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Rencontre avec Alexis HK à quelques jours de la sortie de son nouvel album !

Publié le par Steph Musicnation

© Pierre Leblanc

© Pierre Leblanc

Pourquoi avoir baptisé ton nouvel album « Comme Un Ours » ? T’identifies-tu à cet animal ?

Non, je ne m’identifie pas à cet animal car il est très gros et j’estime ne pas l’être (rires). Plus sérieusement, cet album s’appelle « Comme Un Ours » et non « Je Suis Un Ours » parce que je me suis isolé pour le faire. Je me suis mis en position de solitaire pendant un certain temps et j’ai travaillé à des heures un peu indues dans ma maison de campagne perdue pour faire ce disque. Je l’ai appelé ainsi car cela décrivait la posture que j’ai pris au départ de la création de ce disque mais aussi cette sorte de retranchement ou cette solitude contemporaine qui font que parfois, on a besoin de se retrancher comme des ours mais si on se retranche trop, on finit par perdre le contact avec le reste de l’humanité et cela devient plus difficile même avec de grandes réserves de miel.

Cet album a-t-il été une aventure totalement solitaire ?

Non car j’ai quand même été assisté d’un co-réalisateur qui est un grand musicien. Comme je ne voulais pas perdre cette idée de solitude, nous avons travaillé dans un premier temps à distance avec Sébastien Collinet. De son côté, Seb a customisé les titres, il les a gonflés et il m’a proposé des choses.

Ce nouvel album marque-t-il un changement de direction dans ta discographie ?

Je ne sais pas si j’avais une direction très précise. Je fais de la chanson depuis quelques années maintenant et je dirais que cet album est celui de la maturité car j’adore cette formule. J’ai l’impression d’avoir fait un album qui arrive au bon moment dans ma vie et qui me ressemble vraiment.

© Pierre Leblanc

© Pierre Leblanc

As-tu innové dans cet album au niveau des arrangements ?

J’avais envie d’une base d’éléments très acoustiques et je ne voulais pas faire un album de chanson française trop classique. J’ai demandé à Seb de m’aider car il est très spécialisé dans les synthétiseurs et les petits sons de rajout. Je voulais mettre de la contrebasse sur ce disque et je m’en suis acheté une afin de le faire moi-même. J’ai fait beaucoup de prises tout seul et c’est aussi pour cela que j’aime bien ce disque car il a été bricolé à la maison.

Quel a été le point de départ de ce disque ?

J’ai fait un spectacle qui s’appelait « Georges & Moi » avec lequel je rendais hommage à Georges Brassens et j’ai beaucoup tourné avec. A défaut d’avoir des directions très précises, j’aime bien qu’il y ait du sens dans mon parcours artistique et quand j’ai arrêté Brassens, c’est comme s’il était parti et qu’il fallait que je débrouille tout seul de nouveau. C’est pour cela qu’il y a eu un isolement volontaire pour donner un sens à tout cela. J’ai acheté plein de nouveaux petits instruments, je me suis laissé porter et je me suis amusé.

De quoi as-tu choisi de parler sur cet album ?

Ces chansons ont été écrites durant des années difficiles entre 2015 et 2016. Sur « Comme Un Ours », j’avais envie de donner des sentiments sur des choses qui m’angoissent un peu et que je trouve un peu tristes. J’ai l’impression que nous vivons dans une époque où il y a une régression idéologique et où il y a un retour au racisme ordinaire moyenâgeux que l’on pensait avoir vu disparaitre et j’avais envie d’en parler. Je voulais aborder cela sur l’album mais je n’avais pas envie de me cantonner à cela. J’avais envie que l’album aille de l’ombre vers la lumière. Les cinq premiers morceaux sont assez sombres et les cinq suivants sont plus lumineux. Je vois cette progression comme le déroulement d’une journée que l’on aimerait voir se terminer bien mais qui ne commence pas super bien. Il y a des thèmes angoissés comme le populisme et puis, il y a des choses plus légères comme « La Fille à Pierrot » ou « Je Veux Un Chien » car je voulais qu’il y ait un contraste.

© Pierre Leblanc

© Pierre Leblanc

A quoi ressemble la caverne d’Alexis HK ?

C’est un gros bordel avec plein d’instruments dedans. C’est une belle pièce pour travailler. C’est une vraie caverne et c’est un peu l’accomplissement d’un rêve car j’ai une salle de répétition et d’enregistrement avec également une table de ping-pong. Les deux mamelles de mon rêve ont été accomplies.

Peux-tu nous parler du clip illustrant « Comme Un Ours » ?

L’idée était d’être assez illustratifs avec cette chanson qui parle de deux solitudes qui ne se rencontrent pas ou difficilement. J’aime beaucoup travailler en famille ou entre amis proches et c’est pour cela que j’ai demandé à Benoît Dorémus et à Zaza Fournier s’ils voulaient faire les ours pour moi. Ils ont accepté et je suis très fier de ce clip. Je pense beaucoup à ce qui reste après et les clips sont des traces musicales importantes dans un parcours surtout aujourd’hui. Dans cette illustration de « Comme Un Ours », il y a deux personnes qui vivent l’une en face de l’autre mais elles ne se croisent jamais ; elles se sont enfermées un peu dans cette solitude connectée et bizarre. Comme nous avons voulu mettre une petite touche d’espoir, nous les avons fait se regarder à la fin. On imagine qu’ils vont quand même finir par s’aimer pour longtemps…

© Pierre Leblanc

© Pierre Leblanc

Il y a eu une BD, il y a quelques années, mais que dirais-tu d’un véritable ouvrage en librairie ? Que ce soit un roman ou un recueil de poésies…

J’en penserais du bien mais il faudrait que j’aie le talent pour le faire. C’est une autre forme d’écriture et une autre forme de travail. Pour le coup, c’est un travail vraiment solitaire sans instruments de musique qui prend beaucoup de temps. J’ai beaucoup de respect et d’amour pour les grands romanciers et si je devais me lancer là-dedans, il faudrait que ce soit avec quelque chose d’impérieux. En revanche, un recueil de poésies…ce n’est pas que j’ai l’impression que ça n’intéresse plus grand monde mais si c’est pour en vendre six, cela représente beaucoup de travail pour pas grand-chose. Je trouve que la poésie doit vivre par d’autres moyens aujourd’hui. Ce sont de bonnes idées en tout cas ! Pour revenir sur cette BD, on m’avait interpelé pour faire les dialogues car je dessine comme un enfant de deux ans et demi. La dessinatrice Marie de Monti m’a envoyé les dessins avec les bulles vides et ça, c’était un bonheur intégral et nous avons bien rigolé en le faisant. Si je pouvais avoir d’autres expériences de cet ordre-là, je le referais avec grand plaisir.

« Comme Un Ours » est l’illustration de notre époque ; quel regard as-tu sur elle aujourd’hui par rapport à 1997 année de sortie de ton premier album ?

J’aime bien cette époque même si elle est bizarre, dramatique et qu’elle n’a pas d’avenir. Le monde va peut-être s’effondrer mais il n’y a aucune époque qui est facile. Si on n’est pas né du bon côté de la barrière, c’est difficile quelle que soit l’époque. Je trouve que notre époque de technologie est assez magique selon les endroits. Nous avons connu une vraie révolution avec laquelle nous ne sommes pas toujours encore très à l’aise et cela peut générer pas mal d’angoisses mais il y a des choses très positives qui peuvent se faire et notamment le fait de pouvoir envoyer des textos. Pouvoir écrire une pensée ou envoyer je t’aime à quelqu’un qui est à l’autre bout du monde, je trouve ça fascinant. Même s’il y a un discours ambient qui est très anxiogène, je n’échangerai pas malgré tout mon époque contre celle des années 60,70 ou 80.

© Pierre Leblanc

© Pierre Leblanc

Ton nouvel album va-t-il bénéficier d’une scénographie particulière ?

Toutes les scénographies sont un peu particulières. Je serai accompagné de trois musiciens sur scène dans une orchestration assez acoustique sans batterie. L’instrumentation sera très douce et très chaleureuse. J’ai envie de dépeindre une sorte de nuit d’insomnie bizarre au début mais durant laquelle je finirai par m’endormir puis par me réveiller en constatant que j’avais tout rêvé en fait. L’ouverture sera assez dark comme dans l’album et nous essayerons de rendre la chose plus lumineuse tout au long du concert.

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