Rencontre avec Guillaume Fédou au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur son prochain album à paraître !
Quelles casquettes as-tu dans l’artistique ?
Je suis auteur, compositeur et interprète mais je ne suis ni arrangeur, ni instrumentiste, ni producteur, ni mixeur ; mes super-pouvoirs sont très limités en la matière mais grâce à ma coolitude du Sud-ouest, j’arrive à me connecter avec des gens très forts dont c’est le métier. L’un de mes vrais talents est de trouver les bonnes personnes et de travailler dans l’humain ; sur « Auto-Reverse », on retrouve d’ailleurs différentes collaborations car j’adore rencontrer des gens et pour moi, la Pop culture est une affaire de rencontres. Je suis également programmateur, organisateur d’événements, j’ai créé un label et j’ai aussi publié un roman.
Peux-tu expliquer le titre de ton prochain disque baptisé « Auto-Reverse » ?
C’est un double mouvement par rapport au temps. Il y a la vision presque utilitariste du temps qui dit qu’il y a un maintenant, un avant et après et puis, il y a le temps du cycle, celui du retour notamment des saisons, des modes… « Auto-Reverse » est une référence vintage aux radiocassettes qui évoque à la fois un mouvement linéaire et un mouvement circulaire qui ramène au début. Je réfléchis souvent sur le passé qui revient ; ce que Nietzsche appelait l’éternel retour ; sur ce présent augmenté par les références du passé.
Avec un titre comme celui-là, cela veut-il dire que ton album sera composé de nouveautés et d’anciens titres ?
Oui car certains morceaux ont été faits il y a vingt ans et d’autres cette année mais je mets tout sur le même plan sur ce disque car cette affaire de cycles permet de tout rafraîchir à chaque fois. Pour cet album, j’avais en tête de faire comme sur une bande FM où l’on peut passer d’une station à l’autre mais toujours avec le même chanteur avec des styles un peu différents. L’idée était d’aplanir le temps.
Vois-tu ce disque comme une sorte de best of ?
On peut dire cela mais en théorie, un best of contient des tubes…ça le sera, une fois que ces chansons deviendront des tubes. Le fait d’être collées les unes aux autres, c’est la force de ces chansons. Pris tout seuls, ces morceaux sont cools mais les gens ne rentrent pas forcément dedans alors qu’alignés, ils forment comme des chapitres d’un roman mélodique ; j’ai pu vérifier cela récemment en live et c’est l’un des retours que l’on m’a fait. Ce disque est comme un album photo ; tout cela fait sens.
De quoi parles-tu dans « Une Autre Chanson » ?
Cette chanson a été écrite il y a dix ans, je l’avais déjà enregistrée à l’époque mais nous l’avons entièrement refaite avec Benjamin Diamond. A l’époque, l’idée m’est venue par rapport à un livre de Thomas Lélu qui avait baptisé chaque chapitre « Un Autre Chapitre » ou « Chapitre Suivant » et j’avais trouvé cela très drôle. J’ai eu envie de faire quelque chose d’un peu absurde mais en même temps, c’est un manifeste car j’exige une autre chanson plus Electro, plus club, plus moderne, plus ancrée dans son époque. Le titre est marrant et j’espère qu’on le retient. Le texte parle de la construction d’une chanson ; les couplets et les refrains. J’aime bien les chansons qui parlent d’elles-mêmes. « Une Autre Chanson » parle d’être soi-même dans une recherche de succès ; de cultiver sa singularité.
On pense fortement à Daho sur « Une Autre Chanson », est-ce une référence voulue et assumée ou est-elle venue après coup ?
C’est marrant car toutes mes chansons ressemblent un peu à Daho puisque nous avons un timbre de voix similaire ; nous sommes sur un demi-octave mais sur son dernier album, il monte dans les aigus. Daho est un chanteur assez remarquable que j’ai connu petit quand il a explosé dans les années 80. De base, je m’incline. Une chanson comme « Le Premier Jour Du Reste De Ta Vie » m’a sauvé de la déprime la plus profonde quand j’habitais à Paris dans les années 90 ; j’adore ces chansons qui parlent de changements comme « Changes » de Bowie, « This Is The Day » de The The ou celle-là de Daho. Pour cela, je suis ultra reconnaissant envers Daho qui m’a fait découvrir aussi Françoise Hardy grâce à sa reprise de « Et Si Je M’En Vais Avant Toi ». Pour moi, il est dans l’air ; il fait partie du paysage musical ; mais je n’irai pas jusqu’à dire que c’est une référence ou sinon inconsciente. Sur le refrain, on est totalement sur autre chose.
Quelles seraient tes références musicales Françaises des années 80 ?
Gainsbourg qui est le maître absolu, Higelin, Thiéfaine, Téléphone, Taxi Girl ; Daniel Darc sur plein plein d’aspects et je lui ai même dit de son vivant ; Chamfort.
A quel film de cette époque-là, « Une Autre Chanson » aurait-elle pu servir de bande originale ?
Sympa comme question ! Je t’aurais dit « After Hours » de Scorsese car c’est tellement mon film mais ils n’auraient jamais pris un titre en français sur la b.o. Peut-être « Un Monde Sans Pitié » d’Eric Rochant même si ce film n’est pas très musical ou « Subway » de Luc Besson car c’est vraiment le film des années 80 qui m’a donné envie de faire de la musique.
Comment synthétiserais-tu l’univers d’« Auto-Reverse » ?
Nostalgique, rétrofuturiste, sentimental et indolent.
Toi qui as déjà publié un roman, laquelle de tes chansons te verrais-tu développer dans un livre ?
« Garçon Moderne » et il faudrait que je le fasse ! Ce roman sur cette époque très particulière que j’ai appelé les trois glorieuses à savoir 1999, 2000 et 2001 est à faire ; cela correspondait à l’arrivée d’Internet, aux premières startups, aux premiers téléphones portables, il y avait une sorte d’engouement comme dans les Sixties. Le 11 septembre 2001 a mis un coup d’arrêt assez net à tout cela ; c’était le thème de mon roman « Mon Numéro dans le Désordre » car à ce moment-là, j’étais à New York avec ma maman. J’ai ce futur roman sur le bout des doigts mais il faut que je me décide entre prendre un personnage ou moi-même et je pense que ça serait plus drôle avec un personnage, un gagnant de cette époque-là car cela permettrait de laisser passer plein de choses dans la fiction.
Comment appréhendes-tu le live ?
J’aimerais aller chercher une esthétique sonore proche de celle du studio sur scène. Je me suis récemment produit en live à Bordeaux avec le DJ Energy Dreeg qui a lancé les versions instrumentales de mes chansons et j’ai chanté par-dessus ; mon micro était branché dans sa table de mixage, ma voix passait dans ses effets, elle était quasiment mixée mais elle sortait en live et j’ai adoré cela. On peut dire que c’est la facilité car il n’y a pas d’instruments mais c’est kiffant. C’est la première fois que j’ai eu des retours aussi qualitatifs en live. Dans l’absolu, faire un live avec des musiciens, c’est ce que je préférerais mais pour cela, il faut plus de temps, plus de budget et plus de succès aussi.
Quels sont tes prochains projets ?
Nous allons essayer de coordonner la sortie digitale et la sortie en vinyle d’« Auto-Reverse » qui sortira le 27 septembre chez Bigwax. Un clip et un remix d’« Une Autre Chanson » sont prévus et il se pourrait qu’il y ait d’autres extraits de l’album. Une release party sera organisée à Paris et j’en ferai une également à Bordeaux mais à vrai dire, j'en envie d'être connu dans toute la francophonie !