Rencontre avec Eva Marchal au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de « 88 » !
A quoi renvoie le chiffre 88 qui baptise ton septième album ?
A l’origine, je ne savais pas comment baptiser ce nouvel album et c’est en réfléchissant à mon parcours que je me suis rendu compte qu’il y avait eu un déclic en 1988. Il s’est passé plein de choses cette année-là. En 1988, j’ai commencé à chanter dans un piano bar qui se situait au dessus du restaurant de mon père et à la même époque, ma mère m’a inscrite au concours de beauté de Miss OK ! Magazine ; elle ne me l’avait pas dit ; il se trouve que j’ai gagné dans ma région et à la suite de cela, je suis montée pour la grande finale avec tous les miss à Paris qui était diffusée sur M6. Là aussi, ça a été un déclic car je venais de province, c’était la première fois que je venais à Paris et je me suis dit qu’en fait, ce n’était pas inaccessible. Lors de cette émission présentée par Jean-Luc Delarue, j’ai vu Patricia Kaas et Florent Pagny ; ils étaient au début de leur carrière ; et je me suis dit que c’était ce que je voulais faire. C’est en 1988 que j’ai voulu être chanteuse. Cette année représente beaucoup pour moi et c’est pour cela qu’elle donne son nom à mon nouveau disque.
Pourquoi as-tu laissé passer autant de temps entre « Promised Land » paru en 2015 et « 88 » ?
C’est vrai qu’il y a eu pas mal d’années entre ces deux albums mais à côté de mes compositions pour « adultes », je travaille beaucoup pour le jeune public. J’ai été occupée par plusieurs projets dont mon premier seul en scène ; un spectacle avec un grand livre pop-up qui a été assez long à monter ; et deux disques pour enfants sont sortis. Par ailleurs, après « Promised Land », il y a eu les attentats, la période était complexe et j’ai un peu freiné la promo de l’album. Par la suite, j’ai commencé à recomposer des chansons mais de temps en temps et puis, le COVID est arrivé en 2020 et bizarrement, je n’ai pas été créative durant les confinements. J’avoue que je me laisse porter mais à un moment donné, je me suis dit qu’il fallait que ce nouvel album sorte.
La pochette de ton nouveau disque pourrait laisser entendre que cet album est méditatif/introspectif, est-ce le cas ?
Introspectif, certainement. J’ai toujours été rêveuse ; un peu dans les nuages ; et cela dès mon plus jeune âge. J’aime bien qu’une pochette raconte quelque chose et je trouve que celle qui illustre « 88 » réunit tout ce dont je parle dans mon album. Ces nouvelles chansons sont des petites capsules de vie. Le fait que je regarde par la fenêtre, pleine de questionnement, ça s’y prêtait bien.
« 88 » est-il ton disque le plus personnel à ce jour ?
Quand on termine un disque, on a toujours tendance à dire cela mais là, je crois que c’est le cas. Il y a la vie, la maturité, on ne recherche pas forcément les mêmes choses…cet album est personnel mais en même temps, c’est un peu la vie de tout le monde que l’on retrouve dans ces chansons.
Musicalement, as-tu eu de nouvelles envies afin d’habiller tes chansons ?
J’ai eu envie de gommer beaucoup de choses afin de revenir à l’essentiel à savoir de bonnes chansons qui peuvent être interprétées piano-voix sans avoir plein d’arrangements autour. Si ce nouvel album est plus épuré, j’y ai mis plein de petites voix cachées car cela fait partie de mon univers.
Quels thèmes abordes-tu sur « 88 » ?
Sur ce « 88 », je parle d’amour ; notamment de celui qui dure dans le temps ; du fait de laisser partir quelqu’un que l’on a aimé, de résilience, de la maladie d’Alzheimer…
Pourquoi et comment as-tu repris « This Woman’s Work » de Kate Bush ?
« This Woman’s Work » est une chanson très typée années 80 que j’aime beaucoup. Kate Bush a composé cette chanson pour le film « La Vie En Plus » qui est sorti en 1988 et je me suis dit que cela faisait sens avec mon album. Je n’ai pas voulu dénaturer cette chanson, je suis restée fidèle à la structure d’origine mais j’ai eu à cœur de lui donner un petit côté plus actuel. Claude Salmièri ; avec qui je travaille depuis des années ; a écrit les arrangements de cordes. J’ai gardé le phrasé de Kate Bush mais j’ai interprété sa chanson à ma façon.
A l’inverse de l’un des titres de ton album, à quoi ressemblerais-tu en émoji ?
Je pense que l’émoji un peu timide avec les pommettes rouges me représenterait bien mais, je me soigne ! (Rires)
Peux-tu nous en dire plus quant au clip qui illustre « L’Amer » ?
Dans cette chanson, je laisse partir un amour car il me fait plus de mal que bien. Au début de ce clip ; qui a été tourné dans le Sud-ouest ; je marche à l’envers car cette histoire ne me fait pas avancer mais quand je prends la décision de laisser partir cet amour, on me voit évoluer normalement dans la seconde partie. A l’image, on nous voit jamais ensemble ; c’est une histoire de rives, lui d’un côté et moi de l’autre. Ce clip représente bien l’album car j’aime les ambiances introspectives, très floutées et cinématographiques.
Quelle couleur donnerais-tu à « 88 » et pourquoi celle-là en particulier ?
Le vert car c'est la couleur de l’espoir !
Quels sont tes prochains projets ?
Des concerts parisiens sont à prévoir début 2025. Il y aura prochainement un clip pour « Sans Emoji ». Il se pourrait qu’il y ait d’autres clips et aussi des live sessions. Je travaille également sur des spectacles pour le jeune public ; j’ai notamment créé un court-métrage tout en ombres chinoises.