Rencontre avec Maxime Cassady au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de son premier EP !
Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?
Maxime Cassady est mon nom d’artiste, j’ai emprunté ce nom à Neal Cassady qui était le compagnon de route de Jack Kerouac. Je suis un musicien originaire du Sud de la France. J’ai 30 ans, je vis à Hyères-les-Palmiers ; une toute petite ville au soleil, c’est là où j’ai grandi et je m’y suis réinstallé il y a à peu près cinq ans. Je suis auteur, compositeur, interprète, producteur…je fais un peu tout car je gère mon projet tout seul. Je produis les clips, j’enregistre la musique, je joue les instruments même si sur ce premier EP, j’ai fait appel à des musiciens. Je joue de la guitare, de l’harmonica, de la batterie, de la basse, du piano, des synthés ; de la clarinette depuis peu et dernièrement, je me suis acheté une trompette mais je n’ai pas encore commencé à en jouer. Je joue de pas mal d’instruments exotiques et moins exotiques. Comme je dis souvent, touche-à-tout mais bon à rien (rires).
La musique est-elle arrivée très tôt dans ta vie ?
Pas vraiment car je connais des gens dont les parents leur ont mis une guitare dans la main dès leur plus jeune âge. Pour ma part, je viens d’une famille où l’on écoutait de la musique mais peu ; Charles Aznavour et Johnny Hallyday que mon père écoutait toujours dans la voiture ; j’ai vu Charles Aznavour en concert à l’âge de 5 ans mais j’en ai très peu de souvenirs ; ma mère écoutait plus Prince et Queen. Si ce n’était pas une famille de mélomanes, il y avait toujours une guitare à la maison car mon père était plagiste et cela faisait partie de son attirail. Il savait jouer « Les Portes du Pénitencier ». Cette guitare m’a toujours intrigué mais ce n’est que vers mes 11-12 ans que je m’y suis plus intéressé en découvrant la musique Punk-Hard Rock. J’ai voulu commencer à en jouer moi aussi, en autodidacte et grâce à Thierry un ami de mon père ; cela a facilité mon apprentissage comme les tutos sur Youtube.
D’où te vient ce goût prononcé pour la musique Américaine et cette soif des grands espaces que l’on devine dans ton univers ?
Belle question ! Je pense que ma génération est l’une des dernières à avoir été élevée un peu sur le rêve Américain et quand je regarde les chansons des artistes de la génération de mes parents ; Eddy Mitchell, Johnny Hallyday… ; c’était des adaptations en français de morceaux Américains. Par rapport aux groupes que j’ai écoutés en grandissant, j’ai développé une obsession surtout pour le Sud des États-Unis ; le côté Redneck et Country dans la musique mais également dans la littérature avec des auteurs comme Jack Kerouac, Charles Bukowski et John Fante. C’était un rêve, c’était l’Amérique, c’était loin mais je pense qu’aujourd’hui, ça a évolué, on voit qu’il y a plus une attirance vers la Corée et le Japon. Le rêve Américain ne fait plus trop rêver notamment à cause de Trump et de tout ce qui s’est passé. A l’époque en tout cas, ça m’a toujours fait rêver surtout au niveau musical ; le Blues, la Folk ; j’ai eu la chance d’aller y vivre et de traverser le pays plusieurs fois. J’ai pu vivre le truc mais surtout me rendre compte que ce rêve Américain existe en fait dans nos têtes.
Que s’est-il passé musicalement pour toi entre The Voice et l’enregistrement de ton premier EP ?
Ça a été comme des montagnes russes. Quand j’ai participé à The Voice, je venais de rentrer de voyage, cela faisait six ans que je parcourais le monde en stop et que je vivais de ma musique de manière assez humble en jouant dans la rue et à droite à gauche. A cette époque-là, j’avais une vie qui était déjà assez intéressante dans la musique. Je suis rentré en France car je suis tombé amoureux et quand je me suis installé ici, j’ai été directement repéré par The Voice. Pour être honnête, ce n’est pas quelque chose que je recherchais et je n’étais pas trop attiré par ça au départ mais mes parents m’ont dit que c’était une super opportunité et que pour toutes les personnes qui rêveraient d’y participer, je devais me donner la chance de le faire. Ça m’a permis de voir comment je me sentais devant des caméras à la télé mais j’ai vécu ça comme un feu de paille. D’un coup, ça a brulé fort, j’étais à la télé, on me reconnaissait, je me sentais vraiment dans mon environnement et je sentais que je pouvais aller encore plus loin. J’avais des attentes un peu naïves car je pensais que ça allait m’ouvrir des milliers de portes et que j’allais pouvoir finalement vivre correctement de ma musique mais j’ai eu l’impression que l’on m’ouvrait une porte, que j’y avais passé la tête, que l’on m’avait demandé de ramener des cafés et j’ai compris qu’il allait valoir que j’en rapporte encore pendant longtemps pour commencer à avoir une place à la table. J’ai eu pas mal de hauts et de bas mais émotionnellement, j’ai réussi à bien vivre la chose car j’essaie d’avoir une vraie hygiène de vie afin de ne pas trop me laisser emporter. J’ai réussi à gérer tout cela. Musicalement, ça m’a orienté vers une musique plus électronique ; j’ai laissé ma guitare de côté et j’ai pris des synthés. J’avais vraiment envie d’expérimenter avec ça, c’était nouveau pour moi et ça a été une super expérience. J’ai fait quelques singles très différents Electropop voire même Eighties et c’est pendant le confinement que j’ai décidé de boucler une boucle en reprenant ma guitare et en enregistrant cet EP « Cowboy Sans Cheval » qui est vraiment Folk-Rock. Sur ce disque, on retrouve de belles chansons enregistrées comme on les joue en live avec des musiciens.
Ce premier pas discographique est-il majoritairement autobiographique ?
Oui, totalement. Ces chansons sont soit des aventures de voyage soit des leçons que je me donne à moi-même pour le futur. Chaque chanson correspond à un moment. J’en ai écrit certaines avec ma femme et une avec son fils qui a 7 ans et cela marque différentes étapes de ma vie.
Qu’as-tu voulu exprimer au travers de la chanson « Planqué au CP » ?
J’ai écrit cette chanson avec Antoine le fils d’Eugénie. Il y a de la nostalgie et de la naïveté dans ce titre qui aborde le fait que c’était quand même bien quand on était entre copains au CP et que l’on faisait des petites choses qui n’avaient pas vraiment d’importance mais qui voulaient dire le monde pour nous. Parfois, nous devrions peut-être regarder comment les enfants vivent et nous en inspirer pour simplifier notre style de vie. Essayer de regarder le monde à travers les yeux des enfants est un message qui est souvent communiqué dans l’art. Même si j’ai toujours été un peu un gamin, le fait de devenir beau-père m’a aidé à la fois à grandir et à moins me prendre au sérieux.
Peux-tu nous en dire plus sur le terme cowboy sans cheval ?
Durant six ans, j’ai voyagé et j’ai vécu plein d’aventures un peu comme un « cowboy » mais j’ai vite réalisé que j’en étais un sans cheval. J’ai réalisé que je n’allais pas très loin, j’étais lassé car c’était devenu un peu comme une boucle. Comme toutes nouvelles choses, au début, c’est excitant mais après, ça devient un peu routinier. J’ai rencontré ma compagne, je suis reparti voyager pendant un an et c’est là que j’ai pris conscience que la prochaine étape pour moi était de voyager avec ma compagne pour qu’elle m’accompagne dans mes aventures pour vivre ça à deux un peu à la Bonnie et Clyde.
Il y a du français et de l’anglais sur ton disque, est-ce parce que tu voulais pouvoir être compris dans les différentes langues ? Puises-tu ta culture musicale dans ces deux langues ?
Oui, je voulais que le message puisse être universel. D’autre part, durant les six ans où j’ai voyagé, je chantais en anglais, des personnes qui parlaient cette langue ont commencé à me suivre et je les ai un peu perdues durant la période où je n’ai chanté qu’en français. J’ai des potes en Australie qui ont acheté mon vinyle et je me suis dit que c’était bien qu’il y ait dessus quelques chansons en anglais quand même. En ce qui concerne ma culture musicale, elle est vraiment plus anglophone car quand j’étais plus jeune, j’avais un rejet de la musique en français. L’anglais, c’était cool alors que j’avais du mal à trouver quelque chose qui m’attirait vraiment dans la musique actuelle en France à part le Rap. Je me souviens que j’aimais bien Brassens car la chanson du gorille était un peu rigolote. J’appréciais ce côté humour avec le français et j’avais demandé à ma grand-mère qu’elle m’offre un CD de Brassens mais c’était vraiment le seul. Ce n’est qu’en revenant en France que je me suis mis à écrire en français et là que je me suis qu’il fallait que je commence à écouter d’une autre oreille plus d’artistes francophones pour m’aider à écrire. Je sais que c’est dur d’écrire dans notre langue pour beaucoup d’artistes. J’ai arrêté d’essayer d’être un grand poète car je ne le suis pas. Je préfère écrire comme je parle.
Tu as pas mal bourlingué avant de sortir ce disque ; tu chantes que notre maison est là où se trouve notre cœur mais si tu devais ne citer qu’un seul lieu pour nous dire l’endroit où tu te sens le plus chez toi, quel serait-il ?
J’aimerais dire un truc exotique mais sans hésitation, chez moi à Hyères-les-Palmiers. Je connais chaque ruelle ainsi que les gens que je croise dans la rue, il y a vraiment quelque chose qui a trait aux racines. J’ai la chance de venir d’un endroit qui est magnifique mais je pense que quand on vient d’un petit endroit qui nous ne nous accepte pas du tout ou qui nous dégoute, on en part et on n’a pas forcément envie d’y revenir. Hyères-les-Palmiers est un endroit où il fait bon vivre et toute ma famille y est. Il n’y a pas photo, c’est chez moi. D’ailleurs, sur cet EP, il y a « Olivier », j’ai écrit cette chanson il y a deux ans et pour la première fois, je me suis autorisé à aller vers la douceur dans ma façon de chanter. J’ai retravaillé le texte avec Eugénie. Ce titre parle d’un olivier millénaire qui est juste à côté de chez moi. Cet arbre est magnifique et on peut même se tenir à l’intérieur. Nous avons tourné une session live au coucher devant cet olivier.
Ton but avec cet EP est-il d’aller défendre tes chansons sur scène bien au-delà de nos frontières ?
Non car si c’était le cas, je pense que j’aurais écrit plus de chansons en anglais. Si cet EP me sert vraiment à boucler une boucle, je compte bien défendre les titres de ce disque en France, en Belgique et Suisse. La Folk se prête très bien au guitare-voix et quand je fais tout en indépendant, cela me permettra de prendre mon van avec mon ami Arnaud Pacini qui est contrebassiste pour aller jouer partout ; dans la rue, chez les gens, dans des cafés-concerts, dans des salles…C’est le meilleur moyen pour moi pour développer mon projet musical. Le but d’avoir écrit ces chansons, c’est de les jouer devant des gens.
Quelles seraient tes collaborations rêvées en termes de duos ?
J’aimerais beaucoup faire quelque chose avec Philippe Katerine et cela depuis longtemps. Ne serait-ce que passer un peu de temps avec lui en studio afin d’être inspiré par lui. Sinon, j’ai commencé à collaborer avec mon copain Ichon et j’aimerais beaucoup que ça dure. Même si je n’ai pas vraiment réfléchi au fait de collaborer avec des artistes anglophones…je vais te dire Mac DeMarco pour les mêmes raisons que Philippe Katerine ou Kirin J. Callinan. Ce serait le côté ludique que je rechercherais en termes de collaborations.
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