Rencontre avec Fred Skitty au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de « Je M’Ecchymose » !
Quelles casquettes as-tu dans l’artistique ?
Je suis auteure, compositrice, interprète et également DJ. J’aspire à être autonome le plus loin possible dans mon projet musical et du coup, j’essaie d’avoir la main mise sur mes titres jusqu’au mixage.
D’où te vient ton pseudo ?
Au lycée, j’avais monté un groupe avec mon amie Sophie et il s’appelait Fred Jean Jean. Nous voulions un nom un peu beauf qui fasse rire même si ça ne faisait rien que nous, c’était un peu un délire de lycéennes. C’était un running gag en quelque sorte. Ensuite, quand j’ai commencé à me lancer en solo et à mixer, j’ai gardé Fred en souvenir de cette époque-là et Skitty vient d’un test pour savoir quel Pokémon j’étais. Comme ce personnage est un chat et que je les adore, ça faisait sens.
Était-ce une évidence d’interpréter toi-même tes titres quand tu t’es lancée dans la production ?
Oui dans le sens où j’écrivais déjà mes textes quand j’ai commencé et comme j’y abordais notamment des choses vécues, c’était important pour moi de les interpréter. Par ailleurs, comme j’aime chanter, c’était évident pour moi d’être totalement « autonome », je connais pas mal de gens qui produisent et qui sont un peu bloqués car ils ne connaissent pas de chanteurs. Je me suis bien trouvée dans le fait d’écrire, de faire et de chanter mes morceaux, ça me permet de rester dans une formule « all inclusive ».
Ton premier EP « Belonging To The Night » était très majoritairement en anglais et tu reviens avec « Je M’Ecchymose » chanté en français, comment la bascule s’est-elle faite ?
« Je M’Ecchymose » a été écrit par Aurélie Oziol et Agathe Genieys. J’ai rencontré ces deux parolières début 2021, l’une des deux m’a demandé si j’avais déjà chanté en français ; ça m’était arrivé, j’ai notamment essayé de faire des reprises de Paradis et de Brigitte ; et elles m’ont proposé ce texte que j’ai été ravie de pouvoir interpréter à ma sauce sur des arrangements Electro. Ça m’attirait de chanter totalement en français et ça a été un petit challenge pour moi.
De quoi parle « Je M’Ecchymose » ?
Ce titre raconte l’histoire d’une vie ; celle de deux personnes pour qui il y a eu une évidence et cette histoire d’amour est évoquée un peu en deux temps dans le texte car la fin évoque une séparation ou en tout cas un éloignement.
Quelle serait ta propre définition de ce terme qui a été transformé en verbe dans ce titre ?
Effectivement, c’est un néologisme. Cet éloignement que je viens d’évoqué fait du mal et dans le refrain, le bleu provoqué par l’absence de la personne aimée s’étend sur la peau. Cette blessure est intérieure et profonde. Dans cette chanson, il n’est absolument pas question de violences physiques, ce sont des bleus à l’âme comme dans le livre de Françoise Sagan ou au coeur dans la chanson de Patrick Juvet.
Quel rapport as-tu avec l’anglais et le français dans ton projet musical ?
Certains artistes Français qui font de la musique en anglais prennent un virage à 180 et se mettent à en faire dans notre langue et à ne faire que cela quand ça ne marche pas vraiment mais ce n’est pas spécialement ce que je recherche. J’ai quelques textes en français avec lesquels j’aimerais faire quelque chose mais je ne compte pas m’exprimer totalement qu’en français. Ce sont des petites parenthèses que je m’autorise. J’aime chanter dans les deux langues et même si je sais que parfois dans la musique, on est très binaire et que l’on demande aux artistes de faire un choix, ces deux langues font partie de mon projet.
« Je M’Ecchymose » représente-t-il la direction musicale et l’atmosphère de ton prochain disque prévu pour la rentrée ?
Le disque qui arrive est une « refonte » de mon EP qui est sorti à la fin du premier confinement avec d’autres inédits dans le même esprit afin de terminer le chapitre et peut-être en ouvrir un autre.
Comment décrirais-tu ton univers ?
Rétro, nostalgique, nocturne. Même si techniquement, je n’ai vécu les années 80 puisque je suis née après, il y a une nostalgie de ces années-là dans mon univers ; je pense notamment à la musique Disco, à la New Wave, à la naissance de la musique électronique et au développement de la House Music. Il y a une nostalgie du rétro mais j’ai à cœur d’en faire quelque chose de neuf ; il n’est pas question pour moi de faire du réchauffé avec une boîte à rythmes qui crache et des synthés analogiques. Au-delà de cela et même sans le morceau « Je M’Ecchymose » qui est bien tombé pour le coup, cet univers reste assez bleu.
Ta culture musicale se situe-t-elle principalement dans l’électronique ?
A la base de la base, je suis très fan de Pop. J’ai grandi avec la musique de Madonna et celle de princesses Pop comme Sophie Ellis-Bextor et Kylie Minogue. Ma culture électronique s’est surtout développée quand j’étais ado au moment où j’ai voulu apprendre à mixer ; je me suis mise à écouter Daft Punk, The Supermen Lovers, Stardust…Ces morceaux très populaires que tout le monde connaît m’ont permis de me diriger vers d’autres qui étaient plus de niche.
Quel regard as-tu sur l’évolution des femmes dans le DJing ?
Il y a plus de femmes dans le DJing maintenant et c’est une bonne chose. Pas mal de collectifs se créent, ils arrivent à faire de belles choses et à avoir de la visibilité et des beaux contrats. En revanche, il y a toujours beaucoup de sexisme ; malheureusement ; il suffit de regarder les commentaires sur les réseaux sociaux. Cela devient un peu le running gag de certaines personnes qui se moquent systématiquement de femmes DJS si elles font le moindre petit écart dans un set alors que l’on en parle pas pendant des mois voire des années quand il s'agit de DJS masculins. Cela fait à peu près dix ans que je mixe et en tout cas, cette évolution se voit, c’est plus équilibré maintenant et c’est une bonne chose.
Quels sont tes prochains projets ?
Il va y avoir plusieurs Dj sets, je serai aux Boums du Waaw à Marseille le 18 mai et en live à l'Akwaba près d'Avignon le 19. Je suis toujours à la recherche de dates pour défendre notamment mon single sur scène. Mon prochain titre sera une refonte de « Stay True » qui était présent sur mon EP et ce sera une collaboration avec le rappeur Marseillais Dario Della Noce. On espère sortir ce morceau très bientôt. Cet été, je vais me dédier à la préparation de l’album qui est prévu pour l’automne.