Rencontre avec Marc-Antoine Perrio au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de « Mentir » !
Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?
Je suis auteur, compositeur, interprète, je fais et j’arrange mes productions moi-même ; je suis un peu multi casquettes ; et je viens du chemin traditionnel du conservatoire où j’y ai appris la guitare en Jazz et en classique.
Que s’est-il passé d’un point de vue musical pour toi depuis la parution de « Paradis » il y a deux ans ?
A vrai dire, j’ai voulu aller un peu plus loin dans ce que je faisais depuis « Paradis ». Un EP était prêt au moment de la sortie de ce titre mais je pense que moi-même, je ne l’étais pas. J’ai pris le temps de réfléchir et de faire d’autres morceaux durant ces deux ans tout en jouant également dans d’autres projets dont Retriever et en faisant des collaborations notamment avec Adrien Soleiman et Jo Wedin. J’ai accompagné également en live des artistes tels qu’Arman Méliès et Kyrie Kristmanson.
Quel a été le déclic pour composer ce premier EP officiel qui arrive bientôt ?
Le déclic est venu progressivement. « Paradis » a initié cela, il m’a permis de me décomplexer et le premier confinement m’a grave aidé car je pense que j’avais besoin de me retrouver avec moi-même. Je faisais beaucoup trop de choses en même temps et cette période m’a permis de me focuser sur ma musique.
Quel univers aimerais-tu développer dans ton projet musical ?
Ce qui me vient à l’esprit, ce sont certains mondes du jeu Tekken 2 où il y avait beaucoup de noir et d’orange, des couchers de soleil. Pour moi, cet univers est très synesthésique et chaleureux même si je parle de choses très froides. Je dirais qu’il y a quelque chose d’élémentaire que ce soit dans la musique que je veux faire ressentir ; il y a une idée de grain, de quelque chose de travaillé, de choses qui ont été passées dessus ; ou dans mon écriture.
Justement, que retrouve-t-on dans ton écriture ?
J’essaie de trouver un moyen pour que les mots ou les phrases que l’on retrouve dans mes textes aient déjà une histoire comme les sons que j’utilise. Il y a plusieurs niveaux de lecture dans mes chansons. J’ai à cœur de dire quelque chose d’évident mais en le suggérant dans l’architecture du texte.
Peux-tu expliciter pour nous le titre de ton nouvel EP qui peut se lire de deux façons ?
Ce titre « Nage(s)/Sel » qui peut se lire « Les Anges » joue beaucoup sur la dichotomie humaine ; sur tout ce que l’on a de plus lumineux en nous et sur quelque chose de presque purgatoire. Le sel a un lien avec la mer et c’est en rapport avec l’un de mes titres. Il y a une part en nous qui cherche la lumière alors qu’une autre se démêle tout le temps avec les mêmes problématiques dont je parle dans mes chansons.
Pourquoi as-tu choisi d’annoncer ce disque avec « Mentir » ?
Je pense que « Mentir » est une bonne porte d’entrée dans cet EP ; ce titre possède un côté plus enlevé et il illustre bien ce dont je parlais précédemment. Ce titre parle de quelqu’un qui se rend compte qu’il ment tout le temps mais qui continue à le faire.
Ce titre est-il une fiction ou est-il ancré dans la réalité ?
Ce titre est ancré dans plusieurs réalités car ce personnage est constitué d’une collection de plein d’autres. J’ai essayé de caractériser un archétype. Si « Mentir » est né d’une réaction par rapport à des choses qui m’énervent ou me choquent chez les gens, ce serait complètement hypocrite de dire que je ne m’y reconnais pas. Je pense que tout le monde se reconnait dans le mensonge.
Peux-tu nous en dire plus sur tes envies visuelles pour la mise en images de « Mentir » ?
J’ai voulu mettre en avant que cette personne possède plusieurs facettes. Ce clip joue sur des codes couleurs qui oscillent entre le noir et l’orangé et cela rejoint le côté synesthésique dont je parlais plus tôt ; cela illustre ce que je vois quand je compose et je joue ma musique. Je ne voulais pas trop être dans un discours dans cette vidéo et c’est aussi pour cela qu’il y a un côté très impressionniste à l’image. Je voulais que ce clip illustre vraiment la musique, qu’il donne un support pour capter des sensations et des impressions. Il y a côté granulé dans ce clip.
De quoi vas-tu parler sur « Nage(s)/Sel » ?
Sur cet EP, on va retrouver une somme de personnages qui parlent à la première personne de choses qui traversent leur esprit. « Nages(s)/Sel » parle de sensations. Les chansons qui composent cet EP sont des instantanés de personnes qui constatent qu’elles sont comme elles sont sous l’axe du manque, de l’envie…
Que retrouve-t-on dans tes inspirations musicales ?
La G-Funk, le Hip Hop, Laurent Voulzy, Blood Orange, Prince, DJ Quik…
Ton style musical se prêterait tout à fait à l’anglais…le français a-t-il toujours été un choix de langue évident pour toi ?
Oui, carrément mais bizarrement, je viens de groupes avec lesquels j’ai fait pas mal de Pop en anglais. Pour ce projet, je ressentais le besoin de musicalité dans les mots ; j’écris beaucoup en fonction de comment les choses peuvent se mettre dans ma bouche et je ne pouvais pas le faire autrement qu’avec ma langue maternelle. La manière de se raconter ou de cacher des choses derrière ce que l’on raconte, c’est beaucoup plus facile pour moi de le faire en français. Ce choix de langue est clairement définitif. Par ailleurs, je trouvais intéressant d’aborder la musique d’une façon plus anglo-saxonne dans la manière de la faire tout en assumant un propos en français dessus.