Retrouvailles avec Tom York au Studio Luna Rossa afin de faire le point sur son best of baptisé « It’s A Fine Day » !
C’est devenu rare à notre époque de publier un best of…comment cette idée t’est-elle venue ?
J’y pensais depuis un moment déjà mais je me disais que c’était un peu prétentieux de sortir un best of quand on est artiste indépendant et que l’on n’a pas eu un énorme hit. Même si je ne suis pas superstitieux au niveau des chiffres, ils se sont alignés ; entre 2012 et 2022, j’ai publié 22 singles. Je me suis dit que j’allais conclure l’année avec ce best of qui me permet d’avoir un peu d’actu musicale en attendant la suite. C’est un peu le déclic des chiffres qui a fait le tremplin pour lancer la chose.
Quel regard as-tu sur ces dix années qui viennent de s’écouler ?
Quand je réécoute les premiers morceaux, je suis assez dur avec moi-même ; je me dis que les trois ou quatre premiers n’étaient pas géniaux. Il y a peut-être des titres que je n’aurais pas sortis en singles aussi. Quand on sort un best of, on est à l’instant présent et dans mon cas, on se rend compte qu’il y a une grosse différence musicale entre mes débuts très Dance et Electro et la musique plus Pop que je fais maintenant. Pour tout dire, j’ai même pensé à scinder ce best of en deux car je me suis dit que les personnes qui m’ont découvert avec mes trois ou quatre derniers singles n’allaient pas du tout comprendre ce qui se passe au début du disque. C’est quand même le grand écart. C’est comme s’il y avait une face A et une face B. Mes premiers morceaux ont vieilli ; la Dance vieillit toujours très mal ; mais plus on avance dans ma discographie, plus les morceaux pourraient dater d’aujourd’hui. Travailler avec de vrais instruments, vouloir une musique qui ne vieillit pas, c’est de l’ambition.
Ton style musical actuel te permet-il plus de liberté que l’Electro de tes débuts ?
On va dire qu’il ouvre plus de portes et j’ai pu le constater dès les premiers morceaux plus Pop notamment par rapport à des médias qui auraient refusé quoi que soit auparavant alors que là, ils ont prêté une oreille à mes titres. J’ai longtemps été mis dans la catégorie DJS parce que je faisais de l’Electro alors que j’ai très peu mixé et comme certaines radios ne diffusent pas ce type de musique, c’était non direct ; ils n’écoutaient même pas parce que ce n’était pas leur cible. En revanche, quand on passe à une production plus Pop ou plus variété, les gens ont une oreille plus attentive car c’est plus généraliste comme musique. La « face B » a donc permis d’ouvrir des choses.
Penses-tu que ce style évoluera encore sur tes prochains projets ?
Je vais rester sur une ligne Pop. Sur le best of, j’ai fait une nouvelle version du titre « It’s A Fine Day » mais c’est un petit clin d’œil, je ne vais pas retourner dans l’Electro. En revanche, ça me fait plaisir que les DJS qui me passaient en club il y a dix ans ne m’ont pas oublié car cette nouvelle version est jouée et elle se maintient dans les classements des titres les plus diffusés en discothèque depuis deux mois. S’il est certain que je ne referai pas d’Electro, je recontacterai peut-être des DJS afin d’avoir des remixes. A l’avenir, je vais tenter de mettre des petites sonorités Reggae sur des morceaux mais simplement par touches. Je pense que mon prochain projet sera très solaire.
Qu’est-ce que tu ne referais pas pareil par rapport à ton parcours ces dix dernières années ?
Je ne ressortirai pas « Senses » en single et je ne referai pas non plus le clip. Au final, je trouve que ce titre est très mauvais. Quand je le réécoute aujourd’hui, il me casse les oreilles et la voix du chanteur me hérisse le poil. Le clip aurait pu être très bien car il y avait l’ambition d’en faire un dans la même veine que celui qui illustrait « Honor » mais quand je le regarde maintenant, je ne vois que ses défauts. Nous n’avions pas le même budget, nous l’avons fait assez rapidement, les effets spéciaux ne sont pas top, l’éclairage n’est pas terrible, il y a plein de petits détails qui me choquent l’œil…et ce sont des choses que je n’aurai pas laissé passer à l’époque de celui qui a été réalisé pour « Honor » pour lequel j’avais l’œil partout. Pour celui de « Senses », j’ai délégué…ce que je n’aurais pas dû faire.
De quoi es-tu le plus fier ?
Le clip d’« Ultra Wave » qui a été une grosse aventure et que je referai avec grand plaisir même si je n’ai peut-être pas la même condition physique qu’en 2015. Egalement, le fait de ne pas avoir céder à la pression de médias sur certaines choses. J’ai toujours refusé de me « prostituer » pour avoir des diffusions quitte à en perdre. Je suis fier d’avoir gardé ma ligne de conduite et d’être resté maître du projet à chaque fois.
Pour reprendre le titre de ton best of, à quoi ressemblerait un fine day pour toi ?
Une journée sur une plage en Grèce…en tout cas, une journée en dehors de Paris que je trouve de plus en plus anxiogène et qui m’étouffe au niveau de la créativité. Dans cette ville, je suis constamment parasité par quelque chose autour de moi ; le stress, le bruit, la pollution, l’actualité…Pour faire de la musique, j’ai besoin d’être détendu et c’est vrai que Paris n’est pas l’endroit idéal pour moi.
Pourquoi as-tu voulu revisiter ce titre popularisé par Opus III en 1992 ?
C’est un titre que j’ai écouté en boucle à l’époque ; j’ai encore ma cassette 2 titres. En 2012, j’ai fait une nouvelle version de ce morceau que j’adorais vraiment en me disant qu’en plus un titre déjà connu pouvait aider à ouvrir des portes et qu’il fallait mieux le faire au début qu’en milieu de carrière. Refaire une nouvelle version en 2022 et appeler le best of « It’s A Fine Day », c’était un clin d’œil. Sans proposer véritablement de l’inédit, je voulais qu’il y ait un peu de neuf sur ce disque. 2012-2022, la boucle est bouclée.
Savais-tu déjà à l’époque où la photo qui illustre « It’s A Fine Day » a été prise que tu aimerais évoluer dans la musique plus tard ?
Non, je ne pense pas car sur cette photo, je dois avoir 4 ou 5 ans. En revanche, je me rappelle qu’à cet âge-là, j’adorais passer des disques. S’il y avait une fête à la maison, c’était systématiquement moi qui mettais la musique. Sur la photo, je pense que l’on avait dû me refuser un disque, je ne devais pas être content et j’étais parti dans mon coin pour bouder (rires).
Quels sont les artistes qui ont bercé ton enfance ?
Il y en a plein ! Tous les grands artistes des années 80 qui sont devenus des légendes : Michael Jackson, Madonna, Depeche Mode, Whitney Houston, George Michael, Prince…En France, j’aimais beaucoup Jeanne Mas, Lio, Mylène Farmer…Dans les années 90, j’ai écouté beaucoup d’Eurodance notamment 2 Unlimited mais aussi Mariah Carey.
Quels sont tes prochains projets ?
Un EP assez solaire est terminé et j’envisage d’en extraire deux singles ; le premier devrait arriver un peu en amont du printemps 2023. On verra l’année prochaine si j’ai produit d’autres choses entre-temps…