disque est amère et acidulée à la fois ; elle est en opposition. Je n’aime pas trop le drama pour le drama, j’ai de l’humour, je suis une nana plutôt optimiste et positive mais j’aime dénoncer et donner des pistes pour que les gens se posent des questions. De petits outils pour s’approprier mes chansons, textes et interroger l’établi. De la satire très légère.
Qui retrouve-t-on dans ta culture musicale ?
Mes parents n’écoutaient pas beaucoup de musiques récentes ; j’ai grandi avec des artistes comme Édith Piaf, Barbara, des chanteurs « classiques » de la chanson Française et je pense avoir été marquée par cela. J’ai cité ces deux chanteuses car j’aime particulièrement leurs parcours, leurs œuvres mais aussi parce qu’elles étaient parties prenantes de tout ce qui se passait dans leurs carrières. Ces femmes étaient incroyables. Ma mère écoutait beaucoup Patrick Bruel, aussi, et j’ai été marquée par l’un de ses lives. Je n’avais jamais vu de concert et j’ai compris que les chanteurs parlaient à leur public, j’avais envie de faire ça aussi. Plus récemment, j’aime beaucoup Barbara Pravi, Clio, Angèle, Leïla Huissoud…
Peux-tu nous parler de la mise en images d’« Élevée Aux Contes De Fées » ?
Ça a été un peu fou. Ce tournage a eu lieu début décembre et il faisait très très froid. Tout s’est organisé en une semaine. J’avais déjà réalisé un court-métrage avec l’équipe technique, nous nous connaissions bien et tout s’est mis en place très vite. Toutes les personnes qui apparaissent dans ce clip sont vraiment chères à mon cœur ; ce sont des amis ou des collègues que je respecte énormément. Pour la petite anecdote, j’ai souhaité tourner ce clip à Ozoir-la-Ferrière où j’ai grandi en Seine-et-Marne. Toute la partie en forêt a été filmée à 300 mètres de mon collègue/lycée et pour moi, c’était important que ça se fasse là-bas car cela symbolise une période horrible pleine de désillusion et de moqueries. Le petit château que l’on voit au début du clip est le conservatoire où j’ai pris mes tout premiers cours de chant à l’âge de 13 ans et j’avais envie qu’il apparaisse dans ce premier clip.
Pour rester dans la thématique de cette chanson… Quel serait ton conte favori et pourquoi celui-ci en particulier ?
« La Belle au Bois Dormant ». J’ai écrit un spectacle dessus et il s’appelle « La Belle au Bois Dormant Que Veillent Les Fées ». Pour moi, ce conte symbolise le passage de l’adolescence à l’âge adulte. Quand Aurore est endormie, ça représente l’endormissement des rêves et de la naïveté. Ce conte est à la fois très beau mais terrible aussi. Il faut savoir qu’à l’origine, ce conte est hyper dark puisque la belle au bois dormant se fait violer par le prince ! Disney et les raconteurs plus modernes ont réussi à adoucir ce conte et à le rendre positif. Dans ma version, Aurore n’est pas passive car je voulais vendre une autre image de la princesse.
Quels sont tes prochains projets ? Même si pour l’instant tout est suspendu…en as-tu aussi bien dans la musique qu’au théâtre ?
Effectivement, tout est suspendu…Nous devons faire des concerts mais nous n’avons pas de dates malheureusement. Nous allons faire une release party en E-concert prochainement. J’étais sur la comédie musicale « Demain Commence Ici » qui devait se jouer jusqu’au 28 février et elle devrait être reportée. Cet été, je devais jouer dans « Carmen Street » mais ça a été reporté également… En revanche, de manière très concrète, « Ma Maison Magique » mon podcast bilingue pour les enfants continue chaque semaine. Ça marche bien et c’est très mignon. J’ai aussi une Web-Série appelée « Dites 33, la série » qui sortira bientôt et que je co-écris. Evidemment, je continue à travailler mon répertoire avec mes musiciens afin d’être bien prêts le moment venu. Tout est très flou mais je suis en activité perpétuelle.
Marine André - Elevée Aux Contes de Fées
Marine André : Découvrez ici le clip de son titre : "Elevée aux contes de fées". → Ecoutez / Téléchargez le single ici : https://marineandre.bandcamp.com/tra...
Artiste | Marine André | Comédienne, Chanteuse, Auteure
Marine André est une comédienne et chanteuse, travaillant en France et Angleterre, sur scène et à l'écran. Côté créatif, elle est aussi auteure et adaptatrice.