Retrouvailles avec Manou d’Elmer Food Beat à l’Idol Hôtel afin d’en apprendre plus sur « Le Plastique, C’Est Dramatique » !
Comment est née l’idée de revisiter votre tube « Le Plastique, C’Est Fantastique » ?
L’idée germait dans nos cerveaux depuis quelques années déjà car nous entendions de plus en plus de gens à la télé ou à la radio ou même des politiques qui commençaient à dire que le plastique n’était pas si fantastique que ça en faisant référence à notre chanson. Quelque part, on nous tendait une perche, nous nous sommes dit qu’il fallait faire quelque chose et cela a pris forme après la rencontre avec Yvan Bourgnon.
Comment avez-vous rencontré le skipper Yvan Bourgnon ?
Nous avons rencontré Yvan à Pornic à la suite d’un concert que nous avons donné là-bas début juillet. Nous avons sympathisé et il nous a parlé de son projet que nous connaissions bien sûr déjà. L’idée était plutôt sympathique, le garçon également, nous avons refait le monde et nous avons décidé de faire une chanson.
Comment avez-vous choisi d’aborder ce cri d’alarme ?
Nous avons repris la même chanson en changeant le texte sur le même principe que « Le Plastique, C’Est Fantastique ». A l’époque, nous avions écrit cette chanson car nous trouvions que la campagne de sensibilisation sur le port du préservatif était assez triste et glauque. Kelu a écrit un texte souriant et joyeux dans lequel il y avait un slogan et pour la nouvelle version, c’est le grand Lolo le guitariste d’Elmer qui s’y est collé et nous avons gardé le même esprit. Le plastique qui arrive dans nos océans est dramatique mais nous en parlons avec optimisme et avec de la joie de vivre car nous ne voulons pas être tristes, moralisateurs ou donneurs de leçons. Une semaine après, le nouveau texte était né. Tout le monde a dit ah super et Yvan a pleuré comme une petite fille tellement il l’a trouvé chouette. Nous sommes allés en studio et ça a été fait et mixé très rapidement. Le Batiskaf qui est un studio Nantais a tout offert pour la cause. Par la suite, nous avons tourné des images en une demi-journée à côté de chez nous à La Bernerie-en-Retz afin de présenter cette chanson sur Internet comme tous les jeunes font maintenant. Le travail de montage a été très vite fait par Antoine qui bosse avec The Sea Cleaners.
Finalement, diriez-vous qu’à notre époque, il y a le plastique à « prescrire » et celui à proscrire ?
Ah c’est beau ça, j’espère que tu es fier de ta question ! Malheureusement oui, il y a toujours le plastique à prescrire, celui qui est fantastique. Je dis malheureusement car effectivement il faut toujours en mettre pour les rapports sexuels parce que le Sida existe toujours ainsi que d’autres maladies sexuellement transmissibles. On a tendance à croire qu’avec la trithérapie et les autres avancées, le sida est éradiqué mais non, il faut toujours porter des préservatifs et le combat est toujours d’actualité. En revanche, le plastique qui finit dans les océans est à proscrire.
Quelles seraient les solutions selon vous pour sauver la mer de nos rejets ?
Avec Yvan, nous avons choisi d’aller nettoyer les océans mais ce n’est pas suffisant car il ne faut pas croire qu’en faisant cela, nous allons éradiquer le problème. Il faut qu’en amont, il y ait un travail d’éducation fait auprès des gens pour qu’ils ne jettent pas leurs déchets n’importe où et qu’ils les trient. Il y aurait un travail à faire auprès des pouvoirs publics pour légiférer pour faire en sorte qu’il n’y ait plus de plastique systématiquement partout. Il y aurait un travail à faire également auprès des industriels pour que l’on trouve des alternatives pour fabriquer autre chose que du plastique tel qu’on le fait aujourd’hui. Il y a un travail énorme quand même à faire ! Je parle de cela à notre niveau Européen mais c’est la planète entière qui est touchée et il faut donc aller sensibiliser les pays émergents qui eux se mettent à consommer comme nous le faisons depuis 100 ans. Le problème est loin d’être réglé.
Étiez-vous déjà sensible aux problèmes écologiques avant « Le Plastique, C’Est Dramatique » ?
Oui et c’est une question d’éducation en ce qui me concerne. Ce n’était même pas tant une éducation pour l’écologie mais de bon sens et de propreté. Chez nous, on ne jetait pas ses papiers parterre ni ses bouteilles en plastique dans la rue ou dans la nature. Avec mes parents, mes frères et sœurs, nous ramassions toutes nos saloperies quand nous allions piqueniquer. C’est quelque chose que nous faisions naturellement. De façon gentille, il m’est arrivé de dire à quelqu’un qui venait de jeter son paquet de clopes chiffonné sur un trottoir qu’il avait perdu quelque chose. Rien que ça, on garde son paquet dans sa poche et on le jette quand on trouve une poubelle. Au-delà de ces gestes naturels, il y a eu une prise de conscience quand nous avons commencé à être confrontés au problème des déchets. J’ai travaillé un peu dans une usine de traitement des déchets qui gérait toute l’agglomération Nantaise et j’ai été confronté en direct au tri sélectif. Dans une métropole comme Nantes, ça ne représentait pas beaucoup mais en même temps, les volumes étaient imposants. Si tout le monde triait chez soi et envoyait ses déchets dans les bonnes poubelles au bon endroit, ce que l'on pourrait récupérer pour le recyclage serait énorme. Sans s’en rendre compte, nous consommons énormément de plastique et nous pourrions éviter cela. Depuis une dizaine d'années, c’est devenu un sujet récurent et nous en parlons de plus en plus.
Qu’est-ce que le projet Manta ? Pouvez-vous nous parler des actions de The Sea Cleaners?
Le Manta est un gros bateau-usine qui récoltera tous les plastiques qui flottent essentiellement à la sortie des estuaires des grands fleuves les plus pollueurs identifiés par l’association The Sea Cleaners. Cette opération de nettoyage aura lieu en Asie du Sud-Est, en Afrique et un peu en Amérique Latine. Ces fleuves représentent 60% du plastique qu’il y a dans les mers et le bateau doit donc être à la source en quelque sorte afin d’éviter que ce plastique aille plus loin. Le Manta va bruler en pyrolyse le plastique récolté afin de générer de l’énergie pour faire avancer le bateau et ce qui ne pourra pas être brulé sera compacté et ramené à terre pour que des usines de traitement puissent le recycler ou traiter d’une façon ou d’une autre. L’association The Sea Cleaners fait de la sensibilisation dans ces pays-là pour que les politiques et les locaux commencent soit à trier et à faire attention soit à construire des structures qui pourront accueillir et traiter les déchets.
Elmer Food Beat a sorti « Back In Beat » au printemps dernier, que retrouve-t-on comme thématiques dans ce disque ?
Nous parlons toujours d’amour, de romantisme et des filles.
Pouvez-vous nous parler plus en détail de « Lucille » ?
Nous présentons Lucille comme étant la fille de Daniela. Elle est un peu plus sage que sa mère quoique…on ne sait pas tout, elle ne nous a pas tout dit ! « Lucille » est une chanson d’amour dans laquelle son fiancé ne veut pas la laisser partir le matin car une nuit n’a pas suffi pour exprimer tout son amour. C’est une chanson d’amour où le sexe est présent mais elle est moins premier degré que « Daniela ».
Pouvez-vous nous en dire plus sur les prochains concerts d’Elmer Food Beat, il me semble que le groupe va jouer à l’opéra ?
Oui, nous allons nous produire les 16 et 17 janvier à l’opéra à Nantes. C’est une fois encore un concours de circonstances car nous recherchions un endroit original pour jouer à Nantes dans le cadre de la nouvelle tournée. Nous échangions des idées et c’est Vincent le batteur du groupe qui a proposé l’opéra comme s’il balançait une connerie mais ça n’en était pas une. Anne-Claire notre attachée de presse a contacté le directeur de l’opéra qui a dit oui tout de suite parce qu’il trouve ça terrible de faire venir un autre public à l’opéra. Nous avons même tourné le clip de « Ça C’Est Rock » là-bas et nous y avons organisé un petit pot pour la sortie de l’album. Les deux concerts à l’opéra de Nantes seront Rock comme celui que nous allons donner à La Cigale le 13 décembre. Nous n’allons pas présenter du symphonique mais nous jouerons peut-être avec les décors pour marquer le coup.
Comment imaginez-vous Elmer Food Beat dans 10 ans ?
Bonne question ! J’espère que le groupe sera toujours pareil. 10 ans de plus, ça va commencer à se voir quand même à nos âges en tout cas pour moi mais si nous avons toujours les jambes, l’enthousiasme et le cœur, il n’y a pas de raisons que ça change. Les chansons seront peut-être différentes ou pas…En revanche, le jour où on pensera à arrêter, j’espère que l’on fera une tournée d’adieu pendant 10 ans comme Les Compagnons De La Chanson.
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Le plastique, c'est dramatique ! - Elmer Food Beat - 2019
LE PLASTIQUE, C'EST DRAMATIQUE (Luc Boisseau / Laurent Lachater / Elmer Food Beat) Enregistré et mixé au studio Le Batiskaf - Nantes https://www.theseacleaners.org - Contact : ...