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Rencontre avec Helmut Fritz à l’Idol Hôtel à l’occasion de la parution récente d’« Interdits » !

Publié le par Steph Musicnation

(c) Nicolas Burlot

(c) Nicolas Burlot

« Interdits » vient-il clore ton « chapitre COVID » ?

Oui, je crois que j’en ai assez dit sur le COVID et je vais m’arrêter là d’autant plus qu’« Interdits » est le message le plus important pour moi car il n’est plus uniquement en réaction au fait que l’on soit enfermé et que l’on veuille sortir ou alors comme dans la version 2020 de « Ça M’Énerve » où on pouvait être scandalisé par le fait qu’il n’y ait pas de masque par exemple. « Interdits » n’est plus trop une analyse de la pandémie et de ses conséquences, c’est surtout un morceau qui a été composé par rapport à l’interrogation sur la vraie respiration et sur quand elle allait arriver. Il y a un dernier message très important pour moi dans ce titre et il concerne la réouverture des boites de nuit. Les clubs, c’est ma scène et j’en suis privé depuis plus d’un an. Dans l’ensemble des messages que j’ai voulu porter dans les différents titres qui sont sortis ces derniers mois, c’est sûrement celui-là le plus important.

Parmi tous les interdits que tu énonces dans ta chanson lequel trouves-tu le plus aberrant ?

Socialiser, au sens culturel du terme. Nous avons été privés de culture et ceci sur des schémas qui ne fonctionnaient pas puisque nous avons fermé plein de lieux tout en ayant une courbe qui continuait de monter. Beaucoup de gens ; que ce soit des patrons de boites, de théâtres ou de cinémas ; ont demandé des tests avec des règles sanitaires et des protocoles qu’ils étaient capables de mettre en place et ils n’ont pas eu d’oreilles pour les écouter. C’est ça que j’ai trouvé le plus aberrant ; nous avons été privés de tout cela pendant trop longtemps et à un moment donné, on lisait dans la presse que le nombre de consultations chez les psychologues avait explosé chez les plus jeunes. Même eux qui sont censés traverser l’enfance sur un nuage commençaient à être pressurisés par tout cela donc quid des adultes qui ont besoin de respiration car pour le coup, ils sont soumis à d’autres pressions ; dans le taf, dans les charges au quotidien, dans le fait de devoir assumer une famille…Tu peux faire ça à des gens pendant un mois mais le faire durant un an, je pense que c’est dangereux.

Tu demandes que l’on nous rende les clubs dans « Interdits » mais à la réouverture des discothèques, penses-tu que les clubbers y retourneront vraiment en masse ?

Oui, je pense que ça va être un bordel car les gens ont vraiment besoin de faire la fête et cela se voit avec celles qui sont organisées clandestinement ou improvisées comme à Montmartre, au Parc des Buttes-Chaumont, à Nice… Maintenant qu’un Pass sanitaire va être mis en place ; soit avec un QR vaccin soit avec un test PCR négatif ; s’il y a la possibilité de rentrer dans un théâtre, pourquoi est-ce que ce ne serait pas le cas dans un club si tout le monde est négatif. Je ne comprends pas pourquoi il n’y a toujours pas de date de réouverture des clubs ; ça m’échappe complètement.

(c) Nicolas Burlot

(c) Nicolas Burlot

Comment vis-tu le fait de créer de la musique destinée à faire danser le public alors que la fermeture des clubs persiste ?

Je le vis mal d’autant plus que ; comme tu le dis ; je suis sur un format de musique dansante et que j’ai assez peu de supports radiophoniques pour ce genre-là. Helmut Fritz est né par et avec la radio et sans cette dernière, c’est un projet qui meurt. C’est compliqué car « Interdits » n’est pas rentré en playlist sur un média comme Fun Radio qui est pourtant la radio dancefloor. Sans clubs, sans classement Yacast et sans avoir une chance de me faire une place sur la piste, mon projet est en péril.

Comment expliquerais-tu que les radios ne te suivent pas aujourd’hui ?

Alors que j’ai travaillé vraiment fort sur mon EP et que j’espère qu’il aura une route à la mesure du travail fourni, j’ai malheureusement un problème de soutien radiophonique aujourd’hui. J’ai un souci de diffusion de mon projet auprès du grand public et cela génère une certaine fatigue chez moi, mais pas d’aigreur. J’adore tous les métiers de la musique et j’aime ce que je fais depuis dix ans ; je fais de la production, de la direction artistique, de la découverte de talents, un peu d’image…Helmut Fritz n’est pas ma seule « vie professionnelle » mais il y a un côté déceptif sur le fait de pousser au maximum la qualité des productions ; et je le dis très librement car j’écris et les gens qui produisent sont ceux que je choisis ou qui veulent travailler avec moi. Et ils ont énormément de talent. Je suis extrêmement fier de chaque production que je livre car je la trouve très aboutie et je pense qu’elle mérite sa place en radio et en streaming, afin de créer une économie autour de la chanson pour faire vivre toutes les personnes qui ont travaillé dessus. Comme ce n’est pas le cas, c’est difficile. Il y a une grosse remise en question car il y a de la part de certaines radios un boycott de la marque Helmut Fritz. Ces personnes emploient ce terme-là et je trouve que c’est assez violent comme mot ; même si ce n’est pas une découverte, cela prouve bien que les artistes sont considérés comme des marques. Il y a des radios qui ont reconnu l’efficacité d’« Interdits » mais qui ne se voyaient plus trop annoncer Helmut Fritz à l’antenne. C’est quelque chose que je ne comprends pas mais que je suis obligé d’accepter puisqu’ils pensent qu’Helmut Fritz n’est qu’un énorme one shot de 2009. Il y a des artistes à qui l’on a rouvert des portes mais pour l’instant, ce n’est pas mon cas. En toute sincérité, je me demande si je vais avoir les nerfs suffisamment solides, la patience, le dévouement au travail si je sais qu’en face, il n’y a pas la possibilité de me laisser toucher un public ; c’est-à-dire au moins rentrer un titre en radio afin de le tester.

Que peux-tu révéler sur ton EP à paraître ?

Sur cet EP qui sortira le 11 juin et qui s’intitule « STEM », on va retrouver les titres qui sont parus ces derniers mois et qui tournent autour du COVID. Si j’y aborde ma réaction face à la pandémie, il y a également des titres plus légers de respiration sur cet EP ; je pense à « Vacancer » et à « Cool ». Le titre de soutien de cette sortie est un inédit partagé avec Noroy qui est un duo multi-instrumentiste originaire de Caen et ils sont très talentueux. C’est mon premier featuring et je l’adore.

(c) Nicolas Burlot

(c) Nicolas Burlot

Comment est née cette collaboration ?

A deux semaines de la sortie de « Vacancer » et alors que je l’avais annoncée à mes followers, je n’avais pas de label puisque ma collaboration avec Scorpio Music s’était arrêtée après « Particules Fines ». Ils ne pensaient pas pouvoir promouvoir au mieux la couleur pop urbaine que je voulais donner à Helmut. C’est en revenant d’un déjeuner que j’ai entendu sur Radio FG dans un Uber un morceau chanmé que je ne connaissais pas et que je me suis empressé de shazamer et c’est comme cela que j’ai découvert les Noroy. En rentrant chez moi, je me suis remis le titre à fond et je me suis ambiancé en mode Helmut avec mon trench, j’ai posté la vidéo sur Instagram et j’ai taggué les garçons sans les connaître. J’ai commencé à avoir plein de messages de leurs potes qui me remerciaient pour la force dont Rodolphe de Roy Music. Le lendemain matin, je l’ai contacté en lui envoyant le morceau et voici comment a débuté ma collaboration avec Roy Music. C’est une histoire d’artistes. Ça s’est fait naturellement. Comme j’ai trouvé la démarche assez tendre, un artiste en amenant un autre, j’ai voulu rencontrer les Noroy, nous nous sommes parlé au label et assez naturellement, comme j’aime bien leur son et que le personnage d’Helmut les faisait marrer, nous avons fait ce featuring qui va pousser la sortie de l’EP.

Pourquoi l’as-tu baptisé ton EP « STEM » ?

C’est une bonne question ! Quand je cherchais le titre de ce disque, j’étais au ski et je ne pensais pas du tout au printemps ou à l’été, ni à des énergies de soleil. Je me suis mis à regarder le champ lexical du ski et en fait, un stem est un virage que l’on prend en remettant ses skis de manière parallèle. J’ai trouvé que la métaphore était assez sympa dans le sens où reprendre le costume d’Helmut et aller vers des prods toujours de plus en plus qualitatives au niveau des beatmakers que je choisis, c’est finalement me remettre en parallèle avec ce que j’ai toujours eu envie de faire avec ce projet ; c’est-à-dire en faire un projet musical et non pas théâtral, burlesque ou comique. Par ailleurs, je trouvais que ce mot était Pop, court et qu’il sonnait bien. J’ai donné ce nom à mon EP mais il n’y aura pas de clip où je ferai du ski sur herbe !

Si tu avais une bonne chose à retenir de cette période de merde ; n’ayons pas peur des mots ; serait-ce le retour en force de ton projet musical ?

C’est vrai mais si je te dis cela, ça serait très égoïste ; si j’ai une bonne chose à retenir de cette période, c’est l’impression que j’ai qu’elle a réorienté le mindset de beaucoup de personnes et que cela remet les compteurs à zéro sur des choix de vie et je le ressens dans mon entourage ; que ce soit au niveau du taf, de la géographie de ton lieu d’habitation…Je retiens le fait que ça a libéré beaucoup de consciences. En revanche, même si le mal que cela a pu faire économiquement est monstrueux ; et je ne parle même pas des centaines de milliers de morts ; sur un plan créatif, je retiens que cela m’a permis d’écrire des choses et que cela a fait revenir Helmut Fritz.

(c) Nicolas Burlot

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As-tu déjà prévu de vacancer cet été ou les prochains mois vont-ils être studieux ?

(Rires) Très bon ! J’ai déjà prévu de vacancer car comme nous n’avons rien eu le droit de faire pendant très longtemps, tu t’imagines bien que booker des vacances a été la première chose que j’ai faite à partir du moment où l’on nous a libéré et qu’on nous a dit que l’on allait pouvoir avoir des vacances et aller au-delà de 10 kilomètres de chez nous. L’été ne sera pas studieux, je pense que ce sera un été de coupure totale.

Comment vois-tu ton avenir musical ?

Après la sortie de l’EP d’Helmut Fritz, il y a une très grosse interrogation pour moi mon avenir musical. Parmi les side projects que j’ai pu travailler depuis dix ans, il y en a un que je développe depuis deux ans et il me tient particulièrement  à cœur. Ce projet pourrait être le prochain et le cas échéant, il clôturerait définitivement le chapitre Helmut Fritz. Exclu, scoop mondial ! (rires)

La tendance est aux reprises et aux duos ; qui aimerais-tu reprendre et avec qui te verrais-tu partager un titre ?

Il faudrait aller taper un peu dans le vintage…Helmut, c’est un peu le champ des possibles mais en même temps, pour qu’il y ait une crédibilité, il faut rester cohérent et je ne peux donc pas te répondre Bashung car ça n’aurait pas de sens. Je n’y avais jamais réfléchi mais reprendre un titre des Rita Mitsouko ; un titre bien fou avec une énergie Rock ; ça me ferait bien marrer et le faire avec des gens qui n’accepteraient jamais de le faire avec moi comme par exemple Shaka Ponk. Soyons fous !

Rencontre avec Helmut Fritz à l’Idol Hôtel à l’occasion de la parution récente d’« Interdits » !
https://www.facebook.com/Helmutfritzofficiel
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