Rencontre avec Pierō au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution d’« Ulysse » !
Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?
Je suis auteur, compositeur et interprète. Mon instrument de cœur est le piano ; c’est mon meilleur ami. Avant de présenter ce projet solo, j’ai cofondé le groupe Catastrophe.
Quel a été le déclic pour te lancer en solo il y a quelques mois ?
Il n’y a pas eu de déclic spécifique ; je pense que c’est l’aboutissement d’un long processus souterrain de maturation. Avoir le courage d’assumer quelque chose en son nom propre, cela prend énormément de temps. Avant de défendre un projet tout seul, j’ai du dépasser certains blocages psychologiques que j’avais. Grâce à mes proches, mes amis et mon groupe qui aimaient ce que je faisais et qui m’ont poussé, je suis capable aujourd’hui d’assumer un projet en mon nom ; ce qui n’était pas du tout évident auparavant.
Comment a été accueilli ton premier titre intitulé « Sans Le Son » ?
J’ai été très agréablement de l’accueil réservé à « Sans Le Son ». Ça a été très gratifiant pour moi d’avoir des retours d’autant qu’ils ont été très chaleureux. Des gens ont partagé ma musique ; c’est quelque chose de très important car je ne suis pas spécialement accompagné et ce qui fait voyager la musique, c’est l’enthousiasme des personnes qui en parlent à d’autres et qui partagent la musique sur leurs réseaux sociaux. En ce qui concerne « Sans Le Son », ce qui est revenu le plus, c’est la douceur inhérente à cette chanson. Dans ce monde très chaotique, très bruyant, très déstabilisant, la musique à un rôle de réconfort, elle agit comme une sorte de bulle ; de refuge ; de calme dans laquelle les gens peuvent se lover ; se réfugier.
Pourquoi as-tu choisi ce titre en particulier pour lancer ton projet personnel ?
Tout d’abord, ça me semblait intéressant de commencer avec un morceau qui s’intitule « Sans Le Son ». Il faut savoir que quand je compose de la musique, quand je chante ou quand je joue du piano, laisser un temps est la première chose que je fais. Je me pose et j’écoute le silence ; je pense que c’est un préambule nécessaire à n’importe quelle musique. Commencer par un silence ; un morceau qui s’appelle « Sans Le Son » ; faisait sens.
De quoi parle « Ulysse » ton nouveau single ?
« Ulysse » parle de ce monde très bruyant dans lequel nous vivons. Nous sommes sans cesse tiraillés par des notifications dans nos téléphones mais aussi par des désirs qui nous sont un peu imposés. Souvent, je pense à Ulysse qui, quand il entend le chant des sirènes, demande à ses marins de mettre de la cire dans leurs oreilles et de l’attacher au mât. Pour moi, le chant des sirènes représente ce flux d’informations qui nous parvient en permanence. Il faut gérer tout cela et parfois, on a tout simplement envie de tracer sa route afin de suivre son cap comme Ulysse. Ça faisait très longtemps que je souhaitais faire un morceau sur Ulysse car ce mythe me semble très moderne et très pertinent aujourd’hui.
Peux-tu nous parler de sa mise en images ?
Ce clip a été réalisé par Martin Schrepel qui m’a vraiment aidé à développer et à préciser l’aspect visuel des choses afin d'aller plus loin. J’avais simplement l’idée de la rotation et Martin a complètement transfiguré cela. Dans cette vidéo où je tourne sur moi-même à l’aide d’une tournette, Martin a apporté l’idée du mât mais aussi son esthétique à la pellicule. J’aime beaucoup ce grain-là.
Comment nous décrirais-tu ton univers ?
J’ai une idée très précise de mon univers que je vois comme quelque chose de minimal, de ouaté, de blanc, comme de la porcelaine qui est un matériau que j’aime beaucoup. C’est un refuge de douceur.
Ce que tu proposes artistiquement s’inscrit-il dans la lignée de ce que fait Catastrophe ?
J’imagine qu’il y a des échos mais c’est assez différent ; néanmoins ; ne serait-ce que visuellement car dans Catastrophe, nous sommes dans une esthétique multicolore et très joyeuse. Je pense que toute la mélancolie ou toute la fragilité que je ne peux pas exprimer dans Catastrophe se retrouve dans ce projet solo. Dans Catastrophe, je suis entouré d’amis, j’ai envie de rire, d’être léger, de faire de la musique dansante et quand je me retrouve seul, c’est peut-être quelque chose de plus intérieur qui s’exprime.
Que retrouve-t-on dans ta culture musicale ?
J’aime énormément la musique et j’ai beaucoup de références et d’inspirations…peut-être trop pour n’en citer que quelques unes. On retrouve des choses très différentes dans ma culture musicale car je suis très éclectique. Comme je joue du piano, je reviens toujours à la musique classique ; je pense que c’est quelque chose qui m’a défini ; c’est un peu une matrice pour moi. J’aime beaucoup le Jazz également ; en ce moment, j’écoute pas mal Bill Evans. En ce qui concerne des références plus Françaises, j’aime la modernité que Christine and The Queens arrive à donner à notre langue. Pour donner quelques noms « plus traditionnels » : Léo Ferré et Charles Aznavour. Dans le Hip Hop, j’aime notamment Kendrick Lamar et Chance The Rapper.
Qu’annoncent « Sans Le Son » et « Ulysse » ?
Ces deux titres annoncent un format plus long ; je ne sais pas pour l’instant s’il s’agira d’un EP ou d’un album ; ainsi qu’un concert qui aura lieu le 29 septembre aux Trois Baudets.
Comment appréhendes-tu la scène tout seul ?
C’est nouveau pour moi car j’ai toujours été accompagné par mon groupe qui me donne beaucoup de force sur scène. Quand on est tout seul, on doit tout porter sur ses épaules ; ce qui est aussi une chance car cela permet de plus maîtriser les choses afin de présenter quelque chose de plus dessiné, de plus précis. J’envisage le live comme un seul en scène presque théâtral. J’ai envie ; par exemple ; de m’inspirer du mime Marceau que j’aime beaucoup pour incarner physiquement les chansons. J’ai à cœur d’expérimenter plein de choses notamment la danse. J’ai envie d’avoir ce côté radical d’être seul sur une scène afin de présenter quelque chose de très minimal.