Rencontre avec Godzi au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de « Je Perds La Foi » !
Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?
Je suis auteur, compositeur et interprète. Si j’ai joué de la basse auparavant, je ne me considère pas vraiment comme un musicien au sens littéral du terme car je compose en me servant de la MAO. Dans mon projet, je parcours plusieurs styles musicaux et j’aime ce côté-là dans la chanson française car elle n’est pas forcément attachée à un seul horizon. En studio, je travaille avec Pierre Antoine Piezanowsky qui a fait la real son de mes deux premiers EPS et de l’album à paraître ; pour moi, c’est comme s’il faisait partie intégrante du projet car il m’apporte un œil extérieur et en même temps, nous sommes suffisamment intimes pour qu’il soit à l’intérieur de cet endroit où je ne laisse pas forcément tout le monde rentrer.
Comment ton projet a-t-il évolué depuis l’EP « Padre Pio » paru en 2018 ? As-tu creusé certaines choses ? T’es-tu éloigné de ce que tu faisais à tes débuts ?
Je pense que j’ai creusé des sillons, j’ai testé des choses dans mes EPS mais je n’ai pas l’impression de m’en être vraiment éloigné. L’album a été une manière de résumer tout cela et de continuer ce que j’avais essayé depuis que j’ai commencé à faire de la musique tout seul. L’album serait plutôt un approfondissement de ce que j’avais expérimenté dans les deux premiers EPS.
As-tu très tôt eu en tête l’idée que ton premier album renfermerait un concept ?
J’ai toujours vu la composition d’un album comme un accomplissement. Le format album est plus sérieux que le fait de sortir des singles ou des EPS. J’ai voulu vraiment me donner une ligne directrice au moins pour donner l’impulsion et ne pas seulement avoir l’impression de compiler plusieurs morceaux. A travers cet album, j’ai voulu essayé de raconter une histoire aussi lisible ou pas soit elle. L’objectif n’était pas d’avoir un concept complètement lisible mais plutôt d’avoir une épine dorsale qui pouvait évoluer ensuite dans tous les thèmes qui racontent mon personnage.
Peux-tu expliciter le titre de ce disque baptisé « Légion du Noun » ?
Le Noun est un concept de la mythologie Égyptienne ; c’est l’océan primordial qui vient avant toute chose et qui sera après toute chose. Cela illustre une idée de cycles ; le néant qui vient vers le néant et entre cela, il y a quelque chose qui vit. Ça m’a beaucoup parlé. La mythologie Égyptienne m’a beaucoup obsédé quand j’étais enfant et quand je m’y suis de nouveau penché dessus, je me suis rendu compte qu’il y avait plein de points qui m’intéressaient encore. Quant au terme légion, j’aimais bien le côté militaire que cela pouvait englober ; non pas que je sois particulièrement attiré par ce qui à trait à cela, ça serait même plutôt le contraire ; je trouvais que ça exprimait assez bien ce qui se dessine dans l’album qui parle notamment de misanthropie, de mégalomanie voire de violences.
As-tu construit un monde fictif sur cet album ou as-tu ancré tes textes dans un quotidien bien réel ?
Il y a un peu des deux. J’aime beaucoup utiliser des symboles pour parler de choses plus générales et en ce sens-là, je pense que j’en ai utilisés pour créer un monde avec un côté un peu fictif. Je pense notamment à des titres comme « Couronne d’Ecailles » ou « Vigiles de la Nation ». Certaines choses ou certains personnages peuvent sembler fictifs mais ils permettent de symboliser des choses que je vis au quotidien comme lorsqu’enfant, on se crée notre petit monde dans notre chambre avec nos personnages. Sur cet album, j’ai mis un peu de moi ; de mes peurs et de mes émotions ; à chaque fois dans ces personnages.
De quoi parles-tu dans « Je Perds La Foi » ?
La thématique est multiple et c’est souvent le cas dans mes chansons. J’aime qu’une œuvre garde une part de mystère ; qu’elle ne soit pas totalement lisible ; car à partir du moment où l’on explique complètement par A+B ce que l’on dit dans un texte, on enlève un peu la magie et aussi la possibilité que les gens puissent se l’approprier. « Je Perds La Foi » parle de beaucoup de choses dont des questions existentielles. Pour cette chanson, j’ai essayé d’avoir les images les plus proches d’un ressenti quand on ne sait plus trop où l’on va et quand on n’arrive plus trop à trouver de sens dans ce que l’on fait au quotidien.
Qu’est-ce qui te ferait perdre la foi de manière très concrète ?
Actuellement, je pense que beaucoup de choses nous poussent à nous demander si nous n’allons pas perdre la foi. Je pense notamment à la politique car nous sommes en plein dedans mais aussi au peu de prise que nous pouvons avoir avec des choses qui se passent à des milliers de kilomètres ou dans notre propre pays. Avoir l’impression de ne pas avoir de prise sur le réel pourrait me faire perdre la foi. Par ailleurs, cela peut aussi être le cas sur des choses plus personnelles dans nos vies sentimentales.
Pourquoi as-tu choisi ce titre comme premier extrait de « Légion du Noun » ? Est-il représentatif de la globalité de ton disque ?
Je ne pense pas que ce soit le morceau le plus représentatif et d’ailleurs, aucun ne pourrait représenter tout le disque. Single après single, l’idée est d’arriver à donner l’impression de ce que sera le disque. « Je Perds La Foi » est sorti en premier car il a un côté un peu Pop et cela peut être une bonne porte d’entrée ou en tout cas donner envie de découvrir l’album. J’ai beaucoup demandé conseil à mes éditeurs et aux personnes qui ont apprécié l’album pour savoir ce qu’ils en pensaient. Le deuxième single est un peu plus en rupture avec « Je Perds La Foi », il est beaucoup plus sombre afin de donner une autre couleur et montrer l’amplitude du disque.
Comment synthétiserais-tu l’univers développé dans ton album ?
Désenchanté, misanthrope et mégalomane.
Te verrais-tu prolonger « Légion du Noun » de façon littéraire ?
Ce n’est pas dans ma démarche pour l’instant. Mon style d’écriture reste assez cantonné à des phrases courtes et je ne sais pas si j’arriverais à tirer cela dans des nouvelles ou dans un roman. Je ne pense pas que j’arriverais à exprimer mes idées comme je le fais en chanson sur des formats plus longs.
Quels sont tes prochains projets ?
Un single paraîtra tous les mois jusqu’à la sortie de l’album qui est prévue le vendredi 13 septembre. Tous les titres ont été mis en images par Elliot Eugénie sous la forme de visualizers qui se répondent un peu les uns les autres. Je réfléchis actuellement au live…idéalement, j’aimerais organiser une release party à l’automne.
Godzi - Arrachez-moi les dents
Réalisé par Elliot Eugénie Produit par Diogène Films Ecrit et composé par Godzi Mixé par Pierre-Antoine Piezanowski Masterisé par Adrien Pallot Edité par HMS (p) 2024 - Fréquence Zéro Mil...