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Retrouvailles avec Monsieur Lune au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de son nouvel album intitulé « Écrans Plats » !

Publié le par Steph Musicnation

(c) Bruno Levy

(c) Bruno Levy

Pourquoi as-tu mis autant de temps pour dévoiler un nouvel album composé de chansons originales ?

C’est une très bonne question que je me pose souvent. Il y a beaucoup de raisons…j’espère que tu as beaucoup de temps (rires). J’ai fait un projet pour enfants ; Gaston et Lucie ; au même moment que mon dernier album de chansons originales et nous avons beaucoup tourné avec ce spectacle ; nous avons fait plus de 500 concerts et cela a donc demandé pas mal de temps. Par ailleurs, j’ai changé d’entourage professionnel et en retrouver un qui soit stable et fiable pour sortir un nouveau disque même si maintenant il est possible d’enregistrer des albums dans des conditions un peu moins onéreuses, cela a pris du temps également. La troisième raison, c’est que je suis un peu fainéant, j’aime bien prendre mon temps, regarder le ciel et les gens dans les bars. En parallèle à tout cela, j’ai fait un autre projet pour enfants en 2017 et aussi un disque autour des chansons de Renaud ; même si ce n’était pas un projet avec des compos, ça comptait beaucoup pour moi aussi. Tout cela cumulé, ça fait une bonne marmite du temps qui passe.

Que représente la pochette de ton nouvel album ?

Ce nouvel album s’appelle  « Écrans Plats » et avec Sébastien Rost ; qui est le graphiste avec qui j’écris mes projets pour enfants ; nous avons cherché plein d’idées pour l’illustrer et nous n’avons pas trop trouvé. Seb a décidé de passer par un logiciel d’intelligence artificielle qui créé des images. Toutes les images du livret de l’album ainsi que la pochette ont été créés par cette intelligence artificielle à partir de mots clés. Je pense que Seb a dû rentrer Kandinsky, disque, CD et peut-être mettre des couleurs. Nous avons trouvé que ça avait évidemment un rapport avec le titre de cet album. Finalement, le talent était dans le choix des images que nous faisions car cette intelligence artificielle peut générer des images à l’infini. Quand cette image est sortie, j’ai trouvé qu’elle était hyper belle ; je me suis dit que ça serait notamment hyper beau en grand comme pochette de vinyle. Cette image a un côté mystérieux. Ça ressemble un peu à un œil comme les écrans qui nous regardent.

Quelles ont été tes envies musicales sur « Ecrans Plats » ?

J’ai souhaité faire ce disque avec Sébastien Collinet qui a joué notamment avec Florent Marchet et Rover et qui a arrangé et produit les disques d’Alexis HK. Nous nous sommes retrouvés tous les deux en studio, nous avons écrit des mélodies et ensuite, il les a arrangées. Comme à chaque fois, mon objectif a été d’essayer de faire en sorte que les arrangements ; l’orchestration ; des morceaux ne ressemblent à aucun style ; que ce soit ni Rock, ni Reggae…Tous ces morceaux empruntent à plein de choses mais ne les copient pas et c’est la grande force de Seb. Nous voulions une musique assez dansante avec des claviers. 

(c) Bruno Levy

(c) Bruno Levy

Comment qualifierais-tu le propos général de ce nouvel opus ?

J’ai voulu parler des gens dans cet album. J’ai mis moins de moi dans ce disque afin de plus aborder les rapports sociaux. J’aimais beaucoup les chansons de Renaud qui parlaient d’inégalité et de ceux qui ne s’en sortent pas et je dois dire que je suis toujours assez fasciné par ce monde si déséquilibré entre les gens qui ont et ceux qui n’ont pas, les gens qui arrivent et ceux qui n’arrivent pas. Sur cet album, il y a une galerie de personnages et j’ai voulu un peu raconter leur vie à travers le prisme des différences qui font qu’au départ, nous n’avons pas tous les mêmes chances.

Les arrangements « Pop » de tes nouvelles chansons viennent contrebalancer avec un propos moins léger, était-ce intentionnel ou cela s’est-il fait spontanément ?

Ce n’est pas faux. Quand il fait de la musique, Seb a une vraie légèreté et nous voulions effectivement quelque chose d’assez léger pour ce disque. Nous avons d’abord fait toutes les musiques et tous les arrangements et ensuite, j’ai rajouté les textes. Comme disait Cocteau, ça a été un mélange d’hasard et d’inconscient. Je pense que si l’on met une musique lourde sur un texte qui l’est déjà, ça va être redondant et ça va un peu plomber la chose. Les arrangements peuvent apporter un peu de légèreté afin d’alléger le propos. Pour le coup, « Cabu » est une chanson tristoune mais assez douce.

Que représentent pour toi ces écrans plats ?

Ce sont les téléphones, les ordinateurs et tablettes. Depuis l’arrivée des Smartphones, ceux qui n’ont pas n’ont jamais eu autant la possibilité de voir ce que les gens ont. Avec Instagram, j’ai remarqué que le moindre mec qui n’a pas une thune et qui est dans la rue possède un Smartphone et il peut voir la richesse et la vie de Neymar. Je trouve qu’il y a de la fascination et un rapport de direct généré par ces écrans plats qui permettent de voir instantanément tout ce que l’on n’a pas et je pense que cela doit créer de la frustration car beaucoup de gens doivent penser que c’est possible et qu’ils peuvent y arriver. Dans l’histoire de l’humanité, je ne pense pas qu’il y ait eu cette possibilité de voir aussi immédiatement tout ce qui se passe dans le monde et notamment ces différentes si flagrantes et ; à mon avis ; assez douloureuses.

Retrouvailles avec Monsieur Lune au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de son nouvel album intitulé « Écrans Plats » !

Quelles thématiques abordes-tu sur ce disque ?

Les inégalités sociales ; le décalage qui peut exister entre ceux qui sont dans la rue et ceux qui sont bien au chaud ; les migrants, la mort ; le côté assez vain et rapide de la vie. Dans cet album, j’ai essayé de m’ouvrir sur le monde et je crois que cela vient un peu plus avec l’âge car on s’intéresse un peu moins à soi-même et plus aux autres.

Peux-tu nous parler de la mise en images de « Cabu » ?

Un jour où je me baladais sur Wikipedia, je me suis rendu compte que Cabu avait eu une vie incroyable ; il a un peu tout connu des années 60 à sa mort, le Général de Gaulle, Hara-Kiri, Récré A2, Charlie Hebdo…Avec Sébastien Rost, nous avons trouvé ça drôle d’imaginer une sorte de biographie subjective de la vie de Cabu jusqu’à la fin à travers ses lunettes rondes si particulières qui faisaient que l’on reconnaissait. Sur un storyboard, nous avons regroupé des points forts de sa vie notamment le fait qu’il était fan de Charles Trenet, Dorothée, le fait qu’il avait été l’invité de Bernard Pivot dans l’émission Apostrophes, les derniers moments de sa vie… Nous avons préféré passer par des images dessinées car Cabu dessinait mais aussi afin d’alléger un peu le propos. Pour cette mise en images, nous avons travaillé avec Aurélien Baudinat qui fait de la rotoscopie ; c’est-à-dire qu’il dessine sur des images réelles.

Rendre hommage au célèbre caricaturiste assassiné en 2015 a-t-elle été une évidence ?

Ça n’a pas été une évidence au début mais je me rappelle qu’un jour, Sébastien Rost a été voir l’un de ses potes qui n’allait pas très bien et ce dernier lui a dit tu as vu, ils ont tué Cabu. Pour notre génération, ça nous paraissait tellement incroyable de tuer un type qui semblait tellement gentil, si doux, si sympa, inoffensif et un peu immortel car on avait l’impression qu’il ne vieillissait jamais. A ce moment-là, c’est devenu une évidence et cette phrase prononcée par l’ami de Seb tombait pile sur la mélodie écrite avec Sébastien Collinet. En revanche, ça a été moins évident de finir le texte sans mettre les pieds dans le plat, il a fallu marcher un peu sur la pointe des pieds par rapport à ce sujet qui est grave et qui peut assez facilement tomber dans la caricature.

Retrouvailles avec Monsieur Lune au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de son nouvel album intitulé « Écrans Plats » !

J’ai lu qu’« Écrans Plats » était le prélude d’un projet artistique plus global…Peux-tu nous en dire plus ?

Tout à fait ! Avant d’écrire ces chansons, j’ai imaginé une galerie de personnages et pour chacun, j’ai écrit une petite biographie et un texte. Avec Seb, nous avons dans l’idée de faire un spectacle musical baptisé « Filmoconcert » dans lequel la vie de chaque personnage serait mise en images uniquement à travers leurs écrans. Moi qui suis un psychopathe des portables, je me suis rendu compte que si on faisait un montage à partir de l’écran de mon portable sur 24 heures, on aurait toute ma vie. Pour ce spectacle, nous avons écrit dix histoires qui se croisent et s’entremêlent durant une journée. Comme ce projet est beaucoup plus long et ambitieux, nous avons préféré sortir l’album d’abord.

Comment inviterais-tu nos lecteurs à lâcher leurs écrans plats ?

Le seul truc que j’ai trouvé, c’est d’aller dans les bars pour boire des coups (rires). Et encore, même dans les bars, quand je m’ennuie un peu, je commence à regarder mon téléphone…Quand on est en tournée avec les copains, on essaie de se faire des séances sans portable pendant une heure. Je pense qu’il n’y a pas vraiment de conseils à donner car nous sommes tellement accrochés à ce truc-là…C’est très compliqué. Boire des coups, être avec des copains, être dans la vie réelle !

Retrouvailles avec Monsieur Lune au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de son nouvel album intitulé « Écrans Plats » !
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