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Rencontre avec BOLD au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de leur premier album !

Publié le par Steph Musicnation

Rencontre avec BOLD au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de leur premier album !

Comment est né votre projet commun ?

High Ku : Supa-Jay fait partie de Scratch Bandits Crew et moi de Chinese Man ; nous nous connaissons depuis une quinzaine d’années, nous nous sommes rencontrés sur les tournées puisque nous avons des univers musicaux assez proches. En 2015, Scratch Bandits Crew a signé sur notre label Chinese Man Records et au fil du temps, nous sommes devenus amis. Il y a deux ans, nous avons travaillé ensemble sur les Groove Sessions qui est le projet de compilation du label. Nous en sortons une tous les deux ou trois ans, c’est une petite photo du label à un moment donné. Jusqu’à ici, nous prenions quelques morceaux de chaque artiste du label et nous en faisions une compil’ mais pour ce projet-là, nous avons réuni Scratch Bandits Crew, Baja Frequencia et Chinese Man et nous sommes partis à la montagne afin de faire une résidence de création tous ensemble durant une semaine. Ensuite, SLY, Jay et moi avons pris le relais pour tout ce qui était réalisation technique et artistique de l’album. Nous avions énormément de matière et nous avons structuré et finalisé cela. De ce fait, nous avons encore plus travaillé ensemble. De mon côté, cela faisait des années que j’avais envie d’avoir un projet en parallèle à Chinese Man car Mateo à un projet solo et SLY est dans Rumble. Comme j’avais vachement aimé travailler avec Jay, je lui ai dit que j’avais des samples de côté et que je lui enverrai à l’occasion afin que l’on puisse bosser sur quelque chose. Il s’est avéré que nous devions partir en tournée avec les Groove Sessions 5 et la première date a été annulée à cause du confinement qui a été annoncé trois jours avant. Nous avons remisé le tourbus au garage, nous sommes rentrés à la maison et nous nous sommes rapidement recontactés, nous avons essayé pour voir ce que cela donnait, nous avons fait un puis deux morceaux et très vite, nous avons vu que nous tenions peut-être quelque chose au niveau du son. La tournée a été sans cesse reportée et nous avons continué à faire des morceaux jusqu’à arriver à cet album que nous souhaitions assez court et condensé afin de ne pas se lancer dans une production immense.

Pourquoi l’avoir baptisé BOLD ?

Supa-Jay : Bold signifie audacieux en anglais et cela correspond pas mal à la musique que nous entreprenons de faire. Par ailleurs, cela fait référence également aux polices de caractères, bold renvoie à l’écriture en gros/en gras et cela correspond bien au son que nous faisons car il est assez puissant et original ; nous l’espérons en tout cas et c’est notre but. Au-delà de cela, nous voulions avoir un logo très graphique autour de notre nom à l’intérieur duquel nous pourrions faire vivre des déclinaisons afin d’avoir un contraste entre quelque chose de très maîtrisé et des choses qui partent un peu dans tous les sens. Il y avait une bonne cohérence autour de ça et quand High Ku a proposé ce nom, nous avons vu immédiatement la résonnance par rapport au groupe et à la musique que nous avions envie de faire. Il n’y a donc pas eu de brainstorming.

Rencontre avec BOLD au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de leur premier album !

Qu’est-ce que chacun a apporté dans BOLD ?

H : Même si nous faisons tous les deux un peu de tout ; pour ma part, je suis plus sur la recherche de samples et sur la proposition de maquettes à partir de ces samples et je ne passe même pas par un ordinateur, je fais tout aux platines. Je peux prendre juste une boucle de batterie en découpant le morceau de manière très simple afin de proposer une maquette avec une intention de morceau mais où rien n’est fait encore. Quant à Jay qui a les notions musicales les plus poussées, il est un peu plus sur la partie réalisation et sur les arrangements ; c’est souvent lui qui est derrière la machine.

J : Nous avons une base commune à la fois de goûts et d’envies et c’est hyper appréciable mais nous avons aussi des méthodes assez différentes qui sont totalement complémentaires. Ça a rendu les choses très pragmatiques car nous savions où aller et à la fois très plaisantes dans la surprise que nous pouvions nous amener l’un l’autre et qui se traduit dans la musique.

Qu’est-ce que chacun apprécie le plus chez l’autre ?

: Nous avons une manière assez similaire d’appréhender les choses, nous objectivons beaucoup même s’il y a beaucoup d’instinct. Il y a un vrai dialogue avec Jay qui me permet d’avancer dans la musique et en plus, nous ne rentrons jamais dans des guerres d’égo et c’est une économie d’énergie.

J : Ce qu’il dit de moi, c’est ce que je dis de lui ; c’est comme des vases communicants.

Comment décririez-vous l’univers de votre premier album ?

H : Onirique, romantique, immersif…

: …poétique, dynamique et introspectif. Dans cet album, on retrouve toute la dualité qu’il peut y avoir entre une musique instrumentale qui pousse à l’imagination et à la réflexion et des méthodes très dynamiques relatives aux musiques actuelles et autour du Hip Hop. Comme nous triturons les sons et que nous en faisons des puzzles, il y a un côté où nous coupons sans cesse les choses, nous les bricolons et les rafistolons mais aussi en même temps, un côté méticuleux, minutieux, de faire des choses un peu en dentelle alors que c’est très bousculé.

Rencontre avec BOLD au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de leur premier album !

Musicalement, ce disque éponyme synthétise-t-il toutes vos années d’expérience ?

J : De fait, oui mais ce n’était pas le but, nous ne nous sommes pas dit qu’il allait falloir tout mettre à l’intérieur de ce disque. De toute façon, la musique n’existe pas comme cela, c’est aussi quelque chose de physique. On ne peut pas tout transmettre en même temps, on ne peut pas faire de l’ajout et l’expérience vient plus du choix de ce que l’on veut mettre dans sa musique et à quel moment. Dans notre musique, nous avons voulu dire différentes choses à différents moments de manière assez dynamique afin d’entraîner l’auditeur tout au long d’une sorte de voyage qui a son lot de tensions, de détentes et de surprises.

Ce disque est-il un « one shot » ou est-ce le début d’une aventure commune qui perdurera dans le temps ?

: Au départ, ce n’était pas prémédité, nous avons fait un morceau et au final, un album mais comme nous avons réussi à trouver un son qui nous correspond et qui n’est ni celui de Scratch Bandits Crew ni celui de Chinese Man, nous avons l’envie de continuer. Nous bossons déjà sur de nouvelles maquettes. Ce ne sera donc pas un one shot !

J : Cet album pose les bases pour la suite.

A quelles villes ce premier disque pourrait-il se référer ?

J : Fondamentalement, il y a New York qui est quand même le berceau du Hip Hop.

H : Je rejoins Jay sur New York qui représente la naissance du Hip Hop, le Boom Bap qui était très présent dans les années 90 avec des batteries assez sales et des samples de piano. Je vais citer également San Francisco pour tout le côté DJ Shadow et cette mouvance de la musique Hip Hop instrumentale qui vient de là-bas et Bristol car cette ville est le berceau du Trip-Hop. Comme dans cet album, il y a beaucoup de sonorités et d’instruments qui ouvrent sur la musique du monde, il y aurait peut-être aussi une ville en Asie comme Bangkok.

Rencontre avec BOLD au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de leur premier album !

Il n’y a pas que des instrumentaux sur « BOLD », de quoi parle ce disque ?

H : « Icarus » qui est interprété par Stogie T qui est un artiste Sud-Africain est vraiment une réflexion sur sa vie ; d’où il est parti et les changements par rapport au monde. Nous avons fait traduire ce texte car nous trouvions important que les gens puissent le comprendre. « Still » avec CW Jones est une déclaration d’amour. « Easy Peasy » avec Youthstar et Miscellaneous est un morceau sur le fait que beaucoup de rappeurs aujourd’hui n’articulent pas du tout ; c’est ce que l’on appelle le Mumble Rap ; en gros, ils se foutent un peu d’eux, c’est un gentil clash.

Vous sentez vous proches d’un artiste comme Wax Tailor pour ce projet ?             

J : Tout ce qui touche la musique instrumentale Hip Hop nous nourrit. Nous appartenons à ce milieu, nous faisons ça depuis 20 ans et du coup, nous avons de moins en moins le côté influences car nous sommes de plus en plus sûrs de ce que nous voulons faire. De par nos trajets et nos chemins, nous nous détachons des autres afin d’arriver à avoir un univers singulier à l’intérieur de quelque chose qui est rassembleur pour le public. Nous traçons notre chemin avec un point de fixation qui nous appartient à nous pour justement ne pas faire la même chose que tout le monde. Quand je suis en train de créer, j’écoute beaucoup moins de musique afin de faire abstraction du reste. De par notre culture, il y a plein de gens auxquels nous pouvons nous identifier ou que les gens vont identifier comme étant proches alors que ça peut être des artistes dont nous n’avons pas écouté les disques.

H : Avec ce projet-là, il y avait l’idée de mêler le Hip Hop instrumental traditionnel Français à la Wax Tailor, Birdy Nam Nam et Chinese Man à notre propre son et cela est passer notamment par l’utilisation de batteries programmées et des claviers très synthétiques afin de moderniser les sons et les rendre un peu plus hybrides.

A quoi vont ressembler vos prochains mois ?

H : Nous allons mettre BOLD un tout petit peu entre parenthèses car nous allons repartir en tournée avec les Groove Sessions à partir de mars. En parallèle à ces dates réparties sur toute l’année, nous allons commencer à travailler sur de nouvelles maquettes. Nous sortirons peut-être plus par à coup un morceau ou deux en attendant d’avoir à nouveau plus de temps éventuellement pour un second album.

J : Le principal est d’avoir suffisamment travaillé notre propre identité avec cet album pour venir la nourrir de manière un peu plus ponctuelle avec des projets plus ciblés.

Rencontre avec BOLD au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de leur premier album !
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