Rencontre avec Marion Mezadorian afin d’en apprendre plus sur « Pépites » !
Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?
Je viens d’Aix-en-Provence, je suis comédienne avant tout et j’ai écrit un spectacle d’humour dans lequel j’incarne plein de pépites. Au-delà de ce seul scène, je joue autant au cinéma qu’au théâtre.
T’es-tu dirigée très tôt vers l’humour ?
Très tôt, non, même si j’adore rire. J’ai grandi dans une famille méditerranéenne à Aix-en-Provence près de Marseille ; ma maman est d’origine Italienne et mon papa est né en Arménie, mes oncles parlent fort et ont un accent du Sud, tout le monde crie et parle avec les mains et donc ma vie était déjà un sketch ambulant. Ce n’est que tardivement que je me suis dirigée professionnellement vers l’humour ; j’ai fait de la danse et beaucoup d’autres choses mais ce n’est que vers l’âge de 16 ans que j’ai débuté le théâtre car j’avais très peur auparavant. Deux ans plus tard, je suis montée sur Paris afin de me former en tant que comédienne mais j’avais aussi en tête l’écriture de ce premier spectacle d’humour que je présente actuellement mais je ne l’ai fait que dix ans plus tard.
Pourquoi as-tu attendu autant de temps ?
C’est le temps qu’il m’a fallu pour vivre des choses afin de les raconter. Je me suis lancée à 27 ans et quand j’ai regardé l’âge moyen des femmes humoristes à leurs débuts notamment Florence Foresti, Muriel Robin…je me suis rendu compte qu’elles n’avaient pas 18 ans. Il y avait une envie de carrière qui était précoce mais elle a mûri avec les années. De là à se lancer seule, c’est un vrai combat.
Peux-tu nous dire ce que sont les pépites ?
Ce sont les gens qui me touchent et qui me font rire et il faut qu’il y ait les deux. La personne m’émeut parce que ce qu’elle dit est vrai, juste, ou qu’elle est pleine de contradictions et cette contradiction trahit une faille que j’adore. Ce moment de vie de cette personne va nous bouleverser et nous faire arrêter le temps pour deux secondes. Ces pépites me suivent depuis toujours. Pour tout te dire, à mon sens, nous sommes tous des pépites mais plus fortement à certains moments. Au premier abord, certaines personnes sont plus pépites que d’autres, elles sont magiques et brillent tout de suite ; on se dit que c’est extraordinaire de pouvoir dire cela et que nous nous n’aurions jamais osé (rires).
De quoi parles-tu sur scène dans « Pépites » ?
L’enfance est un thème qui revient beaucoup dans ce spectacle, il est en filigrane même si on ne s’en rend pas trop compte. Je parle beaucoup de l’enfance car c’est ce qui me plait et cela permet de rester dans l’univers du conte et de la rêverie. Le spectacle commence alors que j’ai 5 ans et mon père me raconte une histoire de pirates qu’il invente pendant qu’il regarde un match de l’OM dans les années 90. Mon père intervient beaucoup dans « Pépites » car il m’a fait croire beaucoup de choses durant mon enfance comme le fait d’avoir caché des pierres précieuses dans notre jardin en me disant qu’elles y poussaient réellement, il m’a donné lui-même sa définition de deux femmes qui s’aiment,…J’aborde le pouvoir qu’ont les adultes de faire croire ce qu’ils veulent aux enfants et comment eux grandissent avec cela. Je ne parle ni de politique, ni d’actualité, ni des relations homme-femme ; je parle plus de l’humain toutes générations confondues car j’incarne autant un enfant qu’une mamie qu’une parisienne trentenaire qui est censée être dans la fleur de l’âge. A mon sens, j’incarne les gens dans leurs moments les plus simples mais ce sont pour moi ceux qui sont les plus beaux ; les plus brillants ; car c’est la vérité.
Ce spectacle est-il réellement autobiographique ?
Oui, je n’ai rien inventé ; c’est ça qui est merveilleux (rires). C’est autobiographique. Quand j’ai écrit ce spectacle, je me suis dit qu’il se passait tellement de belles choses parfois complètement folles dans ma vie qu’il fallait que je les mette sur papier. Durant un an, j’ai trié, étiré, éliminé ce qui pouvait être de l’ordre de l’intime dans ces informations.
Quels ont été les retours de tes proches dont tu parles pas mal dans ton seul en scène ?
Effectivement, mon père prend une place énorme dans ce spectacle dans lequel on retrouve également ma grand-mère et l’une de mes meilleures amies ; Leslie la parisienne. Toutes les pépites ont très bien vécu la chose ! Au début, je pense que cela leur a fait bizarre mais aujourd’hui, elles sont fières d’être dans le spectacle. Pour mon père, ça a été un peu comme une triple sentence car c’était sa fille qui jouait, c’était son histoire, c’était lui et cela faisait beaucoup d’émotions ; il voyait les gens rire sur son personnage et il ne comprenait pourquoi ils riaient et ma grand-mère qui parlait toute seule durant le spectacle disait que tel ou tel passage n’était pas vrai. J’avais prévenu mes potes que c’était ma mamie et qu’elle allait se croire au cinéma (rires). En tout cas, ils l’ont très bien pris et ils ne m’ont jamais dit que je devais couper quelque chose. J’ai découvert à ce moment-là que mon entourage avait beaucoup d’humour et franchement, je ne pensais pas à ce point-là.
Peux-tu nous parler de la mise en scène de « Pépites » ?
Ce spectacle a été mis en scène par 4 de personnes différentes depuis le début de son histoire. La construction s’est faite ainsi : durant un an, j’ai écrit et j’ai déblayé mes idées mais il y en avait encore beaucoup trop, j’avais un format titanesque avec quatre heures de jeu. Fin 2015, j’ai rencontré un premier metteur en scène ; Francis Magnin ; qui avait une inspiration plus stand-up et qui m’a aidé à restructurer mon texte et à choisir les personnages. Nous avons gardé cette trame de vie qui est la mienne et à l’intérieur, nous avons incorporé les portraits que j’avais écrits et qui sont devenus les pépites. Francis m’a aidé à monter sur scène ; ce qui était énorme ; et à puncher le spectacle avec des vannes. Francis avait une efficacité redoutable sur l’écriture et la drôlerie et moi, j’avais un côté poétique avec l’ambiance générale que j’avais posée durant un an. Dans un seul en scène auto-biographique, il faut savoir que le metteur en scène devient presque coauteur car pour le rythme on peut bouger un mot, une phrase, inverser des paragraphes…Ensuite, il y a eu Alexis Gobé qui est un ami qui n’a rien à voir avec le milieu du spectacle mais que j’ai alpagué après Francis. J’ai travaillé à chaque fois avec une seule personne à la fois, nous n’avons jamais été cinq en même temps mais ils se sont tous un peu passé le relais au fil des années. Alexis m’a aidé à écrire la scène de départ quand j’ai quitté la forme plus stand-up du spectacle. Par la suite, j’ai rencontré la comédienne Alexandra Roth qui m’a aidé à reformuler la forme du texte ; c'est-à-dire mettre l’univers des pépites dès le départ alors que je n’en parlais qu’à la fin. Nous n’avons travaillé que deux mois ensemble et c’était génial. Actuellement, « Pépites » est mis en scène par Mikaël Chirinian qui lui a donné un dernier coup très théâtral ; il a rajouté de la musique, des petits sons, des lumières…il a retiré tous les tutoiements vers le public même si je m’adresse encore à lui. Avec l’aide de ces quatre personnes qui sont à mon sens mes quatre coauteurs et metteurs en scène, je suis passée d’un format plus stand-up à un seul en scène plus théâtral. Et dernièrement Quentin Morant a rejoint l’équipe en créant toutes les musiques du spectacle. Nous avons dorénavant une vraie bande originale pour « Pépites » ! Trop fière!
Comment décrirais-tu ton humour ?
Je vais dire que c’est l’humour de la vie ; je n’invente rien, j’essaie d’incarner de la manière la plus brute ce que j’ai vu ou entendu. Je me base sur ce que les gens ont vécu. C’est un peu intemporel et toutes les générations peuvent se reconnaître.
As-tu d’autres projets et/ou d’actualités en parallèle à « Pépites » ?
Je joue dans le film « Si On Chantait » de Fabrice Maruca qui sortira le 3 novembre prochain, avec Clovis Cornillac, Artus, Jérémy Lopez, Alice Pol et Chantal Neuwirth.
Tu présentes ce spectacle depuis 2016, la suite est-elle écrite ?
Ce qui est certain, c’est que je joue ce spectacle depuis cinq ans et je ne m’en lasse pas. Pour être honnête, c’est une grande surprise pour moi car je pensais que l’on pouvait vite se lasser en jouant toujours le même spectacle. « Pépites » n’a pas encore fini de vivre, je pense le jouer encore un bon moment ; c’est le destin que je lui souhaite. Si j’écris des nouveautés, elles seront directement incorporées dans ce spectacle-là. Bien évidemment, je ne me vois pas quitter la scène donc il y aura sûrement un « Pépites 2 » qui sait ! Car des nouvelles pépites auront débarqué dans ma vie entre temps (rires).
Comment inviterais-tu nos lecteurs à venir te découvrir actuellement au Petit Palais des Glaces ?
Je leur dirais que nous allons arrêter le temps ensemble, que nous allons rire ensemble et que nous allons observer ces gens que nous avons tous croisé dans nos vies. Les spectateurs connaissent sûrement des pépites comme celles présentes dans mon spectacle mais ils n’ont peut-être pas encore pris le temps de s’arrêter sur elles le moment venu. Dans « Pépites », je leur propose un arrêt sur ces gens qui partagent nos allées et venues ; ne serait-ce que cinq minutes ; et qui peuvent nous marquer à tout jamais.
MARION MEZADORIAN - Palais des Glaces
De Marion Mezadorian, Francis Magnin, Alexis Gobé, Alexandra Roth, avec Marion Mezadorian, mise en scène de Mikael Chirinian, musique de Quentin Morant, produit par Ki m'aime me suive et Pépites...
https://www.palaisdesglaces.com/marion-mezadorian/spectacle/416