Retrouvailles avec Bintily au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de son EP « Muse » !
Tu nous avais dit dans une précédente interview que chacun de tes EPS te représentait à l’instant t, qu’est-ce qui caractérise la Bintily de « Muse » ?
C’est très bizarre de parler de soi à la troisième personne mais c’est la Bintily entre le premier et le deuxième confinement. Ce quatrième EP est composé de cinq chansons que j’ai écrites entre mai et novembre 2020. A vrai dire, je n’avais même pas encore enregistré mon troisième EP « Radicale » que j’étais déjà sur l’après. Sur « Muse », c’est la Bintily qui sort de deux mois et demi toute seule à Paris, qui redécouvre le monde et les gens, qui se dispute, qui se confronte aux autres car ce n’est plus la même ; c’est une Bintily différente qui a passé tout le premier confinement à faire du yoga, de la méditation et qui s’est retrouvée dans le monde des vivants et ça n’a pas été toujours facile (rires).
Tu chantes que tu ne sais pas ce que tu veux…cela peut paraître étonnant tant on te sent épanouie dans la musique et dans le journalisme.
La musique, le journalisme et la vie perso, ça n’a rien à voir. La musique est une passion, le journalisme est mon métier et le reste, c’est ma vie de femme. Je viens d’avoir 33 ans et forcément, à cet âge-là, les gens te posent des questions sur le fait de ne pas être en couple, de ne pas avoir ou vouloir d’enfants…et toi-même, tu ne sais pas répondre à ces interrogations. En ce qui concerne ma vie de femme, je ne sais pas ce que je veux et je suis un peu dans cette crise de la trentaine. Par les voies classiques, il me reste « normalement » six ans pour faire un enfant et du coup, je m’interroge vraiment car même si la PMA existe, je n’ai pas forcément envie de faire un enfant toute seule.
A la fin de « Ta Muse », tu dis que tu es ta propre muse mais quelles seraient les figures féminines que tu considérerais comme des inspirations ?
Frida Kahlo et d’ailleurs, cette phrase vient d’elle. J’ai beaucoup été inspirée par cette artiste après l’avoir découverte lors d’un cours d’espagnol en 4ème. Je me suis complètement identifiée à elle notamment par rapport au fait que je portais un corset de nuit comme elle à cause de ma scoliose. Les Spice Girls ont été des muses pour moi car c’est grâce à elles que je me suis dit que je voulais faire de la musique, de la Pop, écrire mes chansons et m’enregistrer sur un petit dictaphone-cassette à l’époque. Britney Spears également car c’était une chanteuse et une gymnaste tout comme je l’étais ; la Britney d’aujourd’hui me fait beaucoup de peine même si je suis contente qu’elle ait été libérée de sa tutelle. Marilyn Monroe qui a été bloquée dans cette image de fille magnifique et iconique alors que c’était une femme blessée qui n’a pas eu un vécu facile. Marilyn était une figure qui montrait que les femmes doivent mettre leur fond de teint et toujours sourire même si des fois, c’est un peu noir à l’intérieur et c’est aussi ce qu’il y a dans « Muse ».
Quels thèmes abordes-tu sur ce quatrième EP ?
J’ai l’impression que cet EP est un peu moins perso ; ça le reste mais j’aborde moins mes histoires d’amour. On va plus retrouver des histoires de société que ce soit dans le questionnement, la vie au travail ainsi que le harcèlement, la vie de groupe entre amis ou amis d’amis, les relations humaines entre les hommes et les femmes, la société et son rapport aux femmes notamment sur la question vestimentaire.
Dans « Me Relever », tu mets des mots sur tes failles, dans quel domaine as-tu eu trop souvent ou plus de mal à te relever ?
En amour ! Comment se relever après une histoire d’amour ? J’ai l’impression de lire beaucoup cette question dans les articles et certains disent d’ailleurs, que quand la personne nous quitte, c’est comme devoir se sevrer d’une drogue car dans le cerveau, cela fait le même effet chimique. Lire ces articles, ça m’a fait beaucoup de bien. Après avoir été larguée deux ou trois fois par des hommes que j’aimais, je me suis dit que je n’allais jamais me relever même si j’étais obligée de continuer car je devais aller bosser. En dehors des obligations sociétales ; aller au boulot ou respecter mes engagements car même si je suis au bout de ma vie, je fais toujours les choses pour lesquelles je me suis engagée ; il y a eu des moments ou je me disais que je n’allais jamais m’en sortir comme une sorte de trou noir.
A qui s’adresse « Tous Des Moutons » ?
Cette chanson s’adresse au chef par lequel j’ai été harcelée au boulot il y a quelques années. J’ai réussi à le stopper en prévenant les RH ; ça s’est arrêté mais j’ai quand même démissionné. J’en voulais à tout le monde, à lui, à toute la boîte qui n’a pas bougé même si les RH ont fait en sorte que ça s’arrête. Dans « Tous Des Moutons », je parle de cet homme, de mes collègues autour de moi qui n’ont pas bougé mais également d’une amie d’enfance que j’ai revue après le premier confinement. Lors d’un weekend, je me suis retrouvée au milieu d’un groupe où j’ai eu l’impression d’être persécutée. J’étais entourée de femmes du même âge que moi mais avec un ou deux enfants et elles avaient vécu un confinement hyper difficile, alors que moi, j’avais vachement progressé à la guitare, perdu six kilos car je marchais une heure par jour et je faisais du yoga. J’ai eu l’impression de les énerver. En fait, nous étions à l’opposé. Il y a eu une embrouille monumentale et ça s’est fini avec cette amie alors que nous nous connaissions depuis le CM1. Ca a été tellement dur pour moi de me relever de cette violence après autant de solitude que j’ai eu besoin de le mettre en chanson. Ca m’a fait du bien et quand j’ai posé ce titre en studio, c’est comme si je fermais la porte sur cette amitié même si je pense à cette personne toutes les semaines.
Le mood général de ce disque a-t-il été influencé par ce qui se passe depuis deux ans déjà ?
C’est complètement un EP de confinement et de pandémie même si on ne retrouve jamais ces deux mots dans les chansons. Le jour où j’ai écrit « Me Relever », je sortais du film « Adieu Les Cons » d’Albert Dupontel et trois jours après, nous étions confinés ; je me suis dit que je venais de me faire ma dernière toile ; et forcément, cette chanson est imprégnée de ce film bouleversant. « Ce Que Je Veux » a été écrit trois semaines après le confinement alors que j’étais chez ma mère ; j’ai revu plein de gens de ma vie d’avant et je me suis dit qu’ils avaient beaucoup avancé ; enfants, balançoires, poules qui pondent des œufs, alors que moi j’ai tourné en rond dans mon 25 m2 pendant deux mois. Sur ce disque, on retrouve aussi cette embrouille de premier gros weekend avec plein de gens après le premier confinement. Tout est lié à la pandémie à part peut-être « Muse » qui n’a rien à voir mais qui germait en moi depuis longtemps.
Qu’est-ce qui te rend vénère en ce moment ?
La place que les médias font à Eric Zemmour. Je trouve ça gravissime. Ce n’est pas une question d’être d’accord ou pas avec ce qu’il dit politiquement, cet homme a été condamné plein de fois et il dit des choses graves. Être raciste, ce n’est pas une opinion politique, c’est un délit. Je savais que cette campagne présidentielle allait être horrible et c’est ce qui me rend vénère en ce moment tout comme cette gauche qui me fait honte.
« Radicale » est sorti il y a un, as-tu réussi à défendre ce disque en live ?
Non, je n’ai pas réussi à faire de live. Entre les confinements, la recherche de boulot, je n’ai pas réussi à faire des concerts pour défendre « Radicale » et c’est mon plus grand regret. En revanche, il y a eu quelques passages en radio et en télé et c’était cool.
Cette pandémie et les restrictions qui en découlent te donnent-elles au contraire encore plus la niaque ?
Oui et non. C’est bizarre. J’ai sorti « Radicale » en me foutant de la pandémie, j’y suis allée à fond, ça m’a donné la niaque mais je me suis rendu compte que ça ne mordait pas comme je l’espérais car les labels se montrent très frileux. On est dans une période compliquée, j’ai été fatiguée par la pandémie à un moment donné mais je me mets moins de pression.
Quels sont tes prochains projets ?
J’ai envie de faire un clip pour « Muse », j’ai notamment des idées avec du chantsigne afin que cette chanson soit plus accessible. J’aimerais bien faire des live sessions pour tous les titres de l’EP avec un guitariste afin que les chansons existent en acoustique également. Je n’entends pas le cinquième EP, j’ai plutôt envie de faire un album de dix titres ; avec des vrais instruments, c’est prévu dans ma tête ! Le fait de revoir mon prof de piano à Tours m’a donné envie d’enregistrer un disque live avec lui et d’autres musiciens…En ce qui concerne le journalisme, je vais continuer mes chroniques sur France 2 dans Télématin et mon émission sur Mouv’. Je rêverais d’avoir ma propre émission de rencontres avec des artistes. Pour être complètement satisfaite de tout, il faudrait que les journées durent 48 heures ! (rires)
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