Rencontre avec Anthony Kavanagh au Studio Luna Rossa afin de parler musique !
A l’écoute de ton premier EP, la première question m’est apparue évidente…Pourquoi ; mais POURQUOI ; ne t’es-tu pas lancé dans la chanson plus tôt ?
Tout d’abord, merci ! J’ai toujours chanté dans mes spectacles mais aussi à la télé dans des émissions spéciales et j’en ai eu marre de chanter les chansons des autres. C’est un rêve que je caressais depuis mes débuts. Mon premier amour a été l’humour et tout de suite après, ça a été la musique. Quand j’ai commencé ma carrière au Canada, j’ai même hésité. A l’époque, le choix le plus judicieux était de faire de l’humour au Québec car je savais que cela allait être un tremplin qui me permettrait de faire de la radio, de la télé, de la fiction, d’animer toute sorte de galas et de gagner ma vie. Je pensais que l’humour allait même m’ouvrir la porte de la chanson une fois que « le bel accident » est arrivé ; l’Europe ; mais à chaque fois, il y avait quelque chose qui me faisait reporter le projet. Début 2006, j’ai fait un album en français mais il était rattaché à un spectacle. J’ai chanté également dans des films d’animation tels que Vaiana, le dernier Aladdin, La Princesse et La Grenouille…
Y-a-t-il eu un déclic pour composer « Finally » ?
Je me suis fait une bucket list ; une liste des choses que j’aimerais faire avant de mourir ; et je me suis dit qu’il était temps de sortir ce disque car la cinquantaine approchait. Avec le COVID, j’ai eu le temps. C’était maintenant ou jamais mais je connais aussi ma France et je sais que l’on aime y mettre les gens dans des cases. Cela a déjà pris douze ans avant que l’on accepte que je sois multicarte. Je me souviens d’avoir fait un showcase à Paris en 1997 devant tous les plus gros producteurs et ils sont tous sortis en disant que ça ne marcherait jamais ; que ce n’était pas de l’humour, ils ne connaissaient pas encore le stand up, ils se demandaient pourquoi je parlais au public ; pourquoi je mélangeais humour, chant, bruitages, danse ; heureusement, ils ont eu raison (rires). « Finally » est un projet passion qui n’est pas sorti officiellement en France mais au Québec car je savais que l’on ne m’y demanderait pas pourquoi je chante et également en Suisse car il y a là-bas une ouverture d’esprit qui situe ce pays entre le Québec et la France. Je voulais kiffer, j’ai investi, j’ai formé mon équipe ; des gens plus talentueux que moi et qui avaient plus d’expérience dans ce domaine-là ; et ça m’a fait du bien d’être le jeune dans un nouveau projet ; j’avais 20 ans même si j’étais le plus vieux dans le studio. C’était passionnant ; j’étais un gamin entouré de mecs ultra talentueux qui m’ont aidé à façonner ma vision de cet EP.
As-tu su très rapidement ce que tu voulais d’un point de vue musical ?
Comme je chante en anglais, je savais que l’on n’allait pas me comparer à des artistes francophones mais internationaux. De ce fait, j’avais deux conditions sine qua non en entrant en studio : il fallait qu’au niveau de la prod, ça soit irréprochable et au niveau de la voix aussi. Je voulais être fier de mes chansons. J’ai œuvré avec John Nathaniel qui est un petit génie ; il a travaillé notamment avec OneRepublic et Shawn Mendes. Je l’ai choppé au bon moment avant qu’il explose et qu’il ne soit trop cher (rires). Marc Dupré qui est une mega star au Québec est l’autre homme très important dans ce projet. C’est une sorte de Jean-Jacques Goldman au Québec, il était encore récemment numéro 1 et Marc était auparavant humoriste dans les années 90. Il a un cœur gros comme ça, c’est un super mélodiste et c’est lui qui m’a présenté John.
L’anglais pour t’exprimer a-t-elle été une évidence ?
Oui car quand j’ai fait mon album en français, à l’époque, Robbie Williams était au top en Europe et en Asie et sa personnalité me plaisait dans le sens où c’était un chanteur qui aurait voulu être un humoriste ; il chantait, il faisait des vannes, il ne se prenait pas au sérieux comme des crooners Américains tels que Frank Sinatra, Dean Martin et Sammy Davis des décennies auparavant. Je me voyais bien être comme cela sur scène. Je voulais chanter et parler au public mais comme on le sait bien, il y a des quotas en France et c’est pour cela que j’avais dû créer un show concept où tout était mélanger pour que ça passe. Cette expérience-là est restée dans ma tête et je ne voulais pas revivre cela même s’il y a des quotas encore plus stricts au Québec puisque c’est 65% de musique francophone. En sachant cela, je l’ai fait quand même car je voulais m’exprimer en anglais. J’ai toujours chanté plus naturellement et plus facilement en anglais d’autant que mes références sont anglophones. En revanche, je ne dis pas que je ne chanterai jamais en français…
T’es-tu investi dans l’écriture de tes morceaux ou as-tu fait confiance à des auteurs ?
J’ai co-écrit et co-composé toutes les chansons sauf une où je n’ai que écrit le texte. J’étais présent en studio du début jusqu’à la fin ; aux arrangements, au mixage…
De quoi parles-tu sur « Finally » ?
A l’origine, « Let You Go » parlait du fait de lâcher l’égo qui est nôtre pire ennemi ; nous sommes notre meilleur ami et notre pire ennemi ; et finalement, cette chanson aborde le fait de larguer toutes les relations toxiques qu’elles soient amoureuses ou professionnelles. « Got It » parle du fait d’accepter sa part d’ombre ; en Asie, on dirait la voix du milieu ; on ne peut pas qu’être dans la lumière, un être équilibré possède ces deux côtés et il avance avec. « All About You » est une chanson sur ma fille ; Alice mon pays, ma merveille ; c’est une chanson qui aborde l’amour d’un père pour sa fille. « No Man Ever Told Ya » est une chanson pêchue parfaite pour l’été dans laquelle un homme qui a connu beaucoup de femmes trouve la bonne et une femme qui attire beaucoup d’hommes trouve le bon également. L’homme lui promet de lui dire toutes les choses que les autres hommes ne lui ont jamais dites. « Alone » aborde la solitude. Le début de l’inspiration pour ce titre est venu d’une crise d’angoisse il y a plusieurs années ; c’est quelque chose qui enveloppe et écrase et on se sent seul au monde face à cela. Pendant les confinements, je me suis rendu compte que beaucoup de personnes étaient seules et cette solitude est devenue plus générale. Plus nous sommes reliés partout grâce à Internet, moins nous avons de vrais contacts physiques avec les gens ; tout est dans le virtuel. L’inspiration pour « I Choose You » est venue de ma rencontre avec ma femme il y a une vingtaine d’années. C’est elle que j’ai choisie. C’est une chanson hyper festive qui permettait un coup de frais après le COVID. « Outta My Mind » aborde la manipulation de masse depuis que nous sommes gamins et à cause de ces mensonges, on ne peut pas vraiment être soi-même dans cette société. On nous dit comment et quoi faire et cette chanson illustre le fait de dire stop.
Ce premier EP est sorti en octobre dernier, quels ont été les retours les plus fréquents du public et des médias ?
L’étonnement, la surprise. Le premier single a été classé numéro 1 à la radio au Québec durant près de deux mois. Personne ne m’attendait là. Les gens étaient surpris des arrangements et de ma voix. Les retours ont été très encourageants. En France, on me demandait pourquoi ce disque ne sortait pas ici…J’y pense de plus en plus pour le prochain.
As-tu déjà la suite en tête ?
Non, pas encore car je me suis concentré sur mon spectacle d’humour qu’il a fallu monter et jouer durant trois mois à Paris. Je ne voulais me disperser. Par contre, cet été, je vais commencer à réfléchir au prochain disque et à ce dont j’ai envie de parler. Comme pour l’humour, j’ai besoin de vivre des expériences pour les retranscrire.
« Let You Go » a bénéficié de plusieurs remixes très différents, était-ce une façon de montrer que plusieurs voies s’ouvraient à toi pour l’avenir ?
Tu as bien fait ton travail ; tu as même écouté les remixes ; bravo ! Dans les morceaux qui composent « Finally », il y a toujours un pied dans la Soul et un pied dans un autre style de musique. Au Québec comme en France, la cible de la majorité des radios est souvent féminine car les femmes sont de grandes consommatrices de musique ; les programmateurs trouvaient que « Let You Go » était un peu trop « musclé » et j’ai choisi de faire des déclinaisons de cette chanson. « Let You Go » existe donc dans des versions Dance, Pop, Urban et Rock. Cet exercice de style a été intéressant.
Quels sont les artistes qui ont fait ta culture musicale ?
Il y en a tellement ! A la maison, quand j’étais gamin, nous écoutions de la musique Haïtienne ; du Compas ; de la Salsa, de la variété Française, la musique Québécoise qui passait à la radio…Parmi les artistes que j’écoutais, il y avait notamment Elvis Presley, le groupe Electric Light Orchestra, Robert Charlebois, Kiss…Ma sœur aînée écoutait du Disco, du R&B Américain et c’est elle qui m’a initié à Bob Marley et à Michael Jackson. En vieillissant, je me suis mis à écouté de la New Wave, U2, The Smiths, Morrissey mais aussi du Hip Hop, Run DMC…A la fin de l’adolescence, au début de la vingtaine, je me suis intéressé à la Motown. J’allais dans des disquaires d’occasion afin d’acheter des vieux vinyles. J’ai toujours été un grand consommateur de musique. Pêle-mêle, je peux citer Nat King Cole, Ella Fitzgerald, The Beatles, The Rolling Stones…Même de l’Opéra, ça me détendait quand j’étais dans les bouchons à Paris. C’est hyper large ! Sauf la Country et le Heavy Metal des années 80-90 même si j’aime le bon rock musclé.
Pour reprendre le titre de ton dernier spectacle, qu’est-ce qui te rend Happy à l’heure actuelle ?
D’être sur scène après tout ce temps-là et le fait que ma famille ait pu voir le show en France. Depuis juin 2021, j’ai passé la moitié de mon temps ici, du coup, j’ai peu vu les miens et ça m’a rendu heureux qu’ils aient pu me rejoindre. Ça a été dur pour eux comme cela l’a été pour moi. Les voir ici avec moi, terminer ces trois mois à Paris avec eux, je suis aux anges tout comme je le suis d’avoir retrouvé le public ici. Ces retrouvailles, ces gens qui rigolent encore à mes conneries, c’est du vrai bonheur. La scène est l’endroit où je me sens à 100% dans le moment présent.
Quels sont tes prochains projets ; aussi bien musicaux que théâtraux ?
Cet été, je vais animer un gros gala d’humour à la télé au Québec. Je vais préparer quatre numéros ainsi qu’un autre pour un second gala où je suis invité. La tournée du spectacle commencera début octobre et je le jouerai les 21-22-23 octobre au Casino de Paris. Je vais commencer à réfléchir à mon prochain disque…
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