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Rencontre coup de cœur avec Gilles à l’occasion de la sortie de son premier EP !

Publié le par Steph Musicnation

©Nicolas Wagner

©Nicolas Wagner

Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?

Chanteur, 35 ans, Paris. J’écris mes textes et c’est mon point d’accès à la chanson. Avant d’avoir une immense voix, j’ai des lectures et une carrière d’auteur derrière et devant moi. Je m’intéresse depuis toujours à la musique, aux arts, à la politique...  Je fais partie d’une génération qui n’a pas toujours connu internet. Enfant, je n’étais pas sûr de pouvoir un jour voyager autant. Ni de m’exprimer aussi librement, ni de chanter… J’ai le sentiment d’appartenir à une génération qui doit beaucoup au progrès technologique et aux luttes. Aborder l’homosexualité comme je le fais, c’est-à-dire sans en faire un événement, était assez peu envisageable dans la chanson française il y a quelques années. La loi y a fait pour beaucoup. De Pretto aussi.

Pourquoi n’as-tu pas tenté l’aventure musicale plus tôt ?

Pour deux raisons ; la première étant que je n’avais pas vraiment l’âge de ce que je voulais chanter. J’étais un ado et un jeune adulte très cérébral, très préoccupé, très grave et ce que je chante aujourd’hui passe à mon avis dix fois mieux sur un mec de 35 ans qu’un mec de 25. La seconde raison était la crédibilité musicale que je ne m’accordais pas, et sur laquelle j’ai bossé en apprenant à chanter, en rencontrant des gens de la musique que j’aimais… J’aurais peut-être dû passer plus de temps à me convaincre moi-même que j’étais capable de faire quelque chose, que de vouloir convaincre les autres de mon ambition. En commençant la musique, j’étais complexé de venir du milieu littéraire. Comme si vouloir faire quelque chose de beaucoup plus pop, de plus mouvant, de plus mainstream, pouvait passer pour une lubie, un caprice, je ne sais quoi... Le milieu de l’édition a une image un peu vieillotte que j’ai toujours un peu le sentiment de traîner avec moi, alors que ça ne correspond pas vraiment à la réalité du milieu, ni aux références qui traversent mon travail, ni à ce qui m’intéresse en musique ou en bouquins.

©Nicolas Wagner

©Nicolas Wagner

Qu’est-ce qui différencierait le chanteur de l’écrivain ?

La voix physique… Car la voix au sens figuré est peut-être la même. J’ai adoré travailler sur ma voix. C’est un travail géométrique. J’ai pris des cours avec un professeur d’art lyrique. Il m’a ouvert au monde. J’ai retapé mon corps avec le chant. Ça m’a permis de me structurer, de me tailler un outil. Par rapport au travail d’écrivain, tu t’inscris vraiment dans l’espace, dans ta posture, dans une projection ; tu construis ta verticalité et ta colonne alors que quand tu écris un roman, c’est facile de passer tes journées le dos voûté. En chantant, j’ai gagné cinq centimètres !

Ecrire une chanson, est-ce plus difficile que d’écrire un roman ?

Non, beaucoup plus facile car ça se joue sur un temps beaucoup plus court. C’est plus spontané et plus immédiat. Le fait qu’un texte puisse investir le quotidien des autres, je trouve ça très fort. J’aime beaucoup l’aspect confidentiel d’un roman mais je te dirais que je trouve très agréable d’être dans un rapport beaucoup plus direct en écrivant une chanson. A minuit, une chanson arrive sur toutes les plateformes et on est écouté de Bangkok à Los Angeles, de Paris à Marseille et je trouve ça assez génial.

De quoi parles-tu sur ton premier EP ?

De ma vie, d’identité, de sexe, de la ville... “Je l’écrirais” me définit socialement et fait le pont entre ma vie d’auteur et de chanteur. C’est aussi un titre programmatique ; j’y déclare une forme d’ambition, un désir de se réinventer… Je m’invente une vie, un prénom... “Sexe” décrit un plan cul en extérieur, sur l’île du Levant. Et “C’était lui” est une circulation dans Paris, une déclaration d’amour post-rupture qui fait quelque part écho à "Smalltown Boy" de Bronski Beat. Et l’EP s’appelle “Son prénom” parce que j’ai repris mon vrai prénom pour chanter. Cet EP parle sans doute, aussi, d’un dévoilement commun à tout geste artistique.

©Nicolas Wagner

©Nicolas Wagner

Musicalement parlant, comment as-tu voulu te présenter au grand public ?

Par rapport à ce que j’écoute ; sur la prod, il y a quelque chose de plus rock que ce que j’imaginais et qui est venu en travaillant. Sinon, j’adore qu’on me compare à Biolay, Daho, Beaupain, Chamfort, Arthur H, qui vous voulez… Tout me va. Toutes les comparaisons et toute cette famille-là de chanteurs français avec laquelle je me sens à l’aise car c’est ce que j’écoute, j’ai grandi avec. Mon compositeur qui œuvre notamment pour Beaupain et Lou Douillon a ramené le guitariste de Daho et nous avons confié le mixage à François Delabrière qui a travaillé entre autres pour Daniel Darc. Mais le jour où l’on me comparera à Brigitte Fontaine, peut-être que là j’aurai gagné un truc !

« Son Prénom » devance-t-il un album ?

Oui, bien sûr, il est écrit et j’ai déjà le second sous le pied. Cet EP est une manière de faire connaître mon projet, de le développer et de le faire grandir de façon organique. J’espère que ce premier album sortira d’ici un an et quelques… Et d’ici là, il y aura des remixes, des clips et je vais enregistrer des sessions live qui me permettront de présenter d’autres titres.

Cet EP pourrait-il être développé en livre ? De la même façon, penses-tu qu’un livre puisse être mis en musique ?

Un EP en livre ? Non. L’inverse oui, sans aucun doute, j’y pense de temps en temps, je cherche toujours dans les bouquins et dans la poésie ce qui pourrait être mis en musique comme cela se fait souvent. Récemment, je me suis intéressé à un poème de Beckett. En revanche, adapter l’EP en livre, je ne le sens pas du tout. Je n’exclus pas plus tard d’écrire sur la musique. Qui tu rencontres ? Qu’est-ce que tu découvres de toi et à quel moment ? Quelles croyances limitantes tu dois abandonner sur ton chemin pour avancer ? J’y pensais beaucoup pendant mes cours de chant. Je les ai tous enregistrés.

©Nicolas Wagner

©Nicolas Wagner

As-tu des projets littéraires en parallèle à ton projet musical ou te focalises-tu essentiellement sur la musique actuellement ?

Je me focalise beaucoup sur la musique, je pense aux clips et au live mais je ne vis pas du tout l’écriture et la musique en opposition. Je n’ai pas toujours été aussi heureux dans ce que je faisais alors j’essaye d’en profiter sur tous les plans…

Du live est-il en préparation ?

J’ai déjà commencé, oui, avec quelques dates aux Trois Baudets ou au Silencio. J’adore la scène et ce qu’on y dépense en énergie. Je ferai une apparition au Silencio le 20 novembre aux côtés de Dani, De Pretto et Malik Djoudi à l’occasion d’une soirée pour la Villa Noailles. Et puis je serai en concert au Point Ephémère le 28 novembre avant d’autres dates à Paris courant 2019. Pourquoi pas de premiers festivals l’été prochain.

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