Retrouvailles avec Izae au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur « Minuit FM » !
Ton nouvel EP ; « Minuit FM » ; s’inscrit-il dans la continuité musicale d’« Amor à Mort » paru au printemps 2022 ?
Oui, c’est une continuité, pour la simple et bonne raison que pas mal de chansons de « Minuit FM » ont été écrites à la même période qu’« Amor à Mort ». Par contre, j’ai affiné des choses au niveau des productions sur ce second EP. J’avais un brief assez précis pour Eddy Pradelles qui a produit les titres.
Avec ce premier EP, tu as passé un step dans ta carrière, qu’est-ce qui a suivi cette parution d’un point de vue professionnel ?
C’est terrible à dire mais le fait de publier un disque permet d’exister car quand on est créatif/créateur/artiste et que l’on est dans sa chambre, on n’existe pas aux yeux du monde tant que l’on n’a rien sorti alors que notre création existe en soi. Quand « Amor à Mort » est sorti, cet EP m’a ouvert des portes, j’ai pu notamment faire des premières parties de Thierry Amiel et des choses ont découlé de cela, il y a eu également des premières parties d’Hoshi et de Superbus.
As-tu fait différemment certaines choses pour le second ?
Oui, j’ai fait certaines choses différemment. Comme certaines chansons de « Minuit FM » ont été composées à la même période que celles d’« Amor à Mort », il y a des morceaux qui s’inscrivent dans cette esthétique-là mais en 2.0 car j’ai retravaillé un peu ces titres. Au niveau des productions, je savais beaucoup plus précisément ce que je voulais. Quand j’ai parlé des chansons de ce second EP avec Eddy, je lui ai dit que je pensais à Etienne Daho, à Troye Sivan et à The Weeknd. Je trouve que certaines prods du nouvel EP ont un petit côté US. En ce qui concerne l’entourage, il est certain que j’ai fait les choses totalement différemment car pour mon premier EP, j’étais totalement tout seul, je m’occupais même des relations presse alors que ce n’était pas du tout mon métier et je me perdais un peu là-dedans car je ne savais pas faire cela ; essayer de trouver des adresses e-mails, mailer des gens toute la journée, relancer…Depuis la parution de mon premier EP, je me suis mis à travailler avec mon manageur et mon booker et nous nous sommes structurés vraiment à 100% en indé. Nous avons été soutenus par plusieurs organismes dont le CNM et la SPFF qui nous ont financé une partie du projet. Et en plus, il y a eu la rencontre avec Ephélide ; après avoir cherché un entourage promotionnel pendant un long moment ; et ça a fait plus sens car nous nous sommes sentis vraiment accompagnés.
Pourquoi l’as-tu baptisé « Minuit FM » ? Serait-ce parce que les chansons de cet EP sont nées plutôt la nuit ?
Pas du tout même si certaines chansons sont nées un peu le soir mais je compose assez peu de nuit car je suis quelqu’un qui dort la nuit sauf si c’est la fête. Le titre de l’EP est aussi celui d’un des morceaux et il m’a été inspiré par la chanson « Midnight Radio » que John Cameron Mitchell interprète dans le film « Hedwig and The Angry Inch ». Même s’il n’y a rien à voir musicalement avec cette balade Rock, j’ai toujours aimé cette chanson qui m’a évoqué plein d’images que j’ai retranscrites dans ma chanson à moi.
Quelles thématiques abordes-tu sur ce disque ?
Sur ce disque, je parle des masculinités fragiles, de coup de foudre éphémère, d’amour et de peur de l’engagement mais de manière très légère, des LGBT phobies et du fait d’avoir des rêves mais de ne rien en faire.
Peux-tu nous dire plus sur la sublime pochette qui illustre « Minuit FM » ?
Ça me fait plaisir qu’elle te plaise ! Il y a des symboliques sur cette pochette. J’adore tout ce qui tourne autour du visuel ; je suis très attaché à cela ; et je ne me voyais pas cet EP avec une pochette qui aurait été faite un peu à la va-vite. J’ai contacté Florian Salabert ; un photographe-artiste ; qui fait beaucoup de 3D. Nous avons shooté en studio et ensuite, il a construit les décors. Nous avons discuté des éléments que l’on pouvait mettre dans l’eau ; des objets qui n’ont rien à faire là et avec des tailles modifiées ; en nous inspirant des peintures surréalistes. Sur cette pochette, je me retrouve dans une espèce de mer avec un ciel un peu apocalyptique et dans l’eau, il y a un cheval en bronze qui est tiré de « Minuit FM », une voiture qui fait référence à la chanson « Embrasser Ce Garçon », l’avion qui se crashe, c’est par rapport à « Voyage Sans Retour »…J’ai essayé d’ajouter quelques objets qui ont une symbolique à travers les chansons.
Peux-tu nous parler de la mise en images d’« Embrasser Ce Garçon » ?
Ce clip a été réalisé par Clara De Lluvia qui m’avait proposé quelques mois plus tôt de m’en réaliser un. Quand nous avons commencé à penser aux clips, je la voyais bien réaliser celui d’« Embrasser Ce Garçon », elle est arrivée avec un dossier sur la direction artistique qui était déjà super complet et je lui ai dit banco. Le clip est en noir et blanc avec une esthétique un peu années 20 mais anachronique ; c’était vraiment voulu. L’idée était de ne pas cacher cette histoire d’agression, je voulais que ce soit cash sans images métaphoriques. A la fin du clip, je prends la main de cet homme pour faire redescendre la haine ; celle que cette personne a, la haine injustifiée quelque part car tout cela vient de la peur de l’inconnu. Evidemment, il y aurait eu la possibilité de terminer le clip sur moi qui me serait rebellé, qui lui aurait cassé la gueule avant de partir mais j’ai préféré montrer que j’apaise la haine de cette personne dans cette scène-là.
Pourquoi reviens-tu avec un second EP et non un premier album alors que tu as écrit et composé le cinquième disque de Thierry Amiel à paraître en 2025 ?
Pour ma part, j’aime bien le format EP qui est comme un objet pour moi. A terme, j’aimerais bien quand même faire un album mais ce n’est pas les mêmes coûts de production. Le jour où je penserais à un album, ça ne sera pas juste un enchaînement de chansons.
Comment se déroule l’écriture pour d’autres artistes par rapport aux chansons qui sont destinées à ton propre projet ? Mets-tu plus de distance dans ces textes-là ? Rentres-tu dans l’univers de l’artiste après avoir échangé avec lui ?
Je ne le fais pas pour beaucoup de monde car ça me demande beaucoup d’investissement personnel. Je ne suis pas toujours prêt à m’investir autant même si je suis heureux de le faire car ça me prend de ma créativité. Pendant que je travaillais avec Thierry Amiel, j’ai peu composé pour moi. Je suis allé vers Thierry avec des propositions et ensuite, nous les avons retravaillées ensemble. Nous avons beaucoup discuté afin de vraiment apprendre à se connaître durant cette période-là. J’ai essayé de cibler ce qui lui ressemblait et forcément, ça me ressemble un peu puisque c’est toujours moi qui compose.
Peux-tu nous expliquer les raisons de l’annulation de ta première partie de Thierry Amiel dans l’enceinte de la Cathédrale Notre-Dame-de-la-Treille à Lille ?
J’ai vu arriver ce qui s’est passé même si je ne pensais pas que ça irait jusque là. On a d’abord commencé par me demander une vérification de mes textes alors que je ne pense pas avoir des textes provocateurs et il était évident que je n’allais pas chanter « Embrasser Ce Garçon » dans une église dans la mesure où cette chanson se termine par une injure homophobe ; mon but n’étant pas de blasphémer. Ensuite, ils ont demandé au booker de bien valider le fait que j’aurais une tenue sobre alors que je m’adapte toujours au lieu dans lequel je me produis. Le temps que je renvoie d’autres textes car tous n’étaient pas passés, le programmateur est allé voir sur Internet et là, je pense qu’il a vu qui j’étais et je pense qu’il s’est senti obligé de faire passer au dessus de lui et finalement, ils auraient reçu des plaintes de paroissiens. Suite à la pression de ces plaintes, ils ont décidé d’annuler ma venue et ça a été écrit noir sur blanc qu’il n’y aurait pas de première partie. L’androgénie avait été relevée tout de suite comme si c’était un problème mais c’est quelque chose qui me colle à la peau même quand je sors en jogging avec une casquette. La question s’est posée d’annuler la date mais je n’étais que la première partie et je ne voulais pas que le public soit pénalisé car beaucoup de personnes s’organisent pour aller voir des concerts ; cela engendre des frais, du transport, de l’hôtel… ; d’autant que j’ai déjà vu la plupart de ces personnes et qu’elles me soutiennent là-dedans. Par contre, je ne me voyais pas ne pas en parler. J’ai fait une vidéo sur mes réseaux sociaux et c’est assez vite parti dans un sens comme dans un autre. Durant les premières 24 heures, je n’ai reçu que des messages de soutien mais ensuite, j’ai commencé à recevoir des messages beaucoup moins bienveillants voire même tout le contraire avec des insultes et de la haine.
Quels sont tes prochains projets ?
Le clip de « Minuit FM » est prévu pour bientôt. Je fais faire plusieurs premières parties de Thierry Amiel dans les prochains mois. Son cinquième que nous avons co-écrit et majoritairement co-composé ensemble sortira en 2025. Des dates en tête d’affiche seront annoncées prochainement. Il y aura peut-être des remixes et des live sessions…
Izae - Embrasser ce garçon (Clip Officiel)
"Embrasser ce garçon" © Latérale pop Production : Latérale Pop / Seven7 Production Réalisation et Production exécutive : Clara De Lluvia Assistant production : Thomas Fournier Galle Scripte :...