Rencontre coup de cœur avec Mahrnie qui présente actuellement son premier titre!
Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?
Le mot qui résume bien la situation est artiste. J’écris, je compose, je produis, je réalise, je travaille depuis deux ans sur des courts et longs-métrages en tant que scénariste, je suis à la base comédienne et je fais de la photo. Je suis un peu touche-à-tout et j’aime bien ce côté polyvalent.
Quel a été le déclic pour te lancer avec « Sauvage » ?
Honnêtement, une fois mon projet fini, j’ai vraiment hésité à sortir quoi que ce soit. Étant seule à bord, je me suis demandée où tout cela pourrait bien aller sans accompagnement, sans entourage. Sans parler du fait de devoir tout gérer seule, sans quelqu’un qui pourrait conseiller, épauler… Ce n’est pas facile non plus quand on a aucun contact! J’ai traversé une période un peu difficile, de désenchantement, déçue aussi par certaines personnes de cette industrie que j’avais rencontré… Mon plus proche ami m’a fait prendre conscience que je faisais une petite dépression! Je ne m’en étais pas aperçue mais c’était vrai, j’ai ressenti à ce moment-là un grand vide, et je me suis demandée si je devais continuer. Et puis, je me suis dit que je n’ai pas fait tout ce travail pour rien, j’y ai mis assez d’énergie pour ne pas laisser mon projet si personnel dans un tiroir. Peu importe qu’il y ait un retour ou non, l’essentiel c’est de faire ce dont j’ai envie tant que je le peux, et d’être la plus honnête possible. J’ai décidé d’arriver avec « Sauvage » car c’est une bonne introduction au projet, et parce qu’elle résonne avec l’actualité. Au départ, cette chanson avait un texte totalement différent mais elle possédait la même mélodie, la même composition et la même prod. Mais je n’étais pas satisfaite de mes paroles. Quand l’affaire Weinstein a éclaté en 2017, je me suis dit que je ne pouvais pas ne pas en parler alors que tout mon projet est très féministe et engagé. J’ai repris ma composition et j’ai tout réécrit et c’était exactement ce qu’il fallait avec cette prod qui a pris tout son sens.
Du coup, de quoi parle « Sauvage » maintenant ?
L’affaire Weinstein est la base de cette chanson qui parle des violences faites aux femmes en général. J’ai employé la première personne mais ce je est là pour dire tu, pour parler des autres. J’ai passé du temps à décortiquer les témoignages des femmes quand l’affaire est sortie, tout n’était pas à mettre au même niveau mais une chose est sûre, c’est qu’il y avait un besoin urgent de parler de ce que subissent les femmes au quotidien, il fallait que ça sorte.
Qu’as-tu voulu exprimer dans le clip illustrant « Sauvage » ?
J’ai exploré un scénario avec des différents personnages. Il y a une femme très maquillée qui est une combattante et qui va aller réveiller l’autre femme, qui s’est fait agressée. Il y a une femme dénudée qui représente le côté instinctif et sauvage qu’on a toutes en nous. Je voulais que le mot sauvage puisse désigner l’agresseur mais également cette femme qui va le devenir, qui va parler et laisser son « animosité » ressortir. On dit souvent aux femmes qu’il ne faut pas qu’elles soient violentes que ce soit dans les mots ou dans les actes et j’avais envie de montrer que nous avions le droit de l’être autant que les hommes et de l’exprimer quand le besoin s’en fait sentir. J’ai voulu montrer la force et le pouvoir féminin.
On te retrouve à l’écriture, à la composition et à la réalisation, dirais-tu que tu es partisane du « on n’est jamais mieux servi que par soi-même » ?
(Rires) C’est toujours plus personnel et intéressant en tout cas! On nous pose souvent des limites quand on est une femme. C’est difficile de s’imposer dans ce milieu, de ne pas se faire rabaisser, d’avoir son travail valoriser. Si vous avez travaillé avec un homme, on dira toujours que si c’est bon, c’est grâce à lui, que les bonnes idées viennent forcément de lui et on minimisera votre rôle. C’est pour ça que je trouve important de laisser son empreinte autant que l’on peut et d’être ambitieuse!
Comment s’est fait ta rencontre avec Emmanuel Emo a qui tu as fait confiance pour le mix et qui t’a accompagné dans la production ?
Jusqu’en 2016, j’ai habité à Londres et j’y ai développé ma musique durant 3 ans. Tout a commencé là-bas en tant que chanteuse d’ailleurs. Écriture, studio, scène… J’ai travaillé avec pas mal de producteurs différents et j’avais envie pour la suite de trouver la bonne personne avec qui développer un projet plus abouti car je me suis dit que le moment était venu de me poser, de réfléchir à une direction artistique précise afin de présenter mon travail de façon plus officielle! Je suis rentrée en France et j’ai dû recréer tout un réseau. Quand on m’a fait écouter le travail d’Emmanuel Emo, j’ai de suite adhéré! Sur une seule chanson d’ailleurs, une musique qu’il avait écrite pour une pub je crois. Dès notre première rencontre, ça a immédiatement collé. Il y a eu comme une évidence, autant sur le plan professionnel que humain. C’est d’ailleurs Emmanuel qui m’a conseillé de me lancer dans la réalisation/ la production. Il m’a dit que ce serait bien que je réalise les pré-prods, qu’il allait reprendre ensuite pour les peaufiner. L’idée de passer mes journées devant un ordinateur à faire des prods, ce n’était pas vraiment dans mes plans mais je m’y suis mise et j’en suis très contente car finalement on retrouve de nos idées à tous les deux, et j’ai trouvé la symbiose parfaite!
Sauvage est-il un adjectif qui te définirait ?
(Rires) Oui, j’ai horreur de ce qui est propre, lisse. J’ai toujours eu un penchant pour les gens en marge de la société, ceux qui ne suivent pas le mouvement, disent non, se soulèvent, dérangent…Il faut de la force et du courage pour être différent, à contre courant, et pour ça, il faut faire appel à son moi instinctif, ce moi que la société, notre éducation chrétienne nous demande de réprimer. Aussi, j’ai un côté très indépendant et solitaire.
Quels ont été les premiers retours sur ton titre ?
Positifs et encourageants pour la suite!
D’où te vient ton inspiration pour l’écriture ? Pars-tu de toi ?
Mes chansons sont personnelles dans le sens où je livre ce que je suis mais je ne pourrais jamais écrire des morceaux sur mes petits bobos. L’écriture thérapeutique pour penser ses blessures, très peu pour moi… J’ai tendance à écouter des artistes qui sont engagés dans leur écriture et c’est de cette manière que j’écris, car pour moi, un artiste doit être le reflet de ce qui se passe dans le monde. Je livre à travers mes chansons mes révoltes, ma vision des choses, mes engagements.
Que vas-tu préparer musicalement parlant pour 2019 ?
Du live et des clips!
Travailles-tu déjà le live ?
Oui, j’ai une première date aux Trois Baudets, le 13 mars!
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Morceau · 3:00 min · 2018. Disponible avec un abonnement Apple Music. Essayer gratuitement.
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