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Rencontre avec Pierrot de Villa Fantôme à L’Alhambra afin d’en apprendre plus sur le premier album éponyme du duo !

Publié le par Steph Musicnation

(c)Christian Ravel

(c)Christian Ravel

Comment est née cette nouvelle aventure musicale qui vous unit Manu et toi ?

Avec Manu, nous nous sommes rencontrés en 1ère E au lycée d’Etat de Saumur d’où nous sommes originaires tous les deux et l’aventure musicale a commencé tout d’abord en 1993 avec la création du groupe La Ruda Salska dans les pas de la Mano Negra, du Rock alternatif et du Punk. Cette histoire qui commence à deux se termine à huit en décembre 2012 ; c’est la grande aventure de notre vie, cela représente 11 albums et 1000 concerts. Avec La Ruda, nous avions le sentiment d’avoir fait le tour de l’horloge ; de notre proposition musicale ; et comme ce groupe était très dans l’enthousiasme et la passion, nous ne voulions pas tricher par rapport à cela. Nous voulions finir en pleine forme et avec le sentiment du devoir bien fait. Ensuite, la vie a continué et chacun a eu d’autres aventures ; Manu a un projet de groupe qui s’appelle La Rancœur et moi, un projet solo baptisé Tigreville qui est plus Pop. Avec La Ruda, nous nous sommes retrouvés en 2019 car nous nous manquions les uns les autres. L’énergie du live, l’odeur du local de repet’, des loges, de la bière, des copains, du Rock’n’roll tout cela nous manquait. Nous avons fait une tournée d’été ciblée sur 22 dates durant laquelle nous avons retrouvé l’enthousiasme du public, notre jeunesse, notre allant et nous en avons été heureux. C’est franchement un souvenir fantastique ; et je pèse mes mots. A l’automne 2019, nous nous sommes retrouvés un peu orphelins de ça. Nous savions qu’il n’y avait pas d’avenir avec La Ruda ; en tout cas pas de présent et éventuellement un futur sur une période donnée dans quelques années si l’occasion venait à se présenter. Avec Manu, nous avons eu envie de retrouver cette passion du Rock’n’roll au présent et pour cela, il fallait que l’on créé un nouveau projet et ça a été Villa Fantôme.

Le nom Villa Fantôme a-t-il été choisi afin de planter « un décor » d’entrée de jeu ?

Oui, quelque part, c’est cela. Le nom Villa Fantôme a deux origines ; l’une est musicale et l’autre est contextuelle. Nous étions à la recherche d’une esthétique et comme nous sommes fans de groupes tels que The Specials, Madness, The Selecter ; c’est la musique de nos 15 ans ; nous avons pensé à « Ghost Town » de The Specials car c’est un morceau miraculeux de première classe que nous adorons. Par ailleurs ; comme tout un chacun, nous avons été confinés au printemps 2020 et nous nous sommes découvert du temps pour ce projet qui avait fait du chemin en nous. Au départ, nous voulions juste faire un 45 tours et là, nous avons vu que nous avions le temps pour faire un 33 tours. Cette énergie et cette création ont été salutaires dans un climat qui était maussade. Faire de la musique dans ces périodes-là, ça nous a fait du bien. Villa Fantôme valide cette période de confinements puisque les rues étaient désertes.

Où pourrait se situer cette villa fantôme ?

Pour moi, elle est clairement sur une dune face à la mer à Tigreville en Normandie. Je l’ai toujours imaginée là-bas car c’est là où je plante mon imaginaire et ça depuis longtemps. Pour les cinéphiles, « Un Singe En Hiver » avec Jean Gabin et Jean-Paul Belmondo se passe à Tigreville. Dans ce film, il y a une sorte de resto Chinois-lupanar et cette maison m’a vachement marqué et inspiré quand j’étais môme. Cette villa d’un autre temps n’existe plus aujourd’hui mais elle est toujours présente sous la dune, balayée par les vents.

(c)Christian Ravel

(c)Christian Ravel

Villa Fantôme est-il un prolongement de votre précédent projet musical ou les envies ont-elles été autres ?

Ce nouveau projet est dans la continuité de La Ruda tout en étant différent. Le public dira que nous faisons du Ska, du Rock et du Punk comme avec La Ruda mais nous n’avons pas pris la même branche et les puristes le reconnaîtront. L’idée n’était pas de refaire La Ruda qui était bien faite. Comme nous composions déjà dans ce groupe avec Manu, nous étions conscients que ça allait transpirer dans Villa Fantôme et par exemple, nous nous sommes interdits d’être Latino puisque nous étions partis dans des axes très latins avec La Ruda. Avec Villa Fantôme, nous avons voulu explorer un son plus British qui était celui de nos références de l’époque. J’ai déjà parlé de nos influences Ska mais il y avait également des groupes Rock comme The Clash, The Cure, The Ruts et les Stray Cats. Nous sommes allés dans cette direction-là en nous interdisant des lignes de cuivres même si nous avons une trompette qui dégaine à la western pour le panache et la beauté du geste. Dans le cahier des charges, nous nous sommes imposés un clavier également afin de changer un peu le line-up pour penser différemment.

Comment décrirais-tu l’univers de votre premier album éponyme ?

Cinématographique ; je pense que c’est ce qui peut lui convenir le mieux. L’idée est évidemment de se faire plaisir. Nous voulions être dégagés de certaines contraintes afin d’être assez fun et visuels dans la proposition. Nous avions à cœur qu’il y ait du panache, du brio, que tout cela ait de la gueule. Nous sommes allés dans ce sens-là également dans le choix du vocabulaire et des éléments de langage. Nous sommes une sorte de patchwork de tout ce qui nous a touchés dans notre adolescence ; la musique, le cinéma, ce que nous avons lu. On convoque toutes ces choses qui nous plaisent dans notre univers.

Quelles thématiques abordez-vous sur ce disque ?

Sur ce terrain-là, il n’y a pas de cahier des charges à ceci près qu’il faut que ce soit sonore car nous chantons en français. C’est un peu la musique qui va influencer le thème du texte. Si la musique est énervée, nous allons peut-être avoir des éléments de langage qui vont aller dans ce sens-là. Par exemple, si j’emploie cavaliers dans la plaine, c’est parce que ça sonne bien pour moi dans le morceau et ensuite, se pose la question de ce que je vais bien pouvoir raconter pour utiliser ce terme. En l’occurrence, dans cette chanson, j’évoque l’envie d’y croire toujours et encore, de l’envie d’aller de l’avant, de ne pas baisser l’étendard. Il faut avoir des envies et des projets, c’est important et cela nous permet d’avoir ce souffle-là qui s’exprime par des colères sociétales, des humeurs mélancoliques ou des références qui ouvrent toujours un univers, des personnages…Sur cet album, on parle de ce qui se retrouve dans les journaux du matin et de ce qu’il y a dans notre imaginaire. L’idée est d’inventer toujours des histoires car elles sont souvent intemporelles. On peut parler souvent d’amour ou de déceptions amoureuses mais ce qui compte, c’est la façon dont on raconte les choses.

(c)Christian Ravel

(c)Christian Ravel

Peux-tu nous en dire plus sur ce rapport au français sur une musique très Anglo-Saxonne ?

Pour nous, il était important d’aborder musicalement le côté British dont je parlais précédemment mais comme les références que nous évoquons sont tellement marquées, le problème était de s’en détacher afin de ne pas être bêtement suiveurs et dès l’instant que l’on réussissait le pari d’être sur ces supports-là, le français nous permettait de faire transparaître une personnalité. Le challenge est d’arriver à placer et à faire sonner le français dans ce contexte tout en sachant que la langue de Molière est toujours un peu rétive aux accords d’outre-Manche.

Durant votre riche carrière, avez-vous réussi à partager la scène avec certains groupes qui vont ont donné envie de faire de la musique ?

Oui, nous avons eu cette chance-là à plusieurs reprises notamment avec The Skatalites, The Selecter, les Bérus, les Dogs, Les Sheriff

Que mettrais-tu en avant chez Manu ?

Sa passion inassouvie, le fait d’être toujours dans le besoin de créer, de remettre l’ouvrage sur le métier, son perfectionnisme, le fait de ne pas hésiter à déchirer la feuille et de recommencer. Manu n’est jamais défaitiste, il croit toujours au possible d’une chanson ou d’un projet, il est optimiste sur le terrain musical. Par ailleurs, Manu est vraiment quelqu’un de marrant, de vivant. Il imite très bien Louis de Funès. Nos caractères sont complètement différents une fois que nous sommes sortis du contexte de la musique et c’est sans doute pour cela que l’on se complète bien.

(c)Christian Ravel

(c)Christian Ravel

Pour reprendre l’un des titres de votre album, que trouverait-on sur ton blouson en 2022 ?

Un écusson bleu-blanc-vert ; cela permet de mettre un peu de valeurs même si pour nous, le but n’est pas de faire passer des messages mais je trouve que ça fait du bien de voir des salles qui se retrouvent autour de valeurs comme la tolérance, la solidarité et le respect ; et des badges des groupes évoqués un peu plus tôt car je n’ai pas eu de révélateur depuis. L’affect est définitif avec ces groupes qui ont marqué ma jeunesse.

Quels sont vos prochains projets ?

Le clip de « Sentimentale N’Est Pas La Foule » va sortir en mai, il y aura des concerts et nous allons continuer à écrire de nouvelles chansons. La face A du second album est déjà aboutie. Sortir un disque est toujours un miracle et nous ne sommes pas blasés de ça.

https://www.facebook.com/villafantomeofficiel
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