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Rencontre avec Ben Herbert Larue au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de « Souffle(s) » !

Publié le par Steph Musicnation

(c) Frank Loriou

(c) Frank Loriou

Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?

Je suis principalement auteur, parolier, j’ai écrit des paroles de théâtre, de poèmes, de slam et ce moment de chansons. Je suis un grand curieux, j’observe le monde autour de moi et je le re-raconte dans mes chansons. Je suis multi-instrumentiste mais actuellement sur scène, je joue de l’accordéon et du ukulélé mais je suis surtout chanteur. J’essaie de naviguer constamment entre des choses sensibles et d'autres plus sauvages, des choses douces et des révoltes. Je viens du monde du théâtre, j’ai énormément écrit et joué et depuis quelques années, je me suis dirigé vers la chanson et cela me plaît beaucoup.

Tu t’es présenté au public en 2018 avec « Ogre De Parole » serait-ce en ces termes que tu te définirais ? Que cela signifie-t-il ?

J’aime à dire que je suis un agitateur d’imaginaire. En ce qui concerne « Ogre De Parole », je sortais d’une grande création fleuve et dramaturgique au théâtre ; nous étions quinze sur scène et il y avait beaucoup de décors ; et mon personnage s’appelait ainsi. L’ogre de parole était boulimique de mots, d’histoires et d’imaginaire. J’étais encore nourri de ce personnage quand je me suis mis à la chanson en 2018 et j’ai écrit sur ce personnage qui avait besoin de coucher sur du papier beaucoup de choses de manière très affamée ; comme un ogre. Par ailleurs, on m’a souvent dit que j’avais une voix d’ogre ou de grosse bestiole.

D’où te vient ce côté poète qui est évident dans ta musique ?

Déjà, c’est gentil de le dire car j’ai moi-même du mal à dire que je suis un poète, je dis plutôt que j’aiguise mon regard sur le monde de manière sensible. A l’école, je n’étais pas très copain avec la poésie mais à vrai dire, je n’étais pas très copain avec l’école en général. J’aime lire, j’aime le regard que certaines personnes posent sur le monde et du coup, j’aime entendre des gens raconter comment ils le voient et le vivent ; les poètes et les poétesses le font très bien. Je lis beaucoup d’auteurs et d’autrices ; c’est une véritable colonne vertébrale pour moi ; j’ai même ouvert La Maison de la Poésie en Normandie en 2015 ; j’en ai donc beaucoup rencontré et je dois dire que ce sont des gens qui font du bien à l’âme. J’essaie de me nourrir de ces gens-là.

(c) Frank Loriou

(c) Frank Loriou

Dirais-tu que tu as précisé les choses d’un point de vue musical sur « Souffle(s) » ?

En tout cas, il y a eu des avancées ; c’est sûr. Mon précédent album « Aux Lendemains » parlait beaucoup du passage de l’enfance à l’âge adulte et donc de l’acte du grandir. Pour « Souffle(s) » qui est très cinématographique et très organique, nous avons beaucoup cherché musicalement parlant. Le souffle est omniprésent dans toutes nos musiques. Tout ce qui vient du corps humain est là. C’est un album que j’ai voulu dans le lien et dans le soin. Nous avons travaillé des mises en son : les grosses caisses sont des battements de cœur, les caisses claires sont des caresses, la respiration est là tout le temps mais de manière rythmique. Nous nous sommes amusés à raconter des histoires de manière assez subliminale dans la musique et dans le décor sonore.

A quoi fait écho le titre de ton nouvel album ?

C’est un album qui a été écrit dans un monde qui a retenu sa respiration et c’est un disque que j’ai voulu tourné vers la vie. Cet album est une traversée du premier souffle au dernier en passant par le second. Je vais bientôt avoir 40 ans, cela représente la mi-temps de ma vie, c’est le moment d’avoir un second souffle pour avancer de nouveau par rapport à ce que nous avons traversé et ce que j’ai vécu. Par ailleurs, je trouve que le souffle est de l’ordre de la magie ; il y a pas mal d’actes psycho-magiques autour du souffle comme par exemple le fait de souffler sur ses mains pour les refroidir quand on se brûle ou à l’inverse pour les réchauffer quand on a froid, ça reste un souffle, il y a donc de la magie et j’aime bien essayer de m’aventurer dans un espace magique.

Quelles thématiques abordes-tu sur ce disque ?

Si c’était une pièce de théâtre, cet album pourrait se dérouler en trois actes ; c’est vraiment ce que nous avons vécu durant ces deux dernières années. Dans un premier temps, j’ai écrit des « chansons mercurochrome » car nous avons tous ressenti un besoin de légèreté après cette pandémie ; c’est un peu l’idée d’un souffle que l’on ferait sur une croûte sur un genou ; quelque chose qui ne soigne pas mais qui soulage. J’avais envie d’écrire des chansons plutôt légères et humoristiques afin de se marrer un peu. Ensuite, nous avons eu besoin de liens car nous en avons vraiment manqué durant les confinements. J’ai voulu mettre d’autres gens à l’honneur notamment par le biais des liens amicaux mais aussi les personnes âgées qui m’ont vraiment manqué car je passe beaucoup de temps avec ces gens-là ; ils étaient sous leur cloche et j’ai trouvé ça dur ; j’ai souhaité leur rendre hommage. « Souffle(s) » est également un album de révolution et de révolte ; de manière plus large mais aussi intérieure. Ca a été très dur quand nous avons été qualifiés de non-essentiels. J’ai participé au mouvement d’occupation d’un lieu de théâtre que nous avions ouvert à plein de gens et j’ai beaucoup écrit durant ce souffle de révolte afin de parler de combats que chacun et chacune peut s’approprier. C’est aussi un album qui parle beaucoup d’amour.

(c) Frank Loriou

(c) Frank Loriou

Comment décrirais-tu le propos généralement contenu dans tes textes ? En écoutant ta musique, j’ai ressenti un engagement mais cela peut se traduire sous différentes formes…

C’est tout à fait cela car il y a différents types d’engagement. Je parle de la vraie révolution, de la manière dont nous avons été traités, méprisés mais également de révolution intérieure. J’ai connu une petite fin du monde dans ma vie au milieu de cette grande fin du monde, cela m’a beaucoup chamboulé, j’ai regardé tout ce que j’avais traversé afin de savoir où j’en suis maintenant et voir comment j’ai envie d’avancer après. La puissance de la douceur serait le vrai thème fort dans ce disque ; beaucoup de gens considèrent la douceur comme de la faiblesse ; de la mièvrerie ; or, je trouve que c’est quelque chose de très puissant, de très fort, même d'un peu sauvage parfois tout en étant très doux, il y a une dualité et j’aime naviguer entre cet équilibre-là.

Développes-tu la casquette « conteur » sur scène ?

Venant du théâtre, j’aime les monologues, l’oralité et donc oui, il y a certainement quelque chose qui est de l’ordre du conteur car je raconte des histoires et souvent c’est une petite histoire dans la grande histoire.

Présentes-tu tes morceaux dans un décor particulier ?

Pour moi, la musique est un décor sonore ; une chanson est comme une pièce de théâtre dont les personnages seraient des mots et la scénographie serait la musique. Les instruments peuvent immédiatement développer un imaginaire chez quelqu’un qui va se fabriquer un monde ; un univers ; et à l’intérieur de cela, je viens y glisser mes mots.

(c) Frank Loriou

(c) Frank Loriou

Aimerais-tu voir plus grand en termes d’écriture ?

Je me suis toujours dit qu’un jour, j’écrirai un roman ; c’est quelque chose que j’aimerais beaucoup car j’en lis énormément. J’ai déjà écrit des nouvelles et un recueil de poèmes mais ils n’ont pas été publiés. Comme je suis très curieux, j’aimerais m’aventurer dans ce monde sans fin de l’écriture.

Quels sont les artistes qui ont fait ta culture musicale ?

Je suis un gamin des années 90, j’ai été biberonné au Rap Français ; mes premiers groupes au collège et au lycée s’illustraient dans le Rap conscient ; j’ai écouté IAM et NTM ; ces groupes m’ont donné les clés du flow, de l’écriture et de la révolte. J’ai aussi beaucoup écouté du Rock en français ; Noir Désir ; et de la chanson notamment Barbara, Léo Ferré…Je pense que si ces artistes étaient nés dans les années 90, ils seraient devenus des rappeurs et des rappeuses car ils jouaient avec les mots et ils y allaient avec la gouaille ; ils étaient hyper généreux sur scène, ils n’y allaient pas à l’économie.

Quels sont tes prochains projets ?

La tournée commence, nous allons jouer durant toute l’année à venir en France, en Suisse, en Belgique et certainement au Québec. Des clips sont prévus dont un en janvier. Il va y avoir des collaborations et des cartes blanches…Je vais présenter un nouveau seul en scène musical et théâtral au Scénobar une fois par mois jusqu’en avril. Je vais également traverser l’Atlantique en bateau et je vais écrire un journal de bord que je transformerai en concert ; c’est encore une autre histoire ; ça sera la grande aventure de mes 40 ans.

Rencontre avec Ben Herbert Larue au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de « Souffle(s) » !
https://www.facebook.com/ben.herbertlarue
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