Rencontre avec Luwten lors de son récent concert au Pop-Up du Label !
Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?
Je m’appelle Tessa Douwstra, je suis originaire des Pays-Bas et je suis musicienne ; mon instrument principal a toujours été la guitare mais pour mon dernier album, ça a été mon ordinateur. J’écris, j’arrange et j’interprète mes chansons et sur scène, je les joue avec de très bons musiciens. Dans mon projet Luwten, je m’implique également beaucoup au niveau de la vidéo. J’ai réalisé moi-même certains de mes clips, j’ai participé à l’élaboration des concepts qui s’y trouvent et je me vois travailler de plus en plus avec l’image à l’avenir.
As-tu abordé ton second album différemment par rapport au premier ?
Je suppose que oui car j’essaie de toujours d’apprendre quelque chose de nouveau quand je fais un projet. Pour mon premier album, j’ai eu à cœur de tout faire moi-même car avant ce disque, j’avais pour habitude de jouer avec des cuivres. Le nom Luwten est venu de là, en Néerlandais, il signifie un endroit sans vent et cela représentait bien le vide dans lequel je travaillais déjà. Je voulais vraiment voir ce que cela donnerait si je faisais toute la musique uniquement moi-même. Pour le second album, j’ai laissé les musiciens qui m’accompagnent entrer plus tôt dans le processus de création ; cela a été plus ouvert dans un sens. Musicalement parlant, j’ai vraiment voulu créer une combinaison entre l’aspect physique et les machines. Mon premier disque était plus dreamy et introspectif alors que celui est plus physique.
Cet album est-il tourné vers l’intérieur ou l’extérieur ?
C’est une très belle question ! Je pense qu’il y a des deux dans ce disque. Sur « Draft », j’ai voulu explorer la fluidité de l’identité. Personnellement, je crois que mes meilleures idées me viennent quand je suis toute seule ; je devrais l’être plus souvent encore (rires) mais alors, je travaillerais tout le temps et cette solitude deviendrait un isolement. J’ai ; comme tout un chacun ; besoin de l’association des deux.
Peux-tu nous expliquer le titre de ton album ?
Pour moi, ce titre possède deux explications. Quand je compose un album, je ne réfléchis pas à des sujets avant d’avoir commencé à écrire ; ça vient naturellement ; et du coup, je fais plus attention aux paroles après avoir écrit les chansons. Pour moi, il est tout aussi important d’avoir un monde extérieur qu’intérieur et le terme draft conceptualise le fait de laisser entrer le monde de dehors et de laisser sortir celui du dedans. Je veux sentir ce courant d'air sous la porte. La seconde explication serait de voir les choses comme une progression continue dans le travail. C’est pourquoi j’ai trouvé que c’était le titre idéal pour cet album.
Quels sont les thèmes principaux de tes chansons ?
L’humain est au centre de ces chansons qui parlent principalement d’interactions sociales. Il y a du questionnement aussi sur cet album ; que perdons-nous quand on perd le contrôle…J’explore l’être qui se perd pour mieux se retrouver.
Comment décrirais-tu l’univers de cet album ?
Introspectif, errant car je le ressens comme le fait de marcher dans une ville sans avoir de but précis, intuitif mais aussi très détaillé.
Beaucoup de tes chansons ont déjà été mises en images, dirais-tu que le visuel et même le langage corporel sont importants dans ton projet ?
C’est quelque chose de très nouveau pour moi d’utiliser mon corps dans ces vidéos, je ne l’avais jamais fait auparavant mais j’ai été inspirée par la chorégraphe Belge Anne Teresa De Keersmaeker. J’ai été très sensible à l’énergie féminine qui se dégageait de son travail et j’ai trouvé qu’il y avait des similitudes avec ma façon de penser quand je créé de la musique. J’ai commencé à regarder des tutos disponibles en ligne et je me suis sentie à l’aise pour mettre cela en pratique dans mes clips. Au-delà de cela, je suis aussi une grande fan de Thom Yorke et il a déjà utilisé ce moyen d’expression corporel de manière assez frénétique dans des clips de Radiohead ou dans son œuvre en solo. Ça a été une première pour moi et j'ai trouvé cette expérience très intéressante.
Qu’aimerais-tu que le public retienne de cet album ? Un message, une intention…
Je ne sais pas si j’aimerais décider moi-même ce que le public devrait retenir de ce disque… « Draft » a été ma réponse au fait d’avoir ressenti une certaine pression à devoir être quelqu’un et je me suis libérée en écrivant ces chansons ; je me suis autorisée à expérimenter plus de choses. J’aimerais que les auditeurs retrouvent cela en écoutant ce disque et qu’ils ressentent ce besoin constant de rechercher cette liberté eux aussi.
Qui retrouve-t-on dans ta culture musicale ?
Il y avait beaucoup de musique des années 80 à la maison ; j’écoutais Madonna avec ma mère, mon père avait un disque de Seal dans sa voiture, je pourrais citer aussi U2…D’une manière ou d’une autre, ce sont des influences que je n’ai pas vraiment choisies car elles faisaient partie de la culture musicale de mes parents mais elles résonnent quand même en moi. Ensuite, j’ai grandi avec les premiers disques de Nelly Furtado que j’avais découvert sur MTV me semble-t-il et pour le coup, c’est moi qui suis allée vers cette artiste qui m’offrait une alternative à Britney Spears et Christina Aguilera. Physiquement, je m’identifiais plus à Nelly Furtado. Peut-être que je ferais une reprise d’« Explode » un jour car j’adorais cette chanson…
Peux-tu nous en dire plus sur « Generations » qui est sorti il y a quelques semaines ?
Durant la composition de « Draft », j’ai écrit beaucoup de chansons ; c’est toujours le cas car on ne choisit que les meilleures, j’ai dû en faire soixante-dix ; certaines allaient très bien ensemble mais pas avec celles de l’album et j’ai décidé d’en sortir deux sur cet EP. « Generations » comme son nom l’indique aborde plusieurs générations ; la mienne, celle du millénaire, celle qui connait le burnout et qui s’interroge sur son travail, sur qui elle est et ce qu’elle veut être réellement…mais aussi les générations passées, les traditions, les changements…Dans cet EP, il y a un lien entre les futures générations, celles d’aujourd’hui et celles du passé. Sur ce disque, on retrouve également un memo vocal que j’ai enregistré avec ma grand-mère.
LUWTEN - Stopwatch (Official Vertical Visualizer)
LUWTEN - Stopwatch (Official Vertical Visualizer)Inspired by: Abeceda by Karel Teige, Milca Mayerova and Vitezslav NezvalDirected by: LUWTENConcept by: LUWTE...