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Rencontre avec bat au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur « Quadrachromie » !

Publié le par Steph Musicnation

(c)Laurent Parienti

(c)Laurent Parienti

Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?

Je m’appelle Baptiste et je fais des chansons depuis au moins deux décennies sous différents noms. Même si j’étais pianiste quand j’étais jeune étudiant, c’est l’accordéon qui a été l’instrument principal qui m’a amené à la scène ; à un moment, je me suis autoproclamé l’homme à l’accordéon avec un projet qui s’appelait BATpointG et avec lequel j’ai pas mal vadrouillé. Ce projet était un duo Hip hop entre un batteur et moi-même à l’accordéon et je chantais des chansons un peu dans la veine de Java qui avait crée le Rap musette. La quarantaine venant, j’ai eu envie de changer un peu d’esthétique ou en tout cas de faire un pas de côté par rapport à celle que j’avais défendue. J’ai choisi de m’appeler tout simplement bat pour chanter mes chansons car c’est le surnom que me donnent mes proches. J’ai eu à cœur de creuser le sillon de la chanson un peu différemment avec moins de jeux de mots et une posture moins urbaine. J’ai voulu aller vers quelque chose de plus intime et de plus simple dans la forme. Dans la vie, j’ai également une autre activité puisque je suis prof d’EPS ; je travaille avec des enfants depuis 20 ans. J’ai une vraie passion pour l’acte d’enseigner toutes les problématiques éducatives et celles liées à l’apprentissage moteur et tout ce qui a rapport au corps ; comment est-ce que l’on fait pour s’approprier et faire bien évoluer ce corps d’adolescent et d’adolescente qui est en devenir. Ces questions me passionnent et qui du coup infusent ma musique.

« Quadrachromie » s’inscrit-il dans la continuité musicale de « .point. » parue en mars 2019 ?

« .point. » était le début de ce virage musical que je viens d’évoquer ; ce disque était vraiment une passerelle entre ce que j’avais fait durant dix ans sous le nom de BATpointG et ce que j’ai réussi à faire avec « Quadrachromie ». Je voulais tendre vers cela mais je n’avais pas encore tous les outils. C’était une phase de transition à différents niveaux dans ma vie. Même s’il y a toujours de l’accordéon, il y a beaucoup de synthé sur « Quadrachromie » qui a été réalisé en collaboration avec Charlie Maurin qui vient de l’électronique. Nous avons vraiment créé ce disque à quatre oreilles. « Quadrachromie » est teinté d’Electro avec beaucoup de nappes et de boîtes à rythmes. Cette esthétique a dévié avec le live ; aujourd’hui, je suis seul sur scène avec mon accordéon, mon synthé et mes machines.

Ce second pas discographique est plus intime que son prédécesseur, quel a été le déclic pour recentrer le propos ?

Je pense que c’est lié au fait d’être beaucoup plus apaisé dans ma vie. Une journaliste a parlé de quarantaine résiliente. Le déclic musical est venu de tout ce que j’avais emmagasiné avec mon expérience de musicien et en ce qui concerne les textes, ça a été l’envie de faire des chansons plus lumineuses.

(c)Laurent Parienti

(c)Laurent Parienti

Pourquoi « Ma Ville Est Fatiguée » partagé avec Omri Swafield est-il sorti bien en amont de ton nouvel album ?

« Ma Ville Est Fatiguée » ne devait pas être sur l’album car cette chanson a été composée lors des multiples confinements. Charlie Maurin avait fait une instru et il pensait que l’on pouvait en faire quelque chose. Plusieurs thématiques ont été évoquées et il se trouve que j’ai écrit sur le confinement alors que nous étions encore en plein dedans. J’ai eu envie de partager cette chanson avec mon ami Omri qui était à l’autre bout de la planète et qui vivait la même situation. Quand ça s’est un peu calmé, il a pu revenir en France et nous avons enregistré « Ma Ville Est Fatiguée ». Comme ce titre nous a plu, nous l’avons sorti et cela a été un moyen pour moi de dire aux personnes qui m’avaient suivi sur mes précédents projets que d’autres chansons allaient suivre. Un clip a été fait, des gens ont cru en ce morceau qui devait être un objet à part mais il se trouve qu’en fabriquant l’album, le centre de gravité de « Quadrachromie » allait dévier à cause d’autres chansons et « Ma Ville Est Fatiguée » a finalement trouvé sa place sur ce disque. 

Le morceau qui donne son nom à ton second album est une véritable autobiographie mise en musique, te verrais-tu développer l’exercice de manière littéraire ?

J’ai récemment déjeuné avec Julien Sandrel qui est un ami d’enfance qui est devenu romancier ; son best-seller « La Chambre Des Merveilles » sort d’ailleurs le 15 mars au cinéma avec notamment Alexandra Lamy et Muriel Robin ; et comme nous sommes tous les deux sur des modalités d’écritures différentes, nous nous titillons un peu notamment sur le fait de faire une chanson ensemble. Ce sont vraiment deux exercices différents, ce n’est pas du tout la manière de penser les choses et je ne pense pas être capable de développer un exercice littéraire aujourd’hui. Je ne pense pas avoir le bagage ni la culture nécessaire pour entreprendre cela et je vais laisser ça à ceux qui savent le faire. Par contre, je sais que le fait d’avoir écrit cette chanson autobiographique même si plein de choses ont été inventées ou améliorées ou poétisées, ça m’a aidé à réfléchir sur des problématiques qui me sont chères et c’est quelque chose qui m’aide à avancer au quotidien. Je sais que ce que je suis devenu ou ce que je suis aujourd’hui, je le dois beaucoup à ces centaines d’heures à réfléchir à des thématiques qui me tiennent à cœur. Ecrire, réfléchir, ça fait presque partie d’un mode de vie mais pas forcément pour un roman.

Dans cette chanson, tu abordes notamment tes deux passions qui sont le sport et la musique, as-tu longtemps hésité entre les deux ?

Dès mon enfance, j’étais le plus heureux dès que j’avais un ballon dans les mains ou dans les pieds. En revanche, si des disques tournaient à la maison, je ne viens pas du tout d’une famille de musiciens. Je suis rentré dans la musique car j’étais très agile de mes mains. Quand je me suis mis au piano, la coordination de mes doigts a été tout de suite très efficace et ma prof m’a dit que l’on allait m’amener loin. J’ai donc fait du piano par les doigts et non par l’oreille. C’était très fluide pour moi. Je suis rentré dans la musique par le corps et presque par le sport finalement car il n’y avait pas de dimension artistique pour moi. Très vite, je me suis rendu compte que ça me touchait, la musique m’apportait beaucoup de quiétude. L’accordéon a été un nouveau défi pour moi et c’est comme cela que j’ai rencontré la chanson française. J’ai été basketteur presque de haut niveau dans le HTV (Hyères Toulon Var) et je faisais de la musique en amateur. Si j’ai pris des cours de piano, j’ai appris tout le reste en autodidacte ; les musiques actuelles, faire des disques, des concerts, chanter dans un micro…ce n’est qu’après que je me suis reformé. Je n’ai jamais renoncé à mon professorat car je me suis toujours dégagé beaucoup de temps pour faire de la musique, les deux n’étaient pas incompatibles même si parfois ça pouvait être tendu. C’est une forme d’équilibre.

(c)Laurent Parienti

(c)Laurent Parienti

Peux-tu nous en dire plus sur l’élaboration de la pochette de ce second disque ?

J’aime beaucoup le travail d’Alias Ipin qui est un copain street artist. Il fait des tags, des œuvres, des affiches de festivals mais à chaque fois, c’est in situ, dans la nature. Pour permettre aux gens de découvrir son travail, il prend des photos et il en fait des sérigraphies et moi, je les collectionne. Quand je lui ai fait écouter la chanson « Quadrachromie », il m’a dit qu’il y avait quelque chose à imaginer au niveau de la pochette si je trouvais une bonne photo de moi, que ça serait en plus un bon prolongement. Laurent Parienti un copain photographe a pris la photo et nous avons réfléchi à comment l’agencer afin de faire une série en quadrichromie. Ensuite, nous sommes allés à l’atelier de Ben Sanair à Avignon et on voit tout ce processus dans le clip de « Quadrachromie ». Quatre couleurs, quatre décennies, tout cela a donné du sens. Il y a un côté lumineux et artisanal qui me plaît car j’estime que je suis devenu un artisan de la chanson ; aussi bien car je fais de la chanson depuis plus de vingt ans mais aussi des ateliers avec des enfants, des adultes, en prison et aussi bien car je collabore parfois avec des auteurs et que j’ai évolué au niveau de l’esthétique. Je malaxe le son et les mots comme un artisan. Il faut savoir que j’ai même poussé l’idée encore plus loin car une sérigraphie numérotée de 1 à 40 a été réalisée. La 40/40 a été scannée et elle a servi de pochette. La sérigraphie est en complément du vinyle mais on peut se l’offrir indépendamment.

A l’heure actuelle, quelle couleur te représenterait le mieux ?

J’ai l’impression que c’est exactement le point de convergence de toutes ces couleurs, là où elles se mélangent ou centre de la pochette. Ma vie est un kaléidoscope de tous les petits points que l’on peut voir sur la pochette et cela me réjouit.

Quelles thématiques retrouve-t-on sur « Quadrachromie » ?

Cet album parle notamment de la difficulté à attirer l’attention quand on fait des chansons et à garder celle de l’auditeur, d’amour sous différents axes, d’attente, des réseaux sociaux, du confinement, du parcours de vie, du regard qu’ont les gens sur les corps différents, des enfants rois…

(c)Laurent Parienti

(c)Laurent Parienti

Qui retrouve-t-on dans ta culture musicale ?

Jacques Brel ; plus particulièrement la chanson « Ces Gens-Là » ; Nirvana grâce auquel je suis devenu guitariste, Eric Clapton dont j’ai appris tout l’« Unplugged », Jean-Sébastien Bach, Mano Solo qui m’a permis de découvrir Les Têtes Raides, La Tordue, Les Grosses Papilles que j’ai intégré, Java

Quels sont tes prochains projets ?

Je serai en concert le 3 mars à Toulon au Telegraphe,  le 30 mars à Paris aux Trois Baudets, le 1er Avril à Bruxelles à la Cellule133, le 11 mai à La Seyne-sur-mer au Centre Culturel Tisot avec Omri Swafield, le 8 juin à Briançon pour le jeudi de la Face B et d’autres dates devraient se programmer prochainement. D’autres titres extraits de l’album seront mis en images. En parallèle à cela, je suis en train de créer un spectacle intitulé « L’Ombre De Soi » pour lequel je collabore avec une danseuse circassienne ; je suis l’ombre de cette vieille dame qu’elle incarne, je ne chante pas mais je joue de l’accordéon et j’ai composé de la musique électronique pour habiller ce spectacle dans lequel je me retrouve à jongler, à danser, à porter ma partenaire…

Rencontre avec bat au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur « Quadrachromie » !
https://www.facebook.com/bat.projet.point
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