Retrouvailles avec Mademoiselle K au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur son nouvel album !
Même s’il y a eu le COVID entre temps, peux-tu nous dire pourquoi ton retour s’est-il fait attendre aussi longtemps ?
De manière générale, je mets un peu le temps et pour ce disque, il y a eu de vrais questionnements en ce qui concerne les arrangements. Le temps de la compo peut arriver très vite mais celui de l’arrangement est beaucoup plus long ; c’est le temps de l’orfèvrerie, de l’habillage des chansons ; et si j’ai toujours pris le temps pour cela, dans le cas présent, j’ai vraiment galéré sur du long terme pour les chansons « Les Trains » et « J’Rêve d'un Crs ». J’ai dû faire dix arrangements différents pour ce titre ; si je devais sortir toutes les versions, ça serait drôle car c’est un peu la fête foraine ; mais dans sa version album, « J’Rêve d'un Crs » est l’un des titres dont je suis le plus contente car il y a une modernité dans le son et c'est ce dont j’avais vraiment envie. Tout cela valait la peine et c’est vraiment cette chanson qui m’a fait me dire que j’avais besoin de bosser avec des réalisateurs.
Peux-tu nous en dire plus sur eux ?
J’ai travaillé avec Pierre Cheguillaume et Simon Quenea qui font partie du groupe Inüit. Cette collaboration a été intéressante car ils m’ont fait des propositions notamment au niveau des structures ou concernant le ton de ma voix et cela faisait longtemps que l’on ne m’avait pas fait faire cela. Je testé Pierre et Simon d’abord sur « Les Trains » à l'époque où je venais de terminer le report de la tournée spéciale « Ça Me Vexe ». Je suis allée les voir, je ne savais pas du tout où j’allais ni ce que nous allions faire, nous avons écouté beaucoup de sons, je leur ai parlé de toutes mes influences…Nous avons commencé « Les Trains », j’ai posé un guitare-voix et nous avons construit le morceau ensemble. Nous ne nous connaissions pas, nous avons joué comme de nouveaux camarades de jeux et c’était génial. Ils sont hyper drôles et ils ont une toute autre approche de la musique ; ça a été hyper important pour moi. Ce sont des inventeurs géniaux qui maîtrisent le son. Il y a eu une vraie complémentarité entre nous. Je suis très contente de ce qu’ils m’ont apporté.
Cette pandémie et surtout cette mise à l’arrêt forcée t’ont-elles fait douter de ton avenir artistique ou au contraire, t’ont-elles encore plus donné la niaque ?
Elles m’ont clairement fait douter. Depuis le « retour à la normale », on se rend compte que dans le milieu de la musique, plein de gens se sont barrés, je pense notamment aux techniciens, c’est un secteur qui a galéré tout comme la restauration. Pour ma part, je suis compositrice et je pense que quand on peut avoir plus de temps, c’est toujours mieux ; il vaut mieux en avoir trop que pas assez ; cela permet de pouvoir plus peaufiner les choses. Après chaque album, je me suis toujours posé la question de faire autre chose dans la vie ; ce n’est pas nouveau pour moi, ça fait partie de mon process. Je n’ai pas envie de faire des chansons parce qu’il faut que je bouffe sinon je pars du principe que ça serait de la merde. Pendant cette pandémie, je me suis sérieusement posé la question ; c’est comme s’il y avait eu une convergence des choses : le passage aux quarante ans, cet arrêt de tout, le fait de repartir…Je reviens cinq ans après et j’ai l’impression que plein de choses ont changé dans le business de la musique. J’ai le sentiment parfois d’être en décalage et en même temps, je sais l’énergie que ça demande de sortir un album en indé. Ces onze nouvelles chansons sont la seule chose dont je suis certaine et se sont elles qui me donnent la niaque. Je me dois de tout donner pour chacune de ces chansons.
Pourquoi ton sixième album s’intitule-t-il sobrement « Mademoiselle K » ? Serait-ce parce que ce disque c’est toi à 100% sans fard ?
En réalité, c’est « Mademoiselle K » par défaut car le postulat de ce disque est de ne pas avoir de titre et c'est à l’image de toutes ces questions sans réponses que je me suis posées durant la composition de ce disque ; j’ai été perturbée par cela alors que c’est la vie. C’est Julien mon manager qui m’a dit que je pouvais sortir un disque sans titre, il m’a énuméré des putains d’albums que j’adore. Si j’avais su ça, je ne me serai pas pris la tête. Avec ce sobre « Mademoiselle K », j’ai la sensation que la boucle est bouclée, je pense qu’il ne faut pas aller plus loin et derrière, il y aura peut-être un autre projet…Je fonctionne beaucoup par cycles de trois. Je sens que cet album marque la fin de quelque chose.
On pourrait dire que « Mademoiselle K » est un album d’amoureuse…Comment décrirais-tu cette femme en amour ?
Sans hésitation, je vais te dire que « Les Trains » est la véritable chanson d’amour de cet album. « Ta Sueur » va plus loin que ça, c’est une chanson d’intimité ; ce titre aborde le rapport extrêmement intime à l’autre. Je pense que je peux être une amoureuse très entière mais très dure aussi. Plus quelqu’un va entrer dans mon intimité, plus il va avoir accès à mon infinie douceur mais aussi à mes duretés ; et j’ai des vrais trucs qui piquent ; c’est quelque chose que j’essaie d’adoucir surtout dans ma relation à l’autre. Cet aspect-là est un peu évoqué dans « Ta Sueur ».
Ce « Garçon Bleu » qui donne son nom au second extrait a-t-il été ta « muse » pour ce nouveau pas discographique ?
C’est intéressant comme question ! Quand ce personnage est arrivé, il m’a fait un bien fou, ça a été un cadeau. Quand j’ai écrit ce titre, j’ai ressenti une énergie, une fraîcheur, quelque chose de simple et je me suis même dit qu’on me refilait une chanson qui existait depuis très longtemps. « Garçon Bleu » m’a vachement dérouillé dans l’écriture et j’avais besoin de cela car j’ai longtemps buté sur ce que j’allais dire et raconter ; il y a eu beaucoup d’autocritique et j’ai dû me battre afin de lui dire au revoir. J’avais conscience d’avoir asséché la machine et quand « Garçon Bleu » est arrivé, je me suis détendue avec l’écriture et j’ai repris un rythme. Je n’ai pas vraiment su qui était ce garçon bleu mais ce n’était pas le propos, le principal étant ce qu’il m’a apporté.
« Mademoiselle K » navigue-t-il entre fantasmes et réalité ?
J’adore fantasmer et me faire des histoires ; c’est un moteur. « J’Rêve d'un Crs » est un fantasme de ouf. J’aime ce titre pour son thème et pour ce qu’il dit. Je me sens dans mon époque avec cette chanson et en même temps, j’y projette plein de choses ; c’est pour cela qu’elle est intéressante. Dans cette chanson, il y a du fantasme pour un homme d’une virilité douce et belle. Pour moi, la vraie virilité se trouve dans la puissance posée qui enveloppe les autres. « J’Rêve d'un Crs » est pleinement utopiste et en même temps, dans ce morceau, il y a une vraie envie d’avoir des forces de l’ordre qui nous protégeraient réellement. Par ailleurs, « Vercors Hardcore » est un autre fantasme pas du tout consommé ; je suis partie dans un délire cul et géologie. Je me suis marrée en écrivant ce texte avant de me rendre à un stage de parapente. J’assume totalement de faire de la pub pour le Vercors et si demain cette région prend ma chanson pour une campagne promotionnelle, ils peuvent y aller et j’espère bien que j’y serais invitée. Amour Vercors et ses habitants !
Outre d’amour, de quoi parles-tu sur ce disque ?
Pour moi, « Chloroforme » symbolise à la fois l’endormissement et le grand réveil ; j’y aborde qui je suis. Sur ce disque, je parle notamment du fait de gérer tout ce qui déborde de nous, de frustration, de lâcher-prise, de l’exploration de nos intimités, de nous dans le monde…
De quelle manière as-tu abordé le confinement dans « Gratin De Tendresse » ?
Dans cette chanson, j’aborde la première phase de ce confinement que nous avons tous vécu et je n’ai pas du tout voulu mettre de gravité dans ce texte car nous en avons eu assez comme cela. J’avais le refrain de « Gratin De Tendresse » bien avant le confinement mais je n’avais pas du tout d’histoire et quand nous avons été confinés, ce texte est bien la seule que j’ai pu écrire. Nous étions en plein dedans et j’ai voulu raconter cela avec légèreté. J’ai voulu ne garder que le meilleur dans cette chanson.
Peux-tu nous définir ce qu’est une trafiquante de crêtes ?
Des fans ayant participé à ma campagne Ulule et même mon manager pensaient vraiment que je parlais de l’aspect Punk des crêtes car j’en avais mis lors d’une tournée mais en fait, non, je suis complètement dans les montagnes dans cette chanson. J’ai écrit « Trafiquante De Crêtes » en juin 2021 en revenant d’une rando de deux semaines sur le GR10 dans les Pyrénées qui sont mes montagnes de cœur. C’était génial même si j’en ai chié avec mon sac qui était beaucoup trop lourd (rires). Quand tu arrives en haut d’une crête, c’est vraiment grandiose. L’air de rien, la montagne est pas mal présente sur cet album même si « Garçon Bleu » est une chanson de mer.
Comment symboliserais-tu l’univers de ton sixième opus avec quelques adjectifs ?
Ambitieux, coloré, profond, pointu dans les deux sens du terme, moderne, Rock 2022 et populaire.
Qu’aimerais-tu transmettre à ton public avec ce nouveau disque ?
Mes histoires car tant que j’en ai à raconter, je reviendrai. J’ai à cœur de partager mes émotions et mes kifs avec le public et j’ai envie que l’on se marre ensemble.
Mademoiselle K - Garçon Bleu (Clip officiel)
Mademoiselle K - Garçon Bleu (Clip officiel) Extrait du nouvel album Mademoiselle K disponible partout : https://mademoisellek.bfan.link/MademoiselleK.yde J'ignore jusqu'à ce jour par quelle magie