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Rencontre avec Claire Gimatt au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur son premier album !

Publié le par Steph Musicnation

(c) Michela Filzi

(c) Michela Filzi

Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?

Je suis autrice, compositrice et interprète. J’ai mon propre projet pour lequel j’écris des chansons qui racontent principalement des histoires. Je m’accompagne au piano, aux claviers et aux machines. Je travaille également pour des compagnies de théâtre pour lesquelles je compose de la musique que je joue aussi parfois en direct.

Quel a été le déclic pour composer ton premier album intitulé « Sorcières » ?

A un moment donné, je me suis rendu compte qu’il y avait un lien entre toutes les chansons que je composais et qui mettaient en scène des obsessions similaires. Je me suis dit que c’était le moment de créer un objet qui rassemblerait toutes ces chansons. Je n’avais plus très envie de faire des EPS qui ressemblaient plus à des outils promotionnels ; je voulais faire quelque chose d’abouti et qui avait du sens pour moi.

Ce disque s’ouvre avec « Dali », imagines-tu tes chansons comme des peintures ?

On parle souvent de chansons cinématographiques car elles racontent des histoires mais il y a dedans une dimension très visuelle. J’utilise beaucoup d’images dans mes chansons dans lesquelles on peut retrouver notamment un orme qui marche et elles pourraient sortir de tableaux surréalistes comme ceux de Dali. Toutefois, j’imagine plus ces chansons comme des courts-métrages d’animation dans lesquels tout serait permis. Un clip en collage a été réalisé par MiraRuido pour illustrer « Dali ». J’aime bien quand il y a du désordre, quand les choses ne sont pas comme dans le réel ; comme par exemple « Les Femmes Aux Têtes De Fleurs » de Dali.

(c) Michela Filzi

(c) Michela Filzi

Quels thèmes abordes-tu sur « Sorcières » ?

Sur ce disque, on retrouve cette notion de l’imaginaire qui est une sorte de porte d’évasion mais aussi un endroit où l’on peut réenvisager notre réel. A travers l’album, je ne mets quasiment en scène que des femmes qui sont entravées, qui ont besoin d’ « exploser » et de sortir de là où elles en sont. Ces chansons reflètent ce que ça peut être une femme maintenant ou en général. Ce disque parle de libération et de la peur aussi.

Comment mettrais-tu en corrélation le terme sorcières et notre époque actuelle ?

Depuis quelques temps, la figure des sorcières est beaucoup reprise par les penseuses féministes. Pour moi, c’est une figure émancipatrice qui pose plein de questions car elles ont été persécutées car elles sortaient des sentiers battus, elles possédaient un savoir ou avaient un comportement qui était jugé inapproprié par les institutions. Aujourd’hui, ça change, heureusement mais quand j’étais enfant, elles étaient représentées hideuses avec des verrues dans les contes. Cela pose la question du fait d’être désirable uniquement quand on correspond à un stéréotype de beauté et de comportement alors que les sorcières sont les seuls personnages indépendants qui ne sont pas à la recherche du prince charmant ou en rivalité avec d’autres femmes qui se demandent si elles sont les plus belles ou pas.

Comment décrirais-tu l’univers de ton album ?

Cinématographique, torrentiel, il y a des moments proches de la transe et d’autres qui sont plus contemplatifs, sensoriel car les sens sont très présents dans mes chansons.

(c) Michela Filzi

(c) Michela Filzi

Musicalement parlant, comment as-tu pensé ce disque ?

Au niveau des sonorités, j’ai voulu que cela vienne nourrir le côté imaginaire tout en ayant un côté assez brut et acoustique. Sur cet album que j’ai co-arrangé avec Arthur Guyard qui y joue du piano, il y aussi de la contrebasse jouée par Louis Navarro et du violon joué par Chloé Bousquet. Ces musiciens apportent un côté très acoustique et charnel finalement. Sur « Sorcières », il y aussi des prods plus électroniques qui amènent dans des atmosphères surnaturelles. Je voulais que tout cela soit imbriqué afin qu’il y ait un lien entre réel et imaginaire.

Proposes-tu au public une mise en scène particulière pour « développer le propos » lors de tes concerts ?

Oui, le live est conçu pour être assez immersif. Il y a des atmosphères ; des textures ; entre les chansons et je dis des textes extraits du « Livre de l’Intranquillité » de Fernando Pessoa qui parle aussi du rêve, de ce que c’est que d’être dans le réel, de certaines difficultés et d’avoir envie de s’échapper. Quand j’ai lu ce livre, j’ai trouvé qu’il y avait tellement de corrélation avec ce que je raconte dans mes chansons que j’utilise ces textes-là dans mes concerts. Il y a quelque chose de théâtralisé dans ces spectacles mais je ne joue pas de personnages, c’est plus dans le sens où quelque chose de déroule tout au long du concert.

Quelles seraient les grandes figures féminines qui t’inspirent au quotidien ?

Frida Kahlo, j’aime son côté surréaliste, cette blessure physique qui est représentée en permanence et la profusion de la nature dans son œuvre. Il y a une puissance chez elle mais également quelque chose de brisé à l’intérieur et je trouve ça magnifique. Nastassja Martin qui est anthropologue et qui raconte sa rencontre avec un ours dans « Croire aux Fauves ». L’écrivaine Starhawk qui parle des sorcières et qui aussi une activiste militante écoféministe. Carole Martinez qui a écrit « Le Cœur Cousu » dont l’univers s’inscrit dans le réalisme fantastique, les femmes présentes dans son roman se passent des pouvoirs magiques de génération en génération et il y a également une réalité sociale hyper forte. Rossy de Palma qui possède une personnalité hyper forte et une beauté qui sort totalement des normes. Elle est très impressionnante.

(c) Michela Filzi

(c) Michela Filzi

Qui retrouve-t-on dans ta culture musicale ?

Lhasa, Geoffrey Oryema, Ben Harper, Tracy Chapman, Piers Faccini, Lole y Manuel, Estrella Morente, Serge Lopez, Eminem, Zebda, Noir Désir, Jacques Higelin, Dionysos, Matthieu Chedid, Camille, Emily Loizeau, Agnès Obel, Klo Pelgag qui fait également partie des figures féminines qui m'inspirent…

Quels sont tes prochains projets ?

Je vais jouer ce vendredi 26 novembre au festival Les Nuits du Chat à Montpellier et le lendemain au Sonambule à Gignac en première partie d’Eric Lareine. Nous jouerons dans des tours de chant à Toulouse en début d’année. Le clip de « Sorcières » est en cours de montage et il sortira très prochainement. J’ai également un projet en tant que compositrice pour la Compagnie SCOM. Ce projet qui parle de sexualité est hyper beau. Il y aura des danseuses et des circassiennes au plateau. Je suis vraiment ravie de faire partie de ce projet pour lequel nous allons faire deux ans de résidence. En parallèle à tout cela, j’ai envie de créer de nouveaux morceaux que j’intégrerai petit à petit dans mes concerts.

Rencontre avec Claire Gimatt au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur son premier album !
https://www.facebook.com/clairegimatt
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