Rencontre avec Pauline Mann au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de son premier EP !
Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?
Je suis auteure, compositrice, interprète et je co-arrange. J’ai commencé à écrire des chansons à la fin de mes études de droit qui ont duré cinq ans. L’écriture était quelque chose de tout nouveau pour moi et c’est par ce biais-là que je suis revenue au chant car j’avais beaucoup chanté quand j’étais plus jeune dans le cadre du théâtre mais aussi en prenant vraiment des cours de chant que j’ai arrêtés après le BAC afin de me consacrer à mes études. Si je m’accompagne un petit peu à la guitare, je ne me considère pas comme une guitariste car j’utilise surtout cet instrument pour composer. Il se trouve que je suis prof de chant depuis plusieurs années et dans cadre-là, j’utilise aussi le piano pour enseigner mais je ne suis pianiste pour autant.
Comment décrirais-tu ton univers ?
Profond, mélancolique, romantique, nocturne et lumineux ; paradoxalement.
Musicalement parlant, as-tu su assez rapidement où tu voulais te diriger pour ton premier EP ?
C’est difficile à dire sur un premier projet comme celui-là car le processus a été long et il sera plus long que tous mes autres projets à venir. Je pense que lorsque l’on créé un premier projet, on a besoin de chercher et j’ai eu toute une phase d’exploration. Comme cet EP s’est construit sur une longue période, les chansons ont évolué ; certaines chansons que j’ai écrites il y a plusieurs années n’ont pas été mises dans cet EP mais elles intégreront peut-être un projet d’album. Je pense que j’avais cerné tout de suite mon univers en ce qui concerne la création brute mais il y a eu une évolution dans les arrangements. L’ensemble a été plus net ces deux dernières années.
Penses-tu que la suite sera dans la lignée de « Je Croyais Aimer La Nuit » ou cet écrin musical est-il spécifique à ce disque ?
En tant qu’artiste, on est constamment en train de chercher et le fait de faire un premier EP permet de fixer quelque chose mais c’est évolutif même si un univers ressort d’une écriture, d’une voix ou d’une manière de composer. Etant donné qu’elle n’existe pas, c’est toujours délicat de parler d’une future création mais la sensibilité qui ressort de « Je Croyais Aimer La Nuit » est la mienne et elle sera toujours là. En revanche, le fil conducteur de cet EP ; à savoir cette rencontre mystérieuse entre un homme et une femme ; sera sûrement autre dans un prochain projet. Ce sera différent, c’est certain mais je ne sais pas encore exactement de quoi je parlerai. En ce moment, j’ai envie d'aborder le temps qui passe…
A-t-il été évident pour toi que ton disque posséderait un fil rouge ?
Comme le processus a été long, je ne peux pas dire que j’avais un fil rouge dès le début. Le fil principal a été une envie d’expression et d’écriture mais il est certain que j’ai cherché une cohérence au travers de cet EP.
Un EP étant bien plus court qu’un album, as-tu « resserré » le propos ?
Le plus difficile a été de sélectionner les chansons qui allaient faire partie de cet EP. J’avais plus que ces cinq chansons et il a fallu vraiment faire un choix. J’ai cherché à trouver une cohérence parmi les chansons que je préférais potentiellement. La musique étant quelque chose de tellement subjectif, j’ai pu demander aussi des avis autour de moi.
Quels thèmes abordes-tu sur « Je Croyais Aimer La Nuit » ?
Cet EP part d’un vertige et à l’intérieur de cela, il y a une rencontre amoureuse. Ce disque parle d’un amour impossible, d’errance, de folie, de recherche de soi ; et cette recherche peut être faite à travers la rencontre avec l’autre mais aussi à travers une recherche intime et personnelle ; de non-dits, de la peur de plonger dans l’amour, de la beauté d’être ensemble…
Le titre de ton EP laisse entendre que finalement tu n’aimes pas la nuit…peux-tu nous dire pourquoi ?
Si je sors de la croyance d’aimer la nuit, cela ne veut pas dire pour autant que je ne l’aime pas. Pour moi, dans ce titre, aimer la nuit sous-entend le fait d’avoir une part beaucoup plus sombre que ce que je pensais. Ce n’est pas nécessairement à prendre au premier degré. La chanson qui donne son titre à l’EP illustre une rencontre un peu miroir symbolisée par une figure nocturne, mystérieuse et torturée qui dit à la narratrice que la nuit n’est pas pour elle. On est plus dans la symbolique.
Comme tu as construit ton EP comme un roman d’apprentissage, vas-tu le développer sur scène ou par d’autres biais ?
C’est une question que je trouve très intéressante et qui pourrait même me donner des idées ! Lors des premiers concerts, j’avais tendance à tendre ce fil rouge mais j’ai ressenti une sorte de lourdeur car même si cela finissait avec un peu de lumière, ça démarrait de manière très sombre. Comme ces chansons touchent à des émotions très fortes et très brutes, je ne pouvais pas moi-même traverser cela tous les soirs et faire traverser ça au public. A présent, j’alterne beaucoup plus ombre et lumière, je me sens mieux dans cela et je pense que le public s’y sentira bien également. Ce n’est pas un spectacle, c’est vraiment un concert et c’est aussi pour ça que j’ai décidé de ne pas transformer cet EP pour le moment car mes textes sont déjà très bavards. J’ai choisi de ne pas justifier ou expliquer mes chansons car le public a largement la matière pour faire son propre voyage avec les textes.
Qui retrouve-t-on dans ta culture musicale ?
Camille, Ella Fitzgerald, Aretha Franklin, Billie Holiday, Fiona Apple, Leonard Cohen, Barbara, Jacques Brel, Georges Brassens…
Quels sont tes prochains projets ?
Je serai en concert aux Trois Baudets le jeudi 26 septembre ; c’est la grande date parisienne mais j’espère qu’il y en aura d’autres. Une série de trois live sessions filmées en acoustique avec ma violoncelliste vont sortir de façon hebdomadaire durant les trois prochaines semaines ; je suis très contente du résultat de cette session enregistrée en petite équipe entièrement féminine.
Je croyais aimer la nuit - EP par Pauline Mann sur Apple Music
Écoutez l'album Je croyais aimer la nuit - EP par Pauline Mann sur Apple Music. 2024. 5 morceaux. Durée : 18 minutes.
https://music.apple.com/fr/album/je-croyais-aimer-la-nuit-ep/1766169861