Retrouvailles avec Hermance Vasodila de Mouse DTC au Studio Luna Rossa à l’occasion de la sortie de l’album « Attrapez-Nous » !
« Dead The Cat » paru en février 2019 a-t-il eu une belle vie ?
Oui mais pas suffisamment pour nous. Cet album a eu une belle vie sur les réseaux sociaux et en diffusion numérique mais nous n’avons pas pu faire autant de concerts que nous aurions voulu. Nous avons quand même fait les Trans Musicales de Rennes et ensuite, nous avons été boostés par les Eurockéennes de Belfort. Grâce au dispositif Iceberg, nous avons été coachés par An Pierlé en chant et Côme Aguiar le bassiste du groupe Silmarils nous a aidés scéniquement afin de remanier les morceaux.
Vos envies artistiques ont-elles été autres sur « Attrapez-Nous » ?
Oui, nous sommes carrément plus Electropop sur ce nouvel opus. Nous avons travaillé avec David Husser qui a œuvré notamment pour Mylène Farmer à ses débuts alors qu’il bosse maintenant sur du gros Hard bien crade. David a apporté la touche Girly que j’attendais dans Mouse DTC. Notre troisième album est vraiment beaucoup plus dansant et Electro ; on nous dit même pas parfois Electro-Dance, faut pas non plus déconner mais pourquoi pas, la Dance me plait aussi.
Pourquoi ce titre ? Est-ce un clin d’œil aux Pokémon ?
(Rires) Pas du tout car nous ne sommes pas de la génération des Pokémon. Au début, nous souhaitions appeler cet album « Tralala » en référence au titre « Ton Tralala » mais l’année dernière un film du même nom est sorti et comme cela fait deux ans que nous sommes sur ce disque, nous ne voulions pas qu’il y ait de redondance d’autant que nous n’avons rien à voir avec tout ce biz biz. Du coup, nous avons baptisé ce troisième album du nom de l’un des morceaux tout simplement et bien sûr, maintenant, nous jouons avec ce titre. Les Pokémon, c’est pas mal (rires).
Mouse DTC…Dans Ton COVID…Dans Ton Confinement ; comment avez-vous vécu cette période ?
Nous avons plutôt bien vécu cette période car les maquettes de l’album étaient déjà prêtes avant le confinement. Arnaud et moi étions confinés ensemble, ça nous a permis de faire encore plus de maquettes et nous avons même signé des autorisations pour commencer à créer la musique en studio. C’était fou cette situation car le studio se trouvait près Altkirch ; entre Mulhouse et Belfort ; il était clairement à plus d’un kilomètre de la maison. Arnaud partait deux ou trois jours pour préparer la musique et au moment du déconfinement, nous avons pu enregistrer les batteries et les voix. Franchement, nous avons plutôt bien vécu cette époque-là et nous avons même pu faire des concerts à la maison. C’était pas mal !
Comment qualifierais-tu l’ambiance générale de votre troisième pas discographique ?
Féministe, ironique et un peu cynique.
Quels sont les « grands thèmes » de ce disque ?
Nous reprenons régulièrement les mêmes thèmes mais nous les traitons différemment. Sur ce disque, on aborde la vie de tous les jours, la relation aux autres, l’émancipation de la femme…
Justement ; j’ai eu la sensation que la femme était encore plus affirmée sur « Attrapez-Nous »…suis-je dans le vrai ?
Tout à fait. Je pensais que j’étais plus émancipée que cela avant cet album. J’ai eu une grosse révolution féminine lorsque je me suis rendue compte que j’étais enclavée dans un cliché. Une nana mignonne et Girly doit forcément plaire, être disponible et sympa ; c’est une pression constante. L’année dernière, j’ai eu 40 ans et ça a vraiment switché dans ma tête, j’ai pris conscience que je n’allais pas pouvoir être Girly tout le temps et à ce moment-là, je me suis dit fuck off. L’émancipation est une grosse partie de cet album et je suis contente que tu ais senti cela en l’écoutant. En revanche, je n’ai pas forcément envie de faire passer un message ou d’être un porte-drapeau. Pour moi, l’important n’est pas l’image que l’on renvoie, c’est d’être bien dans sa peau et de s’éclater.
Aurais-tu en tête des S.O.A.B à nous citer ?
Les gros machos qui ne se rendent pas compte qu’ils le sont finalement et qui te remettent à ta place de nana qui n’a jamais raison du premier coup ; c’est souvent mon cas dans mon boulot alors que j’ai été engagée dans une compagnie assez connue dans le milieu des arts de la rue car Jean-Luc Prevost qui fait ça depuis 40 ans a découvert mon Auguste ; il trouve que je suis un clown. En cela, je me dis qu’une nana doit être mignonne mais pas rigolote ; il y a ce côté si elle drôle, elle n’est pas belle ; on pourrait philosopher là-dessus. En fait, j’ai toujours été drôle mais on ne m’a jamais permis de l’être plus que je ne le présentais. Outre ces machos dont je parlais, il y a les tourneurs et les maisons de disque qui m’envoyaient chier comme une merde quand j’allais démarcher au tout début pour Mouse DTC. J’avais l’image de la provinciale qui venait démarcher. Au sortir de concerts, certains tourneurs me disaient qu’ils ne pouvaient pas me faire tourner mais que si on pouvait faire un truc un peu cul peut-être qu’ils pourraient m’aider. C’était du #METOO avant l’heure ; malheureusement, on est toutes beaucoup là-dedans.
Peux-tu nous en dire plus sur la mise en images signée et sous-titrée en anglais de « Ton Tralala » ?
Au départ, je voulais aller dans le voguing et finalement, nous avons choisi d’aller vers la langue des signes et le sous-titrage car nous voulions que ce soit vraiment international afin que tout le monde puisse s’y retrouver.
Allez-vous pousser le curseur de l’Electro avec différents remixes officiels ou non ?
Oui, j’aimerais bien. Je sais que des DJS jouent souvent nos vinyles ; « Dans Ton Club » autant que « Dead The Cat » tournent en discothèque ; et ça me plairait bien de proposer à certains de faire des remixes de nos titres. Je sais que ça pourrait fonctionner. Il y aurait carrément moyen.
Peux-tu nous dire qui compose le public de MOUSE DTC ?
C’est vraiment intergénérationnel ; il y a autant de jeunes de 10 à 15 ans que des mecs ou des nanas qui ont dépassé la cinquantaine. Dans notre public, on retrouve des gens qui sont friands de Rock ou de Punk mais aussi des petites nénettes qui écoutent plutôt du R&B ou de la Pop. Nous avons pu nous rendre compte de cela cet été quand nous avons joué à l’occasion des 30 ans du Noumatrouff qui est la SMAC de Mulhouse.
Arnaud et toi avez-vous tous les deux d’autres activités en parallèle à Mouse DTC ?
Arnaud travaille toujours avec Rodolphe Burger, il a encore des projets avec les musiciens d’Alain Bashung et il a également des projets plus officieux avec des groupes locaux. Pour ma part, je travaille avec Les Goulus ; une compagnie de théâtre de rue ; j’y suis costumière, accessoiriste, comédienne, clown.
Quels sont vos prochains projets ?
Plusieurs release parties sont prévues en Alsace ; nous sommes très suivis par la SMAC et la région. Une date parisienne est prévue en 2023 mais pour l’instant rien n’est arrêté. Le clip qui illustre « Juste » paraîtra d’ici le printemps ; comme « Ton Tralala », c’est un morceau que j’ai écrit d’une seule traite et qui me tient particulièrement à cœur. « Juste » fait référence à un gros ponte de la DRAC qui donnait des diurétiques à ses candidates, il tenait un carnet avec les dates et quand elles avaient envie de pisser, il les faisait sortir dans le quartier et le seul moyen qu’elles avaient de se soulager, c’était de le faire devant lui alors qu'il ouvrait son imper…Il a eu beaucoup de chance car il y a eu le confinement et du coup, on n’a pas parlé de ce mec-là. Arnaud pensait que je parlais des touristes ou des SDF parisiens qui ne savent pas où aller pour uriner. Comme toujours avec Mouse DTC, nous sommes arrivés à plusieurs lectures. En live, les gens sont hyper touchés par cette chanson.