Rencontre avec Gauvain Sers à l’occasion de la parution de son troisième album !
Pour reprendre le titre de ton troisième album, as-tu rapidement trouvé ta place dans ce monde ?
Rapidement ; non, je ne crois pas. Un peu comme tout le monde, j’ai un peu pataugé et je me suis cherché pendant assez longtemps. Je suis parti dans des études plutôt scientifiques mais à un moment donné, il y a eu la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, la passion a pris le dessus, je me suis lancé dans la musique et là, petit à petit, j’ai fini par trouver ma place. Essayer d’émouvoir les gens pendant une heure et demi sur scène, je crois que c’est la plus belle place pour moi pour l’instant.
Quel a été le déclic pour dévoiler ton premier album en 2017 ?
Il n’y a pas vraiment eu un déclic, cela s’est fait petit à petit. Il a fallu poser pierre après pierre pour monter quelque chose mais je pense que les premières parties de Renaud ont accéléré beaucoup de choses ; j’ai été mis dans la lumière un peu du jour au lendemain alors que je jouais plutôt dans des salles plus intimistes auparavant. Durant un an, je me suis retrouvé à jouer en première partie dans des Zéniths devant 6000 personnes tous les soirs ; ça a été un sacré coup de projeteur et ensuite, des labels se sont très vite intéressés à moi. J’avais déjà les chansons, il ne manquait plus que l’entourage pour les enregistrer bien comme il faut. Le premier album est arrivé dans la foulée de manière assez logique.
Tu ne serais pas devenu chanteur, quelle place aurait pu être la tienne ?
Je dis dans le livret de mon album que j’aurais pu être braqueur de banque mais ça, c’est dans les films (rires). Honnêtement, je n’arrive pas à me voir faire autre chose que de la musique et c’est pour cela que je me suis lancé là-dedans de manière totalement insouciante sans avoir aucune certitude alors que j’avais un avenir tout tracé dans l’autre domaine.
Après deux albums à succès, as-tu toujours le trac à l’idée de sortir un nouveau disque ?
Bien sûr et ce serait terrible de ne pas l’avoir. Je pense que le jour où je n’aurais plus de pression, ça sera affreux car ça voudra dire que je m’en fous de ce pensent les gens. Evidemment, j’ai envie que ma musique touche et accompagne les gens qui l’écoutent. J’ai envie que les gens suivent le nouveau chapitre de l’histoire et donc plus les albums passent et plus j’ai de la pression car il faut se renouveler et évoluer sans les perdre en chemin. Ce n’est pas facile de ne pas finir à ennuyer le public plus on sort de disques. Le défi est un peu plus difficile à chaque fois mais j’essaie de le relever comme je peux et en même temps, j’ai plus d’expérience aussi.
Il y a un engagement évident dans ta musique mais comment le définirais-tu toi-même ?
Dans mes chansons, j’essaie de parler des choses qui me bouleversent dans la vie et souvent, ce sont les gens. J’espère que cet engagement est plus porté sur l’humanité et sur le fait de considérer chaque personne de la même manière. Cet engagement pointe du doigt des choses qui me sont assez insupportables dans la vie comme l’intolérance, le racisme et l’injustice quelque soit le domaine. Je pense que c’est cela la colonne vertébrale de cet engagement.
Quels thèmes abordes-tu sur ton nouvel album ?
J’aime aborder des thèmes différents sur chaque album ; c’est vraiment ce qui me plait et qui m’anime. J’apprécie de brasser plein de choses différentes afin que cela représente ce qui se passe dans la vraie vie. On doit pouvoir sourire, être ému, pleurer, s’interroger, s’indigner…Sur ce nouvel album, il y a des choses très personnelles. Je crois que je n’ai jamais été autant impudique que sur ce disque. Il y a du vécu et des choses très observées plutôt caméra à la main afin de montrer ce qui peut m’émouvoir. Pour citer quelques exemples ; « Ta Place Dans Ce Monde » parle d’une étudiante dans son lit qui se demande ce qu’elle fait là sur cette planète, « Les Toits De Paris » aborde mon arrivée dans la capitale à 17 ans et le fait que je suis tombé amoureux de la vue depuis ma chambre de bonne au sixième étage sans ascenseur avec un tout bout de Tour Eiffel au loin et l’étendue des toits bleus parisiens, « Sentiment Étrange » démontre le racisme ordinaire, « La France Des Gens Qui Passent » est une chanson de terrasse de café ; c’est l’imprévu , peut-être car ça nous a manqué durant les confinements tout simplement…Comme je ne pouvais pas le faire dans la vraie vie, j’ai voulu voyager à travers ces chansons. Il y a également beaucoup de portraits notamment « Chanteuse De Salle De Bain » ; c’est une scène universelle que nous avons tous vécu ; « Cité Thimonnier » parle d’une grand-mère qui attend toujours le coup de fil de sa petite-fille le dimanche pour savoir quand elle viendra manger… « Elle Était Là » est un hommage à une personne qui a toujours été là pour moi depuis la toute première ligne et sans qui je n’aurai pas écrit toutes ces chansons.
« Ta Place Dans Ce Monde » est plus autobiographique que ses prédécesseurs, est-ce que cela est dû aux divers confinements qui ont offert du temps pour se questionner ?
Peut-être, je n’y avais pas fait attention mais certainement. Forcément, cette parenthèse un peu inattendue a fait que nous avons pu prendre du recul sur les choses et nous poser des questions effectivement. Est-ce que j’habite au bon endroit ? Est-ce que je fais le bon métier ? Est-ce que je vis avec la bonne personne ? Ces confinements ont soulevé pas mal de questions chez chacun de nous. Au-delà de cela, plus les années passent et moins j’ai de mal à me mettre à nu. J’aime quand les autres artistes le font et je me suis dit que j’allais essayer de lâcher un peu les chevaux et ne pas m’autocensurer sur des choses personnelles même si ce n’est pas facile honnêtement.
Ton nouveau single s’intitule « Elle Était Là », c’est un hommage à ta compagne, que mettrais-tu en avant chez elle ?
C’est une épaule très très réconfortante, c’est quelqu’un sur qui on peut toujours compter ; c’est très important dans la vie ; et elle est également extrêmement généreuse.
Peux-tu nous parler plus en détail du clip qui illustre cette chanson ?
Il y a pas mal de choses qui ont été romancées ; mise à part la fin qui est un vrai concert. Dans ce clip, il y a vraiment un jeu d’acteur ; nous n’avons pas voulu jouer la propre histoire et je pense que c’est pas mal de séparer le côté privé et le côté professionnel. J’avais envie d’une espèce de Bonnie & Clyde sur la route et le fait d’illustrer cette chanson par un road trip montre bien le chemin que nous avons parcouru ensemble et toutes les embuches qu’il y a pu avoir. Nous voulions quelque chose de solaire, de léger, de tendre et qui soit à la fois touchant et drôle.
Tu sembles être devenu un véritable titi parisien et pourtant, tu es né à Limoges. Qu’est-ce qui te séduit dans Paris et qu’est-ce qui te manque de ta région natale ?
C’est ce que je raconte dans « Les Toits De Paris », quand tu débarques d’une campagne profonde et que tu arrives à Paris, tu as l’impression que tout est possible ; que tous tes rêves peuvent se réaliser ; il y a également la beauté de la ville, l’architecture, les boulevards, les immeubles…tout est beau et ça fait rêver. Par ailleurs, il y a une effervescence culturelle et puis les cafés et les brasseries sont des endroits où je me sens bien. Mais, à côté de cela, Paris est une ville hyper cruelle où il y a beaucoup de fossés entre les gens ; ça montre aussi tous les travers de la société et c’est aussi pour cela que je voulais me réfugier sur les toits car ce qui se passe en bas est assez injuste. Je retourne très souvent dans ma Creuse natale car j’ai vraiment besoin d’un équilibre entre les deux ; la verdure me manque tout comme le fait d’avoir du temps pour me poser afin de faire des choses simples sans être à 400 à l’heure toute la journée et aussi avoir un rapport différent aux gens car les rapports humains sont plus faciles là-bas. Ici, je ne connais même pas mes voisins alors qu’où j’ai grandi, il y a de l’entraide et aussi un humanisme plus important.
Il y a quelques années, une BD baptisée « Chansons à la Plume et au Pinceau » illustrant le répertoire de Renaud a vu le jour, aimerais-tu, toi aussi, retrouver tes titres croqués par des dessinateurs ?
J’adore le dessin même si je suis un piètre dessinateur ; c’est même limite maladif, il ne faut pas jouer avec moi au Pictionary (rires). Je trouve que l’on peut faire passer énormément de choses avec un dessin et effectivement, ça s’adapte très bien aux chansons surtout à ce genre de chansons assez réalistes où l’on plante vraiment un décor. Si un jour quelqu’un fait cela avec mes chansons, je pense que j’accepterais sans hésiter une seule seconde, ça me toucherait même énormément d’autant que j’adore la BD.
Quels sont tes prochains projets ?
Mon prochain projet est évidemment la tournée, nous allons passer un peu partout, il y aura notamment deux dates au Zénith de Paris et à celui de Limoges ; mes deux maisons, cela promet des moments hyper forts en émotions. J’ai hâte de retrouver les gens lors de cette tournée marathon car ça nous a quand même beaucoup manqué. Je vais continuer à écrire des chansons ; j’essaie d’en avoir toujours une en tête ; et je pense qu’il y aura des collaborations comme cela a toujours été le cas ces dernières années. Dans les prochains mois, je vais essayer de me pencher un peu plus sur l’écriture pour d’autres artistes…
Gauvain Sers - Elle était là (Clip Officiel)
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