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Rencontre avec Serge De York à l’occasion de la sortie de son premier album solo !

Publié le par Steph Musicnation

(c) Henri Auguste

(c) Henri Auguste

Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?

Je suis un artiste lillois et mon nom de scène ; Serge De York ; est un hommage à mes deux artistes favoris à savoir Serge Gainsbourg ; j'apprécie son écriture, ses différentes phases artistiques et son  génie subversif ; et Thom Yorke et Radiohead, le groupe que j’ai le plus écouté et qui m’a façonné un peu au niveau de l’esthétique musicale. La particule de est la petite blague car je suis un fils de prolo qui, enfant, a toujours évolué dans des milieux très bourgeois. J’étais boursier et j’ai finalement toujours pu étudier dans des collèges et lycées très friqués. Alors cette particule est un petit clin d’œil, ma revanche sur l’enfance. Je me suis auto-anobli (rires). Dans mon projet musical, je suis auteur, compositeur et interprète. Même si en live, je joue un peu de claviers, mon instrument principal reste ma voix.

Quelle a été l’impulsion pour composer ton premier album solo ?

Le décès de ma mère m’a clairement repoussé vers l’écriture. L’écriture était comme une thérapie… Donc, j’ai d’abord écrit les textes. De façon cathartique… Puis j’ai fait les productions ensuite autours des textes… Et tout ça est resté longtemps au fond de mon disque dur… C’était un peu mon jardin secret… jusqu’à ce que j’en discute avec un pote qui suivait ce que je faisais depuis quelques temps. A force d’insister, je lui ai fait écouter et c’est lui qui m’a dit que ce serait trop con que ça demeure dans les tiroirs. Mes précédents projets, Flou et Megabass Def était très ironiques… Là je me mets beaucoup plus à nu. Ce n’était pas évident à assumer. Mais j’ai senti que c’était le moment.

« Au Nord De Nulle Part » s’ouvre avec « En Surface », pourtant on a l’impression que c’est tout l’inverse chez toi et que tu y es allé en profondeur sur ce disque…

J’avais besoin d’exprimer des choses. Là où mes autres projets étaient vraiment troisième voire même dixième degré avec des personnages très distanciés et très détestables, j’avais envie d’être honnête avec ce que j’étais. J’avais à cœur de me mettre à poil pour passer à l’âge adulte et tuer quelques fantômes qui restaient là et qui m’entravaient un peu. « En Surface » est effectivement le premier morceau et même si c’est très inconscient, l’idée de tout cela est de sortir de la surface car nous sommes dans une cosmétique de soi et dans le « tout va bien ». On reste toujours en surface… Et finalement c’est ce qui nous auto-détruit.

(c) Henri Auguste

(c) Henri Auguste

« Au Nord De Nulle Part » synthétise-t-il la direction musicale que tu veux suivre à l’avenir ?

Sur ce disque, on retrouve vraiment le son que j’avais envie de faire sur le moment et je pense que celui du prochain album sera assez différent.

Comment décrirais-tu ton univers ?

Cathartique, thérapeutique, clair-obscur, romantique dans le sens littéraire du terme, poétique, et urbain. J’espère qu’il ne paraîtra pas pompeux, ou glauque…

Peux-tu nous en dire plus sur le titre de ton disque ?

C’est un clin d’œil au recueil de nouvelles « Au Sud De Nulle Part » de Charles Bukowski qui figure dans mon panthéon des auteurs américains. Si on s’arrêtait « en surface », il était réac, alcoolique et violent… Bref un sale type, mais il a réussi à dépeindre l’Amérique, les prolétaires et l’inadaptation au bonheur quotidien de façon magnifique. Entre quelques phrases sans ponctuation et une grammaire volontairement désastreuse, il était capable de livrer des choses d’une poésie et d’une beauté incroyable. Ses personnages inadaptés peuvent représenter un peu toutes mes personnalités. Par ailleurs, je viens d’un petit bled près de Lille qui peut paraître vraiment au Nord du nulle part…

(c) Henri Auguste

(c) Henri Auguste

Quelles thématiques abordes-tu sur « Au Nord De Nulle Part » ?

Ce disque parle de la recherche de soi, des traumatismes et des fantômes de l’enfance qui peuvent encore nous entraver quand on est adulte, d’amour, de dépression, de pensées suicidaires et malgré tout cela, cet album parle surtout de l’envie d’en découdre et d’accéder au bonheur ; même si le mot est galvaudé. Ce disque illustre un combat pour accéder à plus de sérénité.

Peux-tu nous en dire plus sur le clip qui illustre « A Toi Mon Père » ?

Ce clip a été fait avec les moyens du bord et beaucoup d’envies, un peu comme l’album ; nous avons essayé d’être honnêtes et sincères. Il a été tourné par Adrien Viglisiani sur les plages du Touquet et il est très métaphorique. Le personnage à l’image prend des médicaments un peu psychédéliques et il va partir dans un trip dans lequel il poursuit un personnage dont on ne voit jamais le visage. On ne sait pas si c’est lui, son père ou quelqu’un d’autre. C’est une métaphore sur la recherche de soi et sur le fait de tuer le père. Le cosmonaute est un clin d’œil aux rêves d’enfant.

Comment qualifierais-tu ton écriture ?

J’écris toujours pour tuer une angoisse. Pour moi, l’écriture est thérapeutique mais je n’écris pas que pour moi. Je viens d’un background assez littéraire avant la musique… Du coup, j’essaie de faire rimer « nouille avec couille » (rires). Mais, j’essaie de ne pas trop me perdre dans la cosmétique littéraire en essayant absolument de faire des belles phrases. J’ai à cœur d’écrire de manière sincère et directe.

(c) Henri Auguste

(c) Henri Auguste

Te verrais-tu tenter l’aventure en littérature plus tard ; au vu de la qualité de ta plume ?

C’est gentil ! Je ne suis pas un vrai écrivain dans le sens où je ne peux pas me mettre à une table pour écrire pendant huit heures mais il y a déjà eu quelques tentatives avortées d’un roman qui a été refusé par toutes les maisons d’édition les plus prestigieuses. Une chanson sort comme un cri alors qu’un roman demande une vraie réflexion, un vrai propos et pour le coup, d’arriver à guider sa plume ; ce que je n’ai pas forcément envie de faire à l’heure actuelle. Malgré tout cela, je pense que je m’y remettrai quand même un jour…

Qui retrouve-t-on dans ta culture musicale ; au-delà de Serge Gainsbourg et de Thom Yorke ?

Les deux premiers CDS que j’ai achetés durant la même semaine étaient une compil’ Dance Attitude et le premier album des Doors. C’était une association un peu chelou (rires). Sinon, mes grands amours de l’adolescence ont été le Rock ; j’étais très fan du groupe The Smashing Pumkins ; l’Indie-Rock assez mainstream ; Muse, Placebo ; et par le biais d’interviews notamment de Nirvana, j’ai commencé à m’intéresser à des artistes comme Captain Beefheart, Frank Zappa…Je dévorais les Inrocks, je notais les références citées par les groupes que j’aimais et j’allais piocher à la médiathèque… Ça m’a mené aussi bien vers le Punk, le Rap, la Soul, l’Electro, la chanson… J’ai développé un affect particulier pour les artistes qui tordent les codes et qui se réinventent à chaque fois. J’aime beaucoup Liars ou Beck par exemple.

Qu’aimerais-tu que le public retienne de ton premier disque ?

Bonne question ! Je n’en sais rien, la réponse doit être « Au nord de nulle part »…

Rencontre avec Serge De York à l’occasion de la sortie de son premier album solo !
https://www.facebook.com/SergedeYork
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