Luq Hamett vous présente le Théâtre Edgar et revient pour nous sur sa carrière !
Dans quel domaine artistique avez-vous débuté votre carrière ?
Je faisais déjà des tours de magie aux communions et aux fêtes de famille alors que je ne devais avoir que cinq-six ans. Par la suite, je retranscrivais les sketchs de Zouc et de Jacques Villeret diffusés sur Europe 1 que j’enregistrais sur un radiocassette en rentrant de l’école. Très rapidement, j’ai écrit mes propres sketchs en cours de math car je m’ennuyais grave et d’ailleurs, mon premier sketch s’appelait « La prof de math ». J’ai joué ce sketch durant assez longtemps puisque quand j’ai démarré au Point-Virgule en 1983 avec mon premier one man show « Moi Je Craque, Mes Parents Raquent », c’était celui avec lequel je terminais le spectacle. Quand j’étais tout petit et que les amis de mes parents me demandaient ce que je voudrais faire plus tard, je répondais : garçon de cirque ! Car je suis un fou de cirque et les seules fois où j’ai fait l’école buissonnière, c’était pour aller voir le chapiteau se lever sur la place derrière chez moi au Havre, aujourd’hui occupée par « Le Volcan » d’Oscar Niemeyer.
Le doublage est donc venu après le théâtre ?
Oui mais assez rapidement. Mon premier one man show a été le début de tout pour moi mais j’avais commencé en province au Havre à 15 ans où j’ai fait les premières parties de Roland Magdane avant qu’il ne soit découvert par le grand public dans le Collaro Show. C’est grâce à mon contact avec Roland que je suis monté à Paris et c’est lui qui m’a présenté un producteur de publicités pour la radio et la télé. Comme il fallait bien que je mange, je suis devenu l’assistant de ce producteur mais je passais en parallèle des auditions car j’étais avant tout comédien. J’ai joué mon one man show au Point Virgule durant trois ans (1200 représentations) et tout est parti de là. Je suis rentré à Récré A2 après avoir été recruté par Jacqueline Joubert et j’ai commencé le doublage grâce à Francis Lax (mon parrain du doublage) et Roger Carel qui sont venus voir mon spectacle et qui m’ont dit que je devrais en faire. Ils m’ont fait venir sur des plateaux de doublage et j’ai appris avec eux en passant des journées entières à observer jusqu’au jour où Francis m’a dit que j’étais prêt. Dès le lendemain, j’ai doublé une petite chèvre dans un dessin animé des pays de l’Est. Tout est arrivé en même temps puisque l’année suivante, j’ai joué au cinéma dans « On Se Calme Et On Boit Frais A Saint Tropez » de Max Pécas.
Les enfants qui ont grandi dans les années 90 vous connaissent comme étant le présentateur d’Hanna Barbera Dingue Dong. Pour quels dessins animés aviez-vous le plus d’affection ?
Pour Scoubidou bien sûr mais je dois dire que personnellement, j’aimais beaucoup Roquet Belles Oreilles le chien bleu que je trouvais délicieux et j’ai beaucoup aimé Satanas et Diabolo mais Les Pierrafeu, c’était sympa aussi. J’ai eu la chance de doubler avec mon idole Roger Carel plusieurs séries mais la plus marquante reste pour moi : Capitaine Caverne. C’était exceptionnel car je jouais le fils de Roger.
Vous avez notamment doublé Jason Priestley et Michael J.Fox ; les avez-vous rencontrés ?
Non, jamais. Je serais ravi de rencontrer Brandon comme ça pour la petite histoire mais la personne que j’aimerais vraiment rencontrer car malgré sa petite taille, c’est une énorme personne, c’est Michael J.Fox que j’ai doublé dans tous ses films et dans toutes ses séries. Je le connais par cœur et peut-être mieux encore que sa propre femme. Je sais exactement comment il va jouer et quand une scène démarre, je sais ce qu’il va faire. C’est une vraie rencontre, on est connecté d’instinct je dirai, il y a quelque chose comme du mimétisme, des points communs hors normes…Les Américains le disent, nous sommes les meilleurs doubleurs au monde grâce à la technique de la bande rythmo qui est une invention Française. Ce procédé permet vraiment aux doubleurs qui ont l’habitude de la lire synchrone de se débarrasser du texte et de ne penser qu’au souffle et à la manière dont a joué le comédien pour qui il prête leur voix. Il y a plusieurs « rencontres » de ce type entre des comédiens américains et leur voix française, je pense notamment à mon ami Patrick Poivey qui double Bruce Willis et je dois dire que le résultat est juste magique.
Vous êtes, depuis 2014, le directeur du Théâtre Edgar. Etait-ce un nouveau défi dans votre carrière déjà riche ?
J’ai toujours fait les choses avec passion. Quand on m’a proposé d’acheter ce théâtre, cela s’est passé au cours d’un déjeuner et je ne l’aurais même pas imaginé. Quand la personne m’a demandé si je connaissais quelqu’un qui voudrait racheter le Café d’Edgar et le Théâtre d’Edgar, deux salles mythiques puisque c’est le berceau du café-théâtre en France avec le Café de la Gare, j’ai répondu : moi ! Quand je suis rentré à la maison, j’ai dit à ma femme que j’allais peut-être acheter les deux salles d’Edgar pour n’en faire qu’une, elle m’a traité de fou ! Nous en avons fait le Théâtre Edgar… J’ai voulu faire une rupture dans la continuité. C’est un lieu qui est tellement chargé de tellement de talent et de tellement de gens qui ont compté et qui comptent dans ce métier que je ne voulais absolument pas faire table rase ; au contraire, je voulais continuer sa vocation à être un lieu de comédie et de rire tout en le faisant monter d’un cran. J’ai amené ce lieu au sein du théâtre privé au même titre que le Théâtre du Palais Royal, le Théâtre Edouard VII, le Théâtre Rive Gauche ou que le Théâtre Montparnasse par exemple. Nous sommes 59 directeurs de théâtres privés Parisiens à faire partie du syndicat des théâtres privés ; le Théâtre Edgar en fait donc maintenant partie.
Comment se fait la programmation ?
Être directeur d’un théâtre est un défi permanent…Mais c’est mon outil de travail. Je suis un bon artisan du spectacle mais je ne peux pas tout faire. En général, il y a un spectacle que j’ai insufflé, que j’ai mis en scène et que je produis, actuellement « la croisière ça use » ce spectacle est mon bébé et puis, il y a deux autres spectacles à l’affiche que je coréalise ou que je produis comme « Tinder Surprise ! ». La programmation se fait donc au gré des pièces que je lis, des pièces que l’on me propose et au gré des projets que j’ai envie de monter. Cela représente au minimum cinq spectacles montés de A à Z par an, ce qui n’est pas rien.
Le fait de diriger ce théâtre Parisien vous empêche-t-il de jouer vous-même ?
Je ne fais pas tout dans mon théâtre mais c’est quand même lourd... C’est ce que j’appelle le prix de ma liberté. Cela me permet d’être libre et de travailler avec qui j’ai envie.
En ce qui concerne le jeu, cela fait quatre ans que je n’ai pas joué. Cela ne me manquait absolument pas car le théâtre m’a énormément absorbé. Les travaux ont été colossaux, nous avons réunis deux salles, nous avons abattu un mur porteur…J’ai tout suivi depuis les plans d’architecte jusqu’à la phase de démolition/construction et au lancement de la bête !.. Depuis quelque temps, le fait de jouer me manque et je pense que je vais rejouer d’autant plus que récemment, ma fille de 15 ans m’a dit que cela faisait longtemps qu’elle ne m’avait pas vu sur scène. Ça m’a touché. J’ai plusieurs spectacles en tournée dont « Monsieur Nounou » avec Tex, « Bon Pour Accord » avec Didier Gustin, « Tinder Surprise ! », Philippe Chevallier dans son premier seul en scène et j’accompagne quelques fois les pièces et il n’y a pas si longtemps, un directeur de théâtre m’a demandé quand est-ce que j’allais rejouer et ce même soir, je me suis retrouvé derrière le rideau dans mon décor de producteur et cela m’a démangé. J’aimerais que cela soit plutôt quelque chose que l’on me propose plutôt qu’un projet où je fasse tout. Des vacances, quoi…
Comment nous présenteriez-vous les spectacles actuellement à l’affiche au Théâtre Edgar ?
Tout d’abord, s’ils sont chez moi, c’est que je les aime et je ne fais pas de différences. « Tinder Surprise ! » est un spectacle que je qualifierai d’interactif. Cette pièce raconte le quotidien d’un couple de la conception à l’accouchement. Moi qui ai eu trois enfants, je trouve cela très drôle car le spectateur à la vue du côté du père mais aussi du côté de la mère. C’est très finement croqué par les deux auteurs d’« Adopte Un Jules.Com ». C’est très rare pour une pièce à deux personnages d’être aussi bien écrite et pleine de rebondissements. Le couple qui est sur scène est joué par Amélie Robert et Emmanuel Vielly et ils sont mariés dans la vie. C’est formidable sur le plateau car ils ont une intimité qu’aucun couple de comédiens ne pourrait rendre. Les gens ressortent super heureux. Ensuite, nous avons « La Croisière Ça Use ! » qui est une pièce qui me tient particulièrement à cœur… car c’est ma femme qui l’a écrite ! Mais attention, si cette pièce ne m’avait pas plu, ce n’est pas pour ça que je l’aurais prise, d’autant qu’elle n’a pas besoin de moi puisqu’elle a écrit le livre « Maman Organisée » qui a déjà été réédité au moins quatre fois, elle a écrit des spectacles pour enfants et c’est elle qui m’a adapté « Monsieur Nounou » de Feydeau qui était au Théâtre Rive Gauche cet été. Ce que j’ai aimé dans « La Croisière Ça Use ! », c’est d’y retrouver l’esprit du « Père-Noël Est Une Ordure » et des « Bronzés ». Je me suis éclaté à mettre cette pièce en scène avec une équipe de comédiens unis et bourrés de talents. Le troisième spectacle à l’affiche est « J’Adore L’Amour…J’Aimerais Bien Le Refaire Un Jour ! » de mon ami Bruno Chapelle qui a un talent fou. C’est mon spectacle du weekend. Il va s’arrêter le 08 janvier puisqu’il se joue depuis le mois de septembre.
Pouvez-vous nous en dire plus sur la programmation du début de l’année 2018 ?
C’est un scoop puisqu’à partir du samedi 13 janvier à 17h et les dimanches et lundis à 20h, je vais avoir à l’affiche « Pour Vivre Heureux, Vivons Couchés ! » une pièce produite par Bonaf. Cette pièce de Yanik Vabre raconte la crise de la quarantaine d’un couple mais pour une fois, ce n’est pas le mari qui la vit mais la femme. Les deux autres pièces vont rester à l’affiche. J’ai de la chance car ma plus petite pièce ici a fait tout de même cinq mois et en général, elles font la saison entière.
Quel serait votre conseil à un comédien/doubleur qui débuterait dans le métier ?
Tout d’abord, je lui dirai que ce n’est pas plus difficile maintenant qu’à l’époque où j’ai démarré. J’entends dire cela tout le temps et ce n’est pas vrai. Il y a bien plus de doublages qu’à mon époque mais il est vrai qu’il y a également plus de comédiens qui en font… Je pense qu’il faut tout tenter. Nous faisons un métier de culot, le problème est de bien savoir le doser. Il faut y aller, ne pas compter sur les autres, il ne faut compter que sur soi. Je l’ai vérifié : quand on veut, on peut !
Le conseil que je donnerais à un jeune aujourd’hui : crois en toi et on croira en toi !