Rencontre avec Sages Comme Des Sauvages au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de « Maison Maquis » !
Pouvez-vous expliciter votre nom de scène qui n’est pas commun ?
Ismaël : Ava a la maladie des jeux de mots, elle en sort quand même beaucoup et moi, j’attrape ceux que j’aime bien. Sages comme des Sauvages est un peu venu comme une évidence, je me suis dit que c’était nous et depuis, pas mal de gens disent que ce sont eux aussi. Ce nom est comme un totem.
Comment voyez-vous votre évolution musicale depuis la parution de votre premier album ; « Largue La Peau » ; en 2015 ? Avez-vous affiné certaines choses et/ou ouvert vos horizons ?
I : Nous n’avons jamais fait deux fois le même album. Nous laissons beaucoup de place au hasard et du coup, cela a fait des disques très variés. Le premier album a été hyper fortuit, nous étions vraiment un mini groupe, nous n’avions pas prévu de sortir un disque et tout a été un heureux hasard ; un ingé son a voulu nous enregistrer, nous avons rencontré un chanteur qui a voulu nous produire…A chaque fois, ce sont les propositions qui ont fait que le groupe est devenu ce qu’il est. Après ce premier album, nous avons beaucoup tourné et nous avons fait le second avec nos musiciens de tournée, nous avons tout fabriqué à quatre comme un groupe de Rock. Le mode de composition de ce second album a été beaucoup plus collectif et acoustique aussi. En ce qui concerne, notre troisième album, nous avons tout fait à la maison et ensuite, nous avons rebossé les prods avec Dakou.
Ava : Dakou a refait des productions à partir des nôtres, il a apporté un son plus massif à cet album.
I : Nous avions envie que ça danse avec ce nouveau disque.
Comment développeriez-vous votre écriture ?
A : Il faut savoir que nous n’écrivons pas du tout pareil, l’un et l’autre. Nous sommes hyper complémentaires. Chacun a de l’influence sur l’autre et tout se fait dans la négociation ; certaines choses passent et d’autres pas. Nous avons conscience, tous les deux, de l’importance de dire des choses à travers nos chansons mais nous ne les formulons pas de la même façon. Ismaël a une écriture assez ouverte et musicale qui laisse beaucoup de place à l’interprétation, il écrit de façon instinctive alors que pour ma part, ce sont plutôt des ritournelles ; des toplines ou des petits slogans ; qui me tombent dessus et ensuite, nous les bidouillons ensemble. En tout cas, nous sommes tous les deux très concernés par les gens et l’état de notre monde.
I : Même si ce n’est pas trop la mode en ce moment, nous ne faisons pas d’égotrip.
A quoi renvoie le titre de votre troisième album ?
A : C’est une sorte de refuge. Après avoir vécu en ville pendant très longtemps, nous avons posé nos valises à la campagne ; même si nous faisons souvent des allers-retours à Paris pour le travail ; et nous regardons le monde depuis cet endroit qui est très calme tout en sachant que le monde ne l’est pas. Dans ce terme de maison maquis, il y a une dichotomie qui renvoie à la fureur du monde et au souhait de protéger l’intérieur tout en restant ouvert à l’extérieur et ça parle de résistance aussi.
Quelles sont les thématiques principales de « Maison Maquis » ?
I : Comme nous parlons toujours à deux têtes, nos chansons abordent toujours plus de choses que si un seul d’entre nous s’exprimait, nous agglomérons beaucoup de choses et il y a beaucoup de fortuit encore une fois. Sur ce disque, il y a notamment un slow d’engueulade, une chanson qui parle des voix dans la tête, une autre qui aborde le loyer, il y a beaucoup de questionnement…
Comment représenteriez-vous cette maison maquis ?
I : Comme une vieille grange au fond des bois où tu viens faire la fête. Il y a des trous entre les planches, il nous pleut un peu dessus parfois mais c’est un endroit hyper cool où on aime se retrouver la nuit pour faire la fête un peu en dehors du monde ; ce n’est pas une fête urbaine mais de cambrousse dans le bon sens du terme.
A : On danse durant cette fête mais on discute aussi du monde. C’est un refuge dans lequel on a envie de réconforter les copains.
I : Cette maison maquis est un lieu de rassemblement.
Qu’est-ce que chacun mettrait en avant chez l’autre ?
I : Ava est intrépide dans le bon sens du terme, elle est très sociable et elle a un côté très fédérateur.
A : Ismaël est une force de la nature, il a une facilité à construire les choses qui est incroyable, il a une écriture que je trouve unique ; ses chansons sont très émouvantes et très accueillantes ; il possède également une rigueur et ce n’est pas ce qui me qualifie (rires).
D’où vient la richesse musicale inhérente à votre projet ? Avez-vous l’un et l’autre parcouru le monde afin de vous confronter à différentes cultures ?
A : Pour ma part, ça s’est fait sans le choisir et cela dès mon enfance car ma mère est Américaine et j’ai grandi en Grèce. J’ai dû m’adapter très vite et j’ai gardé cette habitude par rapport aux langues étrangères. J’ai vécu à Berlin, à Bruxelles, j’ai pas mal voyagé…
I : …nous avons été pétris de plein d’influences diverses de par nos parcours mais sans le vouloir. Petit, j’ai vécu au Portugal et en Espagne, ma mère a habité au Brésil, c’est donc très familial mais en gros, nous sommes tout autant exotiques que n’importe quel mec ou n’importe quelle meuf qui habite en banlieue parisienne et c’est ça qui est drôle sauf que des fois, c’est très mis en avant et il y a un paradoxe sur la façon de voir cela. En tout cas, quand nous avons découvert la créolisation à La Réunion, ça a beaucoup changé nos conceptions.
A : Je pense que si on gratte un peu plus profondément dans notre culture Française avec tout ce qui est aggloméré dedans, on a beaucoup plus de richesse que ce que l’on croit.
Il y a plusieurs collaborations sur « Maison Maquis » ; encore plus que sur « Luxe Misère » ; vous verriez-vous monter un vrai projet collectif avec d’autres artistes afin peut-être de mélanger les styles et même les disciplines ?
I : J’aimerais bien. Ce serait formidable de faire un cabaret ou quelque chose dans ce style-là où nous pourrions faire des concerts et inclure des interventions de géopolitique, inviter des cracheurs de feu, proposer des spectacles burlesques, faire chanter une chorale d’enfants même s’il ne faudrait pas les mettre à côté (rires). A nos débuts, nous ne voulions faire des collaborations qu’avec des groupes où il avait plein de monde mais je te laisse imaginer le bazar et le budget pour mettre en place cela ! On aime bien rencontrer des gens.
Commencez-vous déjà à réfléchir à une façon de célébrer les 10 ans de votre premier album l’année prochaine ?
Ensemble : Oh la la ! On avait oublié mais c’est une super idée !
A : On va faire un cabaret sur une semaine.
I : Voilà, ça sera l’occasion de le faire. En plus, nous sommes en train de monter un lieu pour faire de la diffusion chez nous. Faudra venir !
A : Tu es le bienvenu mais j’espère que tu aimes les grenouilles (rires).
Quels sont vos prochains projets ?
I : Nous sommes vraiment un groupe de scène et il va y avoir beaucoup de concerts. Nous serons notamment au Studio de l’Ermitage du 05 au 07 novembre. Une collaboration avec Ana Lua Caiano est à prévoir tout comme des titres inédits à partir de l’automne. Nous prévoyons également d’écrire un morceau sur les violences faites aux femmes.
Sages Comme Des Sauvages - On te l'avait dit (video)
Clip réalisé, tourné, monté et étalonné par Nicolas Adalbert Assistant réalisateur : Julien Morin Produit par Alice Caron Les joueuses : Ava Carrère, Anaïs Bazoukou, Marie Revillot, Anaïs...