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Rencontre avec Sarclo au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur son nouvel album !

Publié le par Steph Musicnation

(c)Alexandra Brunet

(c)Alexandra Brunet

Pourquoi avoir attendu autant d’années avant de présenter de nouvelles chansons originales ?

En 2011, j’ai acheté l’ancienne mosquée clandestine de Croix de Chavaux à Montreuil pour en faire le Théâtre Thénardier. A cette époque-là, j’avais l’âge de Brassens quand il est mort et depuis plusieurs années avant sa disparition, il ne faisait pas des chansons formidables ; elles étaient un peu moins vives et vigousses que celles qu’il écrivait auparavant ; du coup, j’ai préféré arrêter de faire des chansons afin de m’occuper du théâtre. Ensuite, deux choses sont arrivées et elles m’ont fait faire des chansons qui me plaisaient bien ; le cancer de ma compagne qui a donné naissance au titre « Fucking Crabe » et la mort de mon ami Napoleon Washington qui ma légué sa guitare pour laquelle j’ai écrit « La Gibson (2) ». Comme j’aimais beaucoup ces deux chansons que je ne voulais pas laisser seules, j’ai regardé mes fonds de tiroir, j’ai donné mes textes à mon fils Albert qui est un bon musicien et en voiture Simone, il en a fait un disque. Cet album n’aurait pas été justifié sans ces deux chansons que je trouve fortes.

Pouvez-vous expliciter le titre de votre nouvel album ?

Ce titre m’a fait rigoler, tout simplement. Si on arrête de blaguer, on est mort.

Pouvez-vous nous donner des exemples de situations qui vous font dire que vous n’avez jamais été aussi vieux ?

Tous les matins quand on se réveille, c’est toujours un peu plus tard, nous sommes tous dans la même barque et ça me fait rire. Je me souviens que le jour des 88 ans de mon père, j’ai joué devant le magasin de pinard que j’avais à Genève et après ce petit concert, je suis allé le voir pendant qu’il buvait un verre en terrasse et je lui ai dit que c’était pas mal d’être son fils car on a l’impression que vieillir n’est pas un problème. Il m’a répondu qu’il ne savait pas de quoi je parlais car il ne s’était jamais senti vieux. Je suis un peu dans le même état d’esprit. Rigoler de mon âge, c’est rigoler de la vie. On devient vieux si on a de la chance et puis c’est tout. Personnellement, je me sens vieux quand j’éprouve de la reconnaissance pour le bonheur.

(c)Lucie Loqueneux

(c)Lucie Loqueneux

Comment avez-vous souhaité ce disque d’un point de vue musical ?

A part « Fucking Crabe » qui est en guitare-voix plus très peu de choses, j’ai tout donné à Albert et je lui ai laissé carte blanche. Quand je fais un disque, je me mets volonté en apnée décisionnelle. Je trouvais chouette chaque démo qu’il m’envoyait ; j’ai juste mis ma voix à la place de la sienne tout en me demandant si je saurai chanter sur ces choses-là. Mon fils a fait ce disque avec beaucoup de programmation et je trouve qu’il a bon goût.

Que retrouve-t-on comme thématiques sur « J’Ai Jamais Eté Aussi Vieux » ?

Ce ne serait pas plutôt votre boulot de trouver cela ? (rires) Si je savais ce que j’écris, ce serait moins intéressant. La poésie est le sens de l’imaginaire. Celui qui écrit le possède et il compte sur le sens de l’imaginaire de celui qui va écouter ; il y a donc une tension entre ce que l’auteur écrit et ce que l’autre lit vraiment et ce qu’il va imaginer de plus. Je sais bien que j’ai parlé de la mort, du vieillissement, de cul, de rigolade, de politique…mais j’y mets toujours du double fond.  

Vous avez œuvré en famille sur cet album ; qu’appréciez-vous le plus chez votre fils en tant que musicien ?

Nous jouons souvent ensemble sur scène. Quand il avait 10 ans, il faisait de la batterie avec moi. Nous sommes toujours collés et nous avons beaucoup de plaisir à être ensemble. Albert a sorti son premier disque à 22 ans et il a été tout de suite programmé sur les radios Suisses. Il n’a pas été pistonné puisque moi, je n’y passe pas. Son disque avait vraiment des qualités et moi-même, je les reconnais. Chez Albert, il y a le plaisir de jouer de vrais instruments ; guitare, clavier, batterie…Il joue toujours d’un instrument avec délicatesse, il ne fait jamais de virtuosité gratos mais c’est toujours à propos. Il a beaucoup de goût également pour créer des environnements avec des éléments « synthétiques ». Vivre un disque avec son fils, c’est bouleversant ; c’est une statue du bonheur.

Rencontre avec Sarclo au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur son nouvel album !

Cette année, vous fêtez vos 40 ans de carrière discographique, quels sont les projets que vous auriez à cœur de réaliser ?

Nous allons sortir un livre avec toutes mes chansons ; leurs tablatures, leurs grilles d’accords, leurs partitions ; on y retrouvera toute ma discographie commentée ; cela fait une biographie à côté de la discographie ; et à cela s’ajoutera toutes les règles que je me donne quand j’écris des chansons ; ce que j’appelle les règles douloureuses de Sarcloret. Il y aura également quelques aphorismes et des recettes car ça m’arrive de parler de bouffe dans mes chansons. Côté CDS, il y aura ce nouvel album, un avec mes traductions de Bob Dylan ; soit en trio soit en solo ; un disque avec moi qui chante au coin du plumard pour montrer ce que je fais quand c’est tout nu pour faire le dialogue avec le travail d’Albert et un disque sur lequel mon fils reprendra mes vieilles chansons à la sauce 2021. Le projet est donc global et il s’appellera « Sarclo Le Bouquin ».

Vous avez chanté le répertoire de Bob Dylan en français, aimeriez-vous réitérer l’exercice en adaptant un autre artiste anglophone ou peut-être revisiter à votre façon un artiste francophone ?

Je ne suis pas trop mauvais sur Dylan car il m’a envahi la tête quand j’avais 15 ans. Je sais que tout le monde a une perception différente de Dylan mais ceux qui y tiennent le plus m’ont dit que ça les soulageait de l’amertume qu’ils avaient quand ils avaient entendu Cabrel et Aufray dans leurs adaptions. Je me sens donc légitime dans mon travail avec Dylan. A vrai dire, je n’ai pas envie de forcer l’écriture. Je ne vais pas aller chercher Leonard Cohen car il est aussi bon que Bob Dylan. Dans l’écriture de Cohen, il y a une mystique très complexe, ses chansons sont hyper travaillées et je ne pourrai pas rentrer dedans de manière respectueuse. En revanche, à 10 ans, j’ai découvert Jean Villard dit Gilles dont j’aime beaucoup les chansons. J’ai longtemps trimballé ses chansons sur scène avec mon copain Michel Bühler dans le spectacle « Les Trois Cloches » et je pense que chanter Jean Villard-Gilles, Bob Dylan et Sarclo, c’est déjà pas mal de boulot !

(c)Raphael Caussimon

(c)Raphael Caussimon

Pouvez-vous nous en dire plus sur ce qui sera à l’affiche du Théâtre Thénardier dans les prochaines semaines ?

Nous avons actuellement Luciano Travaglino qui vient chanter les chansons de Dario Fô en français durant plusieurs vendredis, David Lafore vient se produire les mercredis, le spectacle « Le Grand Tout » de Paccoud et le Sister System se joue les jeudis. Dans le cadre du Festival Marmoe, nous allons présenter « Bibliotron » un spectacle de marionnettes mais aussi « La Vraie Vie Des Pirates » de la Compagnie AFAG et « Le Cirque à 4 Mains ». La CIE La Girandole viendra présenter « La Lune et L’Ampoule » un concert-théâtre-clown. A la fin du mois de novembre, nous accueillerons une boutique d’objets pas communs, l’expo Cabinet Des Curiosités. Nous sommes un théâtre à programmation irrégulière, nous pouvons autant faire de la chanson, des spectacles pour enfants que de l’humour, des bals, des soirées burlesques…

Rencontre avec Sarclo au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur son nouvel album !
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