Rencontre avec Lucas du groupe MoHican au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de l’album « Les Autres » !
Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?
Je suis chanteur, auteur, compositeur et multi instrumentiste ; j’ai commencé par la batterie avant de m’intéresser à la guitare et à la trompette. J’ai fait plein de choses différentes notamment le conservatoire à Rennes en Jazz. La composition est vraiment ce qui m’a toujours intéressé dans la musique.
MoHican a-t-il toujours été un projet de groupe ?
J’ai commencé à écrire des textes dans ma chambre pour ce projet perso il y a environ sept/huit ans avant de les jouer et de les défendre sur scène avec d’autres musiciens depuis quatre/cinq ans. Si à la base, j’ai tout composé tout seul avec mes outils MAO, mon synthé et mon ordinateur, dès le début, j’avais à l’esprit de défendre ces morceaux avec d’autres personnes. A l’heure actuelle, nous sommes quatre dans MoHican. Pour ma part, je chante et je joue de la trompette, Stéphane Rama qui est le premier musicien à avoir rejoint le projet joue de la basse, Ronan Despres est à la batterie et aux Pads et Loïc Loew est aux claviers et à la production.
Pourquoi avoir choisi MoHican comme nom de scène ?
C’est assez simple ; c’est un nom que j’ai choisi il y a pas mal d’années avant-même que le projet existe. Je suis assez attaché à la sonorité et à l’esthétique des mots et j’ai toujours trouvé que mohican était un mot intéressant à dire et à entendre. Par ailleurs, je trouve que l’univers de sens auquel il renvoie est assez intéressant également ; on pense notamment à la tribu, au clan, à la nature…ce qui correspond bien à ce projet et à l’image que j’ai de la musique.
Après deux EPS, vous avez publié un premier album début juin, pourquoi y avez-vous majoritairement inclus d’anciennes chansons et sont-elles restées dans leur « jus » initial ?
Sur le tout premier EP qui est sorti, j’étais tout seul avec mes machines ; l’enregistrement s’était fait uniquement avec mes outils MAO et le chant. Nous avons sorti le second EP pour les Trans Musicales et c’était un peu un mix entre la MAO et les gars qui jouaient. Pour l’album, nous avons repris tous les morceaux, nous les avons un peu réarrangés et pour le coup, ce ne sont que les musiciens qui jouent. Nous avons tout refait ensemble. Ce disque est un peu rétrospectif car il y a des anciens et des nouveaux titres.
Cet album s’intitule « Les Autres », est-ce parce que vous êtes plus inspirés par l’extérieur ; le monde qui nous entoure ; que par l’intérieur ; l’introspection ?
Pas forcément. C’est aussi le titre de l’une des chansons et je trouvais intéressant de baptiser l’album ainsi. Comme on dit, l’enfer, c’est les autres mais c’est surtout le paradis car si on y réfléchit, nos meilleurs moments se créent avec les autres. J’aime bien ces notions un peu paradoxales et puis, quand on fait de la musique, c’est pour la partager avec des gens. J’aimais bien le fait que l’album porte le nom de cette idée-là.
Quelles thématiques retrouve-t-on sur ce disque ?
Les deux grands thèmes sont moi-même et la question sociale qui m’intéresse dans le sens où je raconte un peu ce que je vois et le regard que je pose sur ce qui se passe autour de moi.
Dirais-tu que MoHican fait de la musique engagée ?
On me dit souvent cela mais je ne suis pas fan de cette dénomination-là car je trouve que ce mot ; engagé ; est une coquille vide. Comme il y a mille manières d’expliquer ce terme, pour moi, ça ne suffit pas de dire que je suis un artiste engagé. En revanche, ce qui est certain, c’est que dans mes chansons, j’aborde des questions/des thèmes qui peuvent renvoyer au militantisme. Le fait de questionner les postures est ce m’importe beaucoup dans ma manière d’écrire. Il y a plein de façons de s’engager dans le monde ; être militant en est une. Je trouve ça assez risqué de dire que je suis engagé mais que toi, tu ne l’es pas. Mon idée n’est vraiment pas de dire ce qu’il faut faire ou ce qui me paraît le mieux.
D’où te vient cet amour évident pour les mots ?
Il y a une filiation car mon père fait de la musique et écrit des chansons. J’ai des souvenirs d’enfance de mon père qui nous racontait des histoires en jouant de la guitare. On chantait et on faisait des bœufs avec lui. La voix était déjà présente tout comme le fait d’écrire des choses. Je pense que cela me vient de cette habitude-là et ensuite, j’ai écouté beaucoup de chanteurs ; de la chanson en français mais aussi du Rap. J’ai toujours eu un goût pour les mots et même si j’adore aussi la musique anglophone, je trouve ça hyper intéressant de pouvoir cumuler à la fois les émotions provoquées par la musique et celles générées par les mots et ce cumul n’existe que dans la langue que l’on comprend.
Comment synthétiserais-tu l’univers de MoHican avec des adjectifs ?
Sans aucune prétention, j’aimerais que cet univers soit quelque chose de singulier, d’honnête et de juste ; et je travaille pour cela.
Qu’aimerais-tu que les auditeurs retiennent de ce premier album ?
Dans notre musique, il y a une sorte de métissage entre une production un peu numérique, de vrais instruments, des textes en français, une attention au niveau de l’écriture et pour ma part, j’aime cette particularité. J’ai toujours apprécié la singularité dans la musique et c’est ce que j’aimerais transmettre avec MoHican.
Quels sont vos prochains projets ? Il me semble que vous en avez notamment dans le chansigne…
Nous serons en concert ce samedi 10 septembre au festival musical Lpaf en Suisse et le 25 novembre au Club à Rodez. Et oui, tout à fait, le spectacle va être totalement chansigné ; nous venons de terminer une créa lumières autour de cela et plusieurs dates sont prévues cet hiver. Nous allons être accompagnés par une chansigneuse très talentueuse qui apporte une dimension supplémentaire au spectacle. La langue des signes est très imagée et elle incarne beaucoup cela. Comme nos chansons sont assez allégoriques avec beaucoup d’images, ça marche vraiment bien. Le chansigne permet de se plonger encore plus dans notre univers de façon immersive. Ce projet nous tient vraiment à cœur. A partir d’octobre, nous rentrerons en période de création afin de préparer la suite…