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Retrouvailles avec No Money Kids à l’occasion de la parution de « Factory » !

Publié le par Steph Musicnation

© PY Leblanc

© PY Leblanc

« Factory » s’inscrit-il dans la continuité de « Trouble » ou avez-vous exploré de nouvelles directions sur votre quatrième album ?

Félix : Il y a une scission entre « Trouble » et « Factory » car la démarche n’a pas du tout été la même. Sur ce nouvel album, nous sommes restés dans le même univers du début jusqu’à la fin. Même si nous ne faisons pas habituellement des albums avec des concepts, nous voulions développer certaines choses et aborder certains sujets sur « Factory ». Dans la composition mais aussi dans la production, nous voulions faire beaucoup avec peu. Pour « Trouble », je m’étais posé plein de questions harmoniques mais j’en suis un peu revenu car trop d’harmonie tue l’harmonie. Comme j’aime les riffs de guitare un peu frénétiques qui tournent en boucle et qui amènent dans une sorte de transe, nous avons cherché à amener la Pop dans cette transe.

JM : Même au niveau de la réalisation, nous savions d’avance où nous allions alors que normalement, nous nous laissons plutôt diriger selon comment ça prend. Avant même le premier enregistrement,  Félix avait posé l’idée de « Factory ». De là, nous sommes allés enregistrer des sons d’usine et nous les avons un peu cachés dans l’album. Ensuite, nous nous sommes laissés mener mais à la base, nous savions exactement ce que nous voulions faire.

Comment s’est déroulé le travail sur « Factory » ? Avez-vous plus œuvré à distance à cause de la pandémie ?

F : Avant qu’il n’y ait la crise de la COVID, nous avions déjà enregistré sept titres et même si nous n’avons pas tout gardé pour l’album, une petite partie était déjà enregistrée et c’est ce qui a posé la première pierre à l’édifice de cet album. La démarche était déjà enclenchée avant la pandémie et nous savions déjà quelle allait être la couleur de l’album. Avant de se retrouver confiné chacun chez soi, nous avons pu créer à deux et s’entendre sur la ligne directrice de ce disque. En revanche, à partir du confinement, nous ne pouvions plus œuvrer ensemble comme d’habitude et j’ai dû commencer à travailler seul les productions de mon côté mais au-delà de cela, c’est le traitement de la guitare qui a été intéressant pour moi. Le confinement m’a permis d’avoir le temps de tester des choses et de pouvoir y revenir. Je pense que ça a modifié le cours de l’album à ce moment-là. Des titres comme « Crossroad » et « Bridge In Town » sont très particuliers et guitaristiquement, je n’aurais pas pu les faire en studio avec des harmonies comme celles-là. Ensuite, étant professionnels de la musique, nous avons pu assez rapidement nous retrouver grâce aux dérogations afin de retravailler ensemble.

Cette période anxiogène a-t-elle influé quand même sur l’écriture de cet album ?

F : Non, nous n’avons pas été influencés par cette période car « Factory » était déjà en gestation avant la crise de la COVID. Le fait que je ne me sois pas laissé influencer par la pandémie a d’ailleurs été ma porte de sortie durant toute cette crise. J’ai suivi quelque chose qui était déjà amorcé. En revanche, là où ça a changé quelque chose, c’est pour notre cinquième album…Depuis l’enregistrement de « Factory », nous ne nous arrêtons pas, nous sommes tout le temps en train de travailler mais dans le cas présent, nous voulions prendre à contre-pied la crise et plein d’autres choses un peu déprimantes en faisant du Rock qui donne le sourire sans verser dans le bal musette bien entendu (rires).

JM : Le sujet de base de cet album ; les usines et le milieu ouvrier ; est déjà redoutablement anxiogène et le boulot de l’artiste est d’amener un peu de poésie là-dedans ; non pas pour le rendre beau mais présentable. Il a fallu se mettre dans une sorte de tempérament anxiogène tout en cherchant à le rendre moins anxiogène. Ca a été assez compliqué à faire et c’est aussi pour cela que la pandémie n’a pas eu sa place dans cet album. Nous avions déjà un lourd fardeau que nous ne voulions pas alourdir.

© No Money Kids

© No Money Kids

A quoi « Factory » pourrait-il être un « tribute » ?

F : Cet album a été influencé par le milieu ouvrier et surtout par les désillusions suscitées à la suite de délocalisations mais aussi de changements économiques qui ont touché des villes en France mais également la celle de Detroit à laquelle je me suis intéressé. J’ai commencé à regarder des reportages sur Detroit et à suivre différents artistes qui militaient pour cette ville. Il faut savoir que beaucoup de choses ont été abandonnées dans cette ville et ensuite, elles ont été rachetées par les mêmes qui ont fomenté sa déchéance. C’est pourquoi si « Factory » devait être un « tribute », ça serait à la ville de Detroit mais aussi à toutes les villes postindustrielles même Françaises.

Quels sont les grands thèmes présents sur « Factory » ?

F : L’usine et la condition ouvrière. Depuis le début de notre histoire, nous essayons de croquer des personnages car nous avons une vision très cinématographique de notre musique et pour « Factory », nous avons imaginé des gens qui sont soit à l’usine soit qui en sont sortis mais qui ont encore un lien avec. On retrouve notamment un fraîchement retraité qui ne sait rien faire d’autre que d’aller à l’usine et cela reflète l’idée d’être perpétuellement dans une chaîne de production, de suivre ce rythme effréné mais aussi le fait de couler une fois que l’on n’y est plus.

Pouvez-vous nous en dire plus sur la mise en images de « Brother » ?

F : Nous avons voulu du second degré pour ce titre qui est un peu particulier. Nous voulions présenter une autre lecture. Jusqu’à présent, nous avons eu le temps de développer plein de sujets avec « Crossroad », « Why I’m So Cold » et « No Matter » dans lequel on retrouvait du live afin d’annoncer que la prochaine tournée se ferait en trio et non pas en duo. Pour le clip de « Brother », nous voulions amener de la poésie et de la joie dans ce que nous pouvions dépeindre comme étant une condition sociale « déprimante ».

© No Money Kids

© No Money Kids

Quels adjectifs caractériseraient au mieux « Factory » ?

JM : C’est compliqué car c’est à la fois brut sans l’être du tout…Brutal et pétillant. C’est le côté anxiogène de l’usine mais avec des bulles de champagne. Notre boulot a été de parler de ça de manière plus poétique.

On retrouve du français sur « Alone », était-ce recherché ? Comment est né ce texte ? Est-ce une porte entrebâillée pour vos futurs albums ? 

F : A l’ origine, ce n’était pas recherché. Ce texte est arrivé directement en français. « Alone » est le texte le plus poétique et le plus synthétique de « Factory ». Sur ce titre, il y avait la volonté de ne pas trop s’entendre que ce soit d’un point de vue guitaristique, harmonique ou dans les mots. Je me suis clairement mis à la place de l’un des personnages du livre « L’Établi » de Robert Linhart dans lequel il parle des chaînes de production. Ensuite, cela a fait écho avec une discussion que j’ai eue avec Joseph Ponthus qui a bossé dans plein d’usines en Bretagne et qui a sorti le livre « A La Ligne ». Dans « Alone », je voulais que la redondance de la tâche soit clairement explicite dans le texte ; d’où le peu de mots et ce riff répétitif. Cela n’ouvre pas forcément la porte au français sur nos prochains albums mais cela nous montre que c’est possible.

Y-a-t-il une symbolique particulière derrière la pochette de « Factory » ?

F : Nous sommes un peu spécialistes des pochettes qui veulent tout et rien dire, on y voit un peu ce que l’on veut et ce que l’on y recherche. En tout cas, nous trouvions que la photo en elle-même était marquante. Quand on parle des usines, on imagine le métal qui s’entrechoque, le métal en fusion, les engrenages, les chaînes de production mais aussi la fumée qui sort de ces usines et cette image avec un personnage au centre comme dans nos chansons faisait sens.

Retrouvailles avec No Money Kids à l’occasion de la parution de « Factory » !

De quels films déjà existants « Factory » aurait-il pu être la bande originale ?

JM : Ceux de Ken Loach mais à vrai dire, j’ai trop de films qui me viennent à l’esprit si bien que je ne pourrais en citer un en particulier.

: « Sweet Sixteen » est le film qui m’a le plus marqué de ce réalisateur. Je pourrais citer également « La Loi du Marché » avec Vincent Lindon dans lequel il interprète un syndicaliste.

Comment imaginez-vous vos retrouvailles scéniques avec le public ?

F : Il y a eu une coupure pendant la période de COVID mais à partir du moment où les salles ont pu rouvrir, nous avons eu la chance de retourner sur scène directement. Le live, c’est un peu comme le travail d’un sportif de haut niveau, il faut être parfait niveau technique et niveau prestation et ça, on l’oublie assez rapidement en un an et demi de coupure. Remonter sur scène a été très salvateur. Nous avions besoin de cela et nous sentions que les gens avaient besoin de se lâcher aussi et de penser à autre chose.

JM : Les concerts, c’est quelque chose de très physique et quand tu arrêtes, c’est compliqué à reprendre mais ça revient vite. L’entrainement, c’est faire des concerts ! Dès que nous avons recommencé le live, nous avons joué des morceaux de « Trouble » mais également des titres de « Factory ».

https://www.facebook.com/nomoneykids
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