Rencontre avec Camille Bénâtre au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur « Dommage » !
Qu’exprime le titre de ton nouvel album ? Y-a-t-il un double sens ?
Effectivement, on peut dire cela. Ce titre évoque à la fois le regret et le dommage dans le sens dommage aux personnes dans leur vie privée, à la planète et à l’environnement. Cela englobe bien les thématiques des chansons de cet album qui ont un côté un peu consolateur.
Pourquoi as-tu choisi de commencer ce quatrième album solo par un court développement répétitif de « Dommage » ?
J’aime bien quand l’album démarre par la chanson titre, je l’avais déjà fait sur l’un des précédents. C’est une sorte d’introduction qui va préparer la suite, un peu comme un générique de film ; personnellement, j’apprécie quand ça m’accroche dans les deux premières minutes.
Quelles ont été tes envies musicales sur cet opus ? Il sonne très épuré…Avais-tu le souhait de présenter quelque chose de « brut » ?
Oui, tout à fait, c’est brut dans le sens où il y a peu de moyens techniques. Je n’avais pas prévu forcément cela au départ mais comme j’ai démarré ce disque au moment du premier confinement, je me suis rendu compte que j’allais le faire avec ce que j’avais sous la main ; donc assez peu de matériel et assez peu de technique. Je n’ai pas essayé de surjouer et forcément, on retrouve un côté brut et fait maison que j’assume totalement. Même si ce n’était pas voulu au départ, ça faisait sens avec ce que nous vivions à ce moment-là.
Comment développerais-tu l’univers de cet album ?
Mélancolique, personnel, intime, réconfortant et DIY.
Quels thèmes y abordes-tu ?
Étonnamment, il y a plein de thèmes différents dans cet album. Si je parle entre autres des relations à distance et du fait de vivre dans un pays étranger, j’aborde aussi des sujets plus politiques ; je ne prends pas parti mais j’observe. L’une des chansons parle d’un voisin qui détruit toute une petite forêt afin de construire une maison énorme en ville. Il est question notamment d’égocentrisme et d’environnement sur cet album mais sous l’angle de mes propres observations.
« Stupidémocratie » est-il ton titre le plus engagé à ce jour ? Ouvre-t-il la porte à des chansons plus frontales ?
Très bonne question. Engagé, je ne dirai pas cela car la position un peu figée du chanteur engagé ne me convient pas vraiment ; cela correspond à des gens qui ont réellement défendu des causes et aujourd’hui, je trouve que c’est difficile de se revendiquer de cela. « Stupidémocratie » a effectivement un aspect politique mais dans le sens réflexion sur la difficulté que l’on a peut-être à représenter une majorité de gens. Notre démocratie ne fonctionne pas très bien, cette chanson part de cette observation et du COVID où les décisions étaient prises par une espèce de collège d’experts. En même temps, cette chanson n’est pas à prendre qu’au premier degré car je me suis amusé à utiliser quelques mots afin d’ironiser sur ce problème de représentation. L’idée était d’amener une réflexion un peu ironique là-dessus. Je ne sais pas si je me sentirais légitime pour faire des chansons plus frontales d’autant que j’aime bien qu’il y ait un peu de distance ; j’ai du mal avec les choses complètement premier degré et revendicatives… En revanche, des artistes l’ont très bien fait déjà, je pense notamment à Bob Dylan.
Cet album s’est construit entre Toulouse et Göteborg, quel est ton lien avec la Suède ?
Il s’avère que ma petite amie vit en Suède, je passe donc beaucoup de temps là-bas (rires). J’ai vraiment fait cet album entre ces deux villes et je voulais qu’il ait ce côté doux et froid à la fois. « Dans Ta Direction » est le reflet de cela et « Sans Terre et Sans Roi » parle plus de s’adapter à un nouveau pays. Je ne me voyais pas être dans un autre pays sans que cela ne rejaillisse sur ma façon de faire de la musique.
Peux-tu nous présenter Jessica Phan qui a posé sa voix sur « Oh ! Les Sentiments » ? Pourquoi t’es-tu « effacé » sur ce titre ?
Jessica est une chanteuse toulousaine que je trouve très talentueuse. Nous avions déjà collaboré ensemble sur un autre titre précédemment et Jessica m’avait aussi accompagné sur scène. A la base, elle devait chanter sur plusieurs chansons mais nous n’avons gardé que celle-là. Dans « Oh ! Les Sentiments » qui parle d’une fin de relation amoureuse compliquée, je voulais un point de vue féminin pour ne pas rester sur un côté autocentré car j’en ai déjà beaucoup parlé de mon point de vue.
Toi qui le chantes, par quoi symboliserais-tu l’âge de raison ?
C’est une bonne question que je ne m’étais pas vraiment posée ! Je dirai qu’il y a une forme de tranquillité, un passage de la trentaine vers des envies un peu plus calmes, c’est comme cela que je le vois dans ma chanson mais dans la vie…je ne saurai pas trop dire.
Où aimerais-tu partir sur ce globe qui illustre la pochette de « Dommage » et pourquoi cette destination en particulier ?
Honnêtement, je ne sais pas…là où il ne fera pas trop chaud ! En ce moment, j’aime bien les pays scandinaves. En ce qui concerne la pochette, c’est une planète qui n’est pas en grande forme que j’ai voulu représenter. Je me dis qu’il n’est peut-être pas encore trop tard. S’il y a peut-être un peu d’ironie, il y a aussi de l’inquiétude et je pense que cela s’est généralisé aujourd’hui car nous sommes plus conscients des méfaits actuels.
Quels sont tes prochains projets ?
Il n’y aura pas forcément de concerts tout de suite mais le projet est de défendre cet album sur scène. Je vais essayer de jouer un peu en Suède au printemps et j’espère qu’une tournée prendra forme plutôt à l’automne. « L’Ombre de Moi » devrait être mis en images mais c’est encore en travail. Il y aura probablement des live sessions. J’ai toujours quelques chansons sur le feu…
Camille Bénâtre - Dans ta direction
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