Rencontre avec Hildebrandt au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur « Will » !
Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?
Mon nom d’artiste est Hildebrandt, il se trouve que c’est aussi mon nom de famille et j’y tiens car j’ai pas mal parlé ; et je parle encore ; de mes origines Allemandes et de l’histoire de mon père. J’aime me dire que je suis artiste avant d’être musicien et auteur-compositeur même si en général, je me présente en tant que musicien. Auteur-compositeur est ma première fonction ; c’est mon métier principal ; si je fais d’abord des chansons pour moi-même, j’écris et je compose aussi pour les autres notamment pour le théâtre et la danse ; je suis pas mal impliqué sur le spectacle vivant chez moi à La Rochelle ; j’y suis né et j’y ai toujours vécu et travaillé. J’ai un label et un tourneur mais il m’arrive de vraiment toucher à tout et pour ce qui est de la création, au-delà du fait d’écrire et de composer, j’arrange et j’enregistre même si quand je sors un album, je vais le faire avec des musiciens en studio. Je viens vraiment d’un fonctionnement très indé, j’ai longtemps été en groupe et nous étions très autonomes. Je travaille aussi beaucoup dans la transmission et dans l’action culturelle, ça a toujours été en parallèle de mon parcours et l’un nourrit l’autre ; le pédagogue que je suis est nourri de son travail artistique et l’artiste est nourri de son travail pédagogique. Je suis notamment prof de chant aux Francofolies de La Rochelle et dans d’autres structures qui me font intervenir ponctuellement et j’interviens assez régulièrement sur des ateliers de création de chansons pour tous les publics. Pour moi, mon travail de transmission/d’action culturelle et mon travail artistique sont très très liés ; je sens en moi que c’est la même envie de transmettre des émotions ou un savoir-faire.
Le titre de ton troisième album a-t-il plusieurs sens ? Il fait référence à ton prénom mais en anglais, will peut avoir de multiples traductions…
Mon prénom est Wilfried mais tout le monde m’appelle Will d’où le titre de ce troisième album qui se veut plus proche de ce que je suis. Il y avait une volonté de revenir au plus intime ; c’est le surnom que mes amis me donnent ; mais effectivement, will signifie la volonté en anglais et il y a une idée de détermination, de continuer à faire ce que l’on sait faire qui plane sur pas mal de chansons de cet album. Avec ce titre, j’assume aussi ma culture Britannique ; j’ai pas mal de famille en Angleterre où j’ai vécu un peu. Durant la construction de cet album, j’ai été accompagné par Lescop et tous les deux, nous avons eu envie de nourrir notre culture musicale Britannique ; nous avons beaucoup réécouté les Kinks, David Bowie, les albums que Serge Gainsbourg avait faits en Angleterre... ; nous avons cherché une sorte d’élégance et de sensualité dans les sons.
« Will » s’inscrit-il dans la continuité musicale de ces deux prédécesseurs ?
Pas tout à fait même si on entend que c’est encore moi, les prédécesseurs étaient plus Rock et Electropop. Sur « Will », il n’y a plus grand-chose de Rock et il n’y a plus rien d’Electropop ; nous n’avons utilisé quasiment que des instruments acoustiques. Même ma façon de chanter a évolué, je suis beaucoup plus posé et serein ; c’est un travail que j’ai commencé il y a quinze ans et il est sans fin car je suis toujours rattrapé par mes émotions. Dans ma façon de chanter sur « Will », il y a plus de recul, d’ironie et de détachement. Pour moi, la façon de chanter fait partie de la musicalité de l’album. Sur ce nouveau disque, j’avais la volonté d’assumer le fait que je suis fan de la musique des années 70 alors que jusqu’à présent, j’avais essayé de faire une musique un peu plus ancrée dans mon époque bien qu’il y ait eu beaucoup de choses qui étaient plutôt années 80. Disons que j’ai reculé de dix ans ! (rires).
Comment est née ta collaboration avec Lescop ?
Avec Mathieu ; Lescop ; nous sommes amis depuis longtemps. Il a commencé la musique en même temps que moi à La Rochelle d’où il est originaire lui aussi ; Mathieu est installé à Paris depuis un petit moment déjà. Même si nous sommes assez proches, nous n’avions jamais collaboré professionnellement auparavant. Il y a quatre ans, j’ai posté des vidéos acoustiques très simples et très tendres sur lesquelles je chantais avec mes filles, pas mal de gens ont été émus et Mathieu m’a dit ; comme une blague ; que si un jour, il devait réaliser l’un de mes albums, il aimerait que l’on parte de cette vérité-là. Au détour d’un repas à la maison, très spontanément, nous nous sommes retrouvés tous les deux sur mon piano et de fil en aiguille, comme nous avions beaucoup de plaisir à construire cela ensemble, c’est devenu un vrai projet d’album.
Quels thèmes abordes-tu sur ton nouvel album ?
L’idée de la volonté et de la détermination et cela est un peu plus nouveau. Je dis toujours qu’il n’y a pas tant de thèmes que cela entre l’amour, la mort, le temps qui passe, notre façon d’exister au milieu des autres…ces grands thèmes universels sont toujours au creux des histoires que l’on raconte. Le temps qui passe est encore quelque chose qui m’obsède beaucoup et d’ailleurs, toutes les histoires que je construis sont sur le long terme. Sur « Will », il y a pas mal de chansons qui s’adressent aux gens qui m’entourent.
Comment qualifierais-tu l’univers développé sur ce disque ?
Sincère, évident, simple mais pas simpliste, proche, intime et un peu ironique.
Y-a-t-il eu un élément déclencheur pour aller plus « au fond des choses » sur cet album très personnel ?
J’ai toujours essayé de faire des disques personnels en espérant qu’ils trouvent écho chez les autres. J’ai réalisé que j’avais besoin d’être conseillé/accompagné par quelqu’un de confiance pour être au plus proche de moi et sur cet album, c’est le travail avec Mathieu/Lescop qui a déclenché cela. J’ai entièrement confiance en Mathieu d’un point de vue humain et artistique.
Comment mettrais-tu en parallèle la teneur de tes textes et les musiques qui les habillent ?
J’essaie de faire en sorte que la musique et les textes aient toujours quelque chose en commun. Par exemple, si la musique est plutôt légère et rythmée, c’est pour aller avec l’ironie voire la joie qui point dans le texte. A mon avis, la musique ne peut pas me permettre d’être aussi coloré et nuancé que mes textes dans lesquels il y a plusieurs lectures. Musicalement, pour rejoindre l’efficacité Pop que je recherche, j’ai le sentiment qu’il faut que je sois moins en couleur et plus en noir et blanc, c’est-à-dire un peu plus tranché ; plus catégorique. Le sourire en coin, je l’aurai moins dans la musique et je vais donc plus assumer son côté feel good. A contrario, il arrive que mes mélodies soient plus mélancoliques que la teneur des textes. Quand on se laisse aller à cette petite rêverie tristounette, on se sent aussi plus vivant parce que l’on ressent plus fort les choses ; c’est le cas des hypersensibles ; et je suis un indécrottable mélancolique.
Les tons pastel de la pochette sont-ils ceux qui caractériseraient le mieux « Will » ?
Oui et cela pour plusieurs raisons. Je voulais quelque chose d’intemporel qui ne soit pas particulièrement ancré dans l’époque. Je souhaitais également quelque chose de simple, d’ouvert, qui puisse parler à pas mal de gens. Cette pochette recèle à la fois la lumière que je voulais mettre dans ce disque mais aussi la mélancolie qui fait partie de moi depuis toujours. Il y a de cela dans les tons pastel et même le croquis va dans ce sens-là. Comme il est question d’aller au plus proche de moi, j’ai senti que quelques traits simples bien placés pouvaient plus me résumer qu’une vraie photo détaillée. Pour que le sens soit capté le plus intensément possible, il ne faut pas trop de nuances, il faut aller à l’essentiel.
A la place de ce croquis, qu’est-ce qui aurait pu constituer la pochette de « Will », si elle avait été pensée à la manière d’un patchwork de choses auxquelles tu tiens et/ou qui te représenteraient ?
Il y aurait beaucoup de choses sur ce patchwork ! Dans le cas où il ne serait pas rendu public, il y aurait des images de ma famille, de mes amis, des photos de cuisine, de mon antre où j’écris et je compose mes chansons, de mon amitié avec Mathieu, de mon jardin que je vois depuis mon studio, de tous mes instruments et quelques lignes des romans qui me font rêver.
Imagines-tu le live à venir un peu comme le clip qui illustre « A Part Ça » ?
Oui et non. D’abord non car sur scène, j’ai besoin de ne pas mâcher le travail dans un premier temps pour interpréter mes chansons ; j’ai besoin que le son et mes expressions corporelles et de visage donnent la teneur des chansons. Pour cette tournée, j’ai monté un trio, je serai accompagné de Pierre Rosset mon ami guitariste avec qui je joue depuis toujours et Amandine Le Mer sera à la batterie ; Amandine apporte de la lumière et de la fraîcheur dans ce trio. Il y a quelque chose de très joyeux dans notre relation sur scène. Pour l’instant, j’ai à cœur de proposer cela sur scène, je n’ai pas envie de présenter une scénographie ou des éléments qui pourraient m’aider à prolonger ce que j’ai dit dans les chansons. Ensuite, pour le oui, c’est en cours car je vais avoir un second spectacle qui sera près pour le printemps ; il sera beaucoup plus fourni, beaucoup plus hybride, à la croisée du théâtre, de la musique et de la cuisine. Au cours de ce second spectacle, je raconterai mes histoires, je chanterai mes chansons et celles d’autres artistes et je réaliserai une recette en direct que je servirai au public à la fin. L’écriture est terminée et nous sommes en train de travailler la scénographie et la mise en scène. Et là, il y aura des choses un peu plus folles, absurdes, oniriques, légères qui vont peut-être plus se rapprocher du prolongement de mes chansons comme ce que j’ai construit dans le clip assez poétique et onirique d’« A Part Ça ».
Hildebrandt - À part ça (Clip officiel)
Hildebrandt - À part ça (clip officiel) "À part ça" extrait du nouvel album d'Hildebrandt "Will", à paraître le 19 janvier 2024, maintenant disponible : https://linktr.ee/hildebrandtmusic ...