Retrouvailles avec Xavier Jamaux au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de « Mancini Reloaded » !
Comment est née l’idée de la compilation « Mancini Reloaded » ?
Très simplement car cette année, c’est le centenaire de la naissance d’Henry Mancini ; c’est un ami qui m’a mis au courant et j’ai vu sur un site Américain qu’il y avait quelques célébrations. Pour être très franc, Mancini n’est pas mon compositeur de musiques de films préféré puisqu’il y a quelques morceaux qui sont même un peu des tartes à la crème comme le thème de « La Panthère Rose » qui est génial mais que l’on a trop entendu et qui fait partie du décor.
Quel a été ton rôle dans ce projet ?
J’ai eu un rôle de directeur artistique et de producteur exécutif. Comme certains des artistes présents sur « Mancini Reloaded » étaient en Suède, en Allemagne ou en Australie, chacun a enregistré de son côté dans son home studio. Je me suis occupé aussi des délais afin que le disque puisse être masterisé juste assez tôt et qu’il puisse sortir à temps pour la date du centenaire. Pour la petite anecdote, « Lujon » repris par Jay-Jay Johanson est sorti le 16 avril et Henry Mancini était né un 16 avril.
Comment s’est fait le choix des morceaux revisités et des artistes présents sur « Mancini Reloaded » ?
Au début, je voulais faire plusieurs reprises et en fait, je me suis dit que ça serait une très bonne idée de soumettre ce projet à des artistes-amis comme Kid Loco, Jay-Jay Johanson, Helena Noguerra, Léonard Lasry ; car je savais qu’elle adore le film « The Party » de Blake Edwards dans lequel il y a « Nothing To Lose » qu’elle reprend sur cette compilation ; j’ai contacté des gens de mon entourage, j’ai élargi aussi un peu le champ ensuite et j’ai été surpris que tout le monde répondait super positivement à cette invitation même si certains avaient des plannings chargés. Jay-Jay Johanson a été le premier à avoir rendu le morceau alors qu’il était en tournée, il s’est pris au jeu, il s’est rendu compte qu’il aimait bien cet exercice de style qu'est la reprise sur un morceau qui lui plaisait et chacun a suivi comme cela. Quant au choix des morceaux revisités, j’ai fait une liste non exhaustive de titres au départ et chaque artiste a choisi celui qui lui parlait le plus.
As-tu donné des directives quant à la façon de revisiter les morceaux ?
Non, chacun a fait à sa façon. Pour ma part et dans le cas de Kid Loco, c’est très électronique alors que Cesar Precio ; par exemple ; est vraiment allé en studio avec plusieurs musiciens ; ce n’était pas juste un type avec des samples. J’ai juste demandé à Naomi Baltyn qui ne connaissait pas du tout Henry Mancini de faire quelque chose à la Twin Peaks avec une voix très éthérée.
Te souviens-tu de ta porte d’entrée dans l’univers de ce compositeur, arrangeur et chef d’orchestre Américain ?
Je crois que c’est le thème de « La Panthère Rose » et toutes ses déclinaisons car il y a eu sept films avec Peter Sellers qui était un acteur incroyable et d’autres encore sans lui après. Ensuite, j’ai découvert d’autres films sans savoir que c’était Mancini qui en avait fait la musique notamment le polar assez sombre « Wait Until Dark » avec Audrey Hepburn dont Cesar Precio reprend la musique ; c’est à cette occasion que je me suis rendu compte que Mancini ne faisait pas que des morceaux gais qui peuvent parfois ressembler à de la « musique d’ascenseur ». Mancini est très populaire aux Etats-Unis car il possède un côté lounge que tout le monde identifie ; il a fait plein de thèmes dans des films qui sont des classiques pour les Américains mais pas du tout pour nous. En France, il n’est pas aussi connu à part pour « La Panthère Rose ».
Quelle a été ton envie première avec « Mancini Reloaded » ?
L’idée était de célébrer ce centenaire mais aussi de faire des choses de moins en moins seul comme je peux le faire avec le projet collaboratif Gemme. Sur « Mancini Reloaded », l’idée n’était pas de faire des morceaux en prenant des invités vocaux mais vraiment de faire de la « direction artistique » et de la production exécutive ; c’est-à-dire d’en faire le moins possible (rires) mais justement pour avoir un éventail le plus large possible. Avec cette compilation, j’avais envie de faire découvrir Mancini aux Français et aussi à la jeune génération d’ailleurs, Helena m’a parlé de son fils Tanel ; je savais qu’il faisait de la musique ; et il a enregistré une reprise de « Sorta Blue » avec sa compagne. Je trouve que la version de Téhani & Moi est juste incroyable ; les personnes qui découvriront ce titre sur les plateformes pourront se dire que c’est un morceau d’aujourd’hui car il y a une modernité incroyable que des personnes de ma génération n’auraient pas amenée.
Que trouves-tu de plus réussi dans ce projet ?
Le fait qu’il soit constitué de versions qui vont dans tous les sens et pourtant, il y a une unité. Que ce soit vocal ou instrumental, il y a quelque chose qui se passe. J’avais écouté toutes les reprises de Mancini sur Youtube, elles sont toutes très scolaires et à mon avis, elles sont moins bien car elles s’efforcent de ressembler aux versions originales. Pour citer un exemple, quand on écoute des reprises de « La Panthère Rose », ce ne sont que des sons un peu cheap de trompette et du coup, ça sonne un peu comme des démos.
Lequel des morceaux présents sur « Mancini Reloaded » aurais-tu aimé créer toi-même et pourquoi celui-ci ?
« Lujon » que reprend Jay-Jay car le thème est juste incroyable, lancinant et il reste dans la tête. La version originale est sublime et celle faite par Jay-Jay en est assez proche tout en étant personnelle. J’avais ce thème en tête depuis longtemps. La première fois que je l’ai entendu, je l’ai réécouté vingt fois de suite.
As-tu envoyé ce projet aux héritiers d’Henry Mancini et si tel est le cas, qu’en ont-ils pensé ?
Non, je ne l’ai pas fait mais tu as raison, j’aurais peut-être dû. Peut-être que je ne l’ai pas fait car je n’avais pas envie que quelqu’un ait un droit de regard et commence à dire qu’il ne faudrait pas faire ci ou ça. J’ai plus fait ce projet en référence à Mancini qu’à ses ayants droits. Par contre, je l’ai envoyé à quelques superviseurs Américains, nous verrons ce que cela donne…peut-être que ces nouvelles versions pourraient intéresser pour des films.
En dehors du terme cinématique, comment synthétiserais-tu « Mancini Reloaded » en quelques adjectifs ?
Élégant, original même si ce sont des reprises et joyeux d’une certaine façon.
Quels sont tes prochains projets ?
La promo de la compilation va se poursuivre. En ce moment, je fais pas mal de musique de librairie ; de la musique très typée pour un usage qui est censé être très précis ; et j’aimerais bien reprendre Gemme ; des collaborations sont à finaliser.