Rencontre avec Sonny du groupe Sour Tones au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur « Burn After Listening » !
Peux-tu présenter Sour Tones à nos lecteurs ?
Sour Tones est un groupe Rock qui a été créé il y a un peu plus de deux ans. Val est à la guitare électrique, Xavier est à la basse, Raphaël est à la batterie et moi ; Sonny ; je chante et j’écris principalement les textes. Nous avons enregistré notre premier EP en octobre dernier au Studio Pain de Mie ; nous avons autoproduit ce disque avec l’argent que nous avions gagné lors des concerts mais également avec une cagnotte grâce à notre public qui avait bien répondu à l’appel. Pour l’instant, nous sommes donc en autoproduction mais nous espérons intéresser des professionnels au fur et à mesure afin de mettre un peu de structure autour de tout cela. Pour le moment, nous gérons tout ça tous seuls ; en plus de l’apport créatif, je gère tout le côté démarchage/promotion et production, je suis pas mal aidé par Raph qui sort d’une école de ciné et qui a plein de potes dans l’audiovisuel ; cela nous a permis notamment de faire des captations durant nos concerts, notre clip qui est sorti il y a peu de temps et des flyers. Actuellement, c’est full autoproduction mais nous espérons décentraliser certaines choses à des gens plus compétents car ce ne sont pas nos formations de base.
Quand le groupe s’est formé, la direction artistique a-t-elle été évidente ou avez-vous tâtonné avant de la trouver ?
Nous avons beaucoup tâtonné. Il faut savoir que nous ne nous connaissions pas du tout avant. Je suis arrivé à Paris il y a trois ans et auparavant, je faisais du Rap tout seul dans ma chambre ; rien à voir avec ce que nous faisons aujourd’hui. Quand je me suis installé sur Paris, j’ai eu envie de rencontrer des musiciens afin de monter un groupe pour jouer une musique plus organique. J’ai mis une annonce sur Facebook et la seule réponse a été celle de Val. Nous nous sommes rencontrés, nous avons pas mal écrit pendant quelques mois et ensuite, via des petites annonces, nous avons fait la connaissance de Raph et Xav. Comme nous étions quatre personnalités assez différentes et que nous nous sommes rencontrés à l’occasion de ce projet-là, il y a eu du tâtonnement même humain. Dans un premier temps, nous avons appris à nous connaître les uns les autres. Musicalement, au début, beaucoup de choses avaient été écrites en amont par Val et moi mais plus nous avons appris à nous connaître, plus nous avons écrit tous ensemble. Chacun a mis sa patte à l’ouvrage et nous avons créé notre son avec nos diverses influences ; les miennes sont beaucoup plus Rock des années 60-70 et Val me rejoint assez là-dessus, Xav qui a eu une formation au conservatoire a encore d’autres influences notamment classiques, quant à Raph, il est très Metal.
Peux-tu expliciter le terme Sour dans votre nom ?
La question du nom s’est forcément posée à un moment donné et lors d’un brainstorming, nous nous sommes arrêtés sur ce terme car pour nous, cette aigreur est très significative de la génération dans laquelle nous nous trouvons et aussi de son rapport au monde d’aujourd’hui. Nous trouvions qu’il y avait beaucoup d’aigreur par rapport à l’héritage qu’on nous a laissé mais aussi par rapport aux perspectives d’avenir. Il nous semblait que nous rendions un peu compte de cela dans notre musique ; ça a toujours été un peu notre leitmotiv.
Puisez-vous vos références principalement dans le Punk Anglais ?
Pour moi, en effet, ça va être beaucoup cela mais je n’aurais pas pensé faire cette musique à la création du groupe, j’aurais cru que nous serions allés vers autre chose. En fait, un côté très énergique s’est dégagé de notre musique dès le début et du coup, mes influences viennent de cela pour ce que je vais écrire et faire à la voix.
Comment avez-vous voulu jouer ce style à votre sauce ?
Dans le message social et dans le positionnement, ça part d’une envie de faire du Punk mais musicalement, on ne se ferme aucune porte et c’est aussi pour cela que nous nous éloignons progressivement de l’appellation Punk même si cela reste à la racine de ce que nous faisons. Raph apporte des influences Metal notamment dans la structure des morceaux et Xav qui est très Red Hot Chili Peppers a un jeu de basse très Funk et tout cela fait un gros mix.
Quelles thématiques abordez-vous sur « Burn After Listening » ?
Il y a un peu la volonté de se faire porte-parole de ce qui se passe dans la société car j’ai toujours été convaincu que c’est l’une des fonctions de la musique en tant qu’art populaire. Sur cet EP, nous abordons des thèmes sociaux. « Woke » parle du climat social actuel et plus particulièrement de comment les luttes sont menées. « What She Lives » est un morceau sur les violences faites aux femmes ; le point de vue exprimé est celui d’une femme qui a été violentée. « Catch 2022 » aborde l’aliénation au travail. « C.O.D.Q.O.T » et « Jean-Paul » présentent une autre facette du groupe ; ces morceaux amènent quelque chose d’onirique et de surréaliste, ils viennent contrebalancer ce côté regard froid et cynique que nous pouvons avoir car il y a plus d’espoir dans ces titres.
Les morceaux qui composent ce disque sont-ils les préférés du public ?
Nous avions la volonté de clôturer notre première année de concerts en sortant ce que nous considérions être notre « best of » et effectivement, cet EP est composé des morceaux qui ont été les plus appréciés par le public ; ce sont ceux qui nous parlaient le plus également.
Peux-tu nous en dire plus sur « Jean-Paul » qui clôt cet EP et qui dure près de douze minutes ?
« Jean-Paul » est un morceau qui plaît vraiment beaucoup et c’est très cool car nous fait preuve de parti-pris en composant un titre qui dure 11 minutes 30. Nous avons baptisé ce morceau tous ensemble et c’est parti d’un délire ; nous cherchions à avoir un nom un peu drôle et ça sert bien le propos du morceau. Dans ce nom un peu générique, les gens vont pouvoir placer ce qu’ils ont envie. Le texte est très surréaliste, il dépeint une sorte de petit canal qui symbolise, pour moi, le monde auquel on aspire tous aujourd’hui ; un monde avec plus de libertés, de l’amour, la paix entre les gens, l’épanouissement des individus…Jean-Paul symbolise l’antinomie de ce monde-là, cette personne qui est dans notre monde à nous et qui n’a pas accès à ce petit canal qu’il regarde de loin. Avant la jam instrumentale qui rajoute cinq minutes au morceau, je lis un petit texte pour décrire Jean-Paul. La jam est un peu la consécration de son accession à ce petit canal et c’est pour cela que c’est très progressif. Cette jam est venue naturellement et cela nous a plu d’autant que c’est quelque chose que l’on ne voit pas souvent.
Quel serait, selon toi, les principales forces de Sour Tones ?
Je pense que cela vient de la diversité des gens qui composent ce groupe. Nous n’avons pas l’ambition de réinventer quoi que ce soit car le Rock a une histoire tellement riche que ça serait prétentieux de dire que l’on invente ou que l’on réinvente quelque chose. Plus on travaille, plus on avance, plus on arrive à synthétiser toutes nos influences pour créer un son qui est à la fois identifiable et qui peut surprendre les gens. La deuxième force du groupe serait la performance scénique. Nous voyons vraiment la scène comme un défouloir. Il y a beaucoup d’énergie et là, le côté Punk revient. Nous avons à cœur que tout le monde ressorte galvanisé de nos concerts.
Jouer hors de nos frontières est-ce déjà une réalité ou est-ce la prochaine étape ?
Nous avons récemment fait notre premier concert en Belgique au Bout De Nos Rêves à Tournai ! C’est carrément la prochaine étape car pendant un an, nous nous sommes beaucoup concentrés sur Paris et maintenant, nous nous rendons compte qu’il y a beaucoup de groupes et pas énormément de salles dans la capitale. Nous avons lancé une grosse campagne de démarchage, pour l’instant, en France. Des concerts sont prévus à Lille, Orléans, Rouen et peut-être à Caen.
Quels sont vos prochains projets ?
Nous sommes en écriture constante. Nous écrivons des nouveaux morceaux et nous les testons en live. C’est un travail de fond qui nous permet de ne pas nous reposer sur nos acquis. Nous allons continuer la promotion de l’EP. Les concerts nous offre l’opportunité de faire parler de nous mais aussi de jouer potentiellement devant des professionnels de la musique qui pourraient être intéressés par notre projet. D’ici quelques mois, la question d’un premier album se posera…Idéalement, il sortirait en 2024.