Rencontre avec Sarah Olivier au Studio Luna Rossa à l’occasion de la sortie de « Vortex » !
Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?
Je suis avant tout autrice car c’est la plume qui m’a donné envie de faire tout ce qui se passe là, compositrice à 50% parce que je travaille beaucoup avec mes musiciens avec qui je cosigne chaque morceau ; c’est nouveau pour moi ; et interprète ; la scène est ma drogue. Je suis également musicienne, je joue du piano et de l’harmonica. La voix demeure mon instrument principal ; j’ai commencé très jeune et je suis passée par toutes sortes de techniques principalement lyriques. J’ai aussi beaucoup été comédienne dans des projets très différents ; en compagnie, un peu au cinéma, j’ai fait du théâtre de rue, des marionnettes, des performances…Je dessine également beaucoup ; j’utilise notamment l’encre, le fusain, le crayon, le feutre mais aussi le grattage, le collage et des matières variées comme le sang, la viande, le charbon, le rouge à lèvres, le vernis…
As-tu très tôt été pluridisciplinaire ?
Je pense avoir été pluridisciplinaire dès mon plus âge car je chantais, jouais, dansais et écrivais déjà. Mes premiers poèmes vaguement chansons remontent à mes 4-5 ans. J’ai commencé tout de suite à me créer mon univers et ensuite, d’autres couches s’y sont superposées au gré des rencontres, des projets et des choses par lesquelles j’ai été inspirée.
Le Rock a-t-il été un courant musical évident pour t’exprimer ?
Non, c’est venu sur le tard même si j’ai toujours écouté du Rock depuis mes 12-13 ans. Auparavant, j’étais beaucoup plus dans la musique classique ; qui peut être très Punk par moments ; et dans les polyphonies internationales ; j’ai écouté énormément de musiques traditionnelles, de Jazz, de Blues, de la chanson française…J’ai commencé à plus me mettre moi-même dans l’énergie Rock quand j’ai commencé à jouer avec Stephen Harrison mon contrebassiste qui est Anglais. Nous nous sommes beaucoup produits en Angleterre et là-bas, ils consomment le Rock comme ici nous consommons du Beaujolais. C’est devenu quelque chose de naturel. Le Rock est rentré en moi et soit ça reste dans un coin soit ça sort et dans mon cas, il fallait que ça sorte. Par ailleurs, j’ai travaillé avec un ingé son Américain, je me suis familiarisée à l’anglais, j’ai vécu aux Etats-Unis et là-bas aussi, il y a du Rock partout. C’est plus facile d’avoir un orchestre Rock dans n’importe quel pub/bar qu’en France. Que ce soit aux Etats-Unis ou en Angleterre, c’est dans la culture. Je me suis dit que je voulais être une rockeuse moi aussi et je me suis lancée !
Tu as trois albums à ton actif, comment vois-tu ton évolution ?
J’ai toujours tenté des choses car j’aime bien prendre des risques. Je n’aime pas m’étiqueter moi-même car j’estime que la musique est un endroit de liberté. Quand on est une artiste comme moi qui se représente un peu comme un personnage sur scène, il y a quelque chose qui est de l’ordre de l’ouverture et de la liberté, il faut donc y aller ; oser est ma ligne de conduite. Mon tout premier album ; « Pink Galina » ; est un peu plus classique/traditionnel/chanson même si les textes sont déjà surréalistes et décalés. Pour moi, le second ; « Suck My Toe » ; est complètement débridé ; il y a sur ce disque une sorte d’énergie Rock lâchée. Le troisième ; « Vortex » ; est beaucoup plus intérieur et mature ; peut-être ; …même si ça me fait un peu chier de grandir et de vieillir mais bon, nous sommes tous obligés de passer par là (rires). Je sens qu’il y a en moi quelque chose d’un peu plus constant ; le travail est plus rigoureux, j’ai eu plus de temps pour ce troisième album ; cela étant dû aux confinements ; mes envies sont plus claires. Au-delà de tout ça, j’essaie toujours plein de choses avec ma voix, j’ai envie de m’amuser avec les styles notamment de rajouter de l’Electro…peut-être que mon prochain album sera de la romance Portugaise ; je n’en sais rien ; tout est ouvert.
Comment décrirais-tu ton univers ?
Mon univers est avant tout poétique ; il est également fantasque, libre, très féminin mais pas anti-hommes, surréaliste, auto dérisoire et moqueur ; en étant ironique sur soi et sur les autres.
Peux-tu expliciter le titre de ton nouvel album ?
J’ai eu une vision ; même si je ne suis pas complètement toquée. J’étais un peu perdue chez moi pendant ces confinements, je me posais des questions, je me demandais notamment ce que je foutais sur cette planète comme beaucoup d’entre nous, j’étais dans une sorte d’errance sur mon canapé et tout d’un coup, le mot vortex m’est apparu en blanc un peu comme dans une fumée. Je me suis dit que le cosmos me parlait. J’ai immédiatement écrit au Tipp-Ex ce mot comme il m’était apparu sur un carnet. J’ai écrit durant toute la nuit qui a suivi. Tout est venu logiquement ; vortex, le tourbillon, le néant, le trou noir, le cyclone de l’amour, de notre condition humaine, politique…Tout d’un coup, j’étais dans le vortex. Par ailleurs, j’aime bien ce mot.
De quoi parles-tu dans tes nouvelles chansons ?
De vortex, justement, la boucle est bouclée (rires). Pour moi, chaque chanson de cet album est comme un élan ; comme si j’étais propulsée sur un tremplin ; c’est une invitation au départ, à une projection quelque part. Dans les thèmes un peu obsessionnels, beauty revient pas mal ; comme s’il y avait une recherche de beauté car quand nous étions enfermés, cette histoire-là m’a pas mal travaillé. Je me suis posé des questions sur ce qui me manquait, quelle était ma quête dans la vie…je me suis intéressée à la beauté avec un grand B, la beauté presque métaphysique car la beauté physique, on s’en fout ; ce qui nous nourrit, nous fait du bien, nous rassemble les uns les autres. En même temps, j’avais envie de bouger, j’avais besoin de grands espaces et de décollages ; on retrouve cela dans les musiques mais aussi dans les textes dans lesquels il y a des envolées.
« Vortex » a quelque chose d’intemporel d’un point de vue musical, as-tu voulu que ce disque soit « hors du temps » ?
Ça me touche vachement que tu me dises cela car au fond, j’essaie vraiment de retranscrire une intemporalité que l’on peut retrouver dans l’art, la poésie, la peinture, le cinéma et évidemment dans la musique. Quelque chose qui nous parle, qui vient d’un sentiment très personnel, très profond devient universel, il parle alors à tout le monde et il n’a pas de temporalité précise. Pour moi, c’est exactement cela. Si on le ressent, youpi car ce n’est pas évident !
Cet album appelle à l’interprétation incarnée sur scène, as-tu prévu des choses dans ce sens pour défendre ton album ; va-t-il y avoir une scénographie particulière lors de tes concerts à venir ?
Oui, il y en a toujours car c’est très important pour moi. Il y a un gros travail de costumes et de lumières. Mes concerts sont vraiment comme des shows même si ça se calme au fur et à mesure des années car au début, il m’arrivait de me changer trois ou quatre fois pendant un spectacle ; il y avait notamment un système de poulies à la batterie qui me descendait des faux-culs de marquise et j’avais des coiffes pas possibles. Je m’auto-contrains à ne pas être trop dans le show un peu burlesque et cabaret afin d’être dans quelque chose d’un peu plus essentiel mais néanmoins excentrique. Je suis en train de travailler sur la conception de ce costume et ce n’est pas une mince affaire. Sur scène, il y aura une scénographie, il s’y racontera des tas de choses, il y aura beaucoup de contacts entre les musiciens mais aussi avec le public ; ça sera une sorte de communion ; de grande messe chamanique foutraque ; entre la scène et le public, mon but étant que tout se confonde.
Si « Vortex » n’avait pas été illustré par une photographie mais par une peinture, qu’aurait-elle pu représenter ?
Un squelette mais très drôle un peu comme les squelettes Mexicains ! J’en ai énormément dessiné pendant les confinements ; j’étais dans les os jusqu’aux os ; j’étais obsédée par ça. C’est la fin et le début, le plein et le vide, le blanc et le noir, le grand rire macabre et en même temps un pied de nez à la mort…Le vortex, c’est aussi tous ces contrastes.
Quels sont tes prochains projets ?
Plein de choses arrivent ! Un second clip sortira le 15 septembre, trois singles seront en playlist sur FIP, je serai en concert au Café de la Danse le 11 octobre, un troisième clip est prévu pour novembre et un vinyle live paraîtra en décembre. Je joue également avec Rimendo qui est un quintet de Jazz et nous sommes en train d’enregistrer « La Furie » notre second album dont j’ai écris les textes et ils ont été mis en musique par Virginie Peyral qui est la pianiste du groupe. J’ai présente également « L'AMBIGÜ[E] » d’après un texte de Roland Topor que nous avons réadapté pour une femme et pour une marionnette et je serai normalement au mois de mai 2023 au Festival International de Marionnette à Montréal. En parallèle à tout cela, j’ai un projet d’opéra Rock que je suis en train d’écrire et je planche déjà sur mon quatrième album. J’ai vachement de trucs à faire !
![Vortex par Sarah Olivier, Jérémy Lainé, Raphaël Dumas & Stephen Harrison](https://image.over-blog.com/kBcGMFo9wq4Lsqb1ur6QnARS12E=/170x170/smart/filters:no_upscale()/https%3A%2F%2Fis4-ssl.mzstatic.com%2Fimage%2Fthumb%2FMusic122%2Fv4%2Fe3%2Fc9%2Fa9%2Fe3c9a935-37ba-3ed1-c472-c837a00add3d%2Fcover.jpg%2F1200x1200bf-60.jpg)
Vortex par Sarah Olivier, Jérémy Lainé, Raphaël Dumas & Stephen Harrison
Écoutez Vortex de Sarah Olivier, Jérémy Lainé, Raphaël Dumas & Stephen Harrison sur Apple Music. Écoutez des morceaux comme " Give me your Beauty ", " Rose Garden " et bien plus encore.